[2,46] Πῶς δ´ οὐ ψεύδεται ὁ λέγων παρὰ τῷ Κέλσῳ Ἰουδαῖος
ὅτι παρὼν δέκα ναύτας καὶ τελώνας τοὺς ἐξωλεστάτους
μόνους εἷλε καὶ οὐδὲ τούτους ἅπαντας; Σαφὲς γὰρ ὅτι καὶ
Ἰουδαῖοι ὁμολογήσαιεν ἂν ὅτι οὐ δέκα μόνους εἷλεν οὐδὲ
ἑκατὸν οὐδὲ χιλίους, ἀλλ´ ἀθρόως ὁτὲ μὲν πέντε χιλιάδας
ὁτὲ δὲ τέσσαρας χιλιάδας· καὶ ἐπὶ τοσοῦτόν γε εἷλεν,
ὥστε καὶ εἰς τὰς ἐρημίας αὐτῷ ἀκολουθεῖν, τὰς μόνον
χωρούσας ἀθρόον τι πλῆθος τῶν πιστευόντων τῷ θεῷ διὰ
τοῦ Ἰησοῦ, ἐν αἷς οὐ μόνον λόγους ἀλλὰ καὶ ἔργα αὐτοῖς
ἐπεδείκνυτο. Ἀναγκάζει δ´ ἡμᾶς ταυτολογῶν τὸ παραπλήσιον
αὐτῷ ποιεῖν, ἐπεὶ φυλασσόμεθα ὑπολαμβάνεσθαι ὑπερβαίνειν
τινὰ τῶν παρ´ αὐτῷ λεγομένων ἐγκλημάτων. Καὶ ἐν τῷ
προκειμένῳ τοίνυν λόγῳ καθ´ ἣν ἔχομεν τάξιν τῆς γραφῆς
φησιν· Εἰ ζῶν μὲν αὐτὸς μηδένα ἔπεισεν, ἀποθανόντος δ´
αὐτοῦ πείθουσιν οἱ βουλόμενοι τοσούτους, πῶς τοῦτο οὐχ
ὑπεράτοπόν ἐστι; Δέον λέγειν ἀκολουθίαν σῴζοντα ὅτι,
εἴπερ ἀποθανόντος αὐτοῦ πείθουσιν οὐχ ἁπαξαπλῶς οἱ
βουλόμενοι ἀλλ´ οἱ βουλόμενοι καὶ δυνάμενοι τοὺς τοσούτους,
πόσῳ μᾶλλον εὔλογον αὐτόν, ἡνίκα τῷ βίῳ ἐπεδήμει,
πολλαπλασίους καὶ δυνατωτέρῳ λόγῳ καὶ πράξεσι πεπεικέναι;
| [2,46] Mais comment Celse sauvera-t-il d'imposture ce qu'il fait avancer à son
juif: Que tout ce que Jésus put faire, agissant lui-même, ce fut
d'attirer à soi dix scélérats de mariniers ou de publicains ; et qu'encore
ne les persuada-t-il pas tous? Car les Juifs mêmes ne feront aucune
difficulté d'avouer que Jésus attirait à soi, non dix, non cent, non
mille personnes, mais tantôt quatre mille, et tantôt cinq mille tout à la
fois (Matth., XV, 38, et XIV, 21) : et qu'il les attirait avec tant de
force qu'il s'en faisait suivre jusque dans les déserts, seuls capables de
contenir le grand nombre de ceux qu'il gagnait à Dieu, et par ses
discours, et par ses actions. Les redites de Celse nous obligent à répéter
souvent comme lui les mêmes choses, de peur que l'on ne s'imagine que nous
voulions passer sous silence quelqu'une de ses objections. Voici celle
qu'il nous fait dans la suite de son écrit : N'est-ce pas la chose du
monde la plus absurde qu'il n'ait pu persuader qui que ce soit durant sa
vie, et qu'après sa mort ceux qui l'entreprennent persuadent tant de
personnes ? Pour raisonner juste il devait dire : si après sa mort, non
ceux qui l'entreprennent simplement, mais ceux qui l'entreprennent avec
les qualités nécessaires, persuadent tant de personnes, peut-on douter que
durant sa vie sur la terre il n'en ait persuadé incomparablement
davantage, par des discours plus puissants, et par des actions toutes
merveilleuses ?
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