[2,30] Παρέρριψε δ´ ὁ Κέλσος καὶ τό· Θεὸν δὲ καὶ θεοῦ
υἱὸν οὐδεὶς ἐκ τοιούτων συμβόλων καὶ παρακουσμάτων οὐδ´
ἐξ οὕτως ἀγεννῶν τεκμηρίων συνίστησιν. Ἐχρῆν δὲ αὐτὸν
τὰ παρακούσματα ἐκθέμενον ἐλέγξαι καὶ τὰ ἀγεννῆ τεκμήρια
λόγῳ παραστῆσαι· ἵν´ εἴ τι πιθανὸν ἐδόκει λέγειν ὁ Χριστιανός,
ἀγωνίσασθαι πρὸς αὐτὸ πειραθῇ καὶ ἀνατρέψαι τὸν
λόγον. Ὅπερ δὲ εἶπε περὶ τοῦ Ἰησοῦ ἀπήντησε μὲν ὡς
περὶ μεγάλου, οὐκ ἐβουλήθη δὲ ἰδεῖν ὅτι τοῦτ´ ἀπήντησεν,
ὡς ἡ ἐνάργεια παρίστησι περὶ τοῦ Ἰησοῦ. Ὡς γὰρ ὁ ἥλιος,
φησί, πάντα τὰ ἄλλα φωτίζων πρῶτον αὑτὸν δεικνύει,
οὕτως ἐχρῆν πεποιηκέναι τὸν υἱὸν τοῦ θεοῦ. Εἴποιμεν ἂν
οὖν ὅτι καὶ πεποίηκεν· «Ἀνέτειλε» γὰρ «ἐν ταῖς ἡμέραις
αὐτοῦ δικαιοσύνη, καὶ πλῆθος εἰρήνης» γέγονεν ἀρξάμενον
ἀπὸ τῆς γενέσεως αὐτοῦ, εὐτρεπίζοντος τοῦ θεοῦ τῇ διδασκαλίᾳ
αὐτοῦ τὰ ἔθνη, ἵν´ ὑπὸ ἕνα γένηται τῶν Ῥωμαίων
βασιλέα, καὶ μὴ διὰ τὸ προφάσει τῶν πολλῶν βασιλειῶν
ἄμικτον τῶν ἐθνῶν πρὸς ἄλληλα χαλεπώτερον γένηται τοῖς
ἀποστόλοις τοῦ Ἰησοῦ τὸ ποιῆσαι ὅπερ προσέταξεν αὐτοῖς
ὁ Ἰησοῦς εἰπών· «Πορευθέντες μαθητεύσατε πάντα τὰ
ἔθνη.» {Καὶ σαφές γε} ὅτι κατὰ τὴν Αὐγούστου βασιλείαν
ὁ Ἰησοῦς γεγέννηται, τοῦ, ἵν´ οὕτως ὀνομάσω, ὁμαλίσαντος
διὰ μιᾶς βασιλείας τοὺς πολλοὺς τῶν ἐπὶ γῆς. Ἦν δ´ ἂν
ἐμπόδιον τοῦ νεμηθῆναι τὴν Ἰησοῦ διδασκαλίαν εἰς πᾶσαν
τὴν οἰκουμένην τὸ πολλὰς εἶναι βασιλείας οὐ μόνον διὰ τὰ
προειρημένα ἀλλὰ καὶ διὰ τὸ ἀναγκάζεσθαι στρατεύεσθαι
καὶ ὑπὲρ τῶν πατρίδων πολεμεῖν τοὺς πανταχοῦ· ὅ τε
ἐγίνετο πρὸ τῶν Αὐγούστου χρόνων καὶ ἔτι γε ἀνωτέρω,
ὅτε γε χρεία ἦν ὡς Πελοποννησίων καὶ Ἀθηναίων εἶναι
πόλεμον οὕτω καὶ ἑτέρων πρὸς ἑτέρους. Πῶς οὖν οἷόν τε
ἦν τὴν εἰρηνικὴν ταύτην διδασκαλίαν καὶ μηδὲ ἐχθροὺς
ἐπιτρέπουσαν ἀμύνεσθαι κρατῆσαι, εἰ μὴ τὰ τῆς οἰκουμένης
τῇ Ἰησοῦ ἐπιδημίᾳ μετεβέβλητο πανταχοῦ ἐπὶ τὸ ἡμερώτερον;
| [2,30] C'est avec la même témérité que Celse dit que ce n'est point là le
caractère d'un Dieu ni d'un Fils de Dieu; qu'il n'y a personne qui le put
reconnaître à des marques si dignes de mépris, et qu'on ne le prendra
jamais pour tel sur la foi de quelques interprétations forcées. Il devait
donc rapporter ces interprétations forcées et ces marques si dignes de
mépris avec ce qu'il avait à dire contre les unes et contre les autres,
afin que si ses objections méritaient qu'on y répondît, les chrétiens se
missent en devoir de le faire. Ce qu'il voulait, au reste, qu'il arrivât à
Jésus pour faire paraître sa grandeur lui est effectivement arrivé, et
c'est un fait d'une vérité évidente, quoi que Celse ne la veuille pas
voir. Il fallait, dit-il, qu'il en fût du Fils de Dieu comme du soleil qui
faisant découvrir toutes choses par sa lumière, fait qu'on le découvre
lui-même le premier. Aussi pouvons-nous dire que c'est ce qu'a fait Jésus.
On a vu de son temps fleurir la justice et abonder la paix (Ps. LXXI ou
LXXÏI, 7). Témoin cette paix profonde qui accompagna et qui suivit sa
naissance ; Dieu qui voulait préparer les nations à recevoir la doctrine
de son Fils, les ayant toutes assujetties à l'empire romain, de peur que
le peu de liaison qu'ont entre eux des peuples qui vivent sous divers
princes ne fût un obstacle aux apôtres de Jésus dans l'exécution de
l'ordre qu'il leur avait donné d'aller instruire toutes les nations
(Matth., XXVIII, 19). Tout le monde sait qu'il naquit sous l'empereur
Auguste qui, ayant soumis à sa domination la plus grande partie des
hommes, les avait comme ramassés en un seul corps. Il y avait encore un
autre inconvénient à craindre pour les apôtres, si la terre, qu'ils
devaient remplir de la doctrine de Jésus, avait été partagée en plusieurs
états différents : c'est que les hommes ne fussent obligés de prendre les
armes et de se faire la guerre les uns aux autres pour les intérêts de
leur patrie; car il en était ainsi arrivé dans tous les siècles qui
avaient précédé celui d'Auguste, et les démêlés des Athéniens avec les
peuples du Péloponnèse doivent servir d'exemple de ce qui se passait
ailleurs. Comment donc cette doctrine paisible, qui ne permet pas même aux
hommes de repousser les injures de leurs ennemis, aurait-elle pu s'établir
dans le monde si la venue de Jésus n'avait fait partout succéder le calme
à l'orage?
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