[15,6] Συνελόντι δ´ εἰπεῖν, τίς ὄνησις τοῦ εἰδέναι, εἰς
ἅπερ συντελεῖ τὸ εἰδέναι; τίς χρεία ἰατρῷ τῆς τέχνης,
μὴ ὑγιάζοντι κατὰ τὴν τέχνην; τίς χρεία Φειδίᾳ τῆς
τέχνης, μὴ προστιθέντι αὐτὴν τῷ ἐλέφαντι καὶ τῷ
χρυσῷ; Σοφὸς ἦν δήπου καὶ ὁ Νέστωρ· ἁλλὰ ὁρῶ τὰ
τῆς σοφίας ἔργα, σωτηρίαν στρατοπέδου, εἰρήνην πόλεως,
παιδῶν πειθώ, δήμου ἀρετήν. Σοφὸς ἦν ὁ Ὀδυσσεύς·
ἀλλ´ ὁρῶ τὰ ἔργα, τοῦτο μὲν ἐν γῇ, τοῦτο
δὲ ἐν θαλάττῃ·
πολλῶν δ´ ἀνθρώπων ἴδεν ἄστεα, καὶ νόον ἔγνω,
ἀρνύμενος ἥν τε ψυχὴν καὶ νόστον ἑταίρων.
Καὶ πρὸς τούτῳ ἔτι ἦν σοφὸς ὁ Ἡρακλῆς· ἀλλὰ οὐχ
αὑτῷ σοφός, ἀλλὰ ἐπὶ πᾶσαν γῆν καὶ θάλατταν ἡ σοφία
ἔτεινεν. Οὗτος ὁ θηρίων καθάρτης, οὗτος ὁ τυράννων
σωφρονιστής, ὁ δουλείας ἐλευθερωτής, ὁ ἐλευθερίας
νομοθέτης, ὁ δικαιοσύνης βεβαιωτής, εὑρετὴς νόμων,
ἀληθευτὴς λόγων, κατορθωτὴς ἔργων. Εἰ δὲ ἤθελεν
ὁ Ἡρακλῆς ἐπαναχωρήσας καθ´ ἡσυχίαν βιοῦν, καὶ
σχολὴν ἄγειν, καὶ διώκειν σοφίαν ἀπράγμονα, ἦν ἂν
δήπου ἀνθ´ Ἡρακλέους σοφιστής, καὶ οὐδεὶς ἂν αὐτὸν
ἐτόλμησεν εἰπεῖν παῖδα Διός. Οὐδὲ γὰρ ὁ Ζεὺς
σχολὴν ἄγει· ἦ γὰρ ἂν ἐπαύσατο καὶ οὐρανὸς περιφερόμενος·
καὶ γῆ τρέφουσα, καὶ ποταμοὶ ῥέοντες, καὶ
δεχομένη θάλαττα, καὶ ὧραι ἀμείβουσαι, καὶ Μοῖραι
διαλαγχάνουσαι, καὶ Μοῦσαι ᾄδουσαι· ἐπαύσαντο δ´
ἂν καὶ αἱ ἀνθρώπων ἀρεταί, καὶ ζῴων σωτηρίαι, καὶ
καρπῶν γενέσεις, καὶ τὸ πᾶν τοῦτο αὖθις ἂν περὶ
αὑτῷ σφαλλόμενον συνεχύθη καὶ συνεταράχθη. Ἀλλ´
ἡ Διὸς πραγματεία ἄτρυτος οὖσα καὶ διηνεκὴς καὶ
ἀκοίμητος, καὶ μηδέποτε ἀπαγορεύουσα, μηδὲ ἐπαναχωροῦσα
τοῦ ἑαυτῆς ἔργου, ἀέναον χορηγεῖ τὴν σωτηρίαν
τοῖς οὖσιν. Οὕτω που καὶ βασιλέων τοῖς
ἀγαθοῖς καὶ Διὶ ὁμοίοις παραινεῖ δι´ ὀνειράτων ὁ Ζεύς,
οὐ χρὴ παννύχιον εὕδειν βουληφόρον ἄνδρα,
ᾧ λαοί τ´ ἐπιτετράφαται καὶ τόσσα μέμηλεν.
| [15,6] VI. En un mot, que sert-il de savoir uniquement à quoi le savoir est
propre? à quoi bon être versé dans la médecine, si l’on ne s’adonne à
rendre la santé aux malades ? à quoi bon le talent de Phidias, si l’on ne
l’exerce sur l’or, le marbre et l’ivoire? Nestor aussi était un sage; mais
nous voyons les œuvres de sa sagesse. Il sauva une armée, procura la paix
à une Cité, donna de la vertu à des enfants, et des mœurs à un peuple.
Ulysse aussi était un sage, mais nous voyons ses hauts faits, sur mer et
sur terre. « Il parcourut les Cités de plusieurs nations; il étudia leurs
mœurs, en travaillant à se sauver lui-même, et à ramener ses compagnons à
Ithaque ». Et outre ceux-là, Hercule aussi était un Sage, non d’une
sagesse d’égoïsme, mais d’une sagesse qui se répandit dans toutes les
régions de la terre. Il fut l’exterminateur des monstres, le fléau des
tyrans, le libérateur des esclaves, le législateur des hommes libres, le
restaurateur de la justice, l’inventeur des lois, le héraut de la vérité,
le modèle des belles actions. Si Hercule se fût séquestré, s’il eût vécu
dans l’inertie, livré à une oisive sagesse; au lieu d’Hercule, il n’aurait
été qu’un sophiste, et personne n’aurait osé l’appeler fils de Jupiter.
Jupiter lui-même ne vit point dans l’inaction. Car, si les cieux cessaient
de rouler, la terre d’être féconde, les fleuves de couler vers la
mer, et la mer de recevoir les fleuves, les saisons de se succéder, les
Parques de remplir chacune les fonctions qui leur sont assignées, les
Muses de chanter; les vertus des hommes cesseraient de se perpétuer, les
animaux de se reproduire, les fruits de renaître; et l’univers entier, se
repliant sur lui-même, ne tarderait pas à rentrer dans le désordre et dans
le chaos. Mais, Jupiter étant dans une activité continuelle, incapable de
s’altérer, de se ralentir, n’étant jamais fatigué, ni tenté de se donner
aucun relâche, il conserve éternellement les êtres. Aussi est-ce par la
voie des songes qu’il fait retentir aux oreilles des Rois amis de leurs
peuples, et qui lui ressemblent, cette célèbre leçon: « Celui à qui la
conservation, le salut, et le bonheur d’une nation, sont confiés, ne doit
point passer toute la nuit à dormir ».
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