[15,4] Εἶεν. Εἰς τί τούτων τὸ τοῦ φιλοσόφου ἔργον
καταστησόμεθα; ὅτι μὲν γὰρ οὐκ ἀχρεῖος ἡμῖν οὐδὲ
κηφὴν παρέρχεται, ἄνθρωπος δὲ ὢν ξύννομος καὶ
συνεργάτης κοινοῦ νόμου, παντὶ δῆλον. Τί δέ ἐστίν
ποτ´ αὐτὸ τὸ τῆς κοινωνίας συμβόλαιον, καὶ ποῦ τάττωμεν
τὸν ἄνδρα; εἰς τοὺς δημιουργούς, ὡς τὸν
Τυχεῖον; εἰς τοὺς ὀψοποιούς, ὡς Μίθαικον; εἰς τοὺς
εὐφραίνοντας, ὡς Φρυνίωνα; εἰς τοὺς γελωτοποιούς,
ὡς Φίλιππον; εἰς τοὺς δημαγωγούς, ὡς Κλέωνα; ἢ
ἄφιλος καὶ ἀνέστιος ἡμῖν ἀνὴρ πλανήσεται; ἀλλ´ ἔστιν
μέν τι αὐτοῦ ἔργον· ὅ,τι δέ ἐστιν τοῦτο, οὐκ ἴσμεν.
’Ἡσυχίαν ἄγω, φησίν, καὶ ἀνασκοπῶ πρὸς ἐμαυτὸν τὰ
ὄντα, καὶ ἀληθείας ἐμπίμπλαμαι.‘ Μακάριος τῆς πολλῆς
σχολῆς· σύ μοι δοκεῖς καὶ νεὼς ἐπιβὰς μὴ ὅτι κυβερνήτης
γενέσθαι, ἀλλ´ οὐδὲ ἐρέτης, οὐδέ τις τῶν
διαθεόντων καὶ ξυνεπιλαμβανόντων τῇ σωτηρίᾳ τῆς
νεώς, ἀλλ´ οὐδὲ ἐπιβάτης εὐκίνητος, οἷος ἢ καλωδίου
ἐπιλαβέσθαι, ἢ προσάψασθαι κώπης ἐν γαλήνῃ· ἀλλά
τις τῶν εἰκῇ κειμένων καὶ φερομένων, αὐτὸ τοῦτο,
ἄχθος νεώς. Ἢ οἴει ἧττόν τι δεῖσθαι πόλιν τῶν ξυλληψομένων
αὐτῇ πρὸς τὴν σωτηρίαν ἢ ναῦν ἐν θαλάττῃ;
καὶ πολύ γε οἶμαι μᾶλλον ἐν γῇ· εἰ μὲν γὰρ πλέομεν,
ὀλίγον τὸ ἐνεργόν, ὁ δὲ φόρτος πολύς· πόλις δέ ἐστιν
πρᾶγμα ἀνακεκραμένον πάντων ξυνεργατῶν. Καθάπερ
καὶ ἡ τοῦ σώματος χρεία, πολυμερής τε οὖσα καὶ πολυδεής,
σώζεται τῇ συντελείᾳ τῶν μερῶν πρὸς τὴν
ὑπηρεσίαν τοῦ ὅλου· φέρουσιν πόδες, ἐργάζονται χεῖρες,
ὁρῶσιν ὀφθαλμοί, ἀκούουσιν ἀκοαί, καὶ τἄλλα,
ἵνα μὴ διατρίβω λέγων.
| [15,4] IV. Dans laquelle donc de ces classes rangerons-nous le philosophe?
Car il est notoire que ce n’est point un personnage inutile. Il ne joue pas le
rôle d’un frelon. C’est un homme qui vit sous la loi commune, et qui
travaille pour le bien commun. Quel est donc le contingent qu’il apporte
dans la société? Quelle place lui assignerons-nous? Le rangerons-nous
parmi les armuriers, comme Tychius; parmi les cuisiniers, comme
Mithecus; parmi les bons vivants, comme Phrunion; parmi les
bouffons, comme Philippe; parmi les démagogues, comme Cléon? ou bien
errera-t-il à l’aventure, comme n’ayant, parmi nous, ni feu, ni lieu? mais
encore est-il bon à quelque chose, et nous ne savons à quoi. « Je vis »,
dit-il, « en repos; je contemple, à part moi, la nature, et je me nourris
de vérité ». Qu’il est heureux, ce philosophe, de jouir de tant de loisir!
A bord d’un vaisseau, il n’est ni pilote, ni rameur; ni du nombre de ceux
qui s’empressent de donner du secours dans la tempête, ou de mettre la
main à la rame, ou à la manœuvre, dans le moment du calme. C’est une
de ces masses immobiles et inanimées, qui ne servent qu’à faire poids dans
la cargaison. Mais pense-t-il qu’une Cité ait moins besoin d’un concours
de services, pour se conserver sur terre, qu’un vaisseau en pleine mer?
Nous pensons, nous, qu’il y a plus à exiger dans une Cité. Peu de gens,
dans un vaisseau, mettent la main à l’œuvre; les autres, qui ne font
qu’ajouter au poids des objets dont il est chargé, demeurent dans
l’immobilité et dans l’inertie. Au lieu que, dans une Cité, chacun doit
coopérer à l’œuvre de la conservation commune. C’est, comme dans le corps
humain, un assemblage de plusieurs parties, sujettes à plusieurs besoins,
et qui se conservent, par l’exactitude avec laquelle chaque partie remplit
sa fonction, pour le bien du tout. Les pieds portent; les mains opèrent;
les yeux voient; les oreilles entendent; et ainsi du reste, pour abréger.
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