[15,2] Καὶ τὰς μὲν τῶν πολλῶν ὀρέξεις τὲ καὶ δυσαρεστήσεις
τί χρὴ σκοπεῖν; οὐ μᾶλλον ἢ τὰς τῶν θρεμμάτων·
τοὺς δὲ ἐν φιλοσοφίᾳ καὶ πάνυ ἄν τις ἢ μέμψαιτο,
ἢ οἰκτείραι· οἳ κομῶντες ἐπὶ φρονήσει, καὶ
τέχνῃ βίου, καὶ ἐπιστήμῃ λόγου, οὔπω γε νῦν
παύονται στασιάζοντες πρὸς αὑτοὺς καὶ πρὸς ἄλλους,
καὶ ἀμφισβητοῦντες ποίῳ σχήματι βίου φέροντες αὐτοὺς
ἐγχειροῦσιν· ἀλλὰ ἀτεχνῶς ἐοίκασιν κυβερνήταις
παρεσκευασμένοις μὲν πρὸς πλοῦν, καλῷ μεγέθει ὁλκάδος,
καὶ κατασκευῇ ὑγιεῖ, καὶ πλήθει ὀργάνων, καὶ
ὑπηρεσίας ἀκριβείᾳ, καὶ τέχνης ἀσφαλείᾳ, καὶ ἕρματος
συμμετρίᾳ, ἐν δὲ τῇ τοῦ πλοῦ χρείᾳ πλανωμένοις, καὶ
ἀποροῦσιν πῇ τράπωνται, πολλῶν μὲν ὑποφαινομένων
λιμένων, πάντων δὲ ἀπιστουμένων. Τοὺς μὲν ἄλλους
ἐῶμεν χαίρειν αὐτοῖς βίοις, τὸν μὲν ἐν ἡδονῇ τηκόμενον,
τὸν δ´ ἐν γῇ πονούμενον, τὸν δὲ ἐν θαλάττῃ
πλανώμενον, τὸν δὲ ἐν ὅπλοις μισθοφοροῦντα, τὸν δὲ
ἐν ἐκκλησίαις βοῶντα, τὸν δὲ ἐν δικαστηρίοις φυρόμενον·
ὥσπερ δὲ ἐν ἀγῶνι σωμάτων οἱ μὲν ἀσθενεῖς
καὶ παρὰ τὸ εἰκὸς ἐπιτολμήσαντες τῇ τοῦ νικᾶν ἐλπίδι
τάχυ ἀπεῖπον, οἱ δὲ ἐφάμιλλοι ἀρετῇ μένουσιν καὶ
καρτεροῦσιν καὶ διαγωνίζονται περὶ τῆς νίκης· οὕτω
κἀν τῇ τῶν βίων ἀγωνίᾳ οἱ μὲν ἄλλοι ἡμῖν ἐκκηρυχθέντες
τὲ καὶ ἀπαγορεύσαντες οἰχέσθωσαν· οἱ δὲ θεωρητικοῖς
ἐφαμίλλω ὄντε καὶ ἀμφισβητησίμω δεῦρο ἰόντων
ἀγωνιουμένω τὰ νῦν τῷ λόγῳ. Πότερος τοίνυν
πρότερος ἡμῖν τοῖς δικασταῖς τὰ αὑτοῦ δίεισιν; ἐγὼ
μὲν οἶμαι, ὅτι ὁ πρακτικός· θαρσαλέος γάρ, καὶ ἰτητικώτερος,
καὶ ἐθὰς ὁμιλεῖν τοῖς πολλοῖς· λέγοι δὲ ὧδε.
| [15,2] II. Mais que sert-il de s’occuper des affections des hommes vulgaires et
de leurs divers mécontentements? Cela ne sert pas plus que de s’occuper
des quadrupèdes. Quant aux philosophes qui se piquent de mener une vie
réglée par les principes de la prudence, et l’expérience de la saine
raison, faut-il les blâmer ou les plaindre, de ce qu’ils ne cessent point
de disputer, soit entre eux, soit avec les autres, sans être nullement
fixés sur le genre de vie auquel il leur convient de s’attacher? Ils
ont ainsi la maladresse de ressembler à des pilotes prêts à mettre à la
voile, qui se sont munis d’un grand vaisseau, de provisions saines, de
nombreux agrès, d’un équipage habile et complet, de solides instruments,
d’un bon lest; et qui, au milieu de la navigation, perdent (comme on dit)
la tramontane, ne savent plus de quel côté se tourner, et, dans le nombre
des ports qui se présentent à eux, n’osent se fier à aucun. Laissons donc
se complaire dans leur condition, et celui qui se consume dans les
jouissances, et celui qui cultive la terre de ses propres mains, et celui
qui erre sur les flots, et le soldat qui se fait stipendier, et l’Orateur
qui s’enroue dans les comices, et l’Avocat qui se démène dans les
Tribunaux. De même que, dans les combats gymniques, les athlètes faibles
qui, contre toute probabilité de succès, se présentent dans l’arène,
renoncent bientôt à l’espoir de vaincre, tandis que ceux qui ont la
vigueur nécessaire, demeurent fermes, soutiennent les chocs, et disputent
la victoire. De même, dans la carrière de la vie, il est des individus à
qui l’on devrait défendre de la parcourir, et qu’on en devrait éconduire.
Mais que les partisans de la vie active, et ceux de la vie contemplative,
ces deux espèces d’antagonistes et de rivaux, entre lesquels on se
partage, comparaissent et plaident leur cause, tour-à-tour, devant le
Tribunal de la raison. Or, quels seront entre eux ceux qui auront les
premiers la parole? Nous pensons que ce doit être les champions de la vie
active. Car ils ont plus de hardiesse, plus de confiance, parce qu’ils ont
l’usage du monde.
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