[1] Καὶ τί σοι πρῶτον, ὦ φιλότης, ἢ τί ὕστατον,
φασί, καταλέξω τούτων ἃ πάσχειν ἢ ποιεῖν
ἀνάγκη τοὺς ἐπὶ μισθῷ συνόντας κἀν ταῖς τῶν
εὐδαιμόνων τούτων φιλίαις ἐξεταζομένους—εἰ
χρὴ φιλίαν τὴν τοιαύτην αὐτῶν δουλείαν ἐπονομάζειν;
οἶδα γὰρ πολλὰ καὶ σχεδὸν τὰ πλεῖστα
τῶν συμβαινόντων αὐτοῖς, οὐκ αὐτὸς μὰ Δία τοῦ
τοιούτου πειραθείς, οὐ γὰρ ἐν ἀνάγκῃ μοι ἡ
πεῖρα ἐγεγένητο, μηδέ, ὦ θεοί, γένοιτο· ἀλλὰ
πολλοὶ τῶν εἰς τὸν βίον τοῦτον ἐμπεπτωκότων
ἐξηγόρευον πρός με, οἱ μὲν ἔτι ἐν τῷ κακῷ ὄντες,
ἀποδυρόμενοι ὁπόσα καὶ ὁποῖα ἔπασχον, οἱ δὲ
ὥσπερ ἐκ δεσμωτηρίου τινὸς ἀποδράντες οὐκ
ἀηδῶς μνημονεύοντες ὧν ἐπεπόνθεσαν· ἀλλὰ γὰρ
εὐφραίνοντο ἀναλογιζόμενοι οἵων ἀπηλλάγησαν.
Ἀξιοπιστότεροι δὲ ἦσαν οὗτοι διὰ πάσης, ὡς
εἰπεῖν, τῆς τελετῆς διεξεληλυθότες καὶ πάντα ἐξ
ἀρχῆς εἰς τέλος ἐποπτεύσαντες. οὐ παρέργως
οὖν οὐδὲ ἀμελῶς ἐπήκουον αὐτῶν καθάπερ ναυαγίαν
τινὰ καὶ σωτηρίαν αὑτῶν παράλογον διηγουμένων,
οἷοί εἰσιν οἱ πρὸς τοῖς ἱεροῖς ἐξυρημένοι
τὰς κεφαλὰς συνάμα πολλοὶ τὰς τρικυμίας καὶ
ζάλας καὶ ἀκρωτήρια καὶ ἐκβολὰς καὶ ἱστοῦ κλάσεις
καὶ πηδαλίων ἀποκαυλίσεις διεξιόντες, ἐπὶ
πᾶσι δὲ τοὺς Διοσκούρους ἐπιφαινομένους, —
οἰκεῖοι γὰρ τῆς τοιαύτης τραγῳδίας οὗτοί γε—ἤ
τιν´ ἄλλον ἐκ μηχανῆς θεὸν ἐπὶ τῷ καρχησίῳ
καθεζόμενον ἢ πρὸς τοῖς πηδαλίοις ἑστῶτα καὶ
πρός τινα ᾐόνα μαλακὴν ἀπευθύνοντα τὴν ναῦν,
οἷ προσενεχθεῖσα ἔμελλεν αὐτὴ μὲν ἠρέμα καὶ
κατὰ σχολὴν διαλυθήσεσθαι, αὐτοὶ δὲ ἀσφαλῶς
ἀποβήσεσθαι χάριτι καὶ εὐμενείᾳ τοῦ θεοῦ.
Ἐκεῖνοι μὲν οὖν τὰ πολλὰ ταῦτα πρὸς τὴν
χρείαν τὴν παραυτίκα ἐπιτραγῳδοῦσιν ὡς παρὰ
πλειόνων λαμβάνοιεν, οὐ δυστυχεῖς μόνον ἀλλὰ
καὶ θεοφιλεῖς τινες εἶναι δοκοῦντες·
| [1] Par où entamerai-je, mon cher, et par où terminerai-je,
comme on dit, l'énumération de toutes les épreuves que doit
subir ou accomplir quiconque s'engage contre rémunération et
passe sur le gril de l'amitié des riches, si l'on peut qualifier ainsi
son esclavage ? Je connais en effet une bonne partie, sinon la
plupart de ces déboires, non pour avoir, par Zeus, tâté
personnellement de cette pénitence — je n'ai pas été acculé à
pareilles extrémités et je prie les dieux de ne l'être jamais —,
mais parce que j'ai recueilli les confidences de bon nombre de
gens tombés dans ce traquenard, dont les uns, s'y trouvant
encore piégés, se lamentaient sur leurs terribles, leurs
innombrables avanies alors que les autres, tels des évadés du
bagne, ne répugnaient nullement à se remémorer leurs
souffrances, tout joyeux qu'ils étaient de songer à tous les
camouflets dont ils étaient désormais délivrés. Les témoins de
cette seconde catégorie étaient les plus fiables, ayant franchi, si
je puis dire, toutes les étapes du bizutage et ayant eu l'occasion
d'assister à l'office du début à la fin. Aussi leur ai-je prêté une
oreille qui ne fut ni distraite, ni désinvolte lorsqu'ils m'ont narré
leurs mésaventures, si semblables à un naufrage suivi d'un
sauvetage inespéré, à la manière de ces crânes rasés qui, en
gros essaims compacts, hantent les abords des temples et vous
assènent leurs histoires de houles gigantesques, bourrasques,
promontoires, cargaisons jetées par dessus bord, démâtages et
autres bris de gouvernail, le tout dénoué par l'apparition des
Dioscures — incontournables, les Dioscures, dans ce genre de
saynète — ou de quelque autre deus ex machina atterrissant sur
la lune, si tant est qu'ils ne s'installent pas tout simplement à la
barre, afin de diriger l'esquif vers je ne sais quelle grève
accueillante où il viendra s'échouer et se disloquer tout doux,
tout doux, sans précipitation, permettant à nos bonimenteurs
de l'abandonner en toute sécurité, par l'effet de la faveur et de la
bienveillance divines. Il est certain que ces gaillards vous
troussent en bonne partie leurs aventures en fonction des
besoins de l'heure, afin d'amadouer un maximum de donateurs,
en donnant à penser qu'à leur infortune, il n'est d'égal que
l'affection en laquelle les dieux les tiennent.
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