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[41] (ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ἔχ´ ἀτρέμας. τούτου γὰρ ἐδεόμην μάλιστα.
οὐκοῦν ἐννέα ὄντες ἀνεσπάκασιν ἅπαντες καὶ
ἔχουσι τοὺς κλήρους. περιιὼν δὴ (βούλομαι γάρ
σε Ἑλλανοδίκην ἀντὶ θεατοῦ ποιῆσαι) ἐπισκοπεῖς
τὰ γράμματα, καὶ οὐ πρότερον οἶμαι μάθοις ἂν
ὅστις ὁ ἔφεδρός ἐστιν, ἢν μὴ ἐπὶ πάντας ἔλθῃς
καὶ συζεύξῃς αὐτούς.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Πῶς, ὦ Λυκῖνε, τοῦτο φής;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ἀδύνατόν ἐστιν εὐθὺς εὑρεῖν τὸ γράμμα ἐκεῖνο
τὸ δηλοῦν τὸν ἔφεδρον, ἢ τὸ μὲν γράμμα ἴσως ἂν
εὕροις, οὐ μὴν εἴσῃ γε εἰ ἐκεῖνός ἐστιν· οὐ γὰρ
προείρηται ὅτι τὸ Κ ἢ τὸ Μ ἢ τὸ Ι ἐστὶν τὸ
χειροτονοῦν τὸν ἔφεδρον. ἀλλ´ ἐπειδὰν τῷ Α
ἐντύχῃς, ζητεῖς τὸν τὸ ἕτερον Α ἔχοντα καὶ
εὑρὼν ἐκείνους μὲν ἤδη συνέζευξας, ἐντυχὼν δὲ
αὖθις τῷ βῆτα τὸ ἕτερον βῆτα ὅπου ἐστὶν ζητεῖς,
τὸ ἀντίπαλον τῷ εὑρεθέντι, καὶ ἐπὶ πάντων
ὁμοίως, ἄχρι ἂν ἐκεῖνός σοι περιλειφθῇ ὁ τὸ
μόνον γράμμα ἔχων τὸ ἀνανταγώνιστον.
| [41] LYCINUS. Attends un peu : j'avais le plus grand besoin de ce que
tu viens de dire. Ainsi, il y a neuf athlètes. Tous ont tiré leur morceau
de bois, et le tiennent à la main. Toi, tu fais le tour des combattants,
car je veux au lieu de spectateur te nommer hellanodice, et tu
inspectes chaque lettre, mais tu ne pourras pas, je crois, savoir quel
est celui qui doit demeurer assis, avant de les avoir passés tous en
revue et réunis par couple.
HERMOTIMUS. Que dis-tu là, Lycinus ?
LYCINUS. Qu'il est impossible de trouver sur-le-champ la lettre
désignant l'éphèdre. Tu trouveras bien une lettre, mais tu ne
sauras pas si cela indique celui qui doit rester assis, attendu qu'il n'a
pas été dit d'avance si c'est un K, un M on un I qui désigne l'éphèdre.
Au contraire, si tu trouves un A, tu cherches celui qui a l'autre A, et
quand tu l'as trouvé, tu accouples tes deux athlètes. Passant ensuite
au B, tu cherches encore où peut être l'autre B, l'adversaire de celui
que tu as trouvé, et de même pour la suite, jusqu'à ce qu'il ne te reste
plus que l'athlète auquel est échue la lettre unique, qui ne doit point lui
donner d'antagoniste.
| [42] (ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Τί δ´ εἰ ἐκείνῳ πρώτῳ ἢ δευτέρῳ ἐντύχοις, τί ποιήσεις;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Οὐ μὲν οὖν, ἀλλὰ σὺ ὁ Ἑλλανοδίκης ἐθέλω
εἰδέναι ὅ τι καὶ πράξεις, πότερον αὐτίκα ἐρεῖς ὅτι
οὗτός ἐστιν ὁ ἔφεδρος, ἢ δεήσει ἐπὶ πάντας ἐν
κύκλῳ ἐλθόντα ἰδεῖν εἴ που αὐτῷ γράμμα ὅμοιόν
ἐστιν; ὡς εἴ γε μὴ τοὺς πάντων κλήρους ἴδοις
οὐκ ἂν μάθοις τὸν ἔφεδρον.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Καὶ μήν, ὦ Λυκῖνε, ῥᾳδίως ἂν μάθοιμι. ἐπὶ
γοῦν τῶν ἐννέα ἢν τὸ Ε εὕρω πρῶτον ἢ δεύτερον,
οἶδα ὅτι ἔφεδρος ὁ τοῦτο ἔχων ἐστί.
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Πῶς, ὦ Ἑρμότιμε;
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Οὕτως· τὸ Α δύο αὐτῶν ἔχουσιν καὶ τὸ Β
ὁμοίως δύο, τῶν λοιπῶν δὲ τεττάρων ὄντων οἱ
μὲν τὸ Γ, οἱ δὲ τὸ Δ πάντως ἀνεσπάκασιν καὶ
ἀνήλωται ἤδη ἐς τοὺς ἀθλητὰς ὀκτὼ ὄντας τὰ
τέτταρα γράμματα. δῆλον οὖν ὅτι μόνον ἂν
οὕτω περιττὸν εἴη τὸ ἑξῆς γράμμα τὸ Ε, καὶ ὁ
τοῦτο ἀνεσπακὼς ἔφεδρός ἐστι.
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Πότερον ἐπαινέσω σε, ὦ Ἑρμότιμε, τῆς συνέσεως,
ἢ θέλεις ἀντείπω τά γ´ ἐμοὶ δοκοῦντα
ὁποῖα ἂν ᾖ;
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Νὴ Δία. διαπορῶ μέντοι ὅ τι ἂν εὔλογον
ἀντειπεῖν ἔχοις πρὸς τὸ τοιοῦτον.
| [42] HERMOTIMUS. Mais si tu rencontrais cette lettre dès la première ou
la seconde fois, que ferais-tu ?
LYCINUS. Je n'en sais rien, mais toi, qui es hellanodice, je veux savoir
ce que tu ferais. Dirais-tu sur-le-champ que c'est celui-là qui doit être
éphèdre ou bien faudrait-il que tu eusses fait le tour du cercle des
athlètes et regardé s'il y a une lettre pareille à celle-là, puisque tu ne
peux connaître l'éphèdre qu'après avoir vu tous les morceaux de bois ?
HERMOTIMUS. Je n'aurais pas de peine à le savoir, Lycinus, car si, sur
neuf lettres, je trouve tout de suite E, je suis sûr que celui qui l'a doit
être l'éphèdre.
LYCINUS. Comment cela, Hermotimus ?
HERMOTIMUS. Le voici : A a été tiré par deux athlètes, B par deux
autres, et sur les quatre qui restent, deux ont amené G et deux autres
D. Par conséquent quatre lettres ont été épuisées par huit athlètes. Or,
la cinquième lettre qui reste, et qui vient à la suite, est E. Donc celui
qui l'a tirée est l'éphèdre.
LYCINUS. Que dois-je faire, Hermotimus ? Te louerai-je de ton
intelligence ou veux-tu me permettre de te faire une objection, quelle
qu'elle soit !
HERMOTIMUS. Dis, par Jupiter ! Je ne vois pourtant pas ce que tu peux
avoir de raisonnable à objecter à mon argument.
| [43] (ΛΥΚΙΝΟΣ)
Σὺ μὲν γὰρ ὡς ἑξῆς πάντων γραφομένων
γραμμάτων εἴρηκας, οἷον πρώτου τοῦ Α, δευτέρου
δὲ τοῦ Β καὶ κατὰ τὴν τάξιν, ἄχρι ἂν ἐς ἓν αὐτῶν
τελευτήσῃ ὁ ἀριθμὸς τῶν ἀθλητῶν· καὶ δίδωμί
σοι Ὀλυμπίασιν οὕτω γίγνεσθαι. τί δέ, εἰ
ἐξελόντες ἀτάκτως πέντε γράμματα ἐξ ἁπάντων,
τὸ Χ καὶ τὸ Σ καὶ τὸ Ζ καὶ τὸ Κ καὶ τὸ Θ, τὰ
μὲν ἄλλα τέτταρα διπλᾶ ἐπὶ τῶν κλήρων τῶν
ὀκτὼ γράφοιμεν, τὸ δὲ Ζ μόνον ἐπὶ τοῦ ἐνάτου,
ὃ δὴ καὶ δηλοῦν ἔμελλεν ἡμῖν τὸν ἔφεδρον, τί
ποιήσεις πρῶτον εὑρὼν τὸ Ζ; τῷ διαγνώσῃ
ἔφεδρον ὄντα τὸν ἔχοντα αὐτό, ἢν μὴ ἐπὶ πάντας
ἐλθὼν εὕρῃς οὐδὲν αὐτῷ συμφωνοῦν; οὐ γὰρ
εἶχες ὥσπερ νῦν τῇ τάξει αὐτῶν τεκμαίρεσθαι.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Δυσαπόκριτον τοῦτο ἐρωτᾷς.
| [43] LYCINUS. Tu ranges les lettres dans l'ordre rigoureusement
alphabétique, en disant d'abord A, puis B, et ainsi de suite, jusqu'à ce
que le nombre des couples d'athlètes soit épuisé. Je veux bien que cela
soit d'usage aux jeux Olympiques. Mais que sera-ce, si l'on prend cinq
lettres au hasard, par exempte le X, le E, le Z, le K et le Y, en écrivant
chacune des quatre premières lettres sur huit des morceaux de bois, et
en réservant pour le neuvième le Z qui doit désigner l'éphèdre ? Que
faire, si l'on tombe tout de suite sur le Z ? Comment deviner si celui
qui le tend est l'éphèdre, sans avoir auparavant regardé les autres
morceaux de bois et s’être assuré qu'il n'a point de correspondant ? Tu
ne peux plus, comme tout à l'heure, tirer aucune conjecture de l'ordre
des lettres.
HERMOTIMUS. Tu me fais là une question à laquelle il n'est pas aisé de
répondre.
| [44] (ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ἰδοὺ δὴ καὶ ἑτέρως τὸ αὐτὸ ἐπισκόπησον. τί
γὰρ εἰ μηδὲ γράμματα γράφοιμεν ἐπὶ τῶν κλήρων
ἀλλά τινα σημεῖα καὶ χαρακτῆρας, οἷα πολλὰ
Αἰγύπτιοι γράφουσιν ἀντὶ τῶν γραμμάτων—
κυνοκεφάλους τινὰς καὶ λεοντοκεφάλους ἀνθρώπους;
ἢ ἐκεῖνα μὲν ἐάσωμεν, ἐπείπερ ἀλλόκοτά
ἐστι. φέρε δὲ τὰ μονοειδῆ καὶ ἁπλᾶ ἐπιγράψωμεν
ὡς οἷόν τε εἰκάσαντες ἀνθρώπους ἐπὶ δυοῖν
κλήροιν, δύο ἵππους ἐπὶ δυοῖν καὶ ἀλεκτρυόνας
δύο καὶ κύνας δύο, τῷ δὲ ἐνάτῳ λέων ἔστω
τοὐπίσημον. ἢν τοίνυν τῷ λεοντοφόρῳ τούτῳ
κλήρῳ ἐν ἀρχῇ ἐντύχῃς, πόθεν ἕξεις εἰπεῖν ὅτι
οὗτός ἐστιν ὁ τὸν ἔφεδρον ποιῶν, ἢν μὴ παραθεωρήσῃς
ἅπαντας ἐπιὼν εἴ τις καὶ ἄλλος λέοντα ἔχει;
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Οὐκ ἔχω ὅ τι σοι ἀποκρίνωμαι, ὦ Λυκῖνε.
| [44] LYCINUS. Eh bien ! Considérons-la sous un autre aspect.
Supposons que ce ne sont pas des lettres qui sont gravées sur les
morceaux de bois, mais des figures, des caractères, tels que les
Égyptiens tracent en grand nombre au lieu de lettres, des
cynocéphales, des hommes à tête de lion ou plutôt abandonnons ces
signes, comme monstrueux. Prenons en qui soient simples, de forme
unique, et gravons le plus nettement possible, deux hommes sur les
deux premiers morceaux de bois, deux chevaux sur les deux suivants,
puis deux coqs, deux chiens, et enfin un lion sur le neuvième. Si tu
rencontres tout d'abord le morceau de bois où se trouve la figure d'un
lion, comment pourras-tu dire que c'est celui-là qui désigne l'éphèdre,
à moins que tu n'aies examiné tous les autres, pour voir s'il n'y en a
point qui porte la même figure !
HERMOTIMUS. Je n'ai rien à te répondre, Lycinus.
| [45] (ΛΥΚΙΝΟΣ)
Εἰκότως· οὐδὲ γὰρ εὐπρόσωπον οὐδέν. ὥστε
ἢν ἐθέλωμεν ἢ τὸν ἔχοντα τὴν ἱερὰν φιάλην
εὑρεῖν ἢ τὸν ἔφεδρον ἢ τὸν ἄριστα ἡγησόμενον
ἡμῖν ἐς τὴν πόλιν ἐκείνην τὴν Κόρινθον, ἐπὶ
πάντας ἀναγκαίως ἀφιξόμεθα καὶ ἐξετάσομεν
ἄκρως πειρώμενοι καὶ ἀποδύοντες καὶ παραθεωροῦντες.
μόλις γὰρ ἂν οὕτω τἀληθὲς ἐκμάθοιμεν.
καὶ εἴ γέ τις μέλλοι σύμβουλός μοι ἀξιόπιστος
ἔσεσθαι φιλοσοφίας πέρι ἥντινα φιλοσοφητέον,
οὗτος ἂν εἴη μόνος ὁ τὰ ὑπὸ πασῶν αὐτῶν
λεγόμενα εἰδώς, οἱ δ´ ἄλλοι ἀτελεῖς, καὶ οὐκ ἂν
πιστεύσαιμι αὐτοῖς, ἔστ´ ἂν καὶ μιᾶς ἀπείρατοι
ὦσι—τάχα γὰρ ἂν ἡ ἀρίστη ἐκείνη εἴη. οὐ γὰρ
δὴ εἴ τις παραστησάμενος καλὸν ἄνθρωπον λέγοι
τοῦτον εἶναι κάλλιστον ἀνθρώπων ἁπάντων, πιστεύσαιμεν
ἂν αὐτῷ ἢν μὴ εἰδῶμεν ὅτι πάντας
ἀνθρώπους ἑώρακεν. ἴσως μὲν γὰρ καὶ οὗτος
καλός, εἰ δὲ πάντων κάλλιστος οὐκ ἂν ἔχοι
εἰδέναι μὴ ἰδὼν ἅπαντας. ἡμεῖς δὲ οὐκ αὐτὸ
μόνον καλοῦ, ἀλλὰ τοῦ καλλίστου δεόμεθα· καὶ
ἢν μὴ τοῦτο εὕρωμεν, οὐδὲν ἡμῖν πλέον πεπρᾶχθαι
ἡγησόμεθα. οὐ γὰρ ἀγαπήσομεν ὁποιῳδήποτε
καλῷ ἐντυχόντες, ἀλλ´ ἐκεῖνο τὸ ἀκρότατον
ζητοῦμεν κάλλος, ὅπερ ἀνάγκη ἓν εἶναι.
| [45] LYCINUS. Je le crois bien. Tu n'aurais rien à dire de plausible. Si
donc nous voulons découvrir celui qui a la fiole sacrée ou bien
l'éphèdre ou le meilleur guide pour nous rendre à Corinthe, il faut que
nous allions trouver tous ces gens-là, et que nous les interrogions en
les mettant à l'épreuve, en les déshabillant, en les considérant de très
près, et encore aurons-nous de la peine à connaître ainsi la vérité. Si
j'avais à m'en rapporter à un conseiller sûr en matière de philosophie,
ce ne serait qu'à celui qui saurait tout ce que disent les autres
philosophes. Le reste ne me serait d'aucun prix. Je n'aurais en eux
aucune confiance, lors même qu'ils n'ignoreraient qu'une seule secte,
car c'est peut-être la meilleure. Si quelqu’un nous présentait un bel
homme, en disant que c’est le plus beau de tous les hommes, nous ne
le croirions pas, à moins qu'il ne fût certain qu'il a vu toute l'espèce
humaine. Peut-être cet homme est-il très beau, mais qu'il soit le plus
beau de tous, c'est ce qu'on ne peut savoir, sans les avoir tous vus.
Or, ce n'est pas un bel homme, c'est le plus beau des hommes qu'il
nous faut et, si nous ne le trouvons pas, nous ne nous croirons pas
plus avancés. Il ne nous suffira pas, en effet, d'avoir trouvé une beauté
quelconque. Nous, cherchons, la beauté parfaite, qui est
nécessairement unique.
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