|
[56] Ὃ δὲ φής, ὅτι τὰ κεφάλαια ῥᾴδιον ἀκοῦσαι
ἁπάσης φιλοσοφίας ἐν ὀλίγῳ μορίῳ ἡμέρας (οἷον
ἀρχὰς αὐτῶν καὶ τέλη καὶ τί θεοὺς οἴονται εἶναι,
τί ψυχήν, καὶ τίνες μὲν σώματα πάντα φασί, τίνες
δὲ καὶ ἀσώματα εἶναι ἀξιοῦσι, καὶ ὅτι οἱ μὲν
ἡδονήν, οἱ δὲ τὸ καλὸν ἀγαθὸν καὶ εὔδαιμον
τίθενται καὶ τὰ τοιαῦτα) οὑτωσὶ μὲν ἀκούσαντας
ἀποφήνασθαι ῥᾴδιον καὶ ἔργον οὐδέν· εἰδέναι δὲ
ὅστις ὁ τἀληθῆ λέγων ἐστίν, ὅρα μὴ οὐχὶ μορίου
ἐστὶν ἡμέρας ἀλλὰ πολλῶν ἡμερῶν δέηται. ἢ τί
γὰρ ἐκεῖνοι παθόντες ὑπὲρ αὐτῶν τούτων ἑκατοντάδας
καὶ χιλιάδας βιβλίων ἕκαστοι συγγεγράφασιν,
ὡς πείσαιεν οἶμαι ἀληθῆ εἶναι τὰ ὀλίγα
ἐκεῖνα καὶ ἅ σοι δοκεῖ ῥᾴδια καὶ εὐμαθῆ; νῦν
δὲ μάντεως οἶμαι δεήσει σοι κἀνταῦθα πρὸς τὴν
αἵρεσιν τῶν κρειττόνων, εἰ μὴ ἀνέχῃ τὴν διατριβὴν
ὡς ἀκριβῶς ἑλέσθαι, αὐτὸς ἅπαντα καὶ ὅλον
ἕκαστον κατανοήσας. ἐπίτομος γὰρ αὕτη γένοιτ´
ἄν, οὐκ ἔχουσα περιπλοκὰς οὐδ´ ἀναβολάς, εἰ
μεταστειλάμενος τὸν μάντιν ἀκούσας τῶν κεφαλαίων
ἁπάντων σφαγιάζοιο ἐφ´ ἑκάστοις ἀπαλλάξει
γάρ σε ὁ θεὸς μυρίων πραγμάτων δείξας ἐν
τῷ τοῦ ἱερείου ἥπατι ἅτινά σοι αἱρετέον.
| [56] Quant à ce que tu dis, qu'on peut apprendre dans une petite
portion du jour les dogmes capitaux de toute philosophie, à savoir les
principes, la fin, les diverses opinions sur les dieux, sur l'âme, sur la
corporéité de tous les êtres ou l'incorporéité de quelques-uns, sur le
souverain bien placé par ceux-ci dans le plaisir, par ceux-là dans
l'honnête, et autres questions semblables, il est facile de les entendre
et de les reproduire. Cela n'exige aucune peine. Quant à savoir quelle
est la secte qui dit la vérité, fais attention qu'il ne faut pas seulement
une petite portion du jour, mais des jours nombreux. Pourquoi, en
effet, chacun de ces philosophes a-t-il été écrire des centaines ou des
milliers de volumes, si c'est tout simplement pour établir que les faits
sont bien peu nombreux, qui te paraissent faciles et à la portée des
disciples ! Tu aurais donc ici, je crois, besoin d'un devin qui t'aide à
choisir les meilleurs, afin de ne pas éprouver le retard que causerait un
examen attentif et personnel de toutes les sectes, et une attention
particulière donnée à chacune d'elles. C'est un moyen expéditif, sans
ambages ni retards, que d'envoyer chercher un devin pour entendre
les dogmes capitaux, et d'immoler pour chacun d'eux une victime. Le
dieu t'épargnera des peines infinies, en te faisant voir dans le foie ce
que tu dois choisir.
| [57] Εἰ δὲ βούλει, καὶ ἄλλο τι ἀπραγμονέστερον
ὑποθήσομαί σοι, ὡς μὴ ἱερεῖα καταθύῃς ταυτὶ καὶ
θυσιάζῃς τῳ μηδὲ ἱερέα τινὰ τῶν μεγαλομίσθων
παρακαλῇς, ἀλλὰ ἐς κάλπιν ἐμβαλὼν γραμμάτια
ἔχοντα τῶν φιλοσόφων ἑκάστου τοὔνομα κέλευε
παῖδα—τῶν ἀνήβων ἀμφιθαλῆ τινα—προσελθόντα
πρὸς τὴν κάλπιν ἀνελέσθαι ὅ τι ἂν πρῶτον ὑπὸ
τὴν χεῖρα ἔλθῃ τῶν γραμματίων, καὶ τὸ λοιπὸν
κατὰ τὸν λαχόντα ἐκεῖνον ὅστις ἂν ᾖ φιλοσόφει.
| [57] Si tu veux, toutefois, je vais t'enseigner un expédient encore plus
commode, sans immoler de victimes, sans faire de sacrifices, sans
appeler de ces prêtres qui vendent leur ministère. Jette dans une urne
des tablettes où soient inscrits les noms de tous les philosophes.
Ordonne à un jeune enfant, qui a père et mère, de s'approcher de
l'urne, de tirer la première tablette qui lui tombera sous la main, et,
quel que soit le nom du philosophe que le hasard amène, mets-toi à
philosopher d'après ses préceptes.
| [58] (ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Ταυτὶ μέν, ὦ Λυκῖνε, βωμολοχικὰ καὶ οὐ κατά
σε. σὺ δὲ εἰπέ μοι· ἤδη ποτὲ οἶνον ἐπρίω αὐτός;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Καὶ μάλα πολλάκις.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Ἆρ´ οὖν περιῄεις ἅπαντας ἐν κύκλῳ τοὺς ἐν τῇ
πόλει καπήλους ἀπογευόμενος καὶ παραβάλλων
καὶ ἀντεξετάζων τοὺς οἴνους;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Οὐδαμῶς.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Χρὴ γὰρ οἶμαί σοι τῷ πρώτῳ χρηστῷ καὶ ἀξίῳ
ἐντυχόντι ἀποφέρεσθαι.
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Νὴ Δία.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Καὶ ἀπό γε τοῦ ὀλίγου ἐκείνου γεύματος εἶχες
ἂν εἰπεῖν ὁποῖος ἅπας ὁ οἶνός ἐστιν;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Εἶχον γάρ.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Εἰ δὲ δὴ ἔλεγες προσελθὼν τοῖς καπήλοις,
Ἐπειδὴ κοτύλην πρίασθαι βούλομαι, δότε μοι, ὦ
οὗτοι, ἐκπιεῖν ὅλον ἕκαστος ὑμῶν τὸν πίθον, ὡς
διὰ παντὸς ἐπεξελθὼν μάθοιμι ὅστις ἀμείνω τὸν
οἶνον ἔχει καὶ ὅθεν μοι ὠνητέον. εἰ ταῦτα ἔλεγες,
οὐκ ἂν οἴει καταγελάσαι σου αὐτούς, εἰ δὲ καὶ ἐπὶ
πλέον ἐνοχλοίης τάχα ἂν καὶ προσχέαι τοῦ ὕδατος;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Οἶμαι ἔγωγε καὶ δίκαιά γ´ ἂν πάθοιμι.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Κατὰ ταὐτὰ δὴ καὶ ἐν φιλοσοφίᾳ. τί δεῖ ἐκπιεῖν
τὸν πίθον δυναμένους γε ἀπ´ ὀλίγου τοῦ
γεύματος εἰδέναι ὁποῖον τὸ πᾶν ἐστιν;
| [58] HERMOTIMUS. Ce que tu dis là, Lycinus, est une bouffonnerie
indigne de toi. Dis-moi, as-tu jamais acheté du vin ?
LYCINUS. Sans doute, et souvent.
HERMOTIMUS. Est-ce que tu allais à la ronde chez tous les cabaretiers
de la ville, pour goûter leurs vins, les comparer et les juger ?
LYCINUS. Nullement.
HERMOTIMUS. Tu te contentais, je pense, de faire emporter le premier
que tu trouvais à bon marché et de bonne qualité.
LYCINUS. Oui, par Jupiter !
HERMOTIMUS. Et après en avoir bu une petite portion, tu pouvais dire
de quelle qualité était le vin tout entier ?
LYCINUS. Je le pouvais.
HERMOTIMUS. Or, si tu allais dire à des marchands de vin :
"Comme je veux acheter une cotyle, donnez-moi, vous autres,
chacun un tonneau entier de votre vin, afin qu'après en avoir goûté de
tous, je puisse savoir qui de vous a le meilleur, et quel est celui que je
dois acheter." Si tu leur parlais de la sorte, ne crois-tu pas qu'ils te
riraient au nez ? Et si tu continuais la plaisanterie, ne pourrais-tu pas
bien être arrosé d'eau ?
LYCINUS. Je le pense, et je ne l'aurais pas volé.
HERMOTIMUS. Il en est de même pour la philosophie. À quoi bon boire
un tonneau entier, quand on peut, en goûtant une petite quantité,
connaître la qualité du tout ?
| [59] (ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ὡς ὀλισθηρὸς εἶ, ὦ Ἑρμότιμε, καὶ διαδιδράσκεις
ἐκ τῶν χειρῶν. πλὴν ἀλλὰ ὤνησάς γε·
οἰόμενος γὰρ ἐκπεφευγέναι ἐς τὸν αὐτὸν κύρτον
ἐμπέπτωκας.
(ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Πῶς τοῦτο ἔφης;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Ὅτι αὐθομολογούμενον πρᾶγμα λαβὼν καὶ
γνώριμον ἅπασι τὸν οἶνον εἰκάζεις αὐτῷ τὰ
ἀνομοιότατα καὶ περὶ ὧν ἀμφισβητοῦσιν ἅπαντες
ἀφανῶν ὄντων. ὥστε ἔγωγε οὐκ ἔχω εἰπεῖν καθ´
ὅ τι σοι ὅμοιος φιλοσοφία καὶ οἶνος, εἰ μὴ ἄρα
κατὰ τοῦτο μόνον, ὅτι καὶ οἱ φιλόσοφοι ἀποδίδονται
τὰ μαθήματα ὥσπερ οἱ κάπηλοι—κερασάμενοί
γε οἱ πολλοὶ καὶ δολώσαντες καὶ κακομετροῦντες.
οὑτωσὶ δὲ ἐπισκοπήσωμεν ὅ τι καὶ λέγεις· τὸν
οἶνον φὴς τὸν ἐν τῷ πίθῳ ὅλον αὐτὸν αὑτῷ ὅμοιον
εἶναι, καὶ μὰ Δί´ οὐδὲν ἄτοπον. ἀλλὰ καὶ εἴ τις
γεύσαιτο ἀρυσάμενος ὀλίγον ὅσον αὐτοῦ, εἴσεσθαι
αὐτίκα ὁποῖος ἅπας ὁ πίθος ἐστίν, ἀκόλουθον καὶ
τοῦτο, καὶ οὐδὲν ἂν ἔγωγέ τι ἀντεῖπον. ὅρα δὴ
καὶ τὸ μετὰ τοῦτο· φιλοσοφία καὶ οἱ φιλοσοφοῦντες
οἷον ὁ διδάσκαλος ὁ σός, ἆρα ταὐτὰ
πρὸς ὑμᾶς λέγει ὁσημέραι καὶ περὶ τῶν αὐτῶν ἢ
ἄλλα ἄλλοτε; πολλὰ γάρ ἐστι, πρόδηλον, ὦ
ἑταῖρε. ἢ οὐκ ἂν εἴκοσιν ἔτη παρέμενες αὐτῷ
κατὰ τὸν Ὀδυσσέα περινοστῶν καὶ περιπλανώμενος,
εἰ τὰ αὐτὰ ἔλεγεν, ἀλλὰ ἀπέχρη ἄν σοι καὶ
ἅπαξ ἀκούσαντι.
| [59] LYCINUS. Comme tu es insaisissable, Hermotimus, comme tu nous
glisses des mains ! Cependant tu me viens en aide. En croyant
échapper, tu es tombé dans la nasse.
HERMOTIMUS. Comment cela ?
LYCINUS. Tu compares une chose évidente et bien connue de tous, le
vin, avec des objets qui n'ont entre eux aucune ressemblance, et sur
lesquels tout le monde dispute, à cause de leur obscurité. Aussi, je ne
vois pas quel rapport tu peux trouver entre le vin et la philosophie, à
moins que ce ne soit parce que les philosophes débitent leurs
enseignements comme les cabaretiers, en frelatant, en trompant et en
faisant mauvaise mesure. Examinons un peu ce que tu dis. Tu
prétends que le vin contenu dans un tonneau est complètement
semblable à lui-même. Cela, ma foi, n'est point absurde, et tu ajoutes
que, si l'on en goûte une petite quantité que l'on aura tirée, on saura à
l'instant quelle est la qualité du tonneau tout entier. Cela est encore
conséquent, et je n'ai rien à répliquer. Mais voyons ce qui suit. La
philosophie, les philosophes, et, en particulier, ton maître, vous disent-ils
la même chose tous les jours ? Sont-ils d'accord sur les mêmes
objets ou bien leur langage varie-t-il ? Car ils en ont plusieurs, n'est-ce
pas, mon ami ? Autrement, tu n'aurais pas employé vingt ans, comme
Ulysse, à errer et à tourner autour de lui. S'il n'avait fait que répéter
les mêmes choses, il t'aurait suffi, de l'entendre une fois.
| [60] (ΕΡΜΟΤΙΜΟΣ)
Πῶς γὰρ οὔ;
(ΛΥΚΙΝΟΣ)
Πῶς οὖν οἷόν τέ σοι ἦν ἀπὸ τοῦ πρώτου γεύματος
εἰδέναι τὰ πάντα; οὐ γὰρ τὰ αὐτά γε,
ἀλλὰ ἀεὶ ἕτερα καινὰ ἐπὶ καινοῖς ἐλέγετο, οὐχ
ὥσπερ ὁ οἶνος ὁ αὐτὸς ἦν. ὥστε, ὦ ἑταῖρε, ἢν
μὴ ὅλον ἐκπίῃς τὸν πίθον, ἄλλως μεθύων περίει·
ἀτεχνῶς γὰρ ἐν τῷ πυθμένι δοκεῖ μοι ὁ θεὸς
κατακρύψαι τὸ φιλοσοφίας ἀγαθὸν ὑπὸ τὴν τρύγα
αὐτήν. δεήσει οὖν ὅλον ἐξαντλῆσαι ἐς τέλος, ἢ
οὔποτ´ ἂν εὕροις τὸ νεκτάρεον ἐκεῖνο πόμα, οὗ
πάλαι διψῆν μοι δοκεῖς. σὺ δὲ οἴει τὸ τοιοῦτον
αὐτὸ εἶναι, ὡς εἰ μόνον γεύσαιο αὐτοῦ καὶ σπάσαις
μικρὸν ὅσον, αὐτίκα σε πάνσοφον γενησόμενον
ὥσπερ φασὶν ἐν Δελφοῖς τὴν πρόμαντιν, ἐπειδὰν
πίῃ τοῦ ἱεροῦ νάματος, ἔνθεον εὐθὺς γίγνεσθαι καὶ
χρᾶν τοῖς προσιοῦσιν. ἀλλ´ οὐχ οὕτως ἔχειν
ἔοικε· σύ γ´ οὖν ὑπὲρ ἥμισυ τοῦ πίθου ἐκπεπωκὼς
ἐνάρχεσθαι ἔτι ἔλεγες.
| [60] HERMOTIMUS. En peut-il être différemment ?
LYCINUS. Comment donc alors est-il possible de connaître tout cela
dès la première fois qu'on y goûte, puisque ce n’est pas toujours la
même chose, mais perpétuellement du nouveau, tandis que ce vin est
toujours le même ? De sorte, mon ami, que si tu ne bois pas le
tonneau tout entier, tu t'enivreras et tu iras de travers pour rien,
attendu que c'est, selon moi, au fond du tonneau, sous la lie, qu'un
dieu a placé ce que la philosophie offre de meilleur. Il faut donc le
vider jusqu'à la dernière goutte ou jamais tu ne trouveras ce breuvage
comparable au nectar, dont tu me sembles depuis longtemps altéré.
Cependant tu t'imagines qu'il est de telle nature, que, si tu le goûtais
seulement et en puisais quelque peu, tu deviendrais aussitôt un sage
accompli, de même que la prêtresse de Delphes n'a pas plus tôt bu,
dit-on, à la source sacrée, que, remplie tout à coup de l'esprit du dieu,
elle rend des oracles à ceux qui la consultent. Mais il n'en paraît point
aller ainsi ; du moins, toi qui as déjà bu plus de la moitié du tonneau,
tu m'as dit que tu n'étais encore qu'au début.
| | |