[2,23] Τοιαῦτα λέγοντα αὐτὸν ἐκ τῶν δακρύων καὶ
τῆς λύπης ὕπνος βαθὺς καταλαμβάνει. Καὶ αὐτῷ αἱ τρεῖς
ἐφίστανται Νύμφαι, μεγάλαι γυναῖκες καὶ καλαί, ἡμίγυμνοι
καὶ ἀνυπόδετοι, τὰς κόμας λελυμέναι καὶ τοῖς ἀγάλμασιν ὅμοιαι.
Καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἐῴκεσαν ἐλεοῦσαι τὸν
Δάφνιν· ἔπειτα ἡ πρεσβυτάτη λέγει ἐπιρρωννύουσα.
«Μηδὲν ἡμᾶς μέμφου, Δάφνι· Χλόης γὰρ ἡμῖν μᾶλλον
ἢ σοὶ μέλει. Ἡμεῖς τοι καὶ παιδίον οὖσαν αὐτὴν ἠλεήσαμεν
καὶ ἐν τῷδε τῷ ἄντρῳ κειμένην {αὐτὴν} ἀνεθρέψαμεν.
Ἐκείνῃ καὶ πεδίοις κοινὸν οὐδὲν καὶ τοῖς προβατίοις
τοῦ Δρύαντος. Καὶ νῦν δὲ ἡμῖν πεφρόντισται τὸ
κατ´ ἐκείνην, ὡς μήτε εἰς τὴν Μήθυμναν κομισθεῖσα δουλεύοι
μὴτε μέρος γένοιτο λείας πολεμικῆς. Καὶ τὸν
Πᾶνα ἐκεῖνον τὸν ὑπὸ τῇ πίτυϊ ἱδρυμένον ὃν ὑμεῖς οὐδέποτε
οὐδὲ ἄνθεσιν ἐτιμήσατε, τούτου ἐδεήθημεν ἐπίκουρον γενέσθαι
Χλόης; συνήθης γὰρ στρατοπέδοις μᾶλλον ἡμῶν
καὶ πολλοὺς ἤδη πολέμους ἐπολέμησε τὴν ἀγροικίαν καταλιπών·
καὶ ἄπεισι τοῖς Μηθυμναίοις οὐκ ἀγαθὸς πολέμιος.
Κάμνε δὲ μηδέν, ἀλλ´ ἀναστὰς ὄφθητι Λάμωνι καὶ
Μυρτάλῃ, οἳ καὶ αὐτοὶ κεῖνται χαμαί, νομίζοντες καὶ σὲ
μέρος γεγονέναι τῆς ἁρπαγῆς· Χλόη γάρ σοι τῆς ἐπιούσης
ἀφίξεται μετὰ τῶν αἰγῶν, μετὰ τῶν προβάτων, καὶ νεμήσετε
κοινῇ καὶ συρίσετε κοινῇ· τὰ δὲ ἄλλα μελήσει περὶ ὑμῶν Ἔρωτι.»
| [2,23] Comme il achevait ces paroles, le coeur
gros de chagrin, de pleurs, le voilà pris
d'un profond somme, et lui apparaissent
les trois Nymphes, en guise de belles et
grandes femmes, demi-nues, les pieds sans
chaussures, les cheveux épars, en tout semblables
aux images. Si lui fut avis, dès
l'abord, qu'elles avaient pitié de lui ; puis
d'elles trois la plus âgée lui dît en le reconfortant :
« Ne te plains point de nous,
Daphnis, nous avons plus de souci de
Chloé que tu n'as toi-même. Nous en
prîmes pitié dès-lors qu'elle venait de
naître, et, abandonnée en cet antre,
l'avons fait élever et nourrir. Car, afin
que tu le saches, rien n'a de commun
Chloé avec Dryas et ses brebis, ni toi non
plus avec Lamon. Et quant à ce qui est
d'elle, nous y avons déjà pourvu. Elle
n'ira point prisonnière avec ces soldats
à Méthymne, ni ne sera partie de leur
butin. Pan, qui est là sous ce pin, et que
vous n'honorez jamais seulement de
quelques fleurettes, c'est lui que nous
avons prié de vouloir secourir Chloé,
parce qu'il fréquente volontiers, entre
gens de guerre, et lui-même a conduit
des guerres, quittant le repos des champs.
Il marche dès cette heure, dangereux
ennemi, contre ceux de Méthymne.
Pourtant ne t'afflige point, mais te lève
et t'en va consoler Lamon et Myrtale,
qui sont jetés à terre comme toi, croyant
que tu aies été pris et emmené sur les
vaisseaux. Demain reviendra ta Chloé,
avec vos brebis et vos chèvres, et si les
garderez encore et jouerez de la flûte
ensemble. Au demeurant Amour aura,
soin de vous. »
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