[2,22] «Ἀφ´ ὑμῶν ἡρπάσθη Χλόη, καὶ τοῦτο ὑμεῖς
ἰδεῖν ὑπεμείνατε; ἡ τοὺς στεφάνους ὑμῖν πλέκουσα, ἡ
σπένδουσα τοῦ πρώτου γάλακτος, ἧς καὶ ἡ σῦριγξ ἥδε
ἀνάθημα; Αἶγα μὲν οὐδὲ μίαν μοι λύκος ἥρπασε,
πολέμιοι δὲ τὴν ἀγέλην ὅλην καὶ τὴν συννέμουσαν. Καὶ
τὰς μὲν αἶγας ἀποδεροῦσι καὶ τὰ πρόβατα καταθύσουσι,
Χλόη δὲ λοιπὸν πόλιν οἰκήσει. Ποίοις ποσὶν ἄπειμι
παρὰ τὸν πατέρα καὶ τὴν μητέρα ἄνευ τῶν αἰγῶν, ἄνευ
Χλόης, λιπεργάτης ἐσόμενος; ἔχω γὰρ νέμειν ἔτι οὐδέν.
Ἐνταῦθα περιμενῶ κείμενος ἢ θάνατον ἢ πόλεμον δεύτερον.
Ἆρα καὶ σύ, Χλόη, τοιαῦτα πάσχεις; ἆρα μέμνησαι
τοῦ πεδίου τοῦδε καὶ τῶν Νυμφῶν τῶνδε κἀμοῦ; ἢ
παραμυθοῦνταί σε τὰ πρόβατα καὶ αἱ αἶγες αἰχμάλωτοι
μετὰ σοῦ γενόμεναι;»
| [2,22] « Chloé, disoit-il, vient d'être
arrachée de vos autels, et vous avez bien
eu le coeur de le voir et l'endurer ! elle
qui vous a fait tant de beaux chapelets
de fleurs ! elle qui vous offrait toujours
du premier lait ! elle qui vous a donné
ce flageolet même que je vois ici pendu!
Jamais loup ne me ravit une seule de
mes chèvres, et les ennemis m'ont maintenant
ravi le troupeau entier et ma compagne
bergère aussi. Mes chèvres, ils les
tueront et écorcheront incontinent ; les
brebis, ils en feront des sacrifices aux
Dieux ; et Chloé demeurera en quelque
ville loin de moi. Comment oserai-je à
cette heure m'en aller devers mon père et
ma mère, sans mes chèvres, sans Chloé,
pour être désormais misérable manoeuvre;
car il n'y a plus chez nous de bêtes
que je pusse garder. Mais non, je ne bougerai
d'ici, attendant la mort ou d'autres
ennemis qui m'emmènent aussi. Hélas!
Chloé, es-tu en même peine que moi ?
te souvient-il de ces champs ? as-tu point
de regret aux Nymphes et à moi ? ou si
te reconfortent nos brebis et nos chèvres
prisonnières avec toi ? »
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