| [80] Χρὴ δὲ τοὺς νοῦν ἔχοντας περὶ ἀμφότερα 
μὲν ταῦτα σπουδάζειν, αὐτοῖν δὲ τούτοιν τὸ μεῖζον καὶ τὸ πλέονος ἄξιον προτιμᾶν, 
ἔπειτα κἀκεῖνο γιγνώσκειν, ὅτι νόμους μὲν θεῖναι μυρίοι καὶ τῶν ἄλλων Ἑλλήνων καὶ τῶν 
βαρβάρων ἱκανοὶ γεγόνασιν, εἰπεῖν δὲ περὶ τῶν συμφερόντων ἀξίως τῆς πόλεως καὶ τῆς 
Ἑλλάδος οὐκ ἂν πολλοὶ δυνηθεῖεν. (81) Ὧν ἕνεκα τοὺς ἔργον ποιουμένους τοὺς 
τοιούτους λόγους εὑρίσκειν τοσούτῳ χρὴ περὶ πλείονος ποιεῖσθαι τῶν τοὺς νόμους 
τιθέντων καὶ γραφόντων, ὅσῳ πέρ εἰσι σπανιώτεροι καὶ χαλεπώτεροι καὶ ψυχῆς 
φρονιμωτέρας δεόμενοι τυγχάνουσιν, ἄλλως τε δὴ καὶ νῦν. (82) Ὅτε μὲν γὰρ ἤρχετο τὸ 
γένος τὸ τῶν ἀνθρώπων γίγνεσθαι καὶ συνοικίζεσθαι κατὰ πόλεις, εἰκὸς ἦν 
παραπλησίαν εἶναι τὴν ζήτησιν αὐτῶν· ἐπειδὴ δ' ἐνταῦθα προεληλύθαμεν ὥστε καὶ τοὺς 
λόγους τοὺς εἰρημένους καὶ τοὺς νόμους τοὺς κειμένους ἀναριθμήτους εἶναι, καὶ τῶν 
μὲν νόμων ἐπαινεῖσθαι τοὺς ἀρχαιοτάτους τῶν δὲ λόγων τοὺς καινοτάτους, οὐκέτι τῆς 
αὐτῆς διανοίας ἔργον ἐστίν, (83) ἀλλὰ τοῖς μὲν τοὺς νόμους τιθέναι προαιρουμένοις 
προὔργου γέγονε τὸ πλῆθος τῶν κειμένων ̔οὐδὲν γὰρ αὐτοὺς δεῖ ζητεῖν ἑτέρους, ἀλλὰ 
τοὺς παρὰ τοῖς ἄλλοις εὐδοκιμοῦντας πειραθῆναι συναγαγεῖν, ὃ ῥᾳδίως ὅστις ἂν οὖν 
βουληθεὶς ποιήσειἐ, τοῖς δὲ περὶ τοὺς λόγους πραγματευομένοις διὰ τὸ προκατειλῆφθαι 
τὰ πλεῖστα τοὐναντίον συμβέβηκε· λέγοντες μὲν γὰρ ταὐτὰ τοῖς πρότερον εἰρημένοις 
ἀναισχυντεῖν καὶ ληρεῖν δόξουσι, καινὰ δὲ ζητοῦντες ἐπιπόνως εὑρήσουσι. Διόπερ 
ἔφασκον ἀμφοτέροις μὲν ἐπαινεῖσθαι προσήκειν, πολὺ δὲ μᾶλλον τοῖς τὸ χαλεπώτερον 
ἐξεργάζεσθαι δυναμένοις.
(84) Ἀλλὰ μὴν καὶ τῶν ἐπὶ τὴν σωφροσύνην καὶ τὴν δικαιοσύνην προσποιουμένων 
προτρέπειν ἡμεῖς ἂν ἀληθέστεροι καὶ χρησιμώτεροι φανεῖμεν ὄντες. Οἱ μὲν γὰρ 
παρακαλοῦσιν ἐπὶ τὴν ἀρετὴν καὶ τὴν φρόνησιν τὴν ὑπὸ τῶν ἄλλων μὲν ἀγνοουμένην, 
ὑπ' αὐτῶν δὲ τούτων ἀντιλεγομένην, ἐγὼ δ' ἐπὶ τὴν ὑπὸ πάντων ὁμολογουμένην. (85) 
Κἀκείνοις μὲν ἀπόχρη τοσοῦτον, ἢν ἐπαγαγέσθαι τινὰς τῇ δόξῃ τῇ τῶν ὀνομάτων 
δυνηθῶσιν εἰς τὴν αὑτῶν ὁμιλίαν, ἐγὼ δὲ τῶν μὲν ἰδιωτῶν οὐδένα πώποτε φανήσομαι 
παρακαλέσας ἐπ' ἐμαυτόν, τὴν δὲ πόλιν ὅλην πειρῶμαι πείθειν τοιούτοις πράγμασιν 
ἐπιχειρεῖν, ἐξ ὧν αὐτοί τε εὐδαιμονήσουσι καὶ τοὺς ἄλλους Ἕλληνας τῶν παρόντων 
κακῶν ἀπαλλάξουσι. (86) Καί τοι τὸν πάντας τοὺς πολίτας προτρέπειν προθυμούμενον 
πρὸς τὸ βέλτιον καὶ δικαιότερον προστῆναι τῶν Ἑλλήνων, πῶς εἰκὸς τοῦτον τοὺς 
συνόντας διαφθείρειν; Τίς δὲ τοιούτους λόγους εὑρίσκειν δυνάμενος πονηροὺς ἂν καὶ 
περὶ πονηρῶν πραγμάτων ζητεῖν ἐπιχειρήσειεν, ἄλλως τε καὶ διαπεπραγμένος ἀπ' 
αὐτῶν ἅπερ ἐγώ; 
(87) Τούτων γὰρ γραφέντων καὶ διαδοθέντων καὶ δόξαν ἔσχον παρὰ πολλοῖς καὶ 
μαθητὰς πολλοὺς ἔλαβον, ὧν οὐδεὶς ἂν παρέμεινεν, εἰ μὴ τοιοῦτον ὄντα με κατέλαβον 
οἷόν περ προσεδόκησαν· νῦν δὲ τοσούτων γεγενημένων, καὶ τῶν μὲν ἔτη τρία τῶν δὲ 
τέτταρα συνδιαιτηθέντων, οὐδεὶς οὐδὲν φανήσεται τῶν παρ' ἐμοὶ μεμψάμενος, (88) ἀλλ' 
ἐπὶ τελευτῆς, ὅτ' ἤδη μέλλοιεν ἀποπλεῖν ὡς τοὺς γονέας καὶ τοὺς φίλους τοὺς ἑαυτῶν, 
οὕτως ἠγάπων τὴν διατριβὴν ὥστε μετὰ πόθου καὶ δακρύων ποιεῖσθαι τὴν ἀπαλλαγήν. 
Καὶ τοι πότερα χρὴ πιστεύειν ὑμᾶς τοῖς σαφῶς ἐπισταμένοις καὶ τοὺς λόγους καὶ τὸν 
τρόπον τὸν ἐμόν, ἢ τῷ μηδὲν μὲν εἰδότι τῶν ἐμῶν, προῃρημένῳ δὲ συκοφαντεῖν; Ὃς εἰς 
τοσοῦτο πονηρίας καὶ τόλμης ἐλήλυθεν, (89) ὥστε γραψάμενος ὡς λόγους διδάσκω δι' 
ὧν πλεονεκτήσουσι παρὰ τὸ δίκαιον ἀπόδειξιν μὲν οὐδεμίαν τούτων ἤνεγκε, λέγων δὲ 
διατετέλεκεν ὡς δεινόν ἐστι διαφθείρεσθαι τοὺς τηλικούτους, ὥσπερ ἀντιλέγοντός τινος 
περὶ τούτων, ἢ τοῦτο δέον αὐτὸν ἀποφαίνειν ὃ πάντες ὁμολογοῦσιν, ἀλλ' οὐκ ἐκεῖνο 
μόνον διδάσκειν ὡς ἐγὼ τυγχάνω ταῦτα διαπραττόμενος. 
 | [80] Certes, il appartient aux hommes sensés de s'attacher à ces deux choses ; mais ils 
doivent estimer davantage celle qui a le plus de grandeur et d'éclat ; et, ensuite, ils 
doivent savoir qu'instituer des lois est une oeuvre que des milliers d'hommes, parmi 
les autres Grecs comme parmi les Barbares, sont capables d'accomplir; mais que 
s'exprimer sur des questions d'utilité publique d'une manière digne à la fois d'Athènes 
et de la Grèce, est un talent que bien peu d'hommes possèdent ; (81) d'où il résulte 
que ceux qui consacrent leurs veilles à composer de tels discours, doivent l'emporter 
d'autant plus dans l'estime des peuples sur ceux qui établissent ou qui rédigent des 
lois, qu'ils sont plus rares, se forment plus difficilement et ont besoin d'un esprit plus 
sage, surtout dans les temps où nous vivons. (82) Lorsque la race des hommes a 
commencé à exister et à se réunir pour habiter dans des villes, il était naturel que l'art 
de composer des discours et celui de rédiger des lois fussent placés à peu près sur la 
même ligne ; mais, depuis que nous en sommes arrivés à ce point que, les discours 
prononcés et les lois instituées étant devenus innombrables, on a préféré les lois les 
plus anciennes et les discours les plus nouveaux, ces études ne sont plus l'œuvre du 
même génie. (83) Ceux qui se vouent à l'établissement des lois, trouvant des 
ressources toutes prêtes dans la multitude de celles qui existent, ne sont pas obligés 
d'en chercher de nouvelles ; il leur suffit de réunir celles qui sont en honneur chez les 
autres peuples ; travail facile pour quiconque veut s'y livrer. Or le contraire arrive pour 
les hommes qui composent des discours, parce que la plus grande partie des 
ressources ayant été employées avant eux, s'ils répètent ce qui a été dit, on les 
accuse de radotage ou d'impudence ; et s'ils cherchent des choses nouvelles, il leur 
est difficile d'en trouver. Voilà pourquoi j'ai établi qu'il fallait louer les uns et les autres, 
mais plus particulièrement ceux qui ont la faculté de faire ce qui offre le plus de 
difficulté. 
(84) On reconnaîtra d'ailleurs que, parmi ceux qui font profession de diriger les 
hommes vers la sagesse et la justice, nous sommes évidemment les plus sincères, les 
plus réellement utiles. Les autres exhortent à une vertu, à une sagesse ignorée du 
reste des hommes, qui, même parmi eux, est un objet de controverse, tandis que, moi, 
j'exhorte à une sagesse reconnue de tout le monde. (85) C'est assez pour eux s'ils 
parviennent à attirer par le retentissement de leur nom quelques disciples dans leur 
société intime, tandis qu'on ne verra jamais que j'aie engagé qui que ce soit à devenir 
mon disciple, et que l'unique but de mes efforts a été de persuader à notre ville tout 
entière de faire des entreprises qui pussent assurer son bonheur et délivrer les Grecs 
des maux dont ils sont accablés. (86) Comment serait-il possible de supposer qu'un 
homme qui s'efforce d'obtenir que ses concitoyens se mettent à la tête de la Grèce 
dans l'intérêt du bien et de la justice puisse corrompre ses disciples? Et quel est celui 
qui, pouvant composer de tels discours, entreprendrait d'écrire des discours pernicieux 
sur des sujets pernicieux eux-mêmes, surtout si les premiers lui eussent offert des 
avantages pareils à ceux que j'ai recueillis ? 
26-3. En effet, lorsque ces discours eurent été écrits et répandus dans le public, 
ma renommée s'étendit au loin, et je réunis bientôt un grand nombre de disciples, dont 
aucun n'eût persévéré s'ils ne m'eussent pas trouvé tel qu'ils s'y étaient attendus. 
Maintenant, parmi tant d'hommes qui ont vécu avec moi dans des rapports intimes, les 
uns trois ans, les autres quatre, on n'en verra pas un seul qui m'ait adressé un 
reproche, (88) et à la fin de leurs études, quand ils devaient mettre à la voile pour 
retourner vers leurs parents et leurs amis, ils étaient si attachés à notre vie commune 
qu'ils ne se séparaient de moi qu'avec des regrets et des larmes. En qui devez-vous 
cependant mettre votre confiance? Est-ce dans les hommes qui ont acquis une 
parfaite connaissance de mes discours et de mes mœurs, ou dans celui qui, ne 
sachant rien de ce qui me concerne, a résolu de me calomnier ; qui en est venu à ce 
point de perversité et d'audace, (89) qu'après avoir écrit, dans une accusation, que 
j'enseignais à composer des discours à l'aide desquels ou pouvait triompher de la 
justice, n'a pas produit un seul passage à l'appui de cette assertion, et qui répète sans 
cesse que c'est une action infâme de corrompre la jeunesse, comme si quelqu'un niait 
cette vérité, ou comme s'il était obligé de démontrer ce que tout le monde avoue, et 
non d'établir la preuve que je commets ces énormités ? 
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