[70] φανήσομαι γὰρ πρὸς αὐτὸν ἐλευθέρως
καὶ τῆς πόλεως ἀξίως διειλεγμένος, καὶ οὐ τὸν ἐκείνου πλοῦτον οὐδὲ τὴν δύναμιν
θεραπεύων ἀλλὰ τοῖς ἀρχομένοις ἐπαμύνων, καὶ παρασκευάζων καθ' ὅσον ἠδυνάμην
τὴν πολιτείαν αὐτοῖς ὡς οἷόν τε πραοτάτην. Ὅπου δὲ βασιλεῖ διαλεψόμενος ὑπὲρ τοῦ
δήμου τοὺς λόγους ἐποιούμην, ἦπου τοῖς ἐν δημοκρατία πολιτευομένοις σφόδρ' ἃ
παρακελευσαίμην τὸ πλῆθος θεραπεύειν.
(71) Ἐν μὲν οὖν τῷ προοιμίῳ καὶ τοῖς πρώτοις λεγομένοις ἐπιτιμῶ ταῖς μοναρχίαις,
ὅτι δέον αὐτοὺς τὴν φρόνησιν ἀσκεῖν μᾶλλον τῶν ἄλλων, οἱ δὲ χεῖρον παιδεύονται τῶν
ἰδιωτῶν. Διαλεχθεὶς δὲ περὶ τούτων, παραινῶ τῷ Νικοκλεῖ μὴ ῥᾳθυμεῖν μηδ', ὥς περ
ἱερωσύνην εἰληφότα τὴν βασιλείαν, οὕτω τὴν γνώμην ἔχειν, ἀλλὰ τῶν ἡδονῶν
ἀμελήσαντα προσέχειν τὸν νοῦν τοῖς πράγμασιν. (72) Ἐπιχειρῶ δὲ καὶ τοῦτο πείθειν
αὐτόν, ὡς χρὴ δεινὸν νομίζειν, ὅταν ὁρᾷ τοὺς μὲν χείρους τῶν βελτιόνων ἄρχοντας καὶ
τοὺς ἀνοητοτέρους τοῖς φρονιμωτέροις προστάττοντας, λέγων ὡς ὅσῳ περ ἂν
ἐρρωμενέστερον τὴν τῶν ἄλλων ἄνοιαν ἀτιμάσῃ, τοσούτῳ μᾶλλον τὴν ἑαυτοῦ διάνοιαν
ἀσκήσει.
Ποιησάμενος οὖν ἀρχὴν ἣν ἐγὼ τελευτήν, ἀνάγνωθι καὶ τούτου τοῦ λόγου τὸ
λοιπὸν μέρος αὐτοῖς.
(73) {Ἐκ τοῦ πρὸς Νικόκλεα, paragraphes 14-39}
(74) Τῶν μὲν τοίνυν λόγων ἅλις ἡμῖν ἔστω τῶν ἀναγιγνωσκομένων καὶ τηλικοῦτο
μῆκος ἐχόντων· ἐπεὶ μικροῦ γε μέρους τῶν πάλαι γεγραμμένων οὐκ ἂν ἀποσχοίμην,
ἀλλ' εἴποιμ' ἂν εἴ τί μοι δόξειε πρέπον εἶναι τῶ παρόντι καιρῷ· καὶ γὰρ ἂν ἄτοπος εἴην, εἰ
τοὺς ἄλλους ὁρῶν τοῖς ἐμοῖς χρωμένους ἐγὼ μόνος ἀπεχοίμην τῶν ὑπ' ἐμοῦ πρότερον
εἰρημένων, ἄλλως τε καὶ νῦν ὅτ' οὐ μόνον μικροῖς μέρεσιν ἀλλ' ὅλοις εἴδεσι προειλόμην
χρῆσθαι πρὸς ὑμᾶς. Ταῦτα μὲν οὖν, ὅπως ἂν ἡμῖν συμπίπτῃ, ποιήσομεν. (75) Εἶπον δέ
που, πρὶν ἀναγιγνώσκεσθαι τούτους, ὡς ἄξιος εἴην οὐ μόνον, εἰ βλαβεροῖς χρῶμαι τοῖς
λόγοις, δοῦναι δίκην ὑμῖν, ἀλλ' εἰ μὴ τοιούτοις οἵοις οὐδεὶς ἄλλος, τῆς μεγίστης τυχεῖν
τιμωρίας. Εἴ τινες οὖν ὑμῶν ὑπέλαβον τότε λίαν ἀλαζονικὸν εἶναι καὶ μέγα τὸ ῥηθέν, οὐκ
ἂν δικαίως ἔτι τὴν γνώμην ταύτην ἔχοιεν· οἶμαι γὰρ ἀποδεδωκέναι τὴν ὑπόσχεσιν καὶ
τοιούτους εἶναι τοὺς λόγους τοὺς ἀναγνωσθέντας οἵους περ ἐξ ἀρχῆς ὑπεθέμην. (76)
Βούλομαι δ' ὑμῖν διὰ βραχέων ἀπολογήσασθαι περὶ ἑκάστου, καὶ ποιῆσαι μᾶλλον ἔτι
καταφανὲς ὡς ἀληθῆ καὶ τότε προεῖπον καὶ νῦν λέγω περὶ αὐτῶν.
Καὶ πρῶτον μὲν ποῖος γένοιτ' ἂν λόγος ὁσιώτερος ἢ δικαιότερος τοῦ τοὺς
προγόνους ἐγκωμιάζοντος ἀξίως τῆς ἀρετῆς τῆς ἐκείνων καὶ τῶν ἔργων τῶν
πεπραγμένων αὐτοῖς; (77) Ἔπειτα τίς ἂν πολιτικώτερος καὶ μᾶλλον πρέπων τῇ πόλει
τοῦ τὴν ἡγεμονίαν ἀποφαίνοντος ἔκ τε τῶν ἄλλων εὐεργεσιῶν καὶ τῶν κινδύνων
ἡμετέραν οὖσαν μᾶλλον ἢ Λακεδαιμονίων; Ἔτι δὲ τίς ἂν περὶ καλλιόνων καὶ μειζόνων
πραγμάτων τοῦ τοὺς Ἕλληνας ἐπί τε τὴν τῶν βαρβάρων στρατείαν παρακαλοῦντος καὶ
περὶ τῆς πρὸς ἀλλήλους ὁμονοίας συμβουλεύοντος; (78) Ἐν μὲν τοίνυν τῷ πρώτῳ λόγῳ
περὶ τούτων τυγχάνω διειλεγμένος, ἐν δὲ τοῖς ὑστέροις περὶ ἐλαττόνων μὲν ἢ
τηλικούτων, οὐ μὴν περὶ ἀχρηστοτέρων οὐδ' ἧττον τῇ πόλει συμφερόντων. Γνώσεσθε
δὲ τὴν δύναμιν αὐτῶν, ἢν παραβάλλητε πρὸς ἕτερα τῶν εὐδοκιμούντων καὶ τῶν
ὠφελίμων εἶναι δοκούντων. (79) Οἶμαι δὴ πάντας ἂν ὁμολογῆσαι τοὺς νόμους πλείστων
καὶ μεγίστων ἀγαθῶν αἰτίους εἶναι τῷ βίῳ τῶν ἀνθρώπων· ἀλλ' ἡ μὲν τούτων χρῆσις
τοῦτ' ὠφελεῖν μόνον πέφυκε, τὰ κατὰ τὴν πόλιν καὶ τὰ συμβόλαια τὰ γιγνόμενα πρὸς
ἡμᾶς αὐτούς· εἰ δὲ τοῖς λόγοις πείθοισθε τοῖς ἐμοῖς, ὅλην τὴν Ἑλλάδα καλῶς ἂν διοικοῖτε
καὶ δικαίως καὶ τῇ πόλει συμφερόντως.
| [70] On y verra que je parle à Nicoclès avec liberté et d'une manière digne
de ma patrie ; que je ne flatte ni sa richesse, ni sa puissance ; que je défends les
intérêts de ceux qui obéissent, et que je leur prépare, autant qu'il est en moi, le
gouvernement le plus doux possible. Si donc, en parlant à un roi, j'ai défendu la cause
du peuple, à bien plus forte raison exhorterais-je avec force ceux qui gouvernent l'État
dans une démocratie à soutenir les intérêts populaires.
(71) 26. Dans l'exorde et au début de ce discours, je déverse un blâme sur les
monarchies, parce que les rois, qui devraient travailler plus que les autres, à
développer leur intelligence, reçoivent une éducation inférieure à celle des simples
particuliers. Après ces considérations, j'exhorte Nicoclès à ne pas s'abandonner à la
mollesse, et à ne pas entretenir dans son âme l'insouciance d'un homme qui aurait
reçu la royauté comme un sacerdoce purement honorifique, mais à mépriser les
plaisirs pour s'attacher aux affaires, (72) je m'efforce de lui faire comprendre qu'on doit
éprouver de l'indignation en voyant les méchants régner sur les gens de bien et les
insensés commander aux sages : j'ajoute, enfin, que plus il mettra d'énergie à
manifester son mépris pour l'incapacité des autres, plus il sentira le besoin de cultiver
lui-même les facultés de son esprit.
Commencez à partir du point où je termine la première partie, et lisez à mes
auditeurs le reste du discours.
(73) {EXTRAIT DU DISCOURS A NICOCLÈS, paragraphes 14-39}.
(74) 26-1. Les passages qui viennent d'être reproduits devant vous et dont
l'étendue, peut-être, a dépassé de justes limites, devraient suffire à ma justification. Je
n'hésiterai pas néanmoins à me servir encore de quelques parties peu étendues des
discours que j'ai écrits à d'autres époques, et je les rappellerai toutes les fois que cela
me paraîtra en harmonie avec les circonstances. Je blesserais la raison, lorsque je
vois les autres faire usage de ce qui m'appartient, si je m'abstenais seul de tirer
avantage des choses que j'ai dites autrefois, surtout lorsque déjà j'ai jugé utile de me
servir devant vous, non seulement de quelques extraits, mais de parties entières. Je le
ferai donc chaque fois que l'occasion m'en sera offerte. (75) J'ai dit, avant la lecture de
ces passages, que non seulement je mériterais d'être condamné par vous, si j'avais
composé des discours pernicieux, mais que si mes discours n'étaient pas tels que
personne ne pourrait en produire de semblables, je me considérerais comme digne
des plus sévères châtiments. Si donc quelques-uns parmi vous avaient vu dans cette
parole un excès d'ostentation, un enivrement d'orgueil, ils ne pourraient maintenant,
avec justice, conserver la même opinion, car je suis certain que j'ai tenu ma promesse,
et que les discours qui ont été lus devant vous sont tels que d'abord je les avais
annoncés. (76) Je vais maintenant faire en peu de mots l'apologie de chacun d'eux, et
vous montrer encore avec plus d'évidence qu'alors j'ai dit la vérité, et que je la dis
encore aujourd'hui en ce qui les concerne.
26-2. Et d'abord quel discours plus conforme à la piété et à la justice que celui qui
donne à nos ancêtres des louanges dignes de leur vertu et des grandes actions qu'ils
ont faites ? (77) Quel discours plus patriotique et plus digne d'Athènes, que celui qui
montre a la fois, par les bienfaits que nous avons répandus et par les périls que nous
avons bravés, que la suprématie appartient à notre patrie plutôt qu'à Lacédémone ?
Quel discours plus grand, plus noble par le sujet qu'il traite, que celui qui exhorte les
Grecs à marcher contre les Barbares et qui leur donne le conseil de mettre un terme à
leurs discordes ? (78) Voilà les questions traitées dans le premier discours ; si, dans
les autres, les sujets ne s'élèvent point à la même hauteur, ils n'offrent ni moins d'utilité
ni moins d'avantages pour notre patrie. Vous apprécierez leur puissance, si vous
voulez les comparer avec d'autres discours célèbres et dont l'utilité n'est pas
contestée. (79) Tout le monde conviendra, je pense, que les lois sont la source des
plus nombreuses et des plus grandes prospérités de la vie humaine ; leur utilité
cependant se borne à l'enceinte de notre ville et à nos rapports entre nous, tandis que,
si vous vous laissez convaincre par mes discours, vous dirigerez les affaires de la
Grèce entière avec grandeur, avec justice, avec avantage pour notre patrie.
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