[240] Ἔτι τοίνυν γνώσεσθε σαφέστερον ἐκ τῶν ῥηθήσεσθαι μελλόντων ὡς πόρρω
τοῦ διαφθείρειν τοὺς νεωτέρους ἐσμέν. Εἰ γάρ τι τοιοῦτον ἐποιοῦμεν, οὐκ ἂν Λυσίμαχος
ἦν ὁ λυπούμενος ὑπὲρ αὐτῶν οὐδ' ἄλλος οὐδεὶς τῶν τοιούτων, ἀλλὰ τοὺς πατέρας ἂν
ἑωρᾶτε τῶν συνόντων ἡμῖν καὶ τοὺς οἰκείους ἀγανακτοῦντας καὶ γραφομένους καὶ δίκην
ζητοῦντας παρ' ἡμῶν λαμβάνειν. (241) Νῦν δ' ἐκεῖνοι μὲν συνιστᾶσι τοὺς παῖδας τοὺς
αὑτῶν, καὶ χρήματα διδόασι, καὶ χαίρουσιν ὁπόταν ὁρῶσιν αὐτοὺς μεθ' ἡμῶν
ἡμερεύοντας, οἱ δὲ συκοφάνται διαβάλλουσι καὶ πράγματα παρέχουσιν ἡμῖν, ὧν τίνες
ἂν ἥδιον ἴδοιεν πολλοὺς τῶν πολιτῶν διαφθειρομένους καὶ πονηροὺς γιγνομένους;
Ἴσασι γὰρ σφᾶς αὐτοὺς ἐν μὲν τοῖς τοιούτοις δυναστεύοντας, ὑπὸ δὲ τῶν καλῶν
κἀγαθῶν καὶ νοῦν ἐχόντων ἀπολλυμένους, ὁπόταν ληφθῶσιν. (242) Ὥσθ' οὗτοι μὲν
σωφρονοῦσιν ἀναιρεῖν ζητοῦντες ἁπάσας τὰς τοιαύτας διατριβάς, ἐν αἷς ἡγοῦνται
βελτίους γενομένους χαλεπωτέρους ἔσεσθαι ταῖς αὑτῶν πονηρίαις καὶ συκοφαντίαις,
ὑμᾶς δὲ προσήκει τἀναντία τούτοις πράττειν, καὶ ταῦτα νομίζειν εἶναι κάλλιστα τῶν
ἐπιτηδευμάτων οἷς ἂν τούτους ὁρᾶτε μάλιστα πολεμοῦντας.
(243) Ἄτοπον δέ τι τυγχάνω πεπονθώς· εἰρήσεται γὰρ, εἰ καί τινες λίαν
εὐμετάβολον εἶναί με φήσουσιν. Ὀλίγῳ μὲν γὰρ πρότερον ἔλεγον ὡς πολλοὶ τῶν καλῶν
κἀγαθῶν ἀνδρῶν διεψευσμένοι τῆς φιλοσοφίας τραχύτερον πρὸς αὐτὴν ἔχουσι· νῦν δ'
οὕτως ἐναργεῖς ὑπείληφα τοὺς λόγους εἶναι τοὺς εἰρημένους καὶ πᾶσι φανερούς, ὥστ'
οὐδεὶς ἀγνοεῖν μοι δοκεῖ τὴν δύναμιν αὐτῆς, οὐδὲ καταγιγνώσκειν ἡμῶν ὡς
διαφθείρομεν τοὺς μαθητάς, οὐδὲ πεπονθέναι τοιοῦτον οὐδὲν οἷον αὐτοὺς ὀλίγῳ
πρότερον ᾐτιώμην· (244) ἀλλ' εἰ δεῖ τἀληθὲς εἰπεῖν καὶ τὸ νῦν ἐν τῇ διανοίᾳ μοι
παρεστηκός, ἡγοῦμαι πάντας τοὺς φιλοτίμως μοι10 διακειμένους ἐπιθυμητικῶς ἔχοντας
τοῦ φρονεῖν εὖ καὶ λέγειν αὐτοὺς μὲν ἀμελεῖν τούτων, τοὺς μὲν διὰ ῥᾳθυμίαν, τοὺς δὲ
καταμεμφομένους τὴν φύσιν τὴν αὑτῶν, τοὺς δὲ δι' ἄλλας τινὰς προφάσεις ̔παμπληθεῖς
δ' εἰσί̓, (245) πρὸς δὲ τοὺς πολλὴν ἐπιμέλειαν ποιουμένους καὶ τυχεῖν βουλομένους ὧν
εἰς ἐπιθυμίαν αὐτοὶ καθεστᾶσι, δυσκόλως ἔχειν καὶ ζηλοτυπεῖν καὶ τὰς ψυχὰς
τεταραγμένως διακεῖσθαι καὶ πεπονθέναι παραπλήσια τοῖς ἐρῶσι· τίνα γὰρ ἄν τις αὐτοῖς
ἐπενεγκεῖν αἰτίαν ἔχοι πρεπωδεστέραν ταύτης; (246) Οἵτινες μακαρίζουσι μὲν καὶ
ζηλοῦσι τοὺς καλῶς χρῆσθαι τῷ λόγῳ δυναμένους, ἐπιτιμῶσι δὲ τῶν νεωτέρων τοῖς
τυχεῖν ταύτης τῆς τιμῆς βουλομένοις. Καὶ τοῖς μὲν θεοῖς οὐδεὶς ἔστιν ὅστις οὐκ ἂν
εὔξαιτο μάλιστα μὲν αὐτὸς δύνασθαι λέγειν, εἰ δὲ μή, τοὺς παῖδας καὶ τοὺς οἰκείους τοὺς
αὑτοῦ· (247) τοὺς δὲ πόνῳ καὶ φιλοσοφίᾳ τοῦτο κατεργάσασθαι πειρωμένους, ὃ παρὰ
τῶν θεῶν αὐτοὶ βούλονται λαβεῖν, οὐδέν φασι τῶν δεόντων πράττειν, ἀλλ' ἐνίοτε μὲν ὡς
ἐξηπατημένων καὶ πεφενακισμένων προσποιοῦνται καταγελᾶν αὐτῶν, ὁπόταν δὲ
τύχωσι, μεταβαλόντες ὡς περὶ πλεονεκτεῖν δυναμένων τοὺς λόγους ποιοῦνται. (248)
Καὶ συμβούλοις μέν, ὅταν κίνδυνός τις καταλάβῃ τὴν πόλιν, τοῖς ἄριστα περὶ τῶν
πραγμάτων λέγουσι, τούτοις χρῶνται, καὶ πράττουσιν ὅ τι ἂν οἱ τοιοῦτοι παραινέσωσι·
περὶ δὲ τοὺς ἔργον ποιουμένους ὅπως χρησίμους αὑτοὺς ἐν τοῖς καιροῖς τοῖς τοιούτοις
τῇ πόλει παρασχήσουσι, βλασφημεῖν οἴονται χρῆναι. Καὶ Θηβαίοις μὲν καὶ τοῖς ἄλλοις
ἐχθροῖς τὴν ἀμαθίαν ὀνειδίζουσι, τοὺς δ' ἐκ παντὸς τρόπου ζητοῦντας τὴν νόσον ταύτην
διαφυγεῖν λοιδοροῦντες διατελοῦσιν. (249) Ὃ δ' οὐ μόνον ταραχῆς σημεῖόν ἐστιν, ἀλλὰ
καὶ τῆς περὶ τοὺς θεοὺς ὀλιγωρίας· τὴν μὲν γὰρ Πειθὼ μίαν τῶν θεῶν νομίζουσιν εἶναι,
καὶ τὴν πόλιν ὁρῶσι καθ' ἕκαστον τὸν ἐνιαυτὸν θυσίαν αὐτῇ ποιουμένην, τοὺς δὲ τῆς
δυνάμεως ἧς ἡ θεὸς ἔχει μετασχεῖν βουλομένους ὡς κακοῦ πράγματος ἐπιθυμοῦντας
διαφθείρεσθαί φασιν.
| [240] 26-22. Vous reconnaîtrez plus clairement encore, dans ce que nous allons
dire, à quel point nous sommes éloignés de corrompre la jeunesse. Si nous faisions
quelque chose de semblable, ce ne serait ni Lysimaque ni aucun homme de cette
nature qui s'en trouveraient blessés ; mais vous verriez les pères et les parents de
ceux qui suivent nos écoles s'indigner, nous accuser, s'efforcer de nous faire punir.
(241) Or ils nous envoient leurs enfants, ils nous payent des émoluments, ils sont
heureux de les voir s'entretenir avec nous durant des journées entières, tandis que les
sycophantes nous accusent, nous intentent des procès. Et cependant qui pourrait plus
que ceux-ci trouver de la satisfaction en voyant beaucoup de citoyens se corrompre et
devenir des hommes dépravés? Ils savent qu'ils règnent au milieu de pareils hommes,
tandis qu'ils sont perdus lorsqu'ils tombent entre les mains d'hommes loyaux honnêtes
et sensés. (242) D'où il résulte qu'ils font un calcul habile, quand ils cherchent à
détruire des écoles dans lesquelles ils croient que l'on devient meilleur, et par
conséquent plus sévère pour leurs calomnies et pour leurs vices ; il vous convient
donc de faire le contraire de ce qu'ils font et de considérer comme les plus utiles et les
plus nobles les institutions contre lesquelles vous les voyez s'élever avec le plus de
fureur.
(243) 26-23. Il se passe en moi, dans ce moment, quelque chose d'étrange, et je
le ferai connaître, dussent même quelques personnes m'accuser d'un excès de
mobilité. Je disais, il y a peu d'instants, que beaucoup d'hommes honnêtes et
vertueux, égarés dans leur opinion touchant la philosophie, étaient à son égard dans
des dispositions hostiles ; maintenant je me persuade que mes arguments ont été
d'une telle clarté, d'une telle évidence, que personne désormais ne peut méconnaître
la puissance de cette même philosophie, nous condamner comme des hommes qui
pervertissent leurs disciples, ni éprouver un seul des sentiments dont je me plaignais
tout à l'heure ; (244) et alors, puisqu'il faut dire la vérité et manifester ce qui s'offre à
ma pensée, j'avouerai que je suis convaincu que tous ceux qui ressentent de la
jalousie à mon égard éprouvent le désir de bien penser et de bien parler, mais qu'ils
négligent d'acquérir ces deux facultés, les uns par paresse d'esprit, les autres par
défiance de leurs moyens, d'autres par d'autres raisons, car ces raisons sont en grand
nombre : (245) je crois en outre qu'ils sont dans une disposition envieuse et
malveillante envers ceux qui mettent leurs soins et l'énergie de leur volonté à obtenir
ce qu'ils désireraient pour eux-mêmes ; qu'enfin leur âme est dans un état de trouble
et d'agitation pareil à celui des hommes dominés par l'amour. Quelle accusation plus
juste, je le demande, pourrait être dirigée contre ces hommes? Ils exaltent, ils envient
le bonheur de ceux qui possèdent le don de se servir noblement de la parole, et, d'un
autre côté, ils blâment les jeunes gens ambitieux du même honneur ! Certes, il n'est
pas un homme qui ne demandât aux dieux le don de l'éloquence, d'abord pour lui-même,
ou, s'il ne pouvait l'obtenir, qui ne le souhaitât pour ses enfants ou ses proches
; (247) et cependant ces hommes prétendent que ceux qui s'efforcent de conquérir par
le travail et l'étude ce qu'ils voudraient obtenir de la faveur des dieux, ne font rien de
conforme à la raison. Quelquefois même ils feignent de les railler, comme des jeunes
gens que l'on trompe et que l'on abuse, et, lorsque ceux-ci ont atteint le but, changeant
aussitôt de langage, ils les présentent comme des hommes qui peuvent se servir de la
parole pour triompher de la justice. (248) Quelque danger menace-t-il la République, ils
prennent pour conseillers ceux qui parlent le mieux sur les affaires de l'État, et se
conforment à leurs avis ; mais ceux qui emploient tous leurs efforts pour se mettre en
état d'être utiles à leur pays dans de semblables circonstances, ils croient devoir les
injurier. Ils font aux Thébains et aux autres peuples ennemis de la République un
reproche de leur ignorance, et en même temps ils poursuivent de leurs injures ceux de
leurs concitoyens qui emploient tous leurs moyens pour s'affranchir de cette infériorité.
(249) Une telle conduite ne montre pas seulement le désordre de leurs idées, mais
encore leur mépris pour les dieux, car ils regardent la Persuasion comme une déesse,
chaque année ils voient notre ville lui offrir des sacrifices, et, quand il s'agit de ceux qui
veulent participer à la puissance que possède la déesse, ils disent que ces hommes
se laissent corrompre en aspirant à une chose pernicieuse.
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