[7] Τοῖσι μὲν οὖν τῇ τύχῃ τὴν ὑγιείην προστιθεῖσι, τῆς δὲ τέχνης
ἀφαιρέουσι, τοιαῦτ´ ἄν τις λέγοι· τοὺς δ´ ἐν τῇσι τῶν ἀποθνησκόντων
ξυμφορῇσι τὴν τέχνην ἀφανίζοντας θαυμάζω, ὅτεῳ ἐπαιρεόμενοι ἀξιοχρέῳ λόγῳ
τὴν μὲν τῶν ἀποθνησκόντων ἀκρησίην οὐκ αἰτίην καθιστᾶσι, τὴν δὲ τῶν τὴν
ἰητρικὴν μελετησάντων ξύνεσιν αἰτίην· ὡς τοῖσι μὲν ἰητροῖσιν ἔνεστι τὰ μὴ
δέοντα ἐπιτάξαι, τοῖσι δὲ νοσέουσιν οὐκ ἔνεστι τὰ προσταχθέντα παραβῆναι.
Καὶ μὴν πολύ γε εὐλογώτερον τοῖσι κάμνουσιν ἀδυνατέειν τὰ προστασσόμενα
ὑπουργέειν, ἢ τοῖσιν ἰητροῖσι τὰ μὴ δέοντα ἐπιτάσσειν· οἱ μὲν γὰρ
ὑγιαινούσῃ γνώμῃ μεθ´ ὑγιαίνοντος σώματος ἐγχειρέουσι, λογισάμενοι τά τε
παρεόντα, τῶν τε παροιχομένων τὰ ὁμοίως διατεθέντα τοῖσι παρεοῦσιν, ὥστε
ποτὲ θεραπευθέντα εἰπεῖν, ὅτι ἀπήλλαξαν· οἱ δὲ οὔτε ἃ κάμνουσιν, οὔτε δι´
ἃ κάμνουσιν, οὔθ´ ὅ τι ἐκ τῶν παρεόντων ἔσται, οὔθ´ ὅ τι ἐκ τῶν τουτέοισιν
ὁμοίων γίνεται, εἰδότες, ἐπιτάσσονται, ἀλγέοντες μὲν ἐν τῷ παρεόντι,
φοβεύμενοι δὲ τὸ μέλλον, καὶ πλήρεες μὲν τῆς νούσου, κενεοὶ δὲ σιτίων,
ἐθέλοντες τὰ πρὸς τὴν νοῦσον ἡδέα μᾶλλον, ἢ τὰ πρὸς τὴν ὑγιείην
προσδέχεσθαι, οὐκ ἀποθανεῖν ἐρῶντες, ἀλλὰ καρτερεῖν ἀδυνατέοντες. Οὕτω δὲ
διακειμένους, πότερον εἰκὸς τούτους τὰ ὑπὸ τῶν ἰητρῶν ἐπιτασσόμενα {μὴ}
ποιέειν, ἢ ἄλλα ποιέειν, ἃ οὐκ ἐπετάχθησαν, ἢ τοὺς ἰητροὺς τοὺς ἐκείνως
διακειμένους, ὡς ὁ πρόσθεν λόγος ἡρμήνευσεν, ἐπιτάσσειν τὰ μὴ δέοντα; ἆρ´
οὐ πολὺ μᾶλλον, τοὺς μὲν δεόντως ἐπιτάσσειν, τοὺς δὲ εἰκότως ἀδυνατέειν
πείθεσθαι, μὴ πειθομένους δὲ περιπίπτειν τοῖσι θανάτοισιν, ὧν οἱ μὴ ὀρθῶς
λογιζόμενοι τὰς αἰτίας τοῖς οὐδὲν αἰτίοις ἀνατιθέασι, τοὺς αἰτίους
ἐλευθεροῦντες;
| [7] Quant à ceux qui prétextent la mort des malades pour anéantir l'art, je
me demande avec surprise sur quels arguments plausibles ils se sont
appuyés pour rejeter la cause de la mort des malades, non sur leur
infortune, mais sur la science de ceux qui exercent la médecine ; comme
s'il était plus ordinaire aux médecins de prescrire de mauvais
traitements, qu'aux malades de violer les ordonnances. Cependant il est
beaucoup plus naturel aux malades de ne pouvoir remplir exactement les
ordonnances qu'au médecin de prescrire ce qui ne convient pas. En effet,
le médecin est sain de corps et d'esprit lorsqu'il entreprend un
traitement; il se guide sur le présent et sur le passé qui a de l'analogie
avec ce qu'il a sous les yeux, de telle sorte que les malades sont
quelquefois contraints d'avouer que c'est grâce à lui qu'ils sont sauvés ;
tandis que les malades, ne connaissant ni la nature ni les causes de leur
mal, ignorant quelles en seront les suites, et ce qui arrive dans des cas
analogues, placés sous la dépendance des médecins, souffrant dans le
présent, effrayés de l'avenir, remplis de leurs maux, vides de nourriture,
désirent ce qui est plus propre à entretenir la maladie qu'à la guérir,
et redoutent la mort, sans rien faire pour supporter courageusement leur
mal. Eh bien, lequel, est le plus probable, ou que les malades, dans de
semblables dispositions, feront ce qui leur est prescrit par le médecin,
ou qu'ils feront d'autres choses que celles qui auront été ordonnées, ou
bien que le médecin (se trouvant dans les conditions dont j'ai parlé plus
haut) ordonnera ce qui ne convient pas ? n'est-il donc pas beaucoup plus
vraisemblable que celui-ci prescrira un traitement convenable, et que
celui-là ne pourra le suivre exactement, et qu'en le négligeant il court,
à la mort ; et la cause de cette mort, les mauvais raisonneurs la font retomber
sur ceux qui en sont innocents pour en décharger les véritables auteurs.
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