HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hippocrate de Cos, De l'art

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] Ἐρεῖ δὴ ἐνταῦθα τἀναντία λέγων, ὅτι πολλοὶ ἤδη καὶ οὐ χρησάμενοι ἰητρῷ νοσέοντες ὑγιάσθησαν, καὶ ἐγὼ τῷ λόγῳ οὐκ ἀπιστέω· δοκέει δέ μοι οἷόν τε εἶναι καὶ ἰητρῷ μὴ χρωμένους ἰητρικῇ περιτυχεῖν, οὐ μὴν ὥστε εἰδέναι τι ὀρθὸν ἐν αὐτῇ ἐνείη, καὶ τι μὴ ὀρθὸν, ἄλλ´ ὥστ´ ἂν ἐπιτύχοιεν τοιαῦτα θεραπεύσαντες ἑωυτοὺς, ὁποῖά περ ἂν ἐθεραπεύθησαν, εἰ καὶ ἰητροῖσιν ἐχρῶντο. Καὶ τοῦτό γε τεκμήριον μέγα τῇ οὐσίῃ τῆς τέχνης, ὅτι ἐοῦσά τέ ἐστι καὶ μεγάλη, ὅπου γε φαίνονται καὶ οἱ μὴ νομίζοντες αὐτὴν εἶναι, σωζόμενοι δι´ αὐτήν· πολλὴ γὰρ ἀνάγκη καὶ τοὺς μὴ χρωμένους ἰητροῖσι, νοσήσαντας δὲ καὶ ὑγιασθέντας εἰδέναι, ὅτι δρῶντές τι μὴ δρῶντες ὑγιάσθησαν· γὰρ ἀσιτίῃ, πολυφαγίῃ, ποτῷ πλείονι, δίψῃ, λουτροῖσιν, ἀλουσίῃ, πόνοισιν, ἡσυχίῃ, ὕπνοισιν, ἀγρυπνίῃ, τῇ ἁπάντων τούτων ταραχῇ χρώμενοι, ὑγιάνθησαν· καὶ τῷ ὠφελῆσθαι πολλὴ ἀνάγκη αὐτούς ἐστιν ἐγνωκέναι, τι ἦν τὸ ὠφελῆσαν, καὶ, ὅτε ἐβλάβησαν, τῷ βλαβῆναι, τι ἦν τι τὸ βλάψαν. Τὰ γὰρ τῷ ὠφελῆσθαι καὶ τὰ τῷ βεβλάφθαι ὡρισμένα οὐ πᾶς ἱκανὸς γνῶναι· εἰ τοίνυν ἐπιστήσεται ἐπαινέειν ψέγειν νοσήσας τῶν διαιτημάτων τι οἷσιν ὑγιάσθη, πάντα ταῦτα τῆς ἰητρικῆς ὄντα εὑρήσει· καί ἐστιν οὐδὲν ἧσσον τὰ ἁμαρτηθέντα τῶν ὠφελησάντων μαρτύρια τῇ τέχνῃ ἐς τὸ εἶναι· τὰ μὲν γὰρ ὠφελήσαντα τῷ ὀρθῶς προσενεχθῆναι ὠφέλησαν· τὰ δὲ βλάψαντα τῷ μηκέτι ὀρθῶς προσενεχθῆναι ἔβλαψαν. Καί τοι ὅπου τό τε ὀρθὸν καὶ τὸ μὴ ὀρθὸν ὅρον ἔχει ἑκάτερον, πῶς τοῦτο οὐκ ἂν τέχνη εἴη; τοῦτο γὰρ ἔγωγέ φημι ἀτεχνίην εἶναι, ὅπου μήτε ὀρθὸν ἔνι μηδὲν, μήτε οὐκ ὀρθόν· ὅπου δὲ τούτων ἔνεστιν ἑκάτερον, οὐκ ἔτι ἂν τοῦτο ἔργον ἀτεχνίης εἴη. [5] Mais l'on va m'objecter que beaucoup de malades ont été guéris sans avoir recours au médecin : je ne nie pas cela, je crois même qu'il est très possible de se rencontrer avec la médecine sans se servir de médecin ; non pas qu'on puisse discerner dans cet art ce qui est convenable de ce qui ne l'est pas, mais il peut arriver qu'on emploie les mêmes remèdes qui auraient été prescrits si on avait fait venir un médecin. Ceci est déjà une grande preuve de la réalité de l'art ; si réel et si grand que ceux mêmes qui ne croient pas à son existence lui sont redevables de leur salut. De toute nécessité, les personnes malades et guéries sans avoir eu recours au médecin, savent qu'elles ont été guéries en faisant ou en évitant telle ou telle chose, car c'est l'abstinence ou l'abondance des boissons et de la nourriture, l'usage ou le non usage des bains, la fatigue ou le repos, le sommeil ou la veille, ou le concours de toutes ces choses qui les a guéries. De plus, quand ils étaient soulagés, il leur a fallu de toute nécessité pouvoir discerner ce qui les soulageait, comme aussi ce qui leur nuisait quand ils étaient incommodés. Il n'est pas à la vérité donné à tout le monde de déterminer parfaitement ce qui nuit ou ce qui soulage ; mais le malade qui sera capable de louer ou de blâmer {avec discernement}, quelque chose du régime qui l'a guéri, trouvera que tout cela est de la médecine. Les fautes mêmes n'attestent pas moins que les succès toute la réalité de l'art : telle chose a soulagé, c'est qu'elle a été administrée à propos ; telle autre a nui, c'est qu'elle n'a pas été administrée à propos. Quand le bien et le mal ont chacun leurs limites tracées, comment cela ne constitue-t-il pas un art ? Je dis qu'il n'y a pas d'art là où il n'y a rien de bien ni rien de mal ; mais quand ces deux choses se rencontrent à la fois, il n'est pas possible que ce soit le produit de l'absence de l'art.


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Dernière mise à jour : 11/09/2009