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Du texte à l'hypertexte

Grégoire de Nysse, Éloge funèbre de Pulchérie

Chapitre 8

  Chapitre 8

[8] ἀλλ´ ἔδει, φησίν, αὐτὴν εἰς μέτρον ἡλικίας ἐλθεῖν καὶ νυμφικῷ θαλάμῳ ἐμφαιδρυνθῆναι. ἀλλ´ ἐρεῖ σοι πρὸς τοῦτο ἀληθινὸς νυμφίος, ὅτι κρείττων οὐρανία παστάς, προτιμότερος ἐκεῖνος θάλαμος, ἐν χηρείας φόβος οὐκ ἔστιν. τίνος οὖν, εἰπέ μοι, τῶν καλῶν ἀπεστέρηται τὸν σάρκινον τοῦτον ἐκδυσαμένη βίον; εἴπω σοι τὰ τοῦ βίου καλά; λῦπαι καὶ ἡδοναί, θυμοὶ καὶ φόβοι, ἐλπίδες καὶ ἐπιθυμίαι. ταῦτά ἐστι καὶ τὰ τοιαῦτα, οἷς κατὰ τὴν παροῦσαν ζωὴν συμπεπλέγμεθα. τί οὖν κακὸν πέπονθεν τοσούτων ἀπαλλαγεῖσα τυράννων; ἕκαστον γὰρ πάθος, ὅταν ἐπικρατῇ τῆς ψυχῆς, τύραννος ἡμῶν γίνεται τοὺς λογισμοὺς δουλωσάμενος. λυπεῖ ἡμᾶς, ὅτι μὴ κατεπονήθη διὰ ὠδίνων, ὅτι μὴ συνετρίβη διὰ φροντίδων (p. 467) παιδοτροφίας, ὅτι μὴ τὰς ὁμοίας ἀλγηδόνας ἐδέξατο, ἃς ἐπ´ αὐτῆς οἱ γεγεννηκότες ὑπέμειναν; ἀλλὰ τὰ τοιαῦτα μακαρισμῶν οὐκ ὀδυρμῶν ἐστιν ἄξια. τὸ γὰρ ἐν μηδενὶ γενέσθαι κακῷ κρεῖττον κατὰ τὴν ἀνθρωπίνην φύσιν ἐστίν. οὕτως καὶ σοφὸς Σολομὼν ἐν τῇ ἰδίᾳ γραφῇ μακαρίζει πρὸ τοῦ περιόντος τὸν κατοιχόμενον καὶ μέγας Δαβὶδ θρήνου καὶ οἰμωγῆς ἀξίαν τὴν ἐν σαρκὶ διαγωγὴν εἶναί φησιν. καίτοι γε ἀμφότεροι λαμπροὶ κατὰ τὴν βασιλείαν ὑπάρχοντες, πάντων κατ´ ἐξουσίαν τῶν κατὰ τὸν βίον ἡδέων μετέχοντες, οὐδὲν πρὸς τὴν παροῦσαν ἀπόλαυσιν ἐπεκλίθησαν, ἀλλὰ τῶν ἀπορρήτων ἀγαθῶν τῶν ἐν τῇ ἀσωμάτῳ ζωῇ προκειμένων τὴν ἐπιθυμίαν ἔχοντες συμφορὰν ἐποιοῦντο τὴν ἐν σαρκὶ ζωήν. ἤκουσα πολλαχῇ τοῦ Δαβὶδ ἐν ταῖς ἱεραῖς ψαλμῳδίαις ἔξω γενέσθαι τῆς τοιαύτης ἀνάγκης ἐπιθυμοῦντος, ἐν οἷς φησι νῦν μέν, ὅτι Ἐπιποθεῖ καὶ ἐκλείπει ψυχή μου εἰς τὰς αὐλὰς τοῦ κυρίου, νῦν δέ, ὅτι Ἐξάγαγε ἐκ φυλακῆς τὴν ψυχήν μου. ὡσαύτως δὲ καὶ Ἰερεμίας κατάρας ἀξίαν κρίνει τὴν ἡμέραν ἐκείνην τὴν ἄρξασαν αὐτῷ τῆς τοιαύτης ζωῆς. καὶ πολλάς ἐστι τοιαύτας τῶν παλαιῶν ἁγίων φωνὰς ἐν τῇ θείᾳ γραφῇ φερομένας εὑρεῖν, οἳ δι´ ἐπιθυμίαν τῆς ὄντως ζωῆς τὴν ἐν σαρκὶ διαγωγὴν ἐβαρύνοντο. [8] Mais il fallait au moins, dites-vous, que celle que nous pleurons arrivât à l’âge de la vie où l’on goûte les plaisirs du mariage. Je laisse, mes frères, à l’époux céleste le soin de vous répondre : il vous dira qu’il est dans le ciel un lit plus doux, une couche plus enivrante, où le veuvage n’est pas à redouter. Quand la mort arrive, quand cette vie toute remplie de jouissances de la chair s’éteint, quelle est, je vous le demande, la nature des biens que l’on regrette ? Voulez-vous connaître les avantages et les agréments de ce monde ? Tout n’est qu’infirmités et inquiétudes du coeur, passions, penchants, colères, craintes, espérances et regrets. Voilà la vie ! Oui, voilà les félicités attachées à notre existence ; voilà les avantages que nous possédons sur la terre. Quel est donc le malheur de celle qui a été ravie à tant de tyrans ? car chacun de ces biens, que j’appelle troubles et afflictions, venant à prévaloir et à triompher de la raison, sont autant de tyrans pour notre coeur. Regretterions-nous qu’elle n’ait pas souffert les douleurs de l’enfantement, subi les peines sans nombre attachées à la conservation et aux soins de l’enfance, et porté enfin le poids de ces mêmes inquiétudes que ses parents ont ressenties pour elle ? Ah ! mes frères, n’enviez pas ces misères que le monde appelle félicités, car je ne connais pas de bonheur plus parfait et plus capable de satisfaire la nature humaine que l’état de celui qui n’a éprouvé aucune de ces tristes conséquences de la vie. C’est pour ce motif que le sage Salomon nous assure dans ses livres que “celui qui meurt est plus heureux que celui qui reste sur la terre” et que David s’écrie que “le temps passé dans la chair n’est qu’une suite de lamentations et de gémissements”. Aussi vit-on ces deux rois, l’un et l’autre comblés sur leur trône de richesse et de magnificence, libres de se procurer ces biens que vous appelez agréments et d’en user, les rejeter néanmoins et s’en abstenir sur la terre. Bien plus encore, mes frères, lorsqu’à la pensée de ces biens invisibles qui succéderont à nos jours mortels, ils contemplaient cette vie qui s’écoule dans la chair, on les entendait gémir et pleurer sur les tristesses et les peines de ce monde. Voyez David dans plusieurs de ses psaumes. Animé du désir d’échapper à toutes ces misères, je l’entends s’écrier ici : “Mon âme désire ardemment après les parois de l’Éternel”. Ailleurs : “Tirez, ô mon Dieu, mon âme de prison”. Le prophète Jérémie va plus loin, il “maudit le jour de sa naissance” et l’instant qui l’a jeté au milieu d’une pareille vie est à ses yeux digne d’exécration. D’après les paroles de l’Écriture et bien d’autres sorties de la bouche des saints de l’ancienne loi, il n’est plus permis de douter combien étaient tristes et affligeants les jours qu’ils passaient sur la terre pour ces hommes qui désiraient posséder la vie véritable.


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Dernière mise à jour : 28/04/2009