[6] ἀλλ´ εἴποι τις ἄν, οἶμαι, τῶν μικροψυχοτέρων ἀδύνατα
κελεύειν τὸν θεῖον Ἀπόστολον καὶ
ὑπερβαίνειν τὴν φύσιν τοῖς ἐπιτάγμασιν. πῶς γάρ ἐστι
δυνατὸν ὑπεραρθῆναι τοῦ πάθους τὸν ἐν τῇ φύσει ζῶντα
καὶ μὴ κρατηθῆναι τῇ λύπῃ ἐπὶ τοιούτῳ θεάματι, ὅταν
μὴ καθ´ ὥραν ἐν γήρᾳ συμπέσῃ ὁ θάνατος, ἀλλ´ ἐν τῇ πρώτῃ
ἡλικίᾳ κατασβεσθῇ μὲν τῷ θανάτῳ ἡ ὥρα, καλυφθῇ δὲ τοῖς
βλεφάροις ἡ τῶν ὀμμάτων ἀκτίς, μεταπέσῃ δὲ εἰς ὠχρότητα
τῆς παρειᾶς τὸ ἐρύθημα, κρατηθῇ δὲ τῇ σιωπῇ τὸ στόμα,
μελαίνηται δὲ τὸ ἐπὶ τοῦ χείλους ἄνθος, χαλεπὸν δὲ μὴ
μόνον τοῖς γεννησαμένοις τοῦτο δοκῇ, ἀλλὰ καὶ παντὶ τῷ
πρὸς τὸ πάθος βλέποντι; τί οὖν πρὸς τούτοις ἡμεῖς; οὐχ
(p. 465) ἡμέτερον ἐροῦμεν, ἀδελφοί, λόγον, ἀλλὰ τὴν ἀναγνωσθεῖσαν
ἡμῖν ἐκ τοῦ Εὐαγγελίου ῥῆσιν παραθησόμεθα. ἠκούσατε
γὰρ λέγοντος τοῦ κυρίου· Ἄφετε τὰ παιδία καὶ μὴ κωλύετε
αὐτὰ ἔρχεσθαι πρός με· τῶν γὰρ τοιούτων ἐστὶν ἡ βασιλεία
τῶν οὐρανῶν. οὐκοῦν εἰ καὶ σοῦ ἀπεφοίτησε τὸ παιδίον,
ἀλλὰ πρὸς τὸν δεσπότην ἀπέδραμεν. σοὶ τὸν ὀφθαλμὸν
ἔκλεισεν, ἀλλὰ τῷ φωτὶ τῷ αἰωνίῳ διήνοιξεν. τῆς σῆς
ἀπέστη τραπέζης, ἀλλὰ τῇ ἀγγελικῇ προσετέθη. ἔνθεν τὸ
φυτὸν ἀνεσπάσθη, ἀλλὰ τῷ παραδείσῳ ἐνεφυτεύθη. ἐκ
βασιλείας εἰς βασιλείαν μετέστη. ἐξεδύσατο τὸ τῆς πορφύρας
ἄνθος, ἀλλὰ τῆς ἄνω βασιλείας τὴν περιβολὴν ἐνεδύσατο.
εἴπω σοι τὴν ὕλην τοῦ θείου ἐνδύματος; οὐ λίνον ἐστὶν οὐδὲ
ἔριον οὐδὲ τὰ ἐκ σηρῶν νήματα. ἄκουσον τοῦ Δαβίδ, ὅθεν
ἐξυφαίνεσθαι λέγει τῷ θεῷ τὰ ἐνδύματα· Ἐξομολόγησιν
καὶ μεγαλοπρέπειαν ἐνεδύσω, ἀναβαλλόμενος φῶς ὡς ἱμάτιον.
ὁρᾷς οἷα ἀνθ´ οἵων ἠλλάξατο;
| [6] Mais, me dira peut-être un de ces hommes que j’appelle pusillanimes, le divin Apôtre exige
l’impossible, ses préceptes sont au-dessus des forces de la nature. Comment, en effet, un
simple mortel peut-il supporter sans gémir la perte de ses affections ? Comment ne pas
succomber à sa douleur devant un pareil spectacle ? Quand la mort prend ses victimes, non
dans la vieillesse qui doit s’attendre à ses coups, mais dans le jeune âge avec tout son éclat et
sa beauté ; quand la pâleur s’étend sur des joues vermeilles, qu’une bouche enfantine devient
muette, et que des lèvres naguère si fraîches se couvrent d’une teinte livide, un père et une
mère peuvent-ils ne pas se désoler ? Un étranger même peut-il rester insensible ? Que
répondrons-nous à ces paroles ? Nous ne leur opposerons pas les nôtres, mais le texte de
l’Évangile. Vous venez de l’entendre : “Laissez, dit le Seigneur, laissez venir à moi ces
enfants, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent.” Sachez-le donc
bien, mes frères, cette enfant vous a été ravie, mais c’est pour s’envoler dans le sein du
Seigneur ; ses yeux se sont fermés pour vous, mais déjà ils sont ouverts à la lumière éternelle.
Elle n’est plus assise à votre table, mais elle figure déjà à celle des anges. C’est une jeune
plante arrachée à la terre pour être transportée dans le ciel, emportée de ce monde dans le
monde des bienheureux. Elle était naguère revêtue de pourpre, et je la vois déjà avec la parure
des enfants de l’Éternel ; et voulez-vous savoir de quoi se compose la robe des prédestinés
dans la demeure céleste ? Ce n’est ni de lin, ni de laine, ni de soie ; écoutez David, il va vous
l’apprendre : “Vous vous revêtez, ô mon Dieu, de grandeur et de magnificence ; vous vous
couvrez de la lumière comme d’un pavillon.” Voyez donc quel échange précieux !
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