[7,1,5] (5)<31> Ἐκπέμψαντος δὲ τοῦ Δαυίδου τὸν Ἀβεννῆρον οὐδὲ ὀλίγον διαλιπὼν εἰς
Γιβρῶνα ἧκεν Ἰώαβος ὁ ἀρχιστράτηγος αὐτοῦ, καὶ μαθών, ὡς εἴη παρὼν πρὸς αὐτὸν
Ἀβεννῆρος καὶ μικρὸν ἔμπροσθεν ἀπηλλαγμένος ἐπὶ συνθήκαις καὶ ὁμολογίαις τῆς
ἡγεμονίας, δείσας μὴ τὸν μὲν ἐν τιμῇ καὶ τῇ πρώτῃ ποιήσεται τάξει συνεργόν τε
τῆς βασιλείας ἐσόμενον καὶ τἆλλα δεινὸν ὄντα συνιδεῖν πράγματα καὶ τοὺς καιροὺς
ὑποδραμεῖν, αὐτὸς δ' ἐλαττωθείη καὶ τῆς στρατηγίας ἀφεθείη, κακοῦργον καὶ
πονηρὰν ὁδὸν ἄπεισι. <32> <καὶ> πρῶτον μὲν ἐπιχειρεῖ διαβαλεῖν αὐτὸν πρὸς τὸν
βασιλέα φυλάττεσθαι παραινῶν καὶ μὴ προσέχειν οἷς Ἀβεννῆρος συντίθεται: πάντα
γὰρ ποιεῖν αὐτὸν ἐπὶ τῷ βεβαιώσασθαι τῷ Σαούλου παιδὶ τὴν ἡγεμονίαν: ἐπὶ δὲ
ἀπάτῃ καὶ δόλῳ πρὸς αὐτὸν ἐλθόντα μεθ' ἧς ἐβούλετο νῦν ἐλπίδος καὶ οἰκονομίας
τῶν κατασκευαζομένων ἀπελθεῖν. <33> ὡς δ' οὐκ ἔπειθε τὸν Δαυίδην τούτοις οὐδὲ
παροξυνόμενον ἑώρα, τρέπεται ταύτης τολμηροτέραν ὁδὸν καὶ κρίνας Ἀβεννῆρον
ἀποκτεῖναι πέμπει τοὺς ἐπιδιώξοντας, οἷς καταλαβοῦσι προσέταξεν αὐτὸν καλεῖν ἐκ
τοῦ Δαυίδου ὀνόματος, ὡς ἔχοντος αὐτοῦ τινα περὶ τῶν πραγμάτων πρὸς αὐτὸν ἃ μὴ
διεμνημόνευσε παρόντος εἰπεῖν. <34> Ἀβεννῆρος δ' ὡς ἤκουσε τὰ παρὰ τῶν ἀγγέλων,
κατέλαβον αὐτὸν ἐν τόπῳ τινὶ Βησηρᾶ καλουμένῳ ἀπέχοντι τῆς Γιβρῶνος σταδίους
εἴκοσι, μηδὲν ὑπιδόμενος τῶν συμβησομένων ὑπέστρεψεν. ἀπαντήσας δ' αὐτῷ πρὸς τῇ
πύλῃ Ἰώαβος καὶ δεξιωσάμενος ὡς μάλιστ' εὔνους καὶ φίλος, ὑποκρίνονται γὰρ
ἱκανῶς πολλάκις εἰς τὸ ἀνύποπτον τῆς ἐπιβουλῆς τὰ τῶν ἀληθῶς ἀγαθῶν οἱ πράγμασιν
ἐγχειροῦντες ἀτόποις, <35> ἀποσπᾷ μὲν τῶν οἰκείων αὐτὸν ὡς ἐν ἀπορρήτῳ
διαλεξόμενος, παραγαγὼν δὲ εἰς τὸ ἐρημότερον τῆς πύλης μόνος αὐτὸς ὢν σὺν
Ἀβεσσαίῳ τῷ ἀδελφῷ σπασάμενος τὴν μάχαιραν ὑπὸ τὴν λαγόνα παίει. <36> καὶ
τελευτᾷ μὲν Ἀβεννῆρος τοῦτον ἐνεδρευθεὶς τὸν τρόπον ὑπὸ Ἰωάβου, ὡς μὲν αὐτὸς
ἔλεγε τιμωρήσαντος Ἀσαήλῳ τῷ ἀδελφῷ, ὃν διώκοντα λαβὼν Ἀβεννῆρος ἀπέκτεινεν ἐν
τῇ πρὸς Γιβρῶνι μάχῃ, ὡς δὲ τἀληθὲς εἶχε δείσαντος περὶ τῆς στρατηγίας καὶ τῆς
παρὰ τῷ βασιλεῖ τιμῆς, μὴ τούτων μὲν αὐτὸς ἀφαιρεθείη, λάβοι δὲ παρὰ Δαυίδου τὴν
πρώτην τάξιν Ἀβεννῆρος. <37> ἐκ τούτων ἄν τις κατανοήσειεν, ὅσα καὶ πηλίκα
τολμῶσιν ἄνθρωποι πλεονεξίας ἕνεκα καὶ ἀρχῆς καὶ τοῦ μηδενὶ τούτων παραχωρῆσαι:
κτήσασθαι γὰρ αὐτὰ ποθοῦντες διὰ μυρίων κακῶν λαμβάνουσι, καὶ δείσαντες
ἀποβαλεῖν πολλῷ χείροσι τὸ βέβαιον αὑτοῖς τῆς παραμονῆς περιποιοῦσιν, <38> ὡς
οὐχ ὁμοίου δεινοῦ τυγχάνοντος πορίσασθαι τηλικοῦτον μέγεθος ἐξουσίας, καὶ συνήθη
τοῖς ἀπ' αὐτῆς ἀγαθοῖς γενόμενον ἔπειτ' αὐτὴν ἀπολέσαι, τούτου δὲ ὑπερβολὴν
ἔχοντος συμφορᾶς. καὶ διὰ τοῦτο χαλεπώτερα μηχανῶνται καὶ τολμῶσιν ἐν φόβῳ ἔργα
πάντες τοῦτ' ἀποβαλεῖν γενόμενοι.
ἀλλὰ περὶ μὲν τούτων ἐν βραχέσιν ἀρκεῖ δεδηλῶσθαι.
| [7,1,5] 5. David l’accueillit avec affabilité et le traita avec magnificence
et somptuosité à sa table pendant plusieurs jours de suite. Abner lui
demanda de le laisser partir pour lui amener le peuple, afin que les
Hébreux lui remissent le pouvoir en sa présence et devant ses yeux. David
avait à peine congédié Abner, qu’arriva à Hébron Joab, son général en
chef. Il apprit qu’Abner avait été chez le roi et qu’il venait de partir
après avoir conclu un accord et un traité avec lui au sujet du pouvoir
suprême : il craignit qu’Abner ne parvint aux honneurs et au premier rang
grâce au concours qu’il prêterait à David pour conquérir le trône, grâce
aussi à son entente des affaires et à son habileté à saisir les occasions,
tandis que lui-même se verrait abaissé et privé de son commandement<26>.
Là-dessus il s’engage dans une voie perfide et scélérate. D’abord, il
essaie de calomnier Abner auprès du roi, engageant celui-ci à se méfier et
à ne pas faire attention à ses propositions : toutes ses démarches,
prétendait-il, ne tendaient qu’à affermir l’autorité du fils de Saül : il
n’était venu à David que pour le tromper et le jouer, et il était reparti
avec l’espoir d’arriver à ses fins et avec son plan bien échafaudé. Comme
il ne réussissait pas à convaincre David ni à soulever sa colère, il
essaie d’un moyen plus audacieux et décide de faire périr Abner. Il envoie
des hommes à sa poursuite, avec ordre, quand ils l’auront rejoint, de le
rappeler au nom de David, comme si le roi avait à lui dire, au sujet de
leurs affaires, certaines choses qu’il ne s’était pas rappelées en sa
présence. Quand Abner entendit ce discours des envoyés, qui l’avaient
rejoint en un lieu appelé Bésira<27>, à vingt stades d’Hébron<28>, ne
soupçonnant rien du sort qui l’attendait, il revint sur ses pas. Joab
s’avance à sa rencontre devant la porte, le reçoit avec le masque de la
plus grande bienveillance et de l’amitié, — car ceux qui entreprennent une
action scélérate savent se donner l’air de parfaits hommes de bien pour
écarter le soupçon, — le sépare de ses compagnons, comme pour lui parler
en secret, et l’entraîne dans un endroit du portail bien retiré ; là, se
trouvant seul avec son frère Abisaï, il tire son épée et frappe Abner sous
les côtes. Ainsi périt Abner, victime du guet-apens que lui tendit Joab,
soi-disant pour venger son frère Asaël, qui, en poursuivant Abner, avait
été tué par lui dans la bataille d’Hébron<29>, mais en réalité parce qu’il
tremblait que son commandement et la confiance du roi ne lui fussent
enlevés et qu’Abner n’obtint de David le premier rang. On peut juger par
cet exemple à quel degré d’audace en arrivent les hommes par amour des
richesses et du pouvoir et pour ne les céder à personne. Pour élever leur
fortune, leur passion leur fait commettre tous les crimes : craignent-ils
de la perdre, ils font bien pis encore pour s’en assurer la conservation,
estimant moins dur de ne pas parvenir à une si haute puissance que de la
perdre, une fois accoutumés aux avantages qu’elle procure. Et comme c’est
là à leurs yeux le pire malheur, voilà pourquoi tous ceux qui ont à
redouter une disgrâce ne reculent pas devant les machinations et les
tentatives les plus criminelles.
Mais en voilà assez de ces brèves réflexions.
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