[1300] (ΙΩΝ) κἄπειτα τοῦ μέλλειν μ´ ἀπέκτεινες φόβωι;
1301 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ὡς μὴ θάνοιμί γ´, εἰ σὺ μὴ μέλλων τύχοις.
1302 (ΙΩΝ) φθονεῖς ἄπαις οὖς´, εἰ πατὴρ ἐξηῦρέ με;
1303 (ΚΡΕΟΥΣΑ) σὺ τῶν ἀτέκνων δῆτ´ ἀναρπάσεις δόμους;
1296 (ΙΩΝ) πατρός γε γῆν διδόντος ἣν ἐκτήσατο.
1297 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τοῖς Αἰόλου δὲ πῶς μετῆν τῆς Παλλάδος;
1298 (ΙΩΝ) ὅπλοισιν αὐτὴν οὐ λόγοις ἐρρύσατο.
1299 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἐπίκουρος οἰκήτωρ γ´ ἂν οὐκ εἴη χθονός.
1304 (ΙΩΝ) ἡμῖν δέ γ´ ἀλλὰ πατρὶ γῆς οὐκ ἦν μέρος;
1305 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ὅς´ ἀσπὶς ἔγχος θ´· ἥδε σοι παμπησία.
1306 (ΙΩΝ) ἔκλειπε βωμὸν καὶ θεηλάτους ἕδρας.
1307 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τὴν σὴν ὅπου σοι μητέρ´ ἐστὶ νουθέτει.
1308 (ΙΩΝ) σὺ δ´ οὐχ ὑφέξεις ζημίαν κτείνους´ ἐμέ;
1309 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἤν γ´ ἐντὸς ἀδύτων τῶνδέ με σφάξαι θέληις.
1310 (ΙΩΝ) τίς ἡδονή σοι θεοῦ θανεῖν ἐν στέμμασιν;
1311 (ΚΡΕΟΥΣΑ) λυπήσομέν τιν´ ὧν λελυπήμεσθ´ ὕπο.
1312 (ΙΩΝ) φεῦ·
1312 δεινόν γε θνητοῖς τοὺς νόμους ὡς οὐ καλῶς
1313 ἔθηκεν ὁ θεὸς οὐδ´ ἀπὸ γνώμης σοφῆς·
1314 τοὺς μὲν γὰρ ἀδίκους βωμὸν οὐχ ἵζειν ἐχρῆν
1315 ἀλλ´ ἐξελαύνειν· οὐδὲ γὰρ ψαύειν καλὸν
1316 θεῶν πονηρᾶι χειρί, τοῖσι δ´ ἐνδίκοις·
1317 ἱερὰ καθίζειν δ´ ὅστις ἠδικεῖτ´ ἐχρῆν,
1318 καὶ μὴ ´πὶ ταὐτὸ τοῦτ´ ἰόντ´ ἔχειν ἴσον
1319 τόν τ´ ἐσθλὸν ὄντα τόν τε μὴ θεῶν πάρα.
1320 {ΠΡΟΦΗΤΙΣ}
1320 ἐπίσχες, ὦ παῖ· τρίποδα γὰρ χρηστήριον
1321 λιποῦσα θριγκοὺς τούσδ´ ὑπερβάλλω ποδὶ
1322 Φοίβου προφῆτις, τρίποδος ἀρχαῖον νόμον
1323 σώιζουσα, πασῶν Δελφίδων ἐξαίρετος.
1324 (ΙΩΝ) χαῖρ´, ὦ φίλη μοι μῆτερ, οὐ τεκοῦσά περ.
1325 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ἀλλ´ οὖν λεγόμεθά γ´· ἡ φάτις δ´ οὔ μοι πικρά.
1326 (ΙΩΝ) ἤκουσας ὥς μ´ ἔκτεινεν ἥδε μηχαναῖς;
1327 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ἤκουσα· καὶ σὺ δ´ ὠμὸς ὢν ἁμαρτάνεις.
1328 (ΙΩΝ) οὐ χρή με τοὺς κτείνοντας ἀνταπολλύναι;
1329 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) προγόνοις δάμαρτες δυσμενεῖς ἀεί ποτε.
1330 (ΙΩΝ) ἡμεῖς δὲ μητρυιαῖς γε πάσχοντες κακῶς.
1331 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) μὴ ταῦτα· λείπων ἱερὰ καὶ στείχων πάτραν
1332 (ΙΩΝ) τί δή με δρᾶσαι νουθετούμενον χρεών;
1333 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) καθαρὸς Ἀθήνας ἔλθ´ ὑπ´ οἰωνῶν καλῶν.
1334 (ΙΩΝ) καθαρὸς ἅπας τοι πολεμίους ὃς ἂν κτάνηι.
1335 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) μὴ σύ γε· παρ´ ἡμῶν δ´ ἔκλαβ´ οὓς ἔχω λόγους.
1336 (ΙΩΝ) λέγοις ἄν· εὔνους δ´ οὖς´ ἐρεῖς ὅς´ ἂν λέγηις.
1337 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ὁρᾶις τόδ´ ἄγγος χερὸς ὑπ´ ἀγκάλαις ἐμαῖς;
1338 (ΙΩΝ) ὁρῶ παλαιὰν ἀντίπηγ´ ἐν στέμμασιν.
1339 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ἐν τῆιδέ ς´ ἔλαβον νεόγονον βρέφος ποτέ.
1340 (ΙΩΝ) τί φήις; ὁ μῦθος εἰσενήνεκται νέος.
1341 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) σιγῆι γὰρ εἶχον αὐτά· νῦν δὲ δείκνυμεν.
1342 (ΙΩΝ) πῶς οὖν ἔκρυπτες τότε λαβοῦς´ ἡμᾶς πάλαι;
1343 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ὁ θεὸς ἐβούλετ´ ἐν δόμοις ς´ ἔχειν λάτριν.
1344 (ΙΩΝ) νῦν δ´ οὐχὶ χρήιζει; τῶι τόδε γνῶναί με χρή;
1345 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) πατέρα κατειπὼν τῆσδέ ς´ ἐκπέμπει χθονός.
1346 (ΙΩΝ) σὺ δ´ ἐκ κελευσμῶν ἢ πόθεν σώιζεις τάδε;
1347 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) ἐνθύμιόν μοι τότε τίθησι Λοξίας.
1348 (ΙΩΝ) τί χρῆμα δρᾶσαι; λέγε, πέραινε σοὺς λόγους.
1349 (ΠΡΕΣΒΥΤΗΣ) σῶσαι τόδ´ εὕρημ´ ἐς τὸν ὄντα νῦν χρόνον.
| [1300] ION.
Ainsi tu me tuais par crainte de l'avenir ?
CRÉUSE.
De peur d'être ta victime, si ta mort ne prévenait la mienne.
ION.
Privée d'enfants, tu portes envie à mon père, qui a retrouvé un fils.
CRÉUSE.
Tu dépouilleras donc ceux qui n'ont pas d'enfants ?
ION.
Et moi, n'aurai-je pas du moins part à l'héritage de mon père ?
CRÉUSE.
Son épée et son bouclier, voilà tout ton héritage.
ION.
Quitte cet autel et un séjour plein du dieu.
CRÉUSE.
C'est à ta mère qu'il faut donner de pareils avis.
ION.
Ne porteras-tu pas la peine d'un attentat homicide ?
CRÉUSE.
Tu n'as qu'à me tuer dans l'intérieur même du temple,
ION.
1310 Quel plaisir trouves-tu à mourir au milieu des couronnes qui couvrent l'autel?
CRÉUSE.
Je rendrai peine pour peine à ceux qui me persécutent.
ION.
Ah ! c'est une chose déplorable que les lois données aux mortels par les dieux ne soient pas plus justes et plus sages ! Les coupables n'auraient pas dû trouver asile au pied des autels, on devrait les en exclure. Il n'est pas bien qu'une main criminelle touche ce qui est consacré aux dieux ; c'est aux justes, c'est à la vertu outragée qu'il appartenait de prendre place dans les lieux saints ; il ne fallait pas qu'en ce même lieu l'innocent et le coupable eussent les mêmes droits devant les dieux.
1320 LA PYTHIE.
Arrête, mon fils, je quitte le trépied prophétique, et je franchis cette enceinte, moi, prêtresse d'Apollon, élue entre toutes les femmes de Delphes, pour maintenir les antiques lois du trépied sacré.
ION.
Salut, mère chérie, qui ne m'as cependant pas donné le jour.
LA PYTHIE.
1325 Ne crains pas de m'appeler de ce nom, il m'est agréable.
ION.
Tu as appris par quelle trame cette femme voulait me faire périr?
LA PYTHIE.
Je l'ai appris ; mais toi aussi, ta cruauté te rend coupable.
ION.
Ne dois-je pas perdre à mon tour ceux qui ont voulu ma mort?
LA PYTHIE.
Les enfants nés d'une étrangère sont toujours odieux à une épouse.
ION.
Et moi je hais une marâtre qui a voulu faire de moi sa victime.
LA PYTHIE.
Non, mon fils, quitte ce temple, et va vers ta patrie,
ION.
Quel est ce conseil que tu me donnes, et que dois-je faire ?
LA PYTHIE.
Vers Athènes, pars innocent, et sous d'heureux auspices.
ION.
C'est être innocent que de punir ses ennemis.
LA PYTHIE.
N'agis pas ainsi ; écoute les avis que j'ai à te donner.
ION.
Parle ; tout ce que tu diras sera toujours inspiré par la bienveillance.
LA PYTHIE.
Vois-tu ce coffret que je tiens sous mon bras ?
ION.
Je vois une antique corbeille entourée de bandelettes.
LA PYTHIE.
C'est celle dans laquelle je te retrouvai enfermé peu après ta naissance.
ION.
1340 Que dis-tu ? voilà une chose toute nouvelle pour moi.
LA PYTHIE.
J'ai dû taire ce fait, et maintenant je te le révèle.
ION.
Pourquoi l'as-tu caché, depuis si longtemps que tu m'as trouvé ?
LA PYTHIE.
Le dieu voulait que tu le servisses dans son temple.
ION.
Et maintenant, ne le veut-il plus ? d'où puis-je le savoir?
LA PYTHIE.
En te faisant connaître à ton père, il te renvoie de ce pays.
ION.
Est-ce par son ordre que tu as conservé cette corbeille, ou pour quel motif?
LA PYTHIE.
C'est Apollon qui alors m'inspira la pensée
ION.
De quoi faire ? parle, achève.
LA PYTHIE.
De conserver ton berceau jusqu'à ce jour.
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