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[39,58] Καὶ οὕτως ἐς μὲν τὸ Πηλούσιον ἀφίκετο, μηδενὸς ἐναντιουμένου· προϊὼν δὲ
ἐντεῦθεν δίχα διῃρημένῳ τῷ στρατῷ, τοὺς Αἰγυπτίους ἀπαντήσαντάς οἱ τῇ αὐτῇ
ἡμέρᾳ ἐνίκησε. Καὶ μετὰ τοῦτ' αὖθις ἔν τε τῷ ποταμῷ ναυσὶ κἀν τῇ γῇ
ἐκράτησεν. Οἱ γὰρ Ἀλεξανδρεῖς θρασύνασθαι μὲν πρὸς πάντα ἱκανώτατοι καὶ
ἐκλαλῆσαι πᾶν ὅ τι ποτ' ἂν ἐπέλθῃ σφίσι, προπετέστατοι πεφύκασι, πρὸς δὲ δὴ
πόλεμον τά τε δεινὰ αὐτοῦ φλαυρότατοί εἰσι· καίπερ ἐν ταῖς στάσεσι, πλείσταις
δὴ καὶ μεγίσταις παρ' αὐτοῖς γιγνομέναις, διὰ φόνων τε ἀεὶ χωροῦντες, καὶ τὸ
ζῆν παρ' οὐδὲν πρὸς τὴν αὐτίκα φιλονεικίαν τιθέμενοι, ἀλλὰ καὶ ὥσπερ τι τῶν
ἀρίστων ἀναγκαιότατον τὸν ἐν αὐταῖς ὄλεθρον διώκοντες. Νικήσας οὖν αὐτοὺς ὁ
Γαβίνιος, καὶ ἄλλους τε πολλοὺς καὶ τὸν Ἀρχέλαον φονεύσας, ἐγκρατής τε τῆς
Αἰγύπτου πάσης παραχρῆμα ἐγένετο, καὶ τῷ Πτολεμαίῳ αὐτὴν παρέδωκε. Καὶ ὁ
μὲν τήν τε θυγατέρα, καὶ τῶν ἄλλων τοὺς πρώτους καὶ πλουσιωτάτους, ἅτε καὶ
χρημάτων πολλῶν δεόμενος, ἀπέκτεινε.
| [39,58] Gabinius arriva sans obstacle jusqu'à Péluse ; de là il pénétra plus avant,
partagea son armée en deux et vainquit, le même jour, les Égyptiens qui étaient
venus à sa rencontre. Ensuite il remporta deux nouvelles victoires, l'une dans le
Nil avec ses vaisseaux, l'antre sur terre. Les habitants d'Alexandrie sont très
portés à tout oser et à dire tout ce qui leur passe par l'esprit ; mais ils n'ont rien de
ce qu'il faut pour faire la guerre et pour triompher des dangers. Cependant, au
milieu des séditions, et elles sont fréquentes et terribles chez eux, ils ne reculent
pas devant l'effusion du sang, et dans le feu des dissensions, comptant la vie pour
rien, ils aspirent à périr dans la lutte, comme si une semblable mort était le bien le
plus désirable. Après les avoir vaincus, après en avoir massacré un grand nombre
et Archélaüs lui-même, Gabinius fut sur-le-champ maître de l'Égypte et la rendit à
Ptolémée : celui-ci, pressé par le besoin d'argent, fit mettre à mort sa fille et les
citoyens les plus distingués par leur rang et les plus riches.
| [39,59] Γαβίνιος δὲ ἐκεῖνον μὲν οὕτω κατήγαγεν· οὐ μέντοι καὶ οἴκαδε περὶ τῶν
πραχθέντων ἐπέστειλεν, ἵνα μὴ καὶ αὐτάγγελός σφισιν ὧν παρηνομήκει,
γένηται. Ἀλλ' (οὐ γὰρ οἷόν τε ἦν τηλικοῦτο πρᾶγμα κρυφθῆναι) εὐθύς τε αὐτὸ ὁ
δῆμος ἐπύθετο· καὶ ἐπειδὴ καὶ οἱ Σύροι πολλὰ τοῦ Γαβινίου (ἄλλως τε καὶ ἐν τῇ
ἀπουσίᾳ αὐτοῦ δεινῶς ὑπὸ τῶν λῃστῶν κακωθέντες) κατεβόησαν, οἵ τε τελῶναι,
μὴ δυνηθέντες τὰ τέλη δι' αὐτοὺς ἐσπρᾶξαι, συχνὰ ἐπωφείλησαν· ὠργίζοντο καὶ
γνώμας τε ἐποιοῦντο, καὶ ἑτοίμως εἶχον καταψηφίσασθαι αὐτοῦ. Καὶ γὰρ ὁ
Κικέρων τά τε ἄλλα ἰσχυρῶς ἐνῆγε, καὶ συνεβούλευέ σφισι τὰ Σιβύλλεια ἔπη
αὖθις ἀναγνῶναι· προσδοκῶν ἐγγεγράφθαι τινὰ ἐν αὐτοῖς τιμωρίαν, ὅταν
παραβαθῇ.
| [39,59] C'est ainsi que Gabinius ramena Ptolémée en Égypte. Il n'écrivit point à Rome
à ce sujet, ne voulant pas annoncer lui-même les illégalités dont il s'était rendu
coupable. Mais un événement de cette importance ne pouvait rester caché : le
peuple en eut aussitôt connaissance. Les Syriens, que les pirates avaient fort
maltraités, pendant l'absence de Gabinius, se plaignirent vivement de lui, et les
publicains, que ces mêmes pirates avaient empêchés de lever les impôts,
devaient un arriéré considérable. Les Romains, irrités contre Gabinius, le mirent
en cause et se montraient disposés à le condamner. Cicéron les y poussait avec
ardeur : il leur conseillait surtout de relire les oracles sibyllins, espérant qu'on y
trouverait quelque peine contre ceux qui les avaient violés.
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