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[39,54] Ἐν ᾧ δὲ ἐκεῖνα ἐγίγνετο, καὶ ἡ Ἰβηρία ἐκινήθη· διὸ καὶ τῷ Πομπηίῳ
προσετάχθη. Προσαναστάντες γάρ τινες καὶ Οὐακκαίους προστησάμενοι, μάχῃ
μὲν ὑπὸ τοῦ Νέπωτος τοῦ Μετέλλου, ἀπαράσκευοι ἔτ' ὄντες, ἡττήθησαν·
πολιορκοῦντι δ' αὐτῷ Κλουνίαν ἐπελθόντες, ἀμείνους ἐγένοντο· καὶ ἐκείνην μὲν
περιεποιήσαντο, ἑτέρωθι δὲ ἐσφάλησαν, οὐ μὴν ὥστε καὶ δι' ὀλίγου δουλωθῆναι.
Τῷ γὰρ πλήθει πολὺ τῶν ἐναντίων περιῆσαν· ὥστε τὸν Νέπωτα ἀγαπᾶ,ν ἂν τὴν
ἡσυχίαν ἀκινδύνως ἄγῃ.
| [39,54] En ce moment, l'Espagne fut le théâtre de troubles, qui la firent donner pour
province à Pompée. Quelques peuples s'étaient révoltés et avaient mis les
Vaccéens à leur tête ; mais le temps leur avait manqué pour les préparatifs, et ils
furent vaincus par Metellus Nepos. Ils l'attaquèrent ensuite, pendant qu'il
assiégeait Clunia et le vainquirent. Ils s'emparèrent même de cette ville ; mais ils
furent battus sur un autre point. Cette défaite n'amena pourtant pas promptement
leur soumission. Ils étaient beaucoup plus nombreux que les Romains, et Metellus
s'estima heureux de pouvoir se tenir tranquille sans danger.
| [39,55] Κατὰ δὲ δὴ τὸν αὐτὸν τοῦτον χρόνον καὶ ὁ Πτολεμαῖος, καίτοι τῶν Ῥωμαίων
τήν τε ἐπικουρίαν ἀπεψηφισμένων, καὶ πρὸς τὰς δωροδοκίας τὰς ὑπ' αὐτοῦ
γενομένας δεινῶς ἔτι καὶ τότε διακειμένων, κατήχθη καὶ τὴν βασιλείαν
ἐκομίσατο. Ἔπραξαν δὲ τοῦτο ὅ τε Πομπήιος καὶ ὁ Γαβίνιος. Τοσοῦτον γὰρ αἵ τε
δυναστεῖαι καὶ αἱ τῶν χρημάτων περιουσίαι, καὶ παρὰ τὰ ψηφίσματα τά τε τοῦ
δήμου καὶ τὰ τῆς βουλῆς, ἴσχυσαν, ὥστε ἐπιστείλας μὲν ὁ Πομπήιος τῷ Γαβινίῳ
τῆς Συρίας τότε ἄρχοντι, στρατεύσας δὲ ἐκεῖνος, ὁ μὲν τῇ χάριτι, ὁ δὲ τῇ
δωροληψίᾳ, καὶ ἄκοντος αὐτὸν τοῦ κοινοῦ κατήγαγον, μηδὲν μήτε ἐκείνου μήτε
τῶν τῆς Σιβύλλης χρησμῶν φροντίσαντες. Καὶ ἐκρίθη μὲν ὕστερον ἐπὶ τούτῳ ὁ
Γαβίνιος, οὐχ ἑάλω δὲ, διά τε τὸν Πομπήιον, καὶ διὰ τὰ χρήματα. Οὕτω γάρ που
τὰ πράγματα τοῖς τότε Ῥωμαίοις συνεκέχυτο ὥστε ἀπὸ πολλῶν, ὧν
ἐδωροδόκησε, σμικρὰ ἄττα τῶν τε ἀρχόντων τινὲς καὶ τῶν δικα στῶν παρ' αὐτοῦ
λαβόντες, οὔτε τοῦ προσήκοντός τι προετίμησαν, καὶ προσέτι καὶ τοὺς ἄλλους
κακουργεῖν ὑπὲρ χρημάτων ἐξεδίδαξαν, ὡς καὶ τὴν τιμωρίαν ῥᾳδίως ἐξωνεῖσθαι
δυναμένους. Τότε μὲν οὖν διὰ ταῦτα ἀφείθη· αὖθις δὲ ἐπί τε ἑτέροις τισί, καὶ ὅτι
πλέον ἢ μυρίας ἐκ τῆς ἀρχῆς μυριάδας ἥρπασε, κριθεὶς ἑάλω. Καὶ ἐκείνῳ τε
τοῦτο παραδοξότατον συνέβη· τῆς τε γὰρ προτέρας δίκης διὰ τὰ χρήματα
ἀπελύθη, καὶ ἐπὶ τούτοις δι' ἐκείνην ὅτι μάλιστα κατεδικάσθη· καὶ τῷ Πομπηίῳ,
ὅτι τὸ μὲν πρότερον, καίτοι πόρρω που ὤν, ἐρρύσατο τὸν Γαβίνιον διὰ τῶν
ἑταίρων· τότε δὲ ἔν τε τῷ προαστείῳ ὢν, καὶ τρόπον τινὰ καὶ ἐν τῷ δικαστηρίῳ
αὐτῷ παρὼν οὐδὲν ἤνυσεν.
| [39,55] A cette même époque, Ptolémée fut reconduit en Égypte et recouvra ses États
; quoique les Romains eussent décrété qu'on ne lui accorderait pas de secours et
qu'ils fussent encore irrités contre la corruption dont il s'était rendu coupable. Tout
cela se fit par Pompée et par Gabinius. L'influence des hommes puissants et des
richesses était si grande, même contre les décrets du peuple et du sénat, que
Pompée écrivit à Gabinius, gouverneur de la Syrie, pour le charger de ramener
Ptolémée en Égypte, et que celui-ci, qui s'était déjà mis en campagne, l'y
reconduisit, malgré la volonté publique et au mépris des oracles de la Sibylle.
Pompée ne voulait que se rendre agréable à Ptolémée ; mais Gabinius s'était
laissé corrompre.
Plus tard, mis en accusation pour ce fait, il ne fut pas condamné, grâce à Pompée
et à son or. Il régnait alors à Rome un tel désordre moral, que des magistrats et
des juges qui n'avaient reçu de Gabinius qu'une faible partie des sommes qui
avaient servi à le corrompre, ne tinrent aucun compte de leurs devoirs pour
s'enrichir et apprirent aux autres à mal faire, en leur montrant qu'ils pourraient
facilement se soustraire au châtiment avec de l'argent. Voilà ce qui fit absoudre
Gabinius en ce moment : dans la suite traduit en justice, sous le coup de diverses
accusations, mais surtout pour avoir enlevé de sa province plus de cent millions
de drachmes, il fut condamné. Ainsi, chose étrange ! l'argent qui avait fait
absoudre Gabinius dans un premier jugement, le fit condamner dans un second,
en raison même du premier, et Pompée qui, absent à l'époque du premier, l'avait
sauvé par l'entremise de ses amis, ne lui fut d'aucun secours dans le second ;
quoiqu'il se trouvât dans un faubourg de Rome et qu'il fût, pour ainsi dire, à côté
de lui dans le tribunal.
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