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[39,44] Καὶ μετὰ τοῦτο ἐπί τε Μωρίνους καὶ ἐπὶ Μεναπίους ὁμόρους σφίσιν ὄντας
ἐστράτευσε, προσκαταπλήξειν τε αὐτοὺς ἐκ τῶν προκατειργασμένων καὶ
ῥᾳδίως αἱρήσειν ἐλπίσας. Οὐ μέντοι καὶ ἐχειρώσατό τινας. Οὔτε γὰρ πόλεις
ἔχοντες, ἀλλ' ἐν καλύβαις διαιτώμενοι, καὶ τὰ τιμιώτατα ἐς τὰ λασιώτατα τῶν
ὀρῶν ἀνασκευασάμενοι, πολὺ πλείω τοὺς προσμίξαντάς σφισι τῶν Ῥωμαίων
ἐκάκωσαν ἢ αὐτοὶ ἔπαθον. Ἐπεχείρησε μὲν γὰρ ὁ Καῖσαρ καὶ ἐς αὐτὰ τὰ ὄρη
τὴν ὕλην τέμνων προχωρῆσαι. Ἀπειπὼν δὲ διά τε τὸ μέγεθος αὐτῶν καὶ διὰ τὸ
πρὸς χειμῶνα εἶναι, ἀπανέστη.
| [39,44] Après cette expédition, il tourna ses armes contre les Morins et les
Ménapiens, leurs voisins : il espérait les effrayer par le bruit de ses exploits et les
subjuguer sans peine ; mais il n'en dompta pas même une partie. Sans villes,
vivant dans des cabanes, ils transportèrent sur des montagnes couvertes de
forêts touffues ce qu'ils avaient de plus précieux et firent à leurs agresseurs
beaucoup plus de mal qu'ils n'en souffrirent eux-mêmes. César tenta de pénétrer
sur ces montagnes en abattant les forêts ; mais, découragé par leur grandeur et
par l'approche de l'hiver, il se retira.
| [39,45] Ἔτι δ' αὐτοῦ ἐν τῇ Οὐενετίᾳ ὄντος, Κύιντος Τιτούριος Σαβῖνος
ὑποστράτηγός τε ἐστάλη ἐπὶ Οὐενέλλους, ὧν ἡγεῖτο Οὐιριδοῦιξ. Καὶ τὰ μὲν
πρῶτα καὶ πάνυ τὸ πλῆθος αὐτῶν κατεπλάγη, ὥστ' ἀγαπᾶν ἂν τό γε ἔρυμα
διασώσηται. Ἔπειτα δὲ αἰσθόμενός σφας θρασύτερον μὲν ἀπὸ τούτου
διακειμένους, οὐ μὴν καὶ τῷ ἔργῳ δεινοὺς ὄντας, (οἷά που οἱ πολλοὶ τῶν
βαρβάρων ἐν ταῖς ἀπειλαῖς πᾶν τὸ φοβερὸν διὰ κενῆς ἐπικομποῦσιν)
ἀνεθάρσησε. Καὶ ἐκ μὲν τοῦ προφανοῦς οὐδ' οὕτως ἐτόλμησέ σφισι
συνενεχθῆναι (τῷ γὰρ πλήθει πολὺ κατείργετο)· πρὸς δὲ δὴ τὸ τάφρευμα τὸ
ἑαυτοῦ, μετεώρου τοῦ χωρίου ὄντος, ὑπηγάγετο αὐτοὺς ἀπερισκέπτως
προσβαλεῖν. Τῶν γὰρ συμμάχων τινὰ ὁμοφωνοῦντά σφισιν, ὑπὸ τὴν ἑσπέραν,
ὡς αὐτόμολον πέμψας, ἔπεισεν αὐτοὺς ὅτι ὅ τε Καῖσαρ ἐπταικὼς εἴη. Καὶ οὕτω
πιστεύσαντες ἀπερισκέπτως ἐκεῖνοι (πάνυ γάρ τι διακορεῖς καὶ τῆς τροφῆς
καὶ τοῦ ποτοῦ ἦσαν) εὐθὺς ἐπὶ τοὺς Ῥωμαίους, μὴ καὶ φθάσωσί σφας
φυγόντες, ὥρμησαν, καὶ (ἔδει γὰρ μηδὲ πυρφόρον, τῷ λόγῳ αὐτῶν, σωθῆναι)
φρύγανα καὶ ξύλα τὰ μὲν ἀράμενοι, τὰ δὲ ἐφελκόμενοι, ὡς καὶ
καταπρήσοντες αὐτούς, πρός τε τὸ ὄρθιον προσέβαλον, καὶ σπουδῇ
προσανέβαινον, μηδενός σφισιν ἐναντιουμένου. Ὁ γὰρ Σαβῖνος οὐκ ἐκινήθη
πρὶν ἐντὸς τῆς ἐπικρατείας αὐτοῦ τοὺς πλείους αὐτῶν γενέσθαι. Τότε δὲ
ἐπικατέδραμέ σφισιν ἁπανταχόθεν ἅμα ἀπροσδόκητος· καὶ τοὺς πρώτους
ἐκπλήξας, κατήραξε κατὰ τοῦ πρανοῦς ἅπαντας. Κἀνταῦθα αὐτοὺς ἐν τῇ
ἀναστροφῇ περί τε ἀλλήλοις καὶ περὶ τοῖς ξύλοις σφαλλομένους κατέκοψεν
οὕτως, ὥστε μηδένα αὐτῶν μηδὲ τῶν ἄλλων ἔτ' ἀντᾶραι. Ἄπληστοι γὰρ
ἀλογίστως οἱ Γαλάται ἐς πάνθ' ὁμοίως ὄντες, οὔτε τὸ θαρσοῦν σφων οὔτε τὸ
δεδιὸς μετριάζουσιν, ἀλλὰ ἔκ τε τούτου πρὸς δειλίαν ἀνέλπιστον, καὶ ἐξ
ἐκείνου πρὸς θάρσος προπετὲς ἐκπίπτουσιν.
| [39,45] Pendant qu'il était encore dans la Vénétie, il envoya son lieutenant Q. Titurius
Sabinus dans le pays des Unelles, qui avaient pour chef Viridovix. D'abord
Sabinus fut tellement effrayé de leur nombre, qu'il s'estima heureux de sauver son
camp ; mais ensuite il reconnut que ses craintes rendaient les Unelles plus
audacieux, et qu'en réalité ils n'étaient pas redoutables ; car la plupart des
barbares n'ont, pour inspirer de la terreur, que d'arrogantes et vaines menaces. Il
reprit courage : cependant il n'osa pas encore en venir ouvertement aux mains
avec eux (il était toujours intimidé par leur nombre) ; mais il les amena à attaquer
imprudemment son camp, placé sur une hauteur. A cet effet il envoya, vers le soir,
aux Unelles comme transfuge un de ses alliés qui parlait leur langue et qui devait
leur persuader que César avait été battu. Les Unelles, hors d'état de réfléchir,
parce qu'ils avaient bu et mangé avec excès, le crurent sans peine : ils
marchèrent en toute hâte contre les Romains, comme s'ils avaient craint d'être
prévenus par leur fuite (il ne fallait pas, disaient-ils, laisser échapper même le
prêtre qui porte la torche). Emportant ou traînant des sarments et des fagots pour
brûler les Romains, ils gagnèrent la hauteur où était le camp de Sabinus et la
gravirent rapidement, sans éprouver aucune résistance. Sabinus ne bougea pas,
avant que les barbares fussent tous sous sa main ; mais alors il fondit
inopinément sur eux de tous les points, frappa d'épouvante les premiers qu'il
rencontra et les précipita du haut de la montagne. Dans leur déroute, ils
s'embarrassaient les uns les autres et dans les débris d'arbres dont ils étaient
chargés. Sabinus les battit si rudement, que ni eux ni d'autres n'osèrent plus se
mesurer avec les Romains ; car les Gaulois sont tous également entraînés par
une fougue que rien ne règle, et n'ont de mesure ni dans la crainte ni dans
l'audace : ils passent subitement de l'excessive confiance à la crainte et de la
crainte à une aveugle confiance.
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