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[39,42] Ὁ μὲν Βροῦτος, τέως μὲν ἐκεῖνο ἐπέσπερχεν, οὐδ' ἀνταναχθῆναι αὐτοῖς
διά τε τὸ πλῆθος καὶ διὰ τὸ μέγεθος τῶν νεῶν, τήν τε ἐκ τοῦ πνεύματος
φορὰν, καὶ τὴν ἐπιβολήν σφων, ἐτόλμησεν. Ἀλλὰ παρεσκευάζετο ὡς καὶ πρὸς
τῇ γῇ τὰς προσβολὰς αὐτῶν ἀμυνούμενος, καὶ τὰ σκάφη παντελῶς ἐκλείψων.
Ἐπεὶ δ' ὅ τε ἄνεμος ἐξαπιναίως ἔπεσε, καὶ τὸ κῦμα ἐστορέσθη, τά τε πλοῖα
οὐκέθ' ὁμοίως ὑπὸ τῶν κωπῶν ἐκινεῖτο, ἀλλ' ἅτε καὶ καταβαρῆ ὄντα, κατὰ
χώραν τρόπον τινὰ εἱστήκει· τότε δὴ θαρσήσας ἀντανήχθη, καὶ προσπεσὼν
αὐτοῖς, πολλά σφας καὶ δεινὰ ἀδεῶς καὶ περιπλέων καὶ διεκπλέων, καὶ τοτὲ
μὲν ἐμβάλλων τινὶ, τοτὲ δὲ ἀνακρουόμενος, ὅπῃ τε καὶ ἐφ' ὅσον ἤθελεν,
εἰργάσατο· πολλαῖς τε πρὸς μίαν, καὶ ἑτέρωθι ἴσαις { πρὸς ἴσας}, ἔστι δ' ᾗ καὶ
ἐλάσσοσι πρὸς πλείονας ἀσφαλῶς προσφερόμενος. Ὅπου μὲν γὰρ κρείττων
αὐτῶν {ἦν, ταύτῃ προσηρτᾶτο} σφισι· καὶ τὰς μὲν κατέδυεν ἀναρρηγνύς, ἐς δὲ
τὰς πολλαχόθεν μετεκβαίνων ἔς τε χεῖρας τοῖς ἐπιβάταις ᾖει, καὶ πολλοὺς
ἐφόνευεν. Εἰ δὲ καὶ καθ' ὁτιοῦν ἐλαττοῖτο, ῥᾷστα ἀνεχώρει· ὥστε ἐπ' αὐτῷ τὴν
πλεονεξίαν ἀεὶ εἶναι.
| [39,42] Tant qu'il souffla, Brutus n'osa s'avancer contre les Vénètes, autant à cause
du nombre et de la grandeur de leurs navires qu'à cause du vent qui les favorisait,
ou parce qu'il craignait quelque piège. Il se disposa même à abandonner
complètement ses vaisseaux et à se défendre contre leurs attaques sur terre ;
mais le vent tomba tout à coup, les flots se calmèrent, les navires des barbares,
loin d'être poussés avec la même rapidité par les rames, étaient en quelque sorte
rendus immobiles par leur pesanteur. Brutus alors reprit courage et fondit sur les
ennemis : tantôt courant autour d'eux ou s'ouvrant un passage à travers leurs
lignes, tantôt s'avançant ou reculant, comme il voulait et autant qu’il le jugeait
convenable ; combattant ici avec plusieurs vaisseaux contre un seul, là avec
autant de vaisseaux qu'en avaient ses adversaires, d'autres fois avec un nombre
moindre, il leur faisait beaucoup de mal, sans courir le moindre danger. Avait-il le
dessus quelque part, il les pressait sur ce point, brisait et submergeait leurs
vaisseaux, ou bien il les escaladait de plusieurs côtés à la fois, attaquait les
hommes qui les montaient et en massacrait une grande partie. Craignait-il d'avoir
le dessous, il battait facilement en retraite, et, en définitive, il avait toujours
l'avantage.
| [39,43] Οἱ γὰρ βάρβαροι μήτε τοξείᾳ χρώμενοι, μήτε λίθους, ὡς οὐδὲν αὐτῶν
δεησόμενοι, προπαρασκευάσαντες, εἰ μέν τίς σφισιν ὁμόσε ἐχώρησε, τρόπον
τινὰ ἀπεμάχοντο, τοὺς δ' ὀλίγον σφῶν ἀφεστηκότας οὐχ εἶχον ὅ τι ποιήσωσιν.
Αὐτοί τε οὖν ἐτιτρώσκοντο, καὶ ἀπέθνησκον, καὶ οἱ μηδὲ ἀμύνασθαί τινα
δυνάμενοι· καὶ τὰ σκάφη τὰ μὲν ἀνερρήγνυτο ἐμβαλλόμενα, τὰ δὲ
κατεπίμπρατο ὑφαπτόμενα· ἄλλα ἀναδούμενα, ὥσπερ κενὰ ἀνδρῶν, εἵλκετο.
Ὁρῶντες δὲ ταῦθ' οἱ λοιποὶ ἐπιβάται, οἱ μὲν ἀπεκτίννυσάν σφας, μὴ καὶ
ζῶντες ἁλῶσιν· οἱ δὲ ἐς τὴν θάλασσαν ἐξεπήδων, ὡς καὶ δι' ἐκείνης, ἤτοι τῶν
πολεμίων νεῶν ἐπιβησόμενο,ι ἢ πάντως γε οὐχ ὑπὸ τῶν Ῥωμαίων
ἀπολούμενοι. Προθυμίᾳ μὲν γὰρ καὶ τόλμῃ οὐδὲν αὐτῶν διέφερον· τῷ δὲ δὴ
σταδίῳ τῶν σκαφῶν προδιδόμενοι, δεινῶς ἤσχαλλον. Ὅπως γὰρ δὴ μηδ' αὖθίς
ποτε πνεῦμά τι ταῖς ναυσὶν ἐπιγενόμενον κινήσειεν αὐτάς, δορυδρέπανα
πόρρωθέν σφισιν οἱ Ῥωμαῖοι ἐπέφερον, καὶ τά τε σχοινία αὐτῶν διέτεμνον, καὶ
τὰ ἱστία διέσχιζον. Πεζομαχεῖν δὲ τρόπον τινὰ ἐν πλοίοις πρὸς ναυμαχοῦντας
ἀναγκαζόμενοι, πάμπολλοι μὲν αὐτοῦ ταύτῃ ἐφθάρησαν· πάντες δὲ οἱ
περιλιπεῖς ἑάλωσαν. Καὶ αὐτῶν τοὺς λογιμωτάτους ὁ Καῖσαρ ἀποσφάξας τοὺς
ἄλλους ἐπώλησε.
| [39,43] Les Vénètes, qui ne se servaient pas de flèches et qui ne s'étaient point
pourvus de pierres, ne croyant pas en avoir besoin, repoussaient jusqu'à un
certain point les Romains qui combattaient de près ; mais ils ne pouvaient rien
contre ceux qui se tenaient même à une courte distance. Ils étaient blessés ou
tués, sans pouvoir se défendre : leurs vaisseaux étaient brisés par le choc des
vaisseaux ennemis ou consumés par les flammes ; quelques-uns même,
dépourvus d'équipage, furent attachés à ceux des Romains et traînés à la
remorque. A la vue d'un tel désastre, les soldats de la flotte barbare qui avaient
survécu se tuèrent pour ne pas être pris vivants, ou s'élancèrent dans la mer, afin
d'y trouver la mort sous les coups des vainqueurs en cherchant à escalader leurs
vaisseaux, ou de toute autre manière. Ils ne leur cédaient ni eu courage ni en
audace ; mais trahis par l'immobilité de leurs vaisseaux, ils furent réduits à fa
dernière extrémité ; car les Romains, dans la crainte que quelque vent ne vint à
s'élever encore et à mettre leur flotte en mouvement, dirigeaient de loin contre eux
des perches armées de faux qui coupaient les cordages et déchiraient les voiles.
Les Vénètes, forcés de soutenir, pour ainsi dire, un combat de terre sur leurs
navires contre les Romains, qui pouvaient en toute liberté faire usage de leurs
vaisseaux, périrent pour la plupart : le reste fut pris. César fit mettre à mort ceux
qui occupaient le premier rang et vendit les autres.
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