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[39,40] Ὁ δὲ δὴ Καῖσαρ ἐν τῇ τοῦ Μαρκελλίνου τῇ τε Φιλίππου ὑπατείᾳ ἐπὶ
Οὐενέτους ἐστράτευσεν. Οἰκοῦσι δὲ πρὸς τῷ ὠκεανῷ· καὶ στρατιώτας τινὰς
Ῥωμαίους πεμφθέντας ἐπὶ σῖτον ἔλαβον· καὶ μετὰ τοῦτο τοὺς πρέσβεις τοὺς
ὑπὲρ ἐκείνων ἐλθόντας κατέσχον, ὅπως ἀντ' αὐτῶν τοὺς ὁμήρους σφῶν
ἀπολάβωσιν. Ὁ οὖν Καῖσαρ τούτους μὲν οὐκ ἀπέδωκε· διαπέμψας δὲ ἄλλους
ἄλλῃ, τοὺς μὲν, τὰ τῶν συναφεστηκότων αὐτοῖς πορθεῖν, ἵνα μὴ
συμβοηθήσωσιν ἀλλήλοις· τοὺς δὲ, καὶ τὰ τῶν ἐνσπόνδων, μὴ καὶ αὐτοί τι
παρακινήσωσι, φρουρεῖν, αὐτὸς ἐπὶ τοὺς Οὐενέτους ἤλασε· καὶ πλοῖα ἐν τῇ
μεσογείᾳ, ἃ ἤκουεν ἐπιτήδεια πρὸς τὴν τοῦ ὠκεανοῦ παλίρροιαν εἶναι,
κατασκευάσας, διά τε τοῦ Λίγρου ποταμοῦ κατεκόμισε, καὶ πᾶσαν ὀλίγου τὴν
ὡραίαν μάτην ἀνάλωσεν. Αἵ τε γὰρ πόλεις, ἐπ' ἐρυμνῶν χωρίων ἱδρυμέναι,
ἀπρόσιτοι ἦσαν, καὶ ὁ ὠκεανὸς πάσας, ὡς εἰπεῖν, αὐτὰς περικλύζων, ἄπορον
μὲν τῷ πεζῷ, ἄπορον δὲ καὶ τῷ ναυτικῷ τὴν προσβολήν, καὶ πλημμύρων καὶ
ἀναρρέων, ἔν τε τῇ ἀμπώτιδι καὶ ἐν τῇ ῥαχίᾳ ἐποίει· ὥστε ἐν παντὶ τὸν
Καίσαρα γενέσθαι, μέχρις οὗ Δέκιμος Βροῦτος ταχείαις οἱ ναυσὶν ἐκ τῆς
ἔνδοθε θαλάσσης ἦλθεν. Αὐτὸς μὲν γὰρ, ὡς οὐδὲ ἐκείναις τι πράξων, γνώμην
εἶχεν· οἱ δὲ δὴ βάρβαροι, καταφρονήσαντες τῆς τε σμικρότητος καὶ τῆς
ἀσθενείας τῶν σκαφῶν ἡττήθησαν.
| [39,40] Sous le consulat de Marcellinus et de Philippe, César se mit en campagne
contre les Vénètes, qui habitent sur les bords de l'Océan : ils s'étaient emparés de
quelques soldats romains, envoyés sur leurs terres pour fourrager. Des députés
vinrent les réclamer : les Vénètes les retinrent aussi, dans l'espoir d'obtenir en
échange, les otages qu'ils avaient donnés ; niais César ne les rendit pas. Il envoya
même des détachements dans diverses directions, les uns pour ravager les terres
des peuples qui avaient soutenu la défection des Vénètes et les empêcher de se
secourir mutuellement, les autres pour observer ceux qui étaient en paix avec les
Romains, afin de prévenir de nouveaux mouvements ; puis il marcha en personne
contre les barbares, après avoir fait construire dans l'intérieur des terres des
barques qui pussent, d'après ce qu'il avait entendu dire, résister au flux et au
reflux de la mer. Il les fit descendre par la Loire ; mais l'été presque tout entier
s'écoula sans qu'il remportât aucun avantage. Les villes des Vénètes, bâties dans
des lieux fortifiés par la nature, étaient inaccessibles : l'Océan, qui les baignait
presque toutes et dont les eaux montent et s'abaissent tour à tour, eu rendait
l'attaque impossible pour les troupes de terre et même pour les vaisseaux, au
moment du reflux, ou lorsque les flots vont se briser contre le rivage. César fut
dans le plus grand embarras jusqu'au jour où Décimus Brutus se rendit de la mer
Intérieure auprès de lui avec des vaisseaux légers. Il ne comptait pas sur le
succès, même avec le concours de ces vaisseaux : heureusement les barbares
ne s'en inquiétèrent nullement, à cause de leur petitesse et de leur mauvaise
construction, et ils furent vaincus.
| [39,41] Ταῦτα μὲν γὰρ πρὸς τὸ κουφότερον, ὑπὲρ τοῦ ταχυναυτεῖν, ἐς τὸν τῆς παρ'
ἡμῖν ναυτιλίας τρόπον ἐσκεύαστο· τὰ δὲ δὴ τῶν βαρβάρων, ἅτε ἐν τῇ συνεχείᾳ
τῆς τοῦ ὠκεανοῦ παλιρροίας ἐπί τε τοῦ ξηροῦ πολλάκις ἵστασθαι, καὶ πρὸς
τὴν ἄνω τε καὶ κάτω αὐτοῦ διαρροὴν ἀντικαρτερεῖν ὀφείλοντα, πλεῖστόν
σφων καὶ τῷ μεγέθει καὶ τῇ παχύτητι προεῖχεν. Δι' οὖν ταῦθ' οἱ βάρβαροι, οἷα
μήπω πρότερον τοιούτου ναυτικοῦ πεπειραμένοι, πρός { τε} τὴν ὄψιν τῶν
νεῶν, καὶ τὸ ἔργον αὐτῶν ἐν οὐδενὶ λόγῳ ἐποιήσαντο, καὶ εὐθὺς
ναυλοχούσαις σφίσιν ἐπανήχθησαν, ὡς καὶ δι' ἐλαχίστου τοῖς κοντοῖς αὐτὰς
καταποντώσοντες. Ἐφέροντο δὲ ἀνέμῳ καὶ πολλῷ καὶ σφοδρῷ· καὶ γὰρ ἱστία
δερμάτινα εἶχον, ὥστε πᾶσαν τὴν τοῦ πνεύματος ἰσχὺν ἀπλήστως ἐσδέχεσθαι.
| [39,41] Nos vaisseaux étaient légèrement construits et pouvaient voguer avec célérité,
comme l'exige notre manière de naviguer ; tandis que ceux des barbares, que la
continuité de la marée exposait souvent à rester à sec et qui devaient être en état
de supporter le flux et le reflux, étaient beaucoup plus grands et beaucoup plus
lourds. Aussi les Vénètes, qui n'avaient jamais eu affaire à de pareils vaisseaux,
en conçurent, d'après leur apparence, une mauvaise opinion et les attaquèrent
pendant qu'ils étaient encore en mouillage, espérant les couler bas sans la
moindre peine avec leurs avirons. Ils étaient poussés par un vent abondant et
rapide, dont les voiles recueillaient d'autant plus avidement toute la force qu'elles
étaient en peau.
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