[17,86] Ὁ δ' ᾿Αλέξανδρος τοῖς κενοῖς τοῦ πολέμου
καταστρατηγήσας τοὺς ᾿Ινδοὺς χωρὶς κινδύνου
ἐκυρίευσε τῆς πέτρας. Καὶ τῷ μὲν ὁδηγήσαντι τὰς
ὡμολογημένας δωρεὰς ἀπέδωκεν, αὐτὸς δὲ ἀνέζευξε
μετὰ τῆς δυνάμεως. (2) Καθ' ὃν καιρὸν ᾿Αφρίκης τις
᾿Ινδός, ἔχων μὲν στρατιώτας δισμυρίους, ἐλέφαντας δὲ
πεντεκαίδεκα, διέτριβε περὶ τὸν τόπον. Τοῦτον δέ τινες
ἀνελόντες καὶ τὴν κεφαλὴν αὐτοῦ πρὸς ᾿Αλέξανδρον
ἐνέγκαντες διὰ ταύτης τῆς εὐεργεσίας περιεποιήσαντο
τὰς ἰδίας σωτηρίας. (3) Ὁ δὲ βασιλεὺς τούτους τε
προσηγάγετο καὶ τῶν ἐλεφάντων πλανωμένων κατὰ
τὴν χώραν ἐκυρίευσεν.
Αὐτὸς δὲ παρελθὼν ἐπὶ τὸν ᾿Ινδὸν ποταμὸν καὶ
καταλαβὼν τάς τε τριακοντόρους κατεσκευασμένας καὶ
τὸν πόρον ἐζευγμένον τριάκοντα μὲν ἡμέρας ἀνέλαβε
τὴν δύναμιν καὶ τοῖς θεοῖς μεγαλοπρεπεῖς συντελέσας
θυσίας διεβίβασε τὴν στρατιὰν καὶ περιέπεσε παραδόξῳ
περιπετείᾳ. (4) Ταξίλου γὰρ τοῦ βασιλέως
προτετελευτηκότος υἱὸς αὐτοῦ Μῶφις διαδεξάμενος τὴν
ἀρχὴν διεπέμψατο μὲν καὶ πρότερον πρὸς
᾿Αλέξανδρονἐν τῇ Σογδιανῇ διατρίβοντα,
ἐπαγγελλόμενος αὐτῷ συστρατεύειν ἐπὶ τοὺς
ἀντιταττομένους τῶν ᾿Ινδῶν καὶ τότε πρέσβεις
ἀποστείλας ἔφησεν αὐτῷ παραδιδόναι τὴν βασιλείαν.
(5) Ἀπέχοντος δὲ τεσσαράκοντα σταδίους τοῦ βασιλέως
ἐκτάξας τὴν δύναμιν ὡς εἰς πόλεμον καὶ τοὺς
ἐλέφαντας κοσμήσας ἀπήντα μετὰ τῶν φίλων. Ὁ δὲ
᾿Αλέξανδρος ὁρῶν προσιοῦσαν μεγάλην δύναμιν
ἐκτεταγμένην πολεμικῶς καὶ δόξας τὸν ᾿Ινδὸν
ἐπιβούλως πεποιῆσθαι τὰς ἐπαγγελίας, ὅπως
ἀπαρασκεύοις τοῖς Μακεδόσιν ἐπίθηται, τοῖς μὲν
σαλπιγκταῖς παρεκελεύσατο σημαίνειν τὸ πολεμικόν,
τοὺς δὲ στρατιώτας ἐκτάξας ἀπήντα τοῖς ᾿Ινδοῖς. (6) Ὁ
δὲ Μῶφις ὁρῶν τὴν ταραχὴν τῶν Μακεδόνων καὶ τὸ
γεγονὸς συλλογιζόμενος τὴν μὲν δύναμιν κατέλιπεν,
αὐτὸς δὲ μετὰ ὀλίγων προϊππεύσας καὶ τὴν ἄγνοιαν τῶν
Μακεδόνων διορθωσάμενος παρέδωκεν ἑαυτόν τε καὶ
τὴν δύναμιν τῷ βασιλεῖ. (7) Ἠσθεὶς δὲ ὁ ᾿Αλέξανδρος τήν
τε βασιλείαν ἀπέδωκεν αὐτῷ καὶ τὸ λοιπὸν διετέλει
τούτῳ φίλῳ καὶ συμμάχῳ χρώμενος καὶ μετωνόμασεν
αὐτὸν Ταξίλην. Ταῦτα μὲν οὖν ἐπράχθη κατὰ τοῦτον
τὸν ἐνιαυτόν.
| [17,86] ainsi Alexandre n'ayant eu besoin que de l’appareil
menaçant de ses ouvrages et de l'exemple que ses soldats avaient donné
de leur obéissance et de leur résolution, se trouva maître sans tirer un
coup, de cette citadelle imprenable. Après quoi donnant à son guide la
récompense qu'il lui avait promise, il conduisit ses troupes à d'autres exploits.
(2) Un Indien nommé Asricés, résidait en ces cantons ; il avait une
vingtaine de mille hommes à sa solde et quinze éléphants. Quelques
habitants du lieu vinrent à bout de le tuer ; et ayant apporté sa tête à
Alexandre, ils assurèrent par ce présent leur propre salut. (3) Le roi les
incorpora dans ses troupes, et on rassembla les éléphants qui paissaient
dans les campagnes. De là il s'avança vers le fleuve Indus, où il trouva
prêtes les barques à trente rames qu'il avait commandées, de sorte que
tout étant disposé pour le passage, il donna à ses troupes trente jours de
repos, qu'il employa lui-même à faire de magnifiques sacrifices aux dieux ;
après quoi il traversa le fleuve, au-delà duquel il apprit une nouvelle
importante. (4) Taxile roi dans ces cantons était mort; et son fils nommé
Mophis, lui avait succédé. Celui-ci avait envoyé des ambassadeurs à
Alexandre, dès le temps que ce conquérant séjournait encore dans la
Sogdiane : et il s'était offert par leur entremise à seconder le roi contre tous
les princes indiens qui s'opposeraient à ses prétentions. Il offrait alors par
de nouveaux ambassadeurs de lui céder ses propres états. (5) En effet
Alexandre n'en était plus distant que de quarante stades, que venant au-
devant de lui comme en bataille rangée, précédé de ses éléphants et
accompagné de ses amis, il s'avançait pour lui rendre son hommage. Cet
appareil était tel qu'Alexandre en conçut quelque soupçon et pensa que le
dessein de ce roi indien pouvait être d'attaquer les Macédoniens, séduits
par une cérémonie trompeuse. Aussi fit-il mettre au son même des
trompettes son armée en front de bandière, comme pour recevoir des
ennemis. (6) Mophis qui aperçut cette précaution et qui en sentit la cause,
prit à la hâte les devants avec un petit nombre de cavaliers et dissipant
tout soupçon par se propre confiance , il vint offrir au roi sa personne et
toutes ses troupes. (7) Alexandre ravi d'un pareil éclaircissement lui rendit
aussitôt son royaume : et l’eut toujours lui-même pour ami et pour allié,
et lui fit prendre le nom de Taxile : voilà les faits qui ont rempli cette année.
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