[17,85] {XLIV} Πολλὰς δὲ καὶ ἄλλας πόλεις ἐκπολιορκήσας καὶ τοὺς
ἀντιταττομένους ἀνελὼν προῆγεν ἐπὶ τὴν πέτραν τὴν
῎Αορνον καλουμένην· εἰς γὰρ ταύτην οἱ περιλειφθέντες
τῶν ἐγχωρίων διὰ τὴν ὑπερβολὴν τῆς ὀχυρότητος
καταπεφεύγεισαν. (2) Λέγεται γὰρ τὸ παλαιὸν ῾Ηρακλέα
ταύτην τὴν πέτραν ἐπιβαλόμενον πολιορκεῖν
ἀποστῆναι διά τινας ἐπιγενομένους σεισμοὺς μεγάλους
καὶ διοσημείας. Ὁ δ' ᾿Αλέξανδρος πυθόμενος περὶ
τούτων ἔτι μᾶλλον παρωξύνθη πολιορκῆσαι τὸ
ὀχύρωμα καὶ διαμιλληθῆναι τῇ τοῦ θεοῦ δόξῃ. (3) Ἡ δὲ
πέτρα τὸν μὲν περίβολον εἶχε σταδίων ἑκατόν, τὸ δ'
ὕψος ἑκκαίδεκα, τὴν δ' ἐπιφάνειαν ὁμαλὴν καὶ πάντῃ
περιφερῆ· καὶ τὸ μὲν πρὸς μεσημβρίαν μέρος αὐτῆς
προσέκλυζεν ὁ ᾿Ινδὸς ποταμός, μέγιστος ὢν τῶν κατὰ
τὴν ᾿Ινδικήν, τὰ δ' ἄλλα μέρη περιείχετο φάραγξι
βαθείαις καὶ κρημνοῖς ἀπροσίτοις. (4) Τοῦ δὲ
᾿Αλεξάνδρου κατασκεψαμένου τὴν δυσχωρίαν καὶ τὴν
ἐκ βίας ἅλωσιν ἀπογνόντος ἧκέν τις πρὸς αὐτὸν
πρεσβύτης μετὰ δυεῖν υἱῶν. (5) Οὗτος δ' ὢν πένης
παντελῶς καὶ πολὺν χρόνον ἐντεθραμμένος τοῖς τόποις
κατῴκει μὲν ἔν τινι σπηλαίῳ τρεῖς στιβάδας ἔχοντι κατὰ
τὴν πέτραν ἐντετμημένας, ἐν αἷς ὁ γέρων μετὰ τῶν υἱῶν
ἐναυλιζόμενος ἐμπειρίαν περιεπεποίητο τῶν τόπων.
Οὗτος οὖν προσελθὼν τῷ βασιλεῖ καὶ τὰ περὶ ἑαυτὸν
δηλώσας ἐπηγγείλατο καθηγήσεσθαι διὰ τῆς
δυσχωρίας καὶ ποιήσειν αὐτὸν ὑπερδέξιον γενέσθαι τῶν
κατειλημμένων τὴν πέτραν βαρβάρων. (6) Ὁ δὲ
᾿Αλέξανδρος ἐπαγγειλάμενος μεγάλας δωρεὰς δώσειν
καὶ τῷ πρεσβύτῃ χρησάμενος ὁδηγῷ πρῶτον μὲν τὴν
πάροδον τὴν εἰς τὴν πέτραν φέρουσαν κατελάβετο καὶ
μηδεμιᾶς οὔσης ἄλλης ἐξόδου συνέκλεισε τοὺς
βαρβάρους εἰς ἀβοήθητον πολιορκίαν· ἔπειτα τῇ
πολυχειρίᾳ χώσας τὴν φάραγγα κατὰ τὴν ῥίζαν τῆς
πέτρας, προσελθὼν ἐνεργῆ πολιορκίαν συνεστήσατο,
συνεχῶς ἐφ' ἡμέρας ἑπτὰ καὶ τὰς ἴσας νύκτας ἐκ
διαδοχῆς τὰς προσβολὰς ποιούμενος. (7) Τὸ μὲν οὖν
πρῶτον οἱ βάρβαροι διὰ τὰς τῶν τόπων ὑπεροχὰς
προετέρουν καὶ πολλοὺς ἀνῄρουν τῶν προπετῶς
βιαζομένων· τοῦ δὲ χώματος συντελεσθέντος καὶ τῶν
ὀξυβελῶν καταπελτῶν καὶ τῶν ἄλλων ὀργάνων
ἐπισταθέντων, πρὸς δὲ τούτοις τοῦ βασιλέως φανεροῦ
καθεστῶτος ὡς οὐκ ἀποστήσεται τῆς πολιορκίας οἱ μὲν
᾿Ινδοὶ κατεπλάγησαν, ὁ δ' ᾿Αλέξανδρος ἐμφρόνως
προϊδόμενος τὸ μέλλον ἐξέλιπεν τὴν ἐν τῇ παρόδῳ
κατειλημμένην φυλακήν, διδοὺς ἔξοδον τοῖς
βουλομένοις ἐκ τῆς πέτρας ἀναχωρεῖν. Οἱ δὲ βάρβαροι
φοβηθέντες τάς τε τῶν Μακεδόνων ἀρετὰς καὶ τὴν τοῦ
βασιλέως φιλοτιμίαν νυκτὸς ἐξέλιπον τὴν πέτραν.
| [17,85] Le roi soumit ensuite plusieurs autres villes de ce pays et emporta de
force toutes celle qui lui firent quelque résistance ; après quoi il vint à une
forteresse extrêmement élevée qu'on nommait Aorne. C'est là que
s'étaient rendus à cause de son extrême hauteur, tous les habitants de la
contrée qui n'avaient jamais encore subi de joug. (2) Car on dit que le
premier Hercule même ayant formé le siège de cette place s'en désista ,
en conséquence de quelques tremblements de terre et d'autres signes du
ciel qui lui parurent contraires à son entreprise. Ce récit, bien loin de
décourager Alexandre, le piqua d'émulation à l'égard de cet ancien Héros
sur le même objet de gloire. (3) Le rocher avait cent stades de tour et seize
de hauteur. Sa forme paraissait de loin extrêmement régulière; sa base du
côté du midi était lavée par le fleuve Indus, le plus grand de toutes les
Indes. Mais tout le reste de sa circonférence était une suite de rochers et
de précipices. (4) Alexandre considérant de plus près la difficulté de
l'abord, commençait à désespérer d'une prise en forme lorsqu'un vieillard
vint se présenter à lui accompagné de ses deux fils. (5) C'était un homme
extrêmement pauvre, habitué depuis longtemps dans ces cantons et qui
logeait dans une caverne du rocher même où il avait trouvé place pour
trois paillasses ; et il avait acquis une grande connaissance des environs
de sa demeure. Cet homme abordant le roi, lui dit ce qu'il était et
s'engagea en même temps à le conduire par des sentiers sûrs à travers
toutes les difficultés de la montagne, jusqu'à un poste favorable pour son
dessein. (6) Le roi promettant d'abord de grandes récompenses à ce
vieillard, le prit pour guide et arriva sur ses pas jusqu'au sentier unique qui
conduisait au haut du rocher. Il s'en saisit et par cet endroit seul mit les
assiégés dans une enceinte exacte et sans issue : après quoi faisant
combler les fossés des environs dans l'étendue dont il avait besoin, il fit
faire par ses soldats qui se relevaient, une attaque continue de sept jours
et de sept nuits : (7) les barbares profitant d'abord de l'avantage de leur
poste, renversèrent un grand nombre de ceux qui montaient à un assaut si
périlleux; cependant comme les assiégeants gagnaient peu à peu sur le
sommet un terre-plain sur lequel ils avaient déjà posé des machines de
toutes grosseurs propres à lancer des traits, les assiégés qui voyaient le
roi obstine à son entreprise, commencèrent à s'effrayer. Le roi de son côté
pour prévenir tous les événements sinistres qui pouvaient naître du
désespoir des assiégés, fit retirer sa garde pour leur laisser le passage
libre et une retraite aisée. En effet les barbares témoins du zèle que les
Macédoniens avaient montré pour contribuer à la gloire de leur roi, ne
voulurent pas tenter le sort plus longtemps et abandonnèrent le rocher
pendant la nuit ;
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