[17,38] Περιέθηκε γὰρ αὐτῇ κόσμον τε βασιλικὸν καὶ τὸ προγεγονὸς ἀξίωμα ταῖς
προσηκούσαις τιμαῖς ἀποκατέστησε· τὴν μὲν γὰρ θεραπείαν αὐτῇ πᾶσαν
τὴν δοθεῖσαν ὑπὸ Δαρείου παρέδωκεν, ἰδίαν δ' ἄλλην οὐκ ἐλάττονα τῆς
προϋπαρχούσης προσεδωρήσατο καὶ τῆς μὲν τῶν παρθένων ἐκδόσεως
βέλτιον τῆς Δαρείου κρίσεως ἐπηγγείλατο προνοήσεσθαι, τὸν παῖδα δὲ
θρέψειν ὡς υἱὸν ἴδιον καὶ βασιλικῆς τιμῆς ἀξιώσειν. (2) Προσκαλεσάμενος δ'
αὐτὸν καὶ φιλήσας, ὡς εἶδεν ἀδεῶς βλέψαντα καὶ μηδὲν ὅλως
καταπλαγέντα, πρὸς τοὺς περὶ τὸν ῾Ηφαιστίωνα εἶπεν ὅτι ὁ παῖς ὢν ἓξ ἐτῶν
καὶ τὴν ἀρετὴν ὑπὲρ τὴν ἡλικίαν προφαίνων πολλῷ βελτίων ἐστὶ τοῦ
πατρός. Περὶ δὲ τῆς Δαρείου γυναικὸς καὶ τῆς περὶ αὐτὴν σεμνότητος
πρόνοιαν ἕξειν ἔφησεν ὅπως μηδὲν ἀνάξιον πάθῃ τῆς προγεγενημένης
εὐδαιμονίας. (3) Πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα πρὸς ἔλεον καὶ φιλανθρωπίαν
διαλεχθεὶς ἐποίησε τὰς γυναῖκας διὰ τὸ μέγεθος τῆς ἀνελπίστου χαρᾶς εἰς
ἀκατάσχετα προπεσεῖν δάκρυα. Ἐπὶ δὲ πᾶσι τοῖς προειρημένοις δοὺς τὴν
δεξιὰν οὐ μόνον ὑπὸ τῶν εὖ παθόντων ἐπαίνων ἐτύγχανεν, ἀλλὰ καὶ παρὰ
πᾶσι τοῖς συστρατευομένοις περιβόητον ἔσχε τὴν ὑπερβολὴν τῆς ἐπιεικείας.
(4) Καθόλου δ' ἔγωγε νομίζω πολλῶν καὶ καλῶν ἔργων ὑπ' ᾿Αλεξάνδρου
συντετελεσμένων μηδὲν τούτων μεῖζον ὑπάρχειν μηδὲ μᾶλλον ἄξιον
ἀναγραφῆς καὶ μνήμης ἱστορικῆς εἶναι. (5) Αἱ μὲν γὰρ τῶν πόλεων
πολιορκίαι καὶ παρατάξεις καὶ τὰ ἄλλα τὰ κατὰ τὸν πόλεμον προτερήματα
τὰ πλείονα διὰ τύχην ἢ δι' ἀρετὴν ἐπιτυγχάνεται, ὁ δ' ἐν ταῖς ἐξουσίαις εἰς
τοὺς ἐπταικότας ἔλεος μεριζόμενος διὰ μόνης τῆς φρονήσεως γίνεται. (6) Οἱ
πλεῖστοι γὰρ διὰ τὴν εὐτυχίαν ἐπαίρονται μὲν ταῖς εὐπραξίαις, ὑπερήφανοι
δ' ἐν ταῖς εὐτυχίαις γινόμενοι τῆς ἀνθρωπίνης καὶ κοινῆς ἀσθενείας
ἐπιλανθάνονται· διὸ καὶ τοὺς πλείστους ὁρᾶν ἔστι τὴν εὐτυχίαν ὥσπερ τι
βαρὺ φορτίον φέρειν ἀδυνατοῦντας. (7) ᾿Αλέξανδρος μὲν οὖν, καίπερ
πολλαῖς γενεαῖς προγεγονὼς τοῦ καθ' ἡμᾶς βίου, τυγχανέτω καὶ παρὰ τῶν
μεταγενεστέρων δικαίου καὶ πρέποντος ταῖς ἰδίαις ἀρεταῖς ἐπαίνου.
| [17,38] Il fit rendre à la reine tous les ornements royaux et rétablit autour d'elle une
maison aussi nombreuse que celle que Darius lui avait donnée. Il en ajouta même
de sa part une seconde aussi complète que la première : il promit aux
princesses filles, de pourvoir à leur établissement d'une manière encore
plus avantageuse que n'aurait fait Darius lui-même et il se chargea de faire
donner à son fils une éducation digne d'un roi. (2) Ayant fait venir devant lui
le jeune prince, il l'embrassa, et remarquant que cet enfant le regardait
d'un oeil ferme et assuré, il se tourna vers Hephestion et lui dit : voilà un
prince de six ans qui est déjà plus brave que son père. Il assura la reine
femme de Darius qu'elle ne verrait rien autour d'elle qui fut indigne de la
majesté de son ancien rang. (3) Ces promesses et beaucoup d'autres
discours, pleins non seulement d'humanité mais de politesse, firent fondre
en larmes ces illustres captives : il leur présenta sa main comme pour
gage de sa parole et par toutes ces marques d'humanité et de générosité,
non seulement il gagna le cœur des personnes auxquelles il faisait tant de
bien, mais encore il se fit dans toute son armée la réputation du plus
généreux de tous les vainqueurs. (4) Je crois aussi que de tant de belles
actions d'Alexandre, il n'en est aucune qui soit plus glorieuse pour lui, qui
ait mérité de plus grands éloges, et qui soit plus digne d'avoir une place
dans son histoire que celle-ci. (5) Car enfin les prises de villes, le gain des
batailles et les autres avantages remportés à la guerre dépendent de bien
des circonstances ; et le succès en est dû plus souvent à la fortune qu'à la
valeur. Mais la compassion et les égards pour les vaincus sont un pur effet
du choix et de la volonté du vainqueur. (6) Il y en a eu beaucoup qui n'ont
tiré de leurs succès que de l'orgueil et de la fierté et à qui le hasard qui les
a fait vaincre, a fait oublier qu'ils pouvaient être vaincus, et avoir besoin de
la compassion qu'ils ont refusée eux-mêmes à ceux qui ont eu le malheur
de tomber entre leurs mains. Le bonheur a été pour eux un poids qu'ils ne
savaient pas porter. (7) Alexandre quoique né longtemps avant nous, est à
cet égard un modèle digne de nos plus grands éloges et qui mérite que
nous le fassions passer nous-mêmes a ceux qui nous suivront.
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