[17,39] Δαρεῖος δὲ διανύσας εἰς Βαβυλῶνα καὶ τοὺς ἀπὸ τῆς ἐν ᾿Ισσῷ μάχης
διασωζομένους ἀναλαβὼν οὐκ ἔπεσε τῷ φρονήματι, καίπερ μεγάλῃ
περιπεπτωκὼς συμφορᾷ, ἀλλὰ πρὸς τὸν ᾿Αλέξανδρον ἔγραψεν ἀνθρωπίνως
φέρειν τὴν εὐτυχίαν καὶ τοὺς αἰχμαλώτους ἀλλάξασθαι χρημάτων πλῆθος
λαβόντα· προσετίθει δὲ καὶ τῆς ᾿Ασίας τὴν ἐντὸς ῞Αλυος χώραν καὶ πόλεις
συγχωρήσειν, ἐὰν βουληθῇ γενέσθαι φίλος. (2) Ό δ' ᾿Αλέξανδρος συναγαγὼν
τοὺς φίλους καὶ τὴν μὲν ἀληθινὴν ἐπιστολὴν ἀποκρυψάμενος, ἑτέραν δὲ
γράψας ῥέπουσαν πρὸς τὸ ἑαυτῷ συμφέρον προσήνεγκε τοῖς συνέδροις καὶ
τοὺς πρέσβεις ἀπράκτους ἐξαπέστειλεν. (3) Διόπερ ὁ Δαρεῖος ἀπογνοὺς τὴν
διὰ τῶν ἐπιστολῶν σύνθεσιν παρασκευὰς μεγάλας ἐποιεῖτο πρὸς τὸν
πόλεμον καὶ τοὺς μὲν κατὰ τὴν τροπὴν ἀποβεβληκότας τὰς πανοπλίας
καθώπλιζεν, ἄλλους δ' ἐπιλεγόμενος εἰς στρατιωτικὰς τάξεις κατέγραφε· τὰς
δ' ἐκ τῶν ἄνω σατραπειῶν δυνάμεις, ἃς ἀπολελοιπὼς ἦν διὰ τὴν ὀξύτητα
τῆς στρατείας, μετεπέμπετο. (4) Καὶ τέλος τοσαύτην εἰσηνέγκατο σπουδὴν
εἰς τὴν κατασκευὴν τῆς δυνάμεως ὥστε διπλασίαν γενέσθαι τῆς ἐν ᾿Ισσῷ
παραταξαμένης· ὀγδοήκοντα μὲν γὰρ μυριάδες πεζῶν, εἴκοσι δ' ἱππέων
ἠθροίσθησαν καὶ χωρὶς ἁρμάτων δρεπανηφόρων πλῆθος. Ταῦτα μὲν οὖν
ἐπράχθη κατὰ τοῦτον τὸν ἐνιαυτόν.
| [17,39] Darius étant enfin parvenu jusqu'à Babylone recueillît là tout ce qui était
échappé de la bataille d'Issus. Il ne se laissa point abattre par son
infortune quelque grande qu'elle fut. En effet, il écrivit même à Alexandre
et il l'invitait à ne pas se prévaloir de sa victoire et à vouloir bien lui rendre
ses prisonniers pour la somme qu'il prescrirait lui-même. Il lui offrait toutes
les villes et toutes les provinces de l'Asie jusqu'au fleuve Halys, pour
obtenir son amitié. (2) Sur ces offres Alexandre fit assembler ses
confidents et leur cachant la lettre même qu'il avait reçue, il en supposa
une autre pour autoriser ce qu'il avait envie de faire, de forte qu'il renvoya
les ambassadeurs sans rien conclure avec eux. (3) Darius voyant bien que
ses offres n'étaient pas acceptées, se disposa à la guerre tout de nouveau
: il ramassa des armes de tous côtés pour remplacer celles qu'on avait
perdues dans la bataille précédente et il fit lever avec choix des soldats
plus capables de se défendre que les premiers. Il appela surtout les levées
déjà faites dans les satrapies les plus éloignées, qui n'avaient pas eu le
temps d'arriver au jour et au lieu de la première bataille. (4) Ses soins
furent tels que cette seconde armée réunie surpassa du double celle de la
journée d'Issus : car elle était composée de huit cent mille hommes de pied
et de deux cent mille hommes de cavalerie, sans parler d'un très grand
nombre de chariots armés de faux. Ce sont là les faits qui ont rempli cette année.
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