[17,108] {LX} Κατὰ τοῦτον τὸν καιρὸν ἧκον εἰς τὰ Σοῦσα
τρισμύριοι τῶν Περσῶν, νέοι μὲν παντελῶς ταῖς
ἡλικίαις, ἐπιλελεγμένοι δὲ ταῖς τῶν σωμάτων
εὐπρεπείαις τε καὶ ῥώμαις. (2) Κατὰ δέ τινας ἐντολὰς τοῦ
βασιλέως ἠθροισμένοι, χρόνον ἱκανὸν ἐπιστάτας καὶ
διδασκάλους ἐσχηκότες τῶν πολεμικῶν ἔργων, πάντες
δὲ Μακεδονικαῖς πανοπλίαις πολυτελῶς κεκοσμημένοι,
παρεμβολὴν μὲν ἐποιήσαντο πρὸ τῆς πόλεως,
ἐπιδειξάμενοι δὲ τῷ βασιλεῖ τὴν ἐν τοῖς ὅπλοις ἄσκησιν
καὶ μελέτην ἐτιμήθησαν διαφερόντως. (3) Τῶν γὰρ
Μακεδόνων πρὸς τὴν τοῦ Γάγγου ποταμοῦ διάβασιν
ἀντειπόντων καὶ πολλάκις ἐν ταῖς ἐκκλησίαις
καταβοώντων καὶ τὴν ἐξ ῎Αμμωνος γένεσιν
διασυρόντων τοῦτο τὸ σύστημα κατεσκεύασεν ἐκ μιᾶς
μὲν ἡλικίας τῶν Περσῶν καὶ ὁμοίας συνεστηκός,
δυνάμενον δὲ ἀντίταγμα γενέσθαι τῇ Μακεδονικῇ
φάλαγγι. Καὶ τὰ μὲν περὶ ᾿Αλέξανδρον ἐν τούτοις ἦν.
{LXI-LXII} (4) ῞Αρπαλος δὲ τῶν ἐν Βαβυλῶνι θησαυρῶν καὶ τῶν
προσόδων τὴν φυλακὴν πεπιστευμένος, ἐπειδὴ τάχιστα
ὁ βασιλεὺς εἰς τὴν Ινδικὴν ἐστράτευσεν,
ἀπέγνω τὴν ἐπάνοδον αὐτοῦ, δοὺς δ' ἑαυτὸν εἰς τρυφὴν
καὶ πολλῆς χώρας ἀποδεδειγμένος σατράπης τὸ μὲν
πρῶτον εἰς ὕβρεις γυναικῶν καὶ παρανόμους ἔρωτας
βαρβάρων ἐξετράπη καὶ πολλὰ τῆς γάζης
ἀκρατεστάταις ἡδοναῖς κατανάλωσεν, ἀπὸ δὲ τῆς
᾿Ερυθρᾶς θαλάσσης πολὺ διάστημα κομίζων ἰχθύων
πλῆθος καὶ δίαιταν πολυδάπανον ἐνιστάμενος
ἐβλασφημεῖτο. (5) Μετὰ δὲ ταῦτ' ἐκ τῶν ᾿Αθηνῶν τὴν
ἐπιφανεστάτην τῶν ἑταιρῶν ὄνομα Πυθονίκην
μετεπέμψατο καὶ ζῶσάν τε αὐτὴν βασιλικαῖς δωρεαῖς
ἐτίμησε καὶ μεταλλάξασαν ἔθαψε πολυτελῶς καὶ τάφον
κατὰ τὴν ᾿Αττικὴν κατεσκεύασε πολυδάπανον. (6) Μετὰ
δὲ ταῦτα ἄλλην ἑταίραν ᾿Αττικὴν ὄνομα Γλυκέραν
μεταπεμψάμενος ἐν ὑπερβαλλούσῃ τρυφῇ καὶ
πολυδαπάνῳ διαιτήματι διεξῆγεν· εἰς δὲ τὰ παράλογα
τῆς τύχης καταφυγὰς ποριζόμενος εὐεργέτει τὸν τῶν
᾿Αθηναίων δῆμον. Τοῦ δὲ ᾿Αλεξάνδρου μετὰ τὴν ἐξ
᾿Ινδῶν ἐπάνοδον πολλοὺς τῶν σατραπῶν
κατηγορηθέντας ἀνελόντος φοβηθεὶς τὴν τιμωρίαν καὶ
συσκευασάμενος ἀργυρίου μὲν τάλαντα πεντακισχίλια,
μισθοφόρους δ' ἀθροίσας ἑξακισχιλίους ἀπῆρεν ἐκ τῆς
᾿Ασίας καὶ κατέπλευσεν εἰς τὴν ᾿Αττικήν. (7) Οὐδενὸς δὲ
αὐτῷ προσέχοντος τοὺς μὲν μισθοφόρους ἀπέλιπε περὶ
Ταίναρον τῆς Λακωνικῆς, αὐτὸς δὲ μέρος τῶν
χρημάτων ἀναλαβὼν ἱκέτης ἐγένετο τοῦ δήμου.
Ἐξαιτούμενος δὲ ὑπ' ᾿Αντιπάτρου καὶ ᾿Ολυμπιάδος καὶ
πολλὰ χρήματα διαδοὺς τοῖς ὑπὲρ αὐτοῦ δημηγοροῦσι
ῥήτορσι διέδρα καὶ κατῆρεν εἰς Ταίναρον πρὸς τοὺς
μισθοφόρους. (8) Ἐκεῖθεν δὲ πλεύσας εἰς Κρήτην ὑπὸ
Θίβρωνος ἑνὸς τῶν φίλων ἐδολοφονήθη. Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι
τῶν τοῦ ῾Αρπάλου χρημάτων λόγον ἀναζητοῦντες
Δημοσθένην καὶ ἄλλους τινὰς τῶν ῥητόρων
κατεδίκασαν ὡς εἰληφότας τῶν ῾Αρπάλου χρημάτων.
| [17,108] On vit alors arriver à Suse trente mille Perses tous à la fleur de leur
âge, et l'élite de la nation pour la figure et pour le service militaire. (2) Les
ordres d'Alexandre les avait fait choisir pour apprendre les exercices de la
guerre, sous des maîtres qu'il avait lui-même nommés. Ainsi tous armés à
la Macédonienne, ils se rangèrent devant les murailles de la ville ; et là par
différentes évolutions faites en présence du roi même, ils s'attirèrent de sa
part de grandes louanges accompagnées de magnifiques présents. (3) Car
sur le refus que les Macédoniens avaient fait de le suivre jusqu'au Gange,
refus qui d'ailleurs fut accompagné de beaucoup de murmures et même de
railleries sur son prétendu titre de fils d'Hammon, il avait fait élever toute
cette jeunesse persane pour l'opposer dans le besoin à la phalange
macédonienne : voilà quelles étaient pour lors les dispositions d'Alexandre.
(4) Cependant Harpalus que le roi avait laissé dans Babylone à la garde de
ses trésors et de ses revenus, ayant appris que le roi préparait une grande
expédition dans les Indes, se persuada qu'il n'en reviendrait jamais. Dans
cette pensée, il se livra à toute espèce de débauches et comme il se voyait
satrape d'une province fort étendue, il commença par attenter à la pudicité
des femmes et à se livrer à toutes les espèces d'impudicités usitées parmi
les barbares de sorte qu'il eût bientôt épuisé par ses débauches le trésor
qui lui était confié. Il se faisait apporter de la Mer Rouge, malgré son grand
éloignement, toutes les espèces de poissons qu'elle enfermait dans ses
eaux ; et les dépenses excessives dans lesquelles il s'était jeté, excitaient
depuis longtemps les murmures et les plaintes de tout le monde. (5) Il avait
même fait venir d'Athènes la plus fameuse courtisane de ce temps-là
nommée Pythonique. Il lui avait fait tant qu'elle avait vécu des présents
d'une magnificence royale, et comme elle mourut en Asie, il la fit reporter
en Grèce à très grands frais et lui fit dresser dans l'Attique même un
tombeau superbe. (6) Avant fait venir ensuite du même lieu une autre
courtisane nommée Glycère, il fit encore avec elle des dépenses
exorbitantes de sorte que sentant lui-même que la vie qu'il menait ne
pouvait aboutir qu'à un grand revers de fortune, il prenait la résolution de
gagner le peuple d'Athènes par ses bienfaits. Enfin voyant qu'Alexandre à
son retour de l'Inde, avait fait punir de mort plusieurs satrapes qui avaient
abusé de leur pouvoir et craignant un sort pareil pour lui-même, il se fit une
somme de cinq mille talents et il forma un corps de six mille soldats à
gages, avec lesquels il sortit de l'Asie pour prendre la route d'Athènes. (7)
Mais comme aucune République ne voulut le recevoir sur son passage , il
laissa tous ses soudoyés à Ténare promontoire de la Laconie : et
n'emportant avec lui qu'une partie de ses trésors, il vint se rendre suppliant
du peuple d'Athènes. Mais ayant été redemandé par Antipater et par
Olympias, il lui en coûta beaucoup d'argent pour engager les orateurs du
peuple à le faire retenir ; après quoi néanmoins il jugea que le plus sûr
pour lui était de revenir à Ténare vers ses anciens soudoyés : (8) de là
pourtant il se réfugia encore en l'île de Crète, où il fut enfin tué en secret
par Thymbron qui avait été son ami. Cependant les Athéniens s'étant fait
rendre compte des biens d'Harpalus, appelèrent en jugement Démosthène
et quelques autres orateurs, comme ayant reçu de l'argent de lui.
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