[9,3] Ἐξαγαγέτω ἡ γῆ ψυχὴν ζῶσαν. Οὐ τοίνυν ἐναποκειμένη
τῇ γῇ ἡ ψυχὴ τῶν ἀλόγων ἐξεφάνη, ἀλλ´ ὁμοῦ τῷ
προστάγματι συνυπέστη. Μία δὲ ψυχὴ τῶν ἀλόγων. Ἓν
γὰρ αὐτὴν τὸ χαρακτηρίζον ἐστὶν, ἡ ἀλογία. Ἰδιώμασι
δὲ διαφόροις ἕκαστον τῶν ζῴων κέκριται. Εὐσταθὴς μὲν
γὰρ ὁ βοῦς, νωθὴς δὲ ὁ ὄνος· θερμὸς δὲ ὁ ἵππος πρὸς
ἐπιθυμίαν τοῦ θήλεος· ἀτιθάσσευτος ὁ λύκος, καὶ
δολερὸν ἡ ἀλώπηξ· δειλὸν ἡ ἔλαφος· ὁ μύρμηξ φιλόπονος·
εὐχάριστον ὁ κύων καὶ πρὸς φιλίαν μνημονικόν. Ὁμοῦ τε
γὰρ ἐκτίσθη ἕκαστον, καὶ συνεπηγάγετο ἑαυτῷ τῆς
φύσεως τὸ ἰδίωμα. Συναπεγεννήθη ὁ θυμὸς τῷ λέοντι, τὸ
μοναστικὸν αὐτοῦ τῆς ζωῆς, τὸ ἀκοινώνητον πρὸς τὸ
ὁμόφυλον. Οἷον γάρ τις τύραννος τῶν ἀλόγων, διὰ τὴν ἐκ
φύσεως ὑπεροψίαν, τὴν πρὸς τοὺς πολλοὺς ὁμοτιμίαν οὐ
καταδέχεται. Ὅς γε οὐδὲ χθιζὴν τροφὴν προσίεται, οὐδ´
ἂν τὰ λείψανα τῆς ἑαυτοῦ θήρας ἐπέλθοι· ᾧ καὶ τηλικαῦτα
τῆς φωνῆς τὰ ὄργανα ἡ φύσις ἐνέθηκεν, ὥστε πολλὰ τῶν
ζῴων ὑπερβάλλοντα τῇ ταχύτητι, μόνῳ πολλάκις ἁλίσκεσθαι
τῷ βρυχήματι. Ῥαγδαῖον ἡ πάρδαλις, καὶ ὀξύρροπον ταῖς
ὁρμαῖς· ἐπιτήδειον αὐτῇ τὸ σῶμα συνέζευκται τῇ ὑγρότητι
καὶ τῷ κούφῳ τοῖς τῆς ψυχῆς κινήμασι συνεπόμενον.
Νωθρὰ ἡ φύσις τῆς ἄρκτου, ἰδιότροπον καὶ τὸ ἦθος, ὕπουλον,
βαθὺ ἐνδεδυκός. Ὅμοιον ἠμφίεσται καὶ τὸ σῶμα, βαρὺ,
συμπεπηγὸς, ἀδιάρθρωτον, πρέπον τῷ ὄντι φωλάδι
κατεψυγμένῃ.
Ἐὰν ἐπερχώμεθα τῷ λόγῳ πόση τοῖς ἀλόγοις
τούτοις ἐνυπάρχει ἀδίδακτος καὶ φυσικὴ τῆς ἑαυτῶν ζωῆς
ἐπιμέλεια, ἢ πρὸς τὴν ἡμῶν αὐτῶν φυλακὴν καὶ τῆς τῶν
ψυχῶν σωτηρίας πρόνοιαν κινηθησόμεθα, ἢ ἐπιπλέον
κατακριθησόμεθα, ὅταν εὑρεθῶμεν καὶ τῆς μιμήσεως τῶν
ἀλόγων ἀπολειπόμενοι. Ἄρκτος πολλάκις βαθυτάταις
κατατρωθεῖσα πληγαῖς, ἑαυτὴν ἰατρεύει, πάσαις μηχαναῖς τῷ
φλόμῳ τούτῳ ξηρὰν τὴν φύσιν ἔχοντι τὰς ὠτειλὰς παραβύουσα.
Ἴδοις δ´ ἂν καὶ ἀλώπεκα τῷ δακρύῳ τῆς πίτυος
ἑαυτὴν ἰωμένην. Χελώνη δὲ σαρκῶν ἐχίδνης ἐμφορηθεῖσα,
διὰ τῆς τοῦ ὀριγάνου ἀντιπαθείας φεύγει τὴν βλάβην τοῦ
ἰοβόλου. Καὶ ὄφις τὴν ἐν τοῖς ὀφθαλμοῖς βλάβην ἐξιᾶται
βοσκηθεὶς μάραθρον. Αἱ δὲ προγνώσεις τῆς περὶ τὸν ἀέρα
μεταβολῆς ποίαν οὐχὶ σύνεσιν λογικὴν ἀποκρύπτουσιν;
Ὅπου γε τὸ μὲν πρόβατον, χειμῶνος προσιόντος, λάβρως
τὴν τροφὴν ἐπεμβάλλεται, ὥσπερ ἐπισιτιζόμενον πρὸς τὴν
μέλλουσαν ἔνδειαν. Βόες δὲ κατακεκλεισμένοι χρονίως ἐν
ὥρᾳ χειμερινῇ, ἤδη ποτὲ τοῦ ἔαρος προσιόντος, τῇ φυσικῇ
αἰσθήσει τὴν μεταβολὴν ἐκδεχόμενοι, ἐκ τῶν βοοστασίων
πρὸς τὰς ἐξόδους ὁρῶσι, πάντες ὑφ´ ἑνὶ συνθήματι μεταβαλόντες
τὸ σχῆμα. Ἤδη δέ τινες τῶν φιλοπόνων καὶ
τὸν χερσαῖον ἐχῖνον ἐτήρησαν διπλᾶς ἀναπνοὰς τῇ ἑαυτοῦ
καταδύσει μηχανησάμενον, καὶ μέλλοντος μὲν βορέου πνεῖν,
ἀποφράσσοντα τὴν ἀρκτῴαν· νότου δὲ πάλιν μεταλαμβάνοντος,
εἰς τὴν προσάρκτιον μεταβαίνοντα. Τί διὰ τούτων
ἡμῖν ὑποδείκνυται τοῖς ἀνθρώποις; Οὐ μόνον τὸ διὰ πάντων
διήκειν τοῦ κτίσαντος ἡμᾶς τὴν ἐπιμέλειαν, ἀλλὰ καὶ τὸ
παρὰ τοῖς ἀλόγοις εἰναί τινα τοῦ μέλλοντος αἴσθησιν,
ὥστε καὶ ἡμᾶς μὴ τῇ παρούσῃ ζωῇ προστετηκέναι, ἀλλ´
ὑπὲρ τοῦ μέλλοντος αἰῶνος τὴν πᾶσαν ἔχειν σπουδήν.
Οὐ φιλοπονήσεις περὶ σεαυτοῦ, ἄνθρωπε; οὐκ ἐν τῷ παρόντι
αἰῶνι προαποθήσεις τὰς τοῦ μέλλοντος ἀναπαύσεις, πρὸς τὸ
ὑπόδειγμα τοῦ μύρμηκος ἀποβλέψας; Ὃς ἐν θέρει τὴν
χειμέριον τροφὴν ἑαυτῷ θησαυρίζει, καὶ οὐχ ὅτι μήπω
πάρεστι τὰ τοῦ χειμῶνος λυπηρὰ, διὰ ῥᾳθυμίας παραπέμπει
τὸν χρόνον· ἀλλὰ σπουδῇ τινι ἀπαραιτήτῳ πρὸς τὴν ἐργασίαν
ἑαυτὸν κατατείνει, ἕως ἂν τὴν ἀρκοῦσαν τροφὴν ἐναπόθηται
τοῖς ταμιείοις· καὶ οὐδὲ τοῦτο ῥᾳθύμως, ἀλλὰ σοφῇ τινι
ἐπινοίᾳ τὴν τροφὴν ἐπιπλεῖστον διαρκεῖν μηχανώμενος.
Διακόπτει γὰρ ταῖς ἑαυτοῦ χηλαῖς τῶν καρπῶν τὸ μεσαίτατον,
ὡς ἂν μὴ ἐκφυέντες ἄχρηστοι πρὸς τροφὴν αὐτῷ γένοιντο.
Καὶ διαψύχει τούτους, ὅταν αἴσθηται αὐτῶν διαβρόχων·
καὶ οὐκ ἐν παντὶ προβάλλει καιρῷ, ἀλλ´ ὅταν προαίσθηται
τοῦ ἀέρος ἐν εὐδινῇ καταστάσει φυλαττομένου. Ἀμέλει
οὐκ ἂν ἴδοις ὄμβρον ἐκ νεφῶν ἐπιρρυέντα παρ´ ὅσον χρόνον
ἐκ τῶν μυρμήκων ὁ σῖτος προβέβληται.
Τίς ἐφίκηται λόγος; ποία χωρήσει ἀκοή; τίς ἐξαρκέσει χρόνος πάντα
εἰπεῖν καὶ διηγήσασθαι τοῦ τεχνίτου τὰ θαύματα; Εἴπωμεν
καὶ ἡμεῖς μετὰ τοῦ προφήτου, Ὡς ἐμεγαλύνθη τὰ ἔργα σου,
Κύριε· πάντα ἐν σοφίᾳ ἐποίησας. Οὐ τοίνυν ἡμῖν πρὸς
ἀπολογίαν αὔταρκες, τὸ μὴ γράμμασι διδαχθῆναι τὰ συμφέροντα,
τῷ ἀδιδάκτῳ τῆς φύσεως νόμῳ τὴν τοῦ λυσιτελοῦντος
αἵρεσιν δεξαμένοις. Οἶδας τί ποιήσεις τῷ πλησίον
καλόν; Ὃ σεαυτῷ βούλει παρ´ ἑτέρου γενέσθαι. Οἶδας ὅ τι
ποτέ ἐστι τὸ κακόν; Ὃ οὐκ ἂν αὐτὸς παθεῖν ἕλοιο παρ´
ἑτέρου. Οὐδεμία ῥιζοτομικὴ τέχνη, οὐδὲ ἐμπειρία βοτανικὴ
τῶν ὠφελίμων τοῖς ἀλόγοις τὴν διδασκαλίαν ἐξεῦρεν, ἀλλὰ
φυσικῶς ἕκαστον τῶν ζῴων τῆς οἰκείας ἐστὶ σωτηρίας
ποριστικὸν, καὶ ἄρρητόν τινα κέκτηται τὴν πρὸς τὸ κατὰ
φύσιν οἰκείωσιν.
| [9,3] Que le terre produise l'âme vivante. L'âme des bêtes n'a pas été
mise dans la terre pour paraître au-dehors, mais elle a existé aussitôt que
l'ordre a été proféré. L’âme des bêtes est uniforme ; un seul trait la
caractérise, le défaut de raison: mais chaque animal est distingué par
quelque trait caractéristique. Le boeuf est constant, l’âne tardif, le cheval
ardent pour courir après la femelle, le loup inapprivoisable, le renard rusé,
le cerf timide, la fourmi laborieuse, le chien reconnaissant et sensible à
l’amitié. Chaque être, au moment de sa création, a reçu le caractère qui
lui est propre et qui le distingue. A l'instant qu'il a été créé, la
fierté a été donnée au lion, cette inclination à vivre seul, à fuir toute
société avec les autres animaux. Comme s'il était leur prince et leur
monarque, son orgueil naturel ne lui permet point de souffrir d'égal. Il ne
recherche point la nourriture qu'il a prise la veille, et ne retourne point
aux restes de sa chasse. La nature lui a donné une voix si terrible, que
beaucoup d'animaux qui l’emportent sur lui par la vitesse, sont souvent
pris par son seul rugissement. La panthère est prompte et violente dans
ses désirs; le corps qu'elle a reçu, par sa légèreté et son agilité, est fort
propre à suivre les mouvements de son âme. L'ours est tardif de sa
nature; il a un caractère à part; il est profondément caché et dissimulé. Le
corps dont il est revêtu convient parfaitement à ces dispositions : lourd,
compact, mal formé, il est fait véritablement pour un animal froid et
vivant dans un repaire.
Si nous examinons en détail tous les soins que les
animaux ont de leur vie, sans qu'ils aient d'autre maître que la nature, ou
nous serons excités à veiller sur nous-mêmes et à pourvoir au salut de
nos âmes, ou nous serons plus condamnables si nous sommes trouvés
inférieurs même aux brutes. Lorsque l'ours a reçu de profondes blessures,
il se guérit lui-même, en cherchant par tous les moyens à fermer ses
plaies avec une herbe dont la vertu est astringente. On voit le renard
se guérir avec le suc que le pin distille. Le hérisson, qui s’est rassasié de la
chair de la vipère, évite le mal que peut lui faire ce reptile venimeux, en
prenant de l’origan, qui est pour lui un contre-poison. Le serpent remédie à son mal d’yeux en mangeant du fenouil.
Les prévoyances que les bêtes ont des changements de l'air ne
surpassent-elles pas toute intelligence raisonnable ? Lorsque l’hiver
approche, la brebis dévore sa pâture avidement, comme si elle se
remplissait pour le besoin à venir. Les boeufs qui, durant l’hiver, ont été
longtemps enfermés, connaissent, par un sentiment naturel, lorsque le
printemps approche, le changement de saison; du fond de leurs étables,
ils regardent la sortie des champs, et tournent leur tête de ce côté tous
ensemble comme à un même signal. Quelques observateurs curieux ont
remarqué que le hérisson de terre dispose dans sa retraite deux
soupiraux; que, lorsque l'aquilon doit souffler, il ferme celui du
septentrion; et que, lorsque le veut du midi prend la place, il passe au
soupirail opposé. Quelle est la leçon que nous donne la conduite de cet
animal? elle nous enseigne, non seulement que les soins du Créateur
s'étendent à tout, mais encore que les bêtes ont un certain pressentiment
de l'avenir, afin que nous ne soyons pas attachés à la vie présente, mais
que la vie future fixe nos désirs et occupe notre ardeur.
O homme, ne travaillerez-vous pas pour vous-même avec zèle? ne
vous ménagerez-vous pas dans la vie présente un repos pour la vie
future, en considérant l'exemple de la fourmi ? Elle amasse l'été sa
subsistance pour l'hiver ; et parce que les rigueurs de cette dernière
saison ne se font pas encore sentir, elle ne se livre pas à l'oisiveté, mais
elle s'excite au travail avec un zèle infatigable, jusqu'à ce qu'elle ait
déposé dans ses magasins une provision suffisante. Voyez quelle est sa
prudence et son activité, comme elle emploie
tous les moyens que peut lui fournir une sagesse intelligente pour
conserver ses grains le plus longtemps qu'il est possible. Elle les coupe
par le milieu avec ses petites serres, de peur que venant à germer, ils ne
soient inutiles pour sa nourriture: lorsqu'elle les voit mouillés, elle les fait
sécher au soleil; et elle ne les expose pas en tout temps, mais quand elle
s'aperçoit que l'air annonce une suite de plusieurs beaux jours. Aussi ne
voit-on jamais la pluie tomber du ciel tout le temps que le blé des fourmis
est exposé.
Quel orateur pourrait rapporter toutes les merveilles sorties de la
main de l'Ouvrier suprême? quel auditeur pourrait les comprendre ? quel
temps pourrait suffire pour les développer toutes et les détailler ? Disons
donc nous-mêmes avec le Prophète: Que vos oeuvres, Seigneur, sont
magnifiques ! vous avez tout fait avec sagesse (Ps. 103. 24)
Nous ne saurions dire pour nous excuser, que nous n'avons pas
appris dans les livres les connaissance utiles, puisque la loi de la nature,
qui n'a pas besoin d'être apprise, nous porte à choisir ce qui nous est
avantageux. Savez-vous quel bien vous pourrez faire à votre prochain?
c'est celui que vous voulez qu'un autre vous fasse. Savez-vous quel est le
mal? c'est ce que vous ne voudriez pas souffrir d'un autre. Aucune étude
des plantes et des racines n'a fait connaître aux bêtes celles qui leur sont
salutaires: chaque animal peut se fournir naturellement ce qui est
nécessaire à sa conservation ; il a en lui-même un rapport admirable avec
ce qui est selon la nature.
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