[8] Παυσώμεθα οὖν ἐπανορθούμενοι τὸν σοφόν. Παυσώμεθα τὸ βέλτιον
τῶν παρ´ αὐτοῦ γινομένων ἐπιζητοῦντες. Εἰ γὰρ
καὶ τῶν κατὰ μέρος οἰκονομουμένων διαφεύγουσιν
ἡμᾶς οἱ λόγοι, ἀλλ´ ἕν γε ἐκεῖνο δόγμα ταῖς ψυχαῖς
ἡμῶν ἐνυπαρχέτω, τὸ, μηδὲν κακὸν παρὰ τοῦ ἀγαθοῦ γίνεσθαι.
Ἐπεισέρχεται δὲ τούτῳ, κατὰ τὸ ἀκόλουθον τῆς
ἐννοίας, καὶ τὸ περὶ τοῦ διαβόλου ζήτημα. Πόθεν ὁ
διάβολος, εἰ μὴ παρὰ Θεοῦ τὰ κακά; Τί οὖν
φαμεν; Ὅτι ὁ αὐτὸς ἡμῖν ἀρκέσει καὶ περὶ τοῦ ζητήματος τούτου
λόγος, ὁ καὶ περὶ τῆς ἐν ἀνθρώποις
πονηρίας ἀποδοθείς. Πόθεν γὰρ πονηρὸς ὁ ἄνθρωπος;
Ἐκ τῆς οἰκείας αὐτοῦ προαιρέσεως. Πόθεν κακὸς ὁ διάβολος;
Ἐκ τῆς αὐτῆς αἰτίας, αὐθαίρετον
ἔχων καὶ αὐτὸς τὴν ζωὴν, καὶ ἐπ´ αὐτῷ κειμένην τὴν
ἐξουσίαν, ἢ παραμένειν τῷ Θεῷ, ἢ ἀλλοτριωθῆναι
τοῦ ἀγαθοῦ. Γαβριὴλ ἄγγελος, καὶ παρέστηκε τῷ
Θεῷ διηνεκῶς. Ὁ Σατανᾶς ἄγγελος, καὶ ἐξέπεσε τῆς
οἰκείας τάξεως παντελῶς. Κἀκεῖνον ἡ προαίρεσις
(p. 348) διεφύλαξεν ἐν τοῖς ἄνω, καὶ τοῦτον κατέῤῥιψε τῆς
γνώμης τὸ αὐτεξούσιον. Ἐδύνατο γὰρ κἀκεῖνος ἀποστατῆσαι,
καὶ οὗτος μὴ ἐκπεσεῖν. Ἀλλὰ τὸν μὲν
διεσώσατο τῆς ἀγάπης τοῦ Θεοῦ τὸ ἀκόρεστον· τὸν
δὲ ἀπόβλητον ἔδειξεν ἡ ἐκ Θεοῦ ἀναχώρησις. Τοῦτό
ἐστι τὸ κακὸν, ἡ τοῦ Θεοῦ ἀλλοτρίωσις. Μικρὰ περιστροφὴ
ὀφθαλμοῦ ἢ μετὰ ἡλίου ἡμᾶς εἶναι ποιεῖ, ἢ
μετὰ τῆς σκιᾶς τοῦ σώματος ἡμῶν. Κἀκεῖ μὲν ἀναβλέψαντι
ἕτοιμον τὸ φωτισθῆναι, ἀπονεύσαντι δὲ πρὸς
τὴν σκιὰν ἀναγκαία ἡ σκότωσις. Οὕτω πονηρὸς ὁ
διάβολος, ἐκ προαιρέσεως ἔχων τὴν πονηρίαν, οὐ φύσις
ἀντικειμένη τῷ ἀγαθῷ. Πόθεν οὖν αὐτῷ ὁ πρὸς
ἡμᾶς πόλεμος; Ὅτι, δοχεῖον ὢν πάσης κακίας, ἐδέξατο
καὶ τοῦ φθόνου τὴν νόσον, καὶ ἐβάσκηνεν ἡμῖν
τῆς τιμῆς. Οὐ γὰρ ἤνεγκεν ἡμῶν τὴν ἄλυπον ζωὴν
τὴν ἐν τῷ παραδείσῳ· δόλοις δὲ καὶ μηχαναῖς ἐξαπατήσας
τὸν ἄνθρωπον, καὶ τὴν ἐπιθυμίαν αὐτοῦ, ἣν
ἔσχε πρὸς τὸ ὁμοιωθῆναι τῷ Θεῷ, ταύτῃ πρὸς τὴν
ἀπάτην ἀποχρησάμενος, ἔδειξε τὸ ξύλον, καὶ ἐπηγγείλατο
διὰ τῆς βρώσεως αὐτοῦ ὅμοιον τῷ Θεῷ
καταστήσειν. Ἐὰν γὰρ φάγητε, φησὶν, ἔσεσθε ὡς
θεοὶ, γινώσκοντες καλὸν καὶ πονηρόν. Οὐκ ἐχθρὸς
τοίνυν ἡμῖν κατεσκευάσθη, ἀλλ´ ἐκ ζηλοτυπίας ἡμῖν
εἰς ἔχθραν ἀντικατέστη. Ὁρῶν γὰρ ἑαυτὸν ἐκ τῶν ἀγγέλων
καταῤῥιφέντα, οὐκ ἔφερε βλέπειν τὸν γήϊνον ἐπὶ
τὴν ἀξίαν τῶν ἀγγέλων διὰ προκοπῆς ἀνυψούμενον.
Ἐπειδὴ οὖν γέγονεν ἐχθρὸς, ἐφύλαξεν ἡμῖν ὁ Θεὸς
τὴν πρὸς αὐτὸν ἐναντίωσιν, δι´ ὧν τῷ ὑπηρετησαμένῳ
αὐτῷ θηρίῳ διελέγετο, πρὸς αὐτὸν ἀναφέρων
τὴν ἀπειλήν· ὅτι Ἔχθραν θήσω ἀναμέσον σοῦ καὶ
ἀναμέσον τοῦ σπέρματος αὐτῆς. Τῷ ὄντι γὰρ βλαβεραὶ
αἱ πρὸς τὴν κακίαν καταλλαγαί· ἐπειδὴ νόμος
οὗτος φιλίας δι´ ὁμοιότητος πέφυκε τοῖς συναπτομένοις ἐγγίνεσθαι.
Ὅθεν ὀρθῶς ἔχει τὸ, Φθείρουσιν ἤθη χρηστὰ ὁμιλίαι κακαί. Ὡς γὰρ ἐν τοῖς
νοσοποιοῖς χωρίοις ὁ κατὰ μέρος ἀναπνεόμενος ἀὴρ
λανθάνουσαν νόσον τοῖς ἐνδιαιτωμένοις ἐναποτίθεται·
οὕτως ἡ πρὸς τὰ φαῦλα συνήθεια μεγάλα κακὰ ταῖς
ψυχαῖς ἐναφίησι, κἂν τὴν παραυτίκα αἴσθησιν τὸ βλαβερὸν
διαφεύγῃ. Διὰ τοῦτο ἀδιάλλακτος ἡ πρὸς τὸν
ὄφιν ἔχθρα. Εἰ δὲ τὸ ὄργανον τοσούτου μίσους ἄξιον,
πόσον ἐχθραίνειν ἡμᾶς τῷ ἐνεργήσαντι προσῆκεν;
| [8] Cessons donc de vouloir corriger la sagesse suprême. Cessons de chercher
quelque chose de mieux que ce qu'elle a fait. Si les raisons des détails de son
gouvernement nous échappent, que ce principe du moins reste gravé dans nos âmes,
que rien de mauvais ne peut venir de l’Etre bon.
Un objet qui tient à ce que nous venons de dire, c'est la question faite sur le
démon. D'où vient le démon, si le mal ne vient pas de Dieu ? Que dirons-nous à cela ?
La raison que nous avons donnée pour expliquer la perversité de l'homme, suffira
pour ce qui regarde le démon. Comment l'homme est-il pervers ? par un effet de sa
volonté propre. Comment le démon est-il méchant ? par la même cause, puisqu'il était
doué lui-même de la liberté, et qu'il avait en lui le pouvoir de rester fidèle au Très-Haut,
ou de se séparer de l'Etre bon. L'ange Gabriel est sans cesse présent devant
Dieu (Luc. 19). Satan était ange, et il est tombé de son rang sublime. La volonté a
conservé l'un dans sa place élevée, le libre arbitre a précipité l'autre. Celui qui s'est
maintenu pouvait manquer : l’autre pouvait ne pas tomber. La charité divine dont il
était insatiable a sauvé l'un : la révolte contre Dieu a réprouvé l'autre. Le vrai mal est
d’être séparé de Dieu. Une légère conversion de nous fait communiquer avec le soleil
ou avec l’ombre de notre corps. Si nous tournons nos regards en haut, nous sommes
sur-le-champ éclairés ; si nous les abaissons vers l’ombre, nous sommes
nécessairement dans les ténèbres. Ainsi le démon est méchant par sa volonté, sans
que sa nature fût essentiellement opposée à l’Etre bon. Pourquoi donc est-il en guerre
avec nous ? c’est qu'étant le réceptacle de toute malice, il a reçu la passion de l'envie
qui l'a rendu jaloux de mes prérogatives ; il n'a pu supporter de nous voir mener une
vie exempte de douleur, dans un lieu de délices. Trompant l’homme par ses artifices
et par ses ruses, abusant, pour le séduire, du désir qu'il avait d'être semblable à Dieu,
il lui montra l’arbre, et lui promit de le rendre semblable à Dieu s’il mangeait de son
fruit. Si vous mangez du fruit de cet arbre, lui dit-il, vous serez comme des dieux
connaissant le bien et le mal (Gen. 3. 5). Le démon n’a donc pas été créé notre
ennemi, mais il l'est devenu par la jalousie qu'il nous portait. Comme il se voyait lui-même précipité du rang des anges, il ne put voir sans douleur un être terrestre qui,
par sa vertu, s'élevait à la dignité angélique. Puis donc que le démon est devenu notre
ennemi, Dieu a mis en nous une opposition avec cet esprit impur, en lui faisant cette
menace par le discours qu'il adresse au serpent dont il avait emprunté l’organe : Je
mettrai une inimitié entre toi et la race de la femme (Gen. 3. 15). Les liaisons avec
les méchants sont vraiment nuisibles, d'autant plus que c’est une loi de l'amitié de se
rapprocher de ses amis par la ressemblance. Il est donc bien vrai de die que les
mauvais entretiens corrompent les bonnes moeurs (I. Cor. 15. 33). Et comme dans
des lieux malsains, l'air qu'on respire cause insensiblement une maladie à ceux qui les
habitent, de même le commerce des médians porte de grands préjudices aux âmes,
quoiqu'on ne s'en aperçoive pas aussitôt. C'est pour cela que le serpent a été déclaré
notre ennemi irréconciliable. Mais si l'organe qu'a emprunté le démon est digne d'une
si grande haine, combien ne devons-nous pas être animés contre le démon lui-même
qui a agi par son ministère ?
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