[5] Ταῦτα δὴ οὖν εἰδὼς παρὰ Θεοῦ, καὶ διῃρημένα ἔχων παρὰ σεαυτῷ
τοῦ κακοῦ τὰ εἴδη, καὶ εἰδὼς τί μὲν τὸ ὄντως κακὸν, ὅτι ἡ ἁμαρτία,
ἧς τὸ τέλος ἀπώλεια· τί δὲ τὸ δοκοῦν μὲν κακὸν διὰ τὸ τῆς
αἰσθήσεως ἀλγεινὸν, ἀγαθοῦ δὲ δύναμιν ἔχον, ὡς αἱ
κακώσεις αἱ πρὸς ἐποχὴν τῆς ἁμαρτίας ἐπαγόμεναι,
ὧν οἱ καρποὶ σωτηρία ψυχῶν αἰώνιος· παῦσαι
δυσαρεστούμενος ταῖς θείαις οἰκονομίαις· ὅλως δὲ
μήτε Θεὸν αἴτιον ἡγοῦ τῆς ὑπάρξεως τοῦ κακοῦ, μήτε
ἰδίαν ὑπόστασιν τοῦ κακοῦ εἶναι φαντάζου. Οὐ γάρ
ἐστιν ὑφεστὼς, ὥσπερ τι ζῶον, ἡ πονηρία· οὔτε οὐσίαν
αὐτῆς ἐνυπόστατον παραστῆσαι ἔχομεν. Στέρησις γὰρ ἀγαθοῦ
ἐστι τὸ κακόν. Ὀφθαλμὸς ἐκτίσθη· τυφλότης δὲ τῇ ἀπωλείᾳ
τῶν ὀφθαλμῶν ἐπεγένετο.
Ὥστε, εἰ μὴ ἦν φθαρτῆς φύσεως ὁ ὀφθαλμὸς, οὐκ
ἂν ἕσχεν ἡ τυφλότης παρείσδυσιν. Οὕτω καὶ τὸ κακὸν
οὐκ ἐν ἰδίᾳ ὑπάρξει ἐστὶν, ἀλλὰ τοῖς τῆς ψυχῆς
πηρώμασιν ἐπιγίνεται. Οὔτε γὰρ ἀγέννητόν
ἐστιν, ὡς ὁ τῶν ἀσεβῶν λόγος, ὁμότιμον ποιούντων
τῇ ἀγαθῇ φύσει τὴν πονηρὰν, εἴπερ ἀμφότερα ἄναρχα καὶ
γενέσεώς ἐστιν ἀνώτερα· οὔτε
μὴν γεννητόν. Εἰ γὰρ πάντα ἐκ τοῦ Θεοῦ, πῶς
τὸ κακὸν ἐκ τοῦ ἀγαθοῦ; Οὐδὲ γὰρ τὸ αἰσχρὸν
ἀπὸ τοῦ καλοῦ, οὔτε ἡ κακία ἀπὸ τῆς ἀρετῆς.
Ἀνάγνωθι τὴν κοσμοποιίαν, καὶ εὑρήσεις,
ὅτι ἐκεῖ Πάντα καλὰ, καὶ καλὰ λίαν. Οὐ τοίνυν τὸ
κακὸν τοῖς καλοῖς συνεκτίσθη. Ἀλλ´ οὐδὲ ἡ νοητὴ
κτίσις, γενομένη παρὰ τοῦ Δημιουργοῦ, ἀναμεμιγμένη
τῇ πονηρίᾳ εἰς τὸ εἶναι παρήχθη. Εἰ γὰρ
τὰ σωματικὰ οὐκ ἔσχεν ἐν ἑαυτοῖς τὸ κακὸν συγκτιζόμενον,
(p. 344) πῶς ἂν τὰ νοητὰ, τοσοῦτον καθαρότητι καὶ ἁγιασμῷ
διαφέροντα, κοινὴν ἂν ἔσχε πρὸς τὸ κακὸν τὴν ὑπόστασιν;
| [5] Instruit par Dieu même, sachant distinguer les différentes sortes de maux, voyant
ce qui est véritablement mal, comme le péché dont la fin est la mort, et ce qui n'est
mal qu'en apparence mais ce qui a la force du bien, comme les afflictions qui sont
envoyées pour couper cours au péché, dont les fruits sont le salut éternel des âmes ;
cessez de vous plaindre des dispositions du Très-haut, et en général ne regardez pas
Dieu comme l'auteur de la substance du mal, ne vous imaginez pas que le mal soit
une substance particulière. Non, la perversité n'est pas une créature vivante ; nous
ne pouvons pas nous la représenter comme quelque chose qui existe
réellement. Le mal est la privation du bien. L'oeil a été créé. La cécité est survenue
par la perte des yeux ; de sorte que si l'oeil n'eût pas été d'une nature corruptible, la
cécité n'aurait pu s'introduire. Ainsi le mal n'a pas une substance particulière, mais
survient par les blessures faites à l'âme. On ne peut pas dire qu'il soit incréé, comme
le disent ces impies qui accordent à la nature mauvaise le même honneur qu'à la
nature bonne, puisque, suivant eux, l'une et l'autre est sans principe et avant toute
création. On ne peut dire non plus qu'il ait été créé: car si tout vient de Dieu,
comment l'être mauvais est-il venu de l'être bon ? ce qui est honteux ne vient pas de
ce qui est honnête, ni le vice de la vertu. Lisez la création du monde, et vous verrez
que tout ce que Dieu a créé était bon et très-bon. Le mal n'a donc pas été créé avec le
bien. La créature spirituelle, ouvrage de Dieu, n'a pas reçu l'existence avec un
mélange de perversité. En effet, s'il est vrai que les êtres corporels n'avaient pas en
eux de mal avec lequel ils aient été créés ; comment les êtres spirituels, qui
l'emportent tellement pour la pureté et la sainteté, auraient-ils une substance
commune avec le mal ?
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