HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Dieu n'est pas l'auteur du mal

Chapitre 2

  Chapitre 2

[2] Πόθεν οὖν, φησὶν, αἱ νόσοι; πόθεν αἱ τῶν θανάτων ἀωρίαι; πόθεν αἱ πανωλεθρίαι τῶν πόλεων; τὰ ναυάγια, οἱ πόλεμοι, οἱ λοιμοί; Καὶ γὰρ κακὰ, φησὶ, ταῦτα, καὶ πάντα Θεοῦ ποιήματα. Ὥστε τίνα ἔχομεν ἄλλον καὶ οὐχὶ τὸν Θεὸν τῶν γινομένων ἐπαιτιάσασθαι; Δεῦρο δὴ οὖν, ἐπειδὴ εἰς τὸ πολυθρύλλητον ἐμπεπτώκαμεν ζήτημα, ἐπί τινα ὁμολογουμένην ἀρχὴν τὸν λόγον ἀναγαγόντες, φιλοπονώτερον διαλαβόντες τὸ πρόβλημα, τρανὴν καὶ ἀσύγχυτον τὴν περὶ αὐτοῦ ἐξήγησιν πειραθῶμεν ποιήσασθαι. Ἓν μὲν δὴ τοῦτο ἔχειν δεῖ προειλημμένον ἐν ταῖς διανοίαις ἡμῶν, ὅτι, ποίημα ὄντες τοῦ ἀγαθοῦ Θεοῦ, καὶ ὑπ´ αὐτοῦ συγκροτούμενοι, μικρά τε καὶ μείζω περὶ ἡμᾶς οἰκονομοῦντος, οὔτε πάθοιμεν ἄν τι, μὴ βουλομένου Θεοῦ, οὔτε μὴν ὧν πάσχομεν βλαβερόν τί ἐστιν, τοιοῦτον, ὥστε ἐνεῖναι βέλτιόν τι κἀν ἐπινοίᾳ λαβεῖν. Ἐκ Θεοῦ μὲν γὰρ οἱ θάνατοι· οὐ μὴν πονηρὸν πάντως θάνατος, πλὴν εἰ μή τις λέγοι τὸν τοῦ ἁμαρτωλοῦ· διότι τῶν ἐν ᾅδου κολάσεων ἀρχὴ τυγχάνει ἀπαλλαγὴ τῶν ἐντεῦθεν. Πάλιν δὲ τὰ ἐν ᾅδου κακὰ οὐ Θεὸν ἔχει τὸν αἴτιον, ἀλλ´ ἡμᾶς αὐτούς. Ἀρχὴ γὰρ καὶ ῥίζα τῆς ἁμαρτίας τὸ ἐφ´ ἡμῖν καὶ τὸ αὐτεξούσιον. Οἷς γὰρ ἐξῆν ἀπεχομένοις τοῦ κακοῦ μηδὲν δεινὸν ἔχειν, οὗτοι δι´ ἡδονῆς (p. 333) εἰς τὴν ἁμαρτίαν δελεασθέντες, τίνα ἂν εἴποιμεν εὐπρεπῆ λόγον, τὸ μὴ οὐχὶ αὐτοὶ ἑαυτοῖς αἴτιοι τῶν ἀλγεινῶν γεγενῆσθαι; Κακὸν τοίνυν τὸ μὲν ὡς πρὸς τὴν ἡμετέραν αἴσθησιν, τὸ δὲ ὡς πρὸς τὴν ἑαυτοῦ φύσιν. Τὸ μὲν οὖν φύσει κακὸν ἐξ ἡμῶν ἤρτηται, ἀδικία, ἀσέλγεια, ἀφροσύνη, δειλία, φθόνοι, φόνοι, φαρμακεῖαι, ῥᾳδιουργίαι, καὶ ὅσα τούτοις συγγενῆ παθήματα, τὴν κατ´ εἰκόνα τοῦ κτίσαντος γεγενημένην ψυχὴν καταῤῥυπαίνοντα, ἐπισκοτεῖν αὐτῆς τῷ κάλλει πέφυκε. Πάλιν κακὸν λέγομεν τὸ ἡμῖν ἐπίπονον καὶ ὀδυνηρὸν πρὸς τὴν αἴσθησιν, νόσον σώματος, καὶ πληγὰς σώματος, καὶ τῶν ἀναγκαίων τὴν ἔνδειαν, καὶ ἀδοξίας, καὶ χρημάτων ζημίας, καὶ οἰκείων ἀποβολάς· ὧν ἕκαστον ἡμῖν ὑπὸ τοῦ φρονίμου καὶ ἀγαθοῦ Δεσπότου πρὸς τὸ συμφέρον ἐπάγεται. Πλοῦτον μὲν γὰρ ἀφαιρεῖται τῶν κακῶς κεχρημένων, τὸ πρὸς ἀδικίαν αὐτῶν ὄργανον διαφθείρων· νόσον δὲ ἐπάγει, οἷς λυσιτελέστερον τὸ πεπεδῆσθαι τοῖς μέλεσιν, ἀκωλύτους ἔχειν τὰς πρὸς τὸ ἁμαρτάνειν ὁρμάς· θάνατοι δὲ ἐπάγονται, τῶν ὅρων τῆς ζωῆς πληρωθέντων, οὓς ἐξ ἀρχῆς περὶ ἕκαστον ἔπηξεν δικαία τοῦ Θεοῦ κρίσις, πόῤῥωθεν τὸ περὶ ἕκαστον ἡμῶν συμφέρον προβλεπομένου· λιμοὶ δὲ καὶ αὐχμοὶ, καὶ ἐπομβρίαι, κοιναί τινές εἰσι πληγαὶ πόλεων καὶ ἐθνῶν, τοῦ κακοῦ τὴν ἀμετρίαν κολάζουσαι. Ὡς οὖν εὐεργέτης ἰατρὸς, κἂν πόνους, κἂν ἀλγηδόνας ἐμποιῇ τῷ σώματι (τῇ νόσῳ γὰρ μάχεται, οὐχὶ τῷ κάμνοντιοὕτως ἀγαθὸς Θεὸς, τὴν σωτηρίαν τῷ παντὶ διὰ τῶν μερικῶν κολάσεων διοικούμενος. Σὺ δὲ τῷ ἰατρῷ μὲν οὐδὲν ἐγκαλεῖς, τὰ μὲν τέμνοντι, τὰ δὲ καίοντι, τὰ δὲ παντελῶς ἐξαιροῦντι τοῦ σώματος· ἀλλὰ καὶ χρήματά που ὑποτελεῖς, καὶ σωτῆρα προσαγορεύεις, ὅτι ἐν ὀλίγῳ μέρει τὴν νόσον ἵστησι, πρὶν εἰς ὅλον τὸ σῶμα τὸ πάθος διαχυθῆναι. Ὅταν δὲ ἴδῃς πόλιν ἐπικατασεισθεῖσαν τοῖς ἐνοικοῦσιν, πλοῖον αὔτανδρον κατὰ θαλάσσης διαλυθὲν, κατὰ τοῦ ἀληθινοῦ ἰατροῦ καὶ σωτῆρος γλῶσσαν κινεῖν βλάσφημον οὐκ ὀκνεῖς. Καίτοιγε ἐχρῆν συνιέναι, ὅτι, μέτρια μὲν καμνόντων καὶ ἰάσιμα τῶν ἀνθρώπων, αἱ ἐξ ἐπιμελείας ὠφέλειαι παραλαμβάνονται· ὅταν δὲ κρεῖττον ἀποδειχθῇ τῆς θεραπείας τὸ πάθος, ἀναγκαία γίνεται τοῦ ἀχρειωθέντος ἀλλοτρίωσις, ὡς μὴ διὰ συνεχείας τὴν νόσον βαδίζουσαν ἐπὶ τὰ καίρια προελθεῖν. Ὥσπερ οὖν τῆς τομῆς τοῦ καυτῆρος οὐχ ἰατρὸς αἴτιος, ἀλλ´ νόσος· οὕτω καὶ οἱ τῶν πόλεων ἀφανισμοὶ, ἐκ τῆς ἀμετρίας τῶν ἁμαρτανομένων τὴν ἀρχὴν ἔχοντες, τὸν Θεὸν ἁπάσης μέμψεως ἀπολύουσιν. [2] D'où viennent donc, dira-t-on, les maladies, les morts prématurées, les destructions de villes les naufrages, les guerres, les pestes : toutes ces calamités sont des maux, et toutes sont l'ouvrage de Dieu. Ainsi à quel autre qu'à Dieu attribuer tout ce qui arrive ? Puisque nous sommes tombés sur une question célèbre et qui est fort agitée, nous allons l'examiner avec le plus grand soin; et prenant des principes convenus, nous tâcherons de l'expliquer de la manière la plus claire et la moins confuse. Avant tout, il faut bien nous persuader qu'étant l'ouvrage de Dieu, conservés par ce même Dieu, qui entre à notre égard dans les moindres détails, nous ne pouvons rien souffrir contre sa volonté, et que ce que nous souffrons ne nous est pas nuisible, ni tel que nous puissions rien imaginer de meilleur. La mort vient de Dieu; mais la mort n'est point du tout un mal, si ce n'est la mort du pécheur, parce que la sortie de ce monde est pour lui le commencement des supplices de l'enfer. Quant aux tourments de l'enfer, ils n'ont pas Dieu pour auteur, mais nous-mêmes, puisque la source et le principe du péché viennent de nous et de notre libre arbitre. Nous pouvions ne rien éprouver de fâcheux en nous abstenant du mal; nous avons été entraînés dans le péché par l'attrait du plaisir ; par quelle raison spécieuse pourrions-nous donc soutenir que nous ne sommes pas nous mêmes la cause de nos peines ? Une chose est mauvaise par rapport à nos sens ou par sa propre nature. Ce qui est mauvais par sa nature dépend de nous: l’injustice, l'insolence, la sottise, la lâcheté, la jalousie, les meurtres, les empoisonnements, les impostures, et tous les autres vices semblables qui souillent une âme faite à l’image du Créateur et qui obscurcissent sa beauté. Nous appelons encore mauvais ce qui est pénible et douloureux pour nos sens : les maladies, les blessures, le manque du nécessaire, la diffamation, les pertes d'argent, la mort de nos proches et de nos amis. Chacun de ces maux nous est envoyé pour notre utilité par un maître sage et bon. S'il nous ôte les richesses quand nous en usons mal, c'est pour nous ôter un instrument d'injustice. Il nous envoie la maladie, parce qu'il nous est plus utile que les membres de notre corps soient enchaînés par la douleur, que d'avoir les mouvements de la concupiscence libres pour le péché. Il nous envoie la mort, lorsque le terme de notre vie est accompli, terme qu'un juste jugement de Dieu a marqué pour chacun dès le commencement, prévoyant de loin ce qui est utile à chacun de nous. Les pestes, les sécheresses, les inondations, sont les fléaux communs des peuples et des villes, propres à punir leurs excès. Comme donc un médecin est regardé comme bienfaiteur, quoiqu'il cause des peines et des douleurs au corps, parce qu’il attaque la maladie et non le malade ; de même Dieu est bon, parce qu'il sauve le tout en punissant des parties. Loin de faire des reproches à un médecin, qui coupe, bride, ou retranche entièrement des parties du corps, vous le payez, vous l’appelez sauveur, parce qu’aux dépens d’une modique partie du corps, il arrête le mal avant qu'il le gagne tout entier. Et lorsque, dans un tremblement de terre, vous voyez une ville s’écrouler surs ses habitants, ou un vaisseau disparaître au milieu de la mer avec les hommes qu'il portait, vous vous permettez des murmures et des blasphèmes contre le vrai Médecin et le véritable Sauveur ! Cependant vous deviez comprendre que, dans les maladies humaines qui sont peu considérables et qui peuvent être guéries, on se contente d'employer des remèdes utiles ; mais lorsqu'elles sont au-dessus de tout remède, il faut nécessairement retrancher les parties gangrenées, de peur que le mal gagnant de proche en proche, n'arrive jusqu’aux sources de la vie. De même donc que ce n'est pas le médecin; mais la maladie qui est cause qu'on emploie le fer et le feu ; ainsi, dans les destructions de villes, qui ont pour principe les excès de leurs crimes, Dieu est déchargé de tout reproche.


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Dernière mise à jour : 6/04/2009