[10] Ἀγωνιστὴς τοίνυν ἕστηκεν ἡμῖν ὁ διάβολος διὰ τὸ
ἐξ ἐπηρείας πάλαι γενόμενον ἡμῖν πτῶμα, τοῦ Κυρίου
οἰκονομήσαντος ἡμῖν τὴν πρὸς αὐτὸν
πάλην, ὥστε διὰ τῆς ὑπακοῆς ἀναπαλαῖσαι ἡμᾶς,
καὶ καταστεφανωθῆναι τοῦ ἀντιδίκου. Εἴθε μὲν
γὰρ μὴ ἐγεγόνει διάβολος, ἀλλ´ ἔμεινεν ἐν τῇ τάξει,
ἐν ᾗ ἐξ ἀρχῆς ἐτάχθη παρὰ τοῦ ταξιάρχου! ἐπειδὴ
δὲ γέγονεν ἀποστάτης, ἐχθρὸς μὲν Θεοῦ, ἐχθρὸς δὲ
ἀνθρώπων τῶν κατ´ εἰκόνα Θεοῦ γεγενημένων (διὰ
τοῦτο γάρ ἐστι μισάνθρωπος, διότι καὶ θεομάχος·
καὶ μισεῖ μὲν ἡμᾶς ὡς κτήματα τοῦ Δεσπότου,
μισεῖ δὲ ὡς ὁμοιώματα τοῦ Θεοῦ)· συνεχρήσατο οὖν
αὐτοῦ τῇ πονηρίᾳ εἰς γυμνάσιον τῶν ἡμετέρων ψυχῶν
ὁ σοφῶς καὶ προνοητικῶς οἰκονομῶν τὰ ἀνθρώπινα,
ὥσπερ ἰατρὸς τῷ τῆς ἐχίδνης ἰῷ εἰς σωτηρίων φαρμάκων
κατασκευὴν ἀποχρώμενος. Τίς οὖν ἦν ὁ
διάβολος; καὶ τίς ἡ τάξις; καὶ τί τὸ ἀξίωμα; καὶ
πόθεν ὅλως Σατανᾶς προσηγόρευται; Σατανᾶς
μὲν οὖν, διὰ τὸ ἀντικεῖσθαι τῷ ἀγαθῷ· οὕτω γὰρ
σημαίνει ἡ φωνὴ τῶν Ἑβραίων, ὡς ἐν ταῖς Βασιλείαις
(p. 352) μεμαθήκαμεν· Ἐξήγειρε γὰρ, φησὶ, Κύριος
τῷ Σολομῶντι Σατᾶν, Ἄδερ τὸν βασιλέα τῶν Σύρων·
διάβολος δὲ, ἐπειδὴ ὁ αὐτὸς καὶ συνεργὸς
τῆς ἁμαρτίας ἡμῶν καὶ κατήγορος γίνεται· χαίρων
μὲν ἡμῶν ἀπωλείᾳ, παραδειγματίζων δὲ ἡμᾶς
ἐπὶ τοῖς πεπραγμένοις. Φύσις δὲ αὐτοῦ ἀσώματος,
κατὰ τὸν Ἀπόστολον, τὸν εἰπόντα· Οὐκ ἔστιν ἡμῖν ἡ
πάλη πρὸς αἷμα καὶ σάρκα, ἀλλὰ πρὸς τὰ πνευματικὰ
τῆς πονηρίας. Ἀξίωμα δὲ ἀρχικόν· Πρὸς
γὰρ τὰς ἀρχὰς, φησὶ, καὶ τὰς ἐξουσίας, καὶ τοὺς
κοσμοκράτορας τοῦ σκότους τούτου. Τόπος δὲ τῆς
ἀρχῆς ὁ ἐναέριος, ὥς φησιν ὁ αὐτός· Κατὰ τὸν
ἄρχοντα τῆς ἐξουσίας τοῦ ἀέρος, τοῦ πνεύματος
τοῦ νῦν ἐνεργοῦντος ἐν τοῖς υἱοῖς τῆς ἀπειθείας.
Διὰ τοῦτο καὶ κόσμου ἄρχων λέγεται, ἐπειδὴ
περίγειος αὐτοῦ ἐστιν ἡ ἀρχή. Καὶ οὕτως φησὶν ὁ
Κύριος· Νῦν κρίσις ἐστὶ τοῦ κόσμου τούτου, νῦν
ὁ ἄρχων τοῦ κόσμου τούτου ἐκβληθήσεται ἔξω.
Καὶ πάλιν· Ἔρχεται ὁ ἄρχων τοῦ κόσμου
τούτου, καὶ ἐν ἐμοὶ εὑρήσει οὐδέν.
Ἐπειδὴ δὲ εἴρηται περὶ τῆς στρατιᾶς τοῦ διαβόλου,
ὅτι Πνευματικά ἐστι τῆς πονηρίας ἐν τοῖς
ἐπουρανίοις, εἰδέναι χρὴ, ὅτι οὐρανὸν συνήθως ἡ
Γραφὴ τὸν ἀέρα λέγει, ὡς τὸ, Τὰ πετεινὰ τοῦ οὐρανοῦ·
καὶ τὸ, Ἀναβαίνουσιν ἕως τῶν οὐρανῶν·
τουτέστιν, ἐπὶ πολὺ τοῦ ἀέρος ὑψοῦνται. Διὰ τοῦτο
καὶ ὁ Κύριος Εἶδε τὸν Σατανᾶν ὡς ἀστραπὴν ἐκ
τοῦ οὐρανοῦ πεσόντα· τουτέστι, τῆς οἰκείας ἀρχῆς
ἐκπεσόντα, καὶ κάτω γενόμενον, ἵνα πατῆται ὑπὸ
τῶν εἰς Χριστὸν ἠλπικότων. Ἔδωκε γὰρ δύναμιν
τοῖς ἑαυτοῦ μαθηταῖς τοῦ πατεῖν ἐπάνω ὄφεων καὶ
σκορπίων, καὶ ἐπὶ πᾶσαν τὴν δύναμιν τοῦ ἐχθροῦ.
Ἐπεὶ οὖν ἐξεβλήθη ἡ πονηρὰ αὐτοῦ τυραννὶς, καὶ
ἐκαθάρθη ὁ περίγειος τόπος διὰ τοῦ σωτηρίου
πάθους, τοῦ εἰρηνεύσαντος τὰ ἐπὶ τῆς γῆς καὶ τὰ ἐν
τοῖς οὐρανοῖς, κηρύσσεται ἡμῖν λοιπὸν ἡ βασιλεία
τῶν οὐρανῶν· Ἰωάννου μὲν λέγοντος· Ἤγγικεν ἡ
βασιλεία τῶν οὐρανῶν· τοῦ Κυρίου δὲ πανταχοῦ
τὸ Εὐαγγέλιον τῆς βασιλείας κηρύσσοντος· καὶ ἔτι
πρότερον τῶν ἀγγέλων βοώντων· Δόξα ἐν ὑψίστοις
Θεῷ, καὶ ἐπὶ γῆς εἰρήνη· καὶ τῶν ἀγαλλιωμένων
ἐπὶ τῇ εἰς Ἱερουσαλὴμ εἰσόδῳ τοῦ Κυρίου ἡμῶν, καὶ
κραζόντων· Εἰρήνη ἐν οὐρανοῖς, καὶ δόξα ἐν
ὑψίστοις. Καὶ ὅλως, μυρίαι εἰσὶ τῶν ἐπινικίων αἱ
φωναὶ, τὴν εἰς τέλος καθαίρεσιν τοῦ ἐχθροῦ παριστῶσαι,
ὡς οὐδεμιᾶς πάλης, οὐδὲ ἀγῶνος ἐν τοῖς
ἄνω ὑπολειπομένου ἡμῖν, οὐδέ τινος ἀνθισταμένου
καὶ παρατρέποντος ἡμᾶς τῆς μακαρίας ζωῆς, ἀλλ´,
(p. 353) ἄλυπον ἡμῶν τὴν διαδοχὴν ἐχόντων πρὸς τὸ ἑξῆς,
καὶ ἀπολαυόντων ἡμῶν τοῦ ξύλου τῆς ζωῆς εἰς τὸ
διηνεκὲς, οὗ μετασχεῖν ἐξ ἀρχῆς διὰ τὴν τοῦ ὄφεως
ἐπιβουλὴν ἐκωλύθημεν. Ἔταξε γὰρ ὁ Θεὸς τὴν
φλογίνην ῥομφαίαν φυλάσσειν τὴν ὁδὸν τοῦ
ξύλου ζωῆς· ἣν παρελθόντες ἀκωλύτως, εἴσω γενοίμεθα
τῆς ἀπολαύσεως τῶν καλῶν ἐν Χριστῷ Ἰησοῦ τῷ Κυρίῳ
ἡμῶν, ᾧ ἡ δόξα καὶ τὸ κράτος εἰς τοὺς αἰῶνας. Ἀμήν.
| [10] Le démon est donc notre adversaire, parce que cet esprit impur ayant causé dans
l'origine notre chute par ses artifices, le Seigneur a réglé que nous serions en guerre
avec lui, afin que renouvelant le combat, nous puissions triompher, par notre
obéissance, de cet ennemi irréconciliable. Il serait à désirer que le démon n’eût existé
jamais, qu'il fût resté dans le rang où il avait été placé d'abord par le Souverain du
ciel. Mais ayant abandonné son poste sublime il est devenu ennemi de Dieu, ennemi
des hommes faits à l’image de lieu. C'est pour cela qu’il ne cesse de haïr les humains
et de combattre le Très-Haut. Il nous hait comme l’héritage du Maître suprême, il
nous hait comme les images d'un Dieu qu’il déteste. Aussi le sage et prévoyant
Ordonnateur des choses humaines s'est-il servi de sa méchanceté pour exercer nos
âmes, comme un médecin se sert du venin de la vipère pour composer de salutaires
remèdes. Quel est donc le démon ? quel est son rang ? quelle est sa dignité ?
pourquoi enfin est-il appelé Satan ? Il est appelé Satan parce qu'il est opposé à l’Etre
bon. C'est ce que signifie le mot hébreu, comme nous l’apprenons dans les livres des
Rois. Le Seigneur, dit l'Ecriture, suscita à Salomon un Satan (c'est-à-dire un ennemi),
Ader, roi des Syriens (3. Rois 11. 14). Il est appelé Diable, c'est-à-dire
calomniateur, parce qu’il nous jette dans le péché en même temps qu'il nous accuse ;
parce que se réjouit de notre perte et qu'il insulte à nos fautes. Sa nature est
incorporelle, selon ce que dit l'Apôtre : Nous n'avons pas à combattre contre des
hommes de chair et de sang, mais contre des esprits de malice (Eph. 6. 12). Sa
dignité est celle de commandant et de prince : Nous avons à combattre, dit le même
saint Paul, contre les principautés, contre les puissances, contre les princes de ce
monde, les princes de ce siècle ténébreux (Eph. 2.2). Le lieu de sa principauté est
dans l’air, comme dit le même apôtre : Selon le prince des puissances de l’air, cet
esprit qui exerce maintenant son pouvoir sur les enfants de l'incrédulité (Eph. 2).
C'est pour cela qu'il est aussi appelé le prince du monde, parce que son empire est
autour de la terre. Ecoutons le Seigneur lui-même : C'est maintenant, dit-il, que le
monde va être jugé ; c'est maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors
(Jean. 12. 31). Et ailleurs : Le prince de ce monde va venir, et il ne trouvera rien en
moi qui lui appartienne (Jean. 14.30). Puisqu'en parlant de l'armée du démon, saint
Paul dit que ce sont des esprits de malice répandus dans le ciel, il est bon de savoir
que l'Ecriture a coutume de donner le nom de ciel à l'air : par exemple, les oiseaux du
ciel (Matth. 6. 26) ; et ailleurs, ils montent jusqu'aux cieux (Ps. 106. 26), c'est-à-dire,
ils s'élèvent fort haut dans l'air. C'est pour cela que le Seigneur a vu Satan
tombé du ciel comme un éclair (Luc. 10.18), c'est-à-dire, tombé de son propre
empire et étendu en bas, afin qu’il soit foulé aux pieds par ceux qui espèrent en
Jésus-Christ : car le Seigneur a donné a ses disciples le pouvoir de fouler aux pieds les
serpents, les scorpions et toute la puissance de l'ennemi (Luc. 10. 19). Depuis donc
que la tyrannie odieuse du démon a été chassée de son empire, et que les lieux
circonvoisins de la terre ont été purifiés par la Passion salutaire de celui qui a pacifié
ce qui est sur la terre et dans le ciel (Col. 1. 20), le royaume des cieux nous est
prêché; Jean-Baptiste dit : Le royaume des cieux approche (Matth. 3. 2) ; le
Seigneur prêche partout l'Evangile du royaume (Matth. 4. 23) ; les anges s'écrient :
Gloire au plus haut des cieux et paix sur la terre (Luc. 14) ; ceux qui reçoivent notre
Seigneur en triomphe dans Jérusalem, s'écrient aussi : Paix dans les cieux et gloire
dans les lieux très-hauts (Luc. 19. 38). Et en général, il est mille cris de victoire qui
annoncent la destruction entière de notre ennemi, et qu'il ne nous reste plus dans les
lieux supérieurs de combat à livrer, ni d'adversaire qui nous éloigne de la vie
bienheureuse ; mais que par la suite nous serons constitués dans un état paisible, que
nous jouirons pour toujours du bois de vie auquel les ruses du démon nous ont
empêché de participer dès le commencement : car Dieu a placé une épée de feu pour
défendre d'approcher du bois de vie (Gen. 3. 24). Puissions-nous franchir le passage
sans obstacle, entrer dans les cieux, et y jouir des biens éternels en Jésus-Christ notre
Seigneur, à qui soient la gloire et l'empire dans tous les siècles ! Ainsi soit-il.
|