[5,10] 40. Περὶ δὲ τῆς ὑπὸ Ἱέρωνος τοῦ Συρακοσίου κατασκευασθείσης νεώς, ἧς καὶ
Ἀρχιμήδης ἦν ὁ γεωμέτρης ἐπόπτης, οὐκ ἄξιον εἶναι κρίνω σιωπῆσαι, σύγγραμμα
ἐκδόντος Μοσχίωνός τινος, ᾧ οὐ παρέργως ἐνέτυχον ὑπογυίως. Γράφει οὖν ὁ Μοσχίων
οὕτως·
« Διοκλείδης μὲν ὁ Ἀβδηρίτης θαυμάζεται ἐπὶ τῇ πρὸς τὴν Ῥοδίων πόλιν ὑπὸ
Δημητρίου προσαχθείσῃ τοῖς τείχεσιν ἑλεπόλει, (206e) Τίμαιος δ´ ἐπὶ τῇ πυρᾷ τῇ
κατασκευασθείσῃ Διονυσίῳ τῷ Σικελίας τυράννῳ, καὶ Ἱερώνυμος ἐπὶ τῇ κατασκευῇ τῆς
ἁρμαμάξης, ᾗ συνέβαινε κατακομισθῆναι τὸ Ἀλεξάνδρου σῶμα, Πολύκλειτος δ´ ἐπὶ τῷ
λυχνίῳ τῷ κατασκευασθέντι τῷ Πέρσῃ· Ἱέρων δὲ ὁ Συρακοσίων βασιλεύς, ὁ πάντα
Ῥωμαίοις φίλος, ἐσπουδάκει μὲν καὶ περὶ ἱερῶν καὶ γυμνασίων κατασκευάς, ἦν δὲ
καὶ περὶ ναυπηγίας φιλότιμος, πλοῖα σιτηγὰ κατασκευαζόμενος, (206f) ὧν ἑνὸς τῆς
κατασκευῆς μνησθήσομαι. Εἰς ὕλην μὲν ξύλωσιν ἐκ τῆς Αἴτνης παρεσκεύαστο ἑξήκοντα
τετρηρικῶν σκαφῶν (τὸ) πλῆθος ἐξεργάσασθαι δυναμένην. Ὡς δὲ ταῦτα ἡτοιμάσατο
γόμφους τε καὶ ἐγκοίλια καὶ σταμῖνας καὶ τὴν εἰς τὴν ἄλλην χρείαν ὕλην τὴν μὲν
ἐξ Ἰταλίας, τὴν δ´ ἐκ Σικελίας, εἰς δὲ σχοινία λευκέαν μὲν ἐξ Ἰβηρίας, κάνναβιν
δὲ καὶ πίτταν ἐκ τοῦ Ῥοδανοῦ ποταμοῦ καὶ τἄλλα πάντα τὰ χρειώδη πολλαχόθεν.
Συνήγαγε δὲ καὶ ναυπηγοὺς καὶ τοὺς ἄλλους τεχνίτας καὶ καταστήσας ἐπὶ πάντων
Ἀρχίαν τὸν Κορίνθιον ἀρχιτέκτονα παρεκάλεσε προθύμως ἐπιλαβέσθαι τῆς κατασκευῆς,
προσκαρτερῶν (207a) καὶ αὐτὸς τὰς ἡμέρας. Τὸ μὲν οὖν ἥμισυ τοῦ παντὸς τῆς νεὼς
ἐν μησὶν ἓξ ἐξειργάσατο ... καὶ ταῖς ἐκ μολίβου ποιηθείσαις κεραμίσιν ἀεὶ καθ´ ὃ
ναυπηγηθείη μέρος περιελαμβάνετο, ὡς ἂν τριακοσίων ὄντων τῶν τὴν ὕλην
ἐργαζομένων τεχνιτῶν χωρὶς τῶν ὑπηρετούντων. Τοῦτο μὲν οὖν τὸ μέρος εἰς τὴν
θάλασσαν καθέλκειν προσετέτακτο, τὴν λοιπὴν κατασκευὴν ἵν´ ἐκεῖ λαμβάνῃ. Ὡς δὲ
περὶ τὸν καθελκυσμὸν αὐτοῦ τὸν εἰς τὴν θάλασσαν πολλὴ ζήτησις ἦν, Ἀρχιμήδης ὁ
μηχανικὸς μόνος αὐτὸ κατήγαγε δι´ ὀλίγων σωμάτων. (207b) Κατασκευάσας γὰρ ἕλικα
τὸ τηλικοῦτον σκάφος εἰς τὴν θάλασσαν κατήγαγε. Πρῶτος δ´ Ἀρχιμήδης εὗρε τὴν
τῆς ἕλικος κατασκευήν. Ὡς δὲ καὶ τὰ λοιπὰ μέρη τῆς νεὼς ἐν ἄλλοις ἓξ μησὶ
κατεσκευάσθη καὶ τοῖς χαλκοῖς ἥλοις πᾶσα περιελήφθη, ὧν οἱ πολλοὶ δεκάμνοοι
ἦσαν, οἱ δ´ ἄλλοι τούτων ἡμιόλιοι — διὰ τρυπάνων δ´ ἦσαν οὗτοι ἡρμοσμένοι τοὺς
σταμῖνας συνέχοντες· μολυβδίναις δὲ κεραμίσιν ἐπεστεγνοῦντο πρὸς τὸ ξύλον,
ὑποτιθεμένων ὀθονίων μετὰ πίττηςὡς οὖν τὴν ἐκτὸς ἐπιφάνειαν ἐξειργάσατο, τὴν
ἐντὸς διασκευὴν ἐξεπονεῖτο.
(207c) 41. Ἦν δὲ ἡ ναῦς τῇ μὲν κατασκευῇ εἰκόσορος, τριπάροδος δέ· τὴν μὲν
κατωτάτω ἔχων ἐπὶ τὸν γόμον, ἐφ´ ἣν διὰ κλιμάκων πυκνῶν ἡ κατάβασις ἐγίνετο· ἡ
δ´ ἑτέρα τοῖς εἰς τὰς διαίτας βουλομένοις εἰσιέναι ἐμεμηχάνητο· μεθ´ ἣν ἡ
τελευταία τοῖς ἐπὶ τοῖς ὅπλοις τεταγμένοις. Ἦσαν δὲ τῆς μέσης παρόδου παρ´
ἑκάτερον τῶν τοίχων δίαιται τετράκλινοι τοῖς ἀνδράσι, τριάκοντα τὸ πλῆθος. Ἡ δὲ
ναυκληρικὴ δίαιτα κλινῶν μὲν ἦν πεντεκαίδεκα, θαλάμους δὲ τρεῖς εἶχε τρικλίνους,
ὧν ἦν τὸ κατὰ τὴν πρύμναν ὀπτανεῖον. Ταῦτα δὲ πάντα δάπεδον εἶχεν ἐν ἀβακίσκοις
συγκείμενον ἐκ παντοίων λίθων, ἐν οἷς ἦν κατεσκευασμένος (207d) πᾶς ὁ περὶ τὴν
Ἰλιάδα μῦθος θαυμασίως· ταῖς τε κατασκευαῖς καὶ ταῖς ὀροφαῖς, καὶ θυρώμασι δὲ
πάντα ἦν ταῦτα πεπονημένα. Κατὰ δὲ τὴν ἀνωτάτω πάροδον γυμνάσιον ἦν καὶ
περίπατοι σύμμετρον ἔχοντες τὴν κατασκευὴν τῷ τοῦ πλοίου μεγέθει, ἐν οἷς κῆποι
παντοῖοι θαυμασίως ἦσαν ὑπερβάλλοντες ταῖς φυτείαις, διὰ κεραμίδων μολυβδινῶν
κατεστεγνωμένων ἀρδευόμενοι, ἔτι δὲ σκηναὶ κιττοῦ λευκοῦ καὶ ἀμπέλων, ὧν αἱ
ῥίζαι τὴν τροφὴν ἐν πίθοις εἶχον γῆς πεπληρωμένοις, τὴν αὐτὴν ἄρδευσιν
λαμβάνουσαι καθάπερ καὶ οἱ κῆποι. (207e) Αὗται δὲ αἱ σκηναὶ συνεσκίαζον τοὺς
περιπάτους.
| [5,10] 40. Chap. X. Vaisseau d'Hiéron.
Je crois ne pas devoir passer sous silence le vaisseau qu'Hiéron II, roi de
Syracuse, fit construire sous l'inspection d'Archimède. Moschion a écrit, à ce
sujet, un ouvrage sur lequel je suis tombé dernièrement, et je l'ai lu avec
attention. Voici donc ce qu'il écrit :
« Diocleides d'Abdère fut admiré pour l’hélépolis, que Démétrius fît
avancer sous la ville de Rhodes, afin d'en battre les murs; (206e) Timée, pour
le bûcher élevé à Denys, tyran de Sicile; Hiéronyme, pour l'appareil du char sur
lequel on transporta le corps d'Alexandre; Polyclète, pour la lampe qu'il fit au
roi Persée ; mais Hiéron, Roi de Syracuse, qui témoigna aux Romains une amitié
sans réserve, ne causa pas moins d'admiration et d'étonnement, par le zèle avec
lequel il s'occupa des temples et des gymnases. Il aimait aussi beaucoup à faire
construire des vaisseaux, particulièrement de ceux qui servaient au transport
des blés : (206f) or, je vais faire mention d'un de ces bâtiments. Quant aux
bois de construction, il s'en procura, du mont Etna, une provision avec
laquelle on aurait pu construire soixante galères. Après avoir fait venir ces
provisions, savoir, les bois pour les chevilles, les couples, les bordages et
autres matières nécessaires, tant de l'Italie, que de la Sicile, il fit
venir, pour les cordages, du sparte d'Espagne, du chanvre et du kitlos des
pays qui bordent le Rhône ; et de plusieurs autres contrées, toutes les autres
choses qui étaient nécessaires. Il rassembla aussi des charpentiers de marine et
autres artisans.
Alors il mit à la tête de tous ces ouvriers Archias de Corinthe, constructeur,
et lui recommanda de pousser tous les travaux. (207a) Hiéron était lui-même
présent à tout pendant le jour. Le bordage fut élevé à moitié de sa hauteur en
six mois, et à mesure que les planches étaient clouées sur les membres, et
calfatées, on les doublait de feuilles de plomb. Trois cents charpentiers
étaient continuellement occupés à travailler les bois, sans compter les aides
qui les servaient. Hiéron voulut que cette partie du vaisseau fût lancée à l'eau
telle qu'elle était, et qu'il fût achevé lorsqu'il y serait. Comme on s'occupait
beaucoup des moyens de mettre cette seule partie à flot, Archimède, ce célèbre
mécanicien, l'y mit lui seul, en faisant agir peu de personnes.
(207b) En effet, il en vint à bout, moyennant une vis qu'il imagina; et c'est à
lui qu'on est redevable de cette invention. L'autre moitié du bordage fut
pareillement achevée en six mois ; les planches furent attachées avec des
clous de cuivre, dont les uns pesaient dix mines, d'autres moitié plus,
qu'on avait passés dans des trous faits avec des tarières, pour maintenir ces
planches sur la membrure : outre cela, les clous étaient serrés sur le bordage
par des lames de plomb, sous lesquelles on avait mis des étoupes imbibées de
poix. Lorsqu'on eut achevé les dehors, on fit les ouvrages internes.
(270c) 41. Ce vaisseau était, par sa disposition, propre à recevoir vingt files
de rameurs, et avait trois coursiers, dont l'inférieur conduisait au lest, et à
la cargaison proprement dite : on y descendait par de nombreux gradins. L'autre
coursier avait été pratiqué pour ceux qui voulaient entrer dans les différents
appartements : le troisième était pour le quartier des militaires. Les
appartements du coursier du milieu y étaient, de chaque côté, appuyés sur le
serrage du vaisseau : ils étaient destinés aux hommes, et au nombre de trente,
ayant chacun quatre lits : celui des marins contenait quinze lits, et trois
chambres à coucher à trois lits pour les gens mariés. Ils avaient leur
cuisine le long (ou du côté) de la poupe.
Les planchers de tous ces compartiments étaient couverts de toutes sortes de
pierres de rapport, formant une marqueterie, et sur lesquelles on avait
merveilleusement représenté (207d) toute la fable de l'Iliade: on voyait aussi
les mêmes choses représentées aux ciels et sur les portes.
Sur l'étage supérieur étaient un gymnase et des galeries, pratiquées dans de
justes proportions avec la grandeur du vaisseau. On avait fait dans le contour
de ces promenades, et avec un art admirable, des planches de fleurs, dont les
côtés étaient bordés(150) en terre cuite, ou en lames de plomb : il y avait, en
outre, des berceaux de lierre blanc et de vignes, dont les racines tiraient leur
nourriture de tonneaux remplis de terre, et étaient abreuvées de l'humidité
nécessaire, de la même manière que les parterres. (207e) Or, ces berceaux
ombrageaient les promenades.
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