[2,1273b] ταύτην οὐχ οἷόν τε βεβαίως ἀριστοκρατεῖσθαι τὴν
πολιτείαν. Ἐθίζεσθαι δ' εὔλογον κερδαίνειν τοὺς ὠνουμένους, ὅταν
δαπανήσαντες ἄρχωσιν· ἄτοπον γὰρ εἰ πένης μὲν ὢν ἐπιεικὴς δὲ
βουλήσεται κερδαίνειν, φαυλότερος δ' ὢν οὐ βουλήσεται δαπανήσας.
Διὸ δεῖ τοὺς δυναμένους ἄριστ' ἀρχεῖν, τούτους ἄρχειν. Βέλτιον δ', εἰ καὶ
προεῖτο τὴν εὐπορίαν τῶν ἐπιεικῶν ὁ νομοθέτης, ἀλλὰ ἀρχόντων γε
ἐπιμελεῖσθαι τῆς σχολῆς.
§ 8. Φαῦλον δ' ἂν δόξειεν εἶναι καὶ τὸ πλείους ἀρχὰς τὸν αὐτὸν ἄρχειν·
ὅπερ εὐδοκιμεῖ παρὰ τοῖς Καρχηδονίοις· ἓν γὰρ ὑφ' ἑνὸς ἔργον ἄριστ'
ἀποτελεῖται. Δεῖ δ' ὅπως γίνηται τοῦθ' ὁρᾶν τὸν νομοθέτην, καὶ μὴ
προστάττειν τὸν αὐτὸν αὐλεῖν καὶ σκυτοτομεῖν. Ὥσθ' ὅπου μὴ μικρὰ
πόλις, πολιτικώτερον πλείονας μετέχειν τῶν ἀρχῶν, καὶ δημοτικώτερον·
κοινότερόν τε γὰρ καθάπερ εἴπομεν καὶ κάλλιον ἕκαστον ἀποτελεῖται
τῶν αὐτῶν καὶ θᾶττον. Δῆλον δὲ τοῦτο ἐπὶ τῶν πολεμικῶν καὶ τῶν
ναυτικῶν· ἐν τούτοις γὰρ ἀμφοτέροις διὰ πάντων ὡς εἰπεῖν διελήλυθε τὸ
ἄρχειν καὶ τὸ ἄρχεσθαι.
§ 9. Ὀλιγαρχικῆς δ' οὔσης τῆς πολιτείας ἄριστα ἐκφεύγουσι τῷ πλουτεῖν
αἰεί τι τοῦ δήμου μέρος, ἐκπέμποντες ἐπὶ τὰς πόλεις. Τούτῳ γὰρ ἰῶνται
καὶ ποιοῦσι μόνιμον τὴν πολιτείαν. Ἀλλὰ τουτί ἐστι τύχης ἔργον, δεῖ δὲ
ἀστασιάστους εἶναι διὰ τὸν νομοθέτην. Νῦν δέ, ἂν ἀτυχία γένηταί τις καὶ
τὸ πλῆθος ἀποστῇ τῶν ἀρχομένων, οὐδὲν ἔστι φάρμακον διὰ τῶν
νόμων τῆς ἡσυχίας.
§ 10. Περὶ μὲν οὖν τῆς Λακεδαιμονίων πολιτείας καὶ Κρητικῆς καὶ τῆς
Καρχηδονίων, αἵπερ δικαίως εὐδοκιμοῦσι, τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον.
CHAPITRE IX.
§ 1. Τῶν δὲ ἀποφηναμένων τι περὶ πολιτείας ἔνιοι μὲν οὐκ ἐκοινώνησαν
πράξεων πολιτικῶν οὐδ' ὡντινωνοῦν, ἀλλὰ διετέλεσαν ἰδιωτεύοντες τὸν
βίον, περὶ ὧν εἴ τι ἀξιόλογον, εἴρηται σχεδὸν περὶ πάντων, ἔνιοι δὲ
νομοθέται γεγόνασιν, οἱ μὲν ταῖς οἰκείαις πόλεσιν οἱ δὲ καὶ τῶν ὀθνείων
τισί, πολιτευθέντες αὐτοί· καὶ τούτων οἱ μὲν νόμων ἐγένοντο δημιουργοὶ
μόνον, οἱ δὲ καὶ πολιτείας, οἷον καὶ Λυκοῦργος καὶ Σόλων· οὗτοι γὰρ καὶ
νόμους καὶ πολιτείας κατέστησαν.
§ 2. Περὶ μὲν οὖν τῆς Λακεδαιμονίων εἴρηται, Σόλωνα δ' ἔνιοι μὲν
οἴονται νομοθέτην γενέσθαι σπουδαῖον· ὀλιγαρχίαν τε γὰρ καταλῦσαι
λίαν ἄκρατον οὖσαν, καὶ δουλεύοντα τὸν δῆμον παῦσαι, καὶ
δημοκρατίαν καταστῆσαι τὴν πάτριον, μείξαντα καλῶς τὴν πολιτείαν·
εἶναι γὰρ τὴν μὲν ἐν Ἀρείῳ πάγῳ βουλὴν ὀλιγαρχικόν, τὸ δὲ τὰς ἀρχὰς
αἱρετὰς ἀριστοκρατικόν, τὰ δὲ δικαστήρια δημοτικόν.
| [2,1273b] il ne peut exister de constitution aristocratique vraiment solide.
Il est tout naturel que ceux qui ont acheté leurs charges s'habituent à s'indemniser
par elles, quand, à force d'argent, ils ont atteint le pouvoir ;
l'absurde est de supposer que, si un homme pauvre, mais
honnête, peut vouloir s'enrichir, un homme dépravé, qui a chèrement
payé son emploi, ne le voudra pas. Les fonctions publiques doivent être confiées
aux plus capables ; mais le législateur, s'il a négligé d'assurer une fortune
aux citoyens distingués, pourrait, au moins garantir l'aisance aux magistrats.
§ 8. On peut blâmer encore le cumul des emplois, qui passe à Carthage pour un
grand honneur. Un homme ne peut bien accomplir qu'une seule chose à la fois.
C'est le devoir du législateur d'établir cette division des emplois,
et de ne pas exiger d'un même individu qu'il fasse de la musique et des
souliers. Quand l'État n'est pas trop restreint, il est plus
conforme au principe républicain et démocratique d'ouvrir au plus grand nombre
possible de citoyens l'accès des magistratures ; car l'on obtient alors, ainsi
que nous l'avons dit, ce double avantage que les affaires administrées plus en
commun se font mieux et plus vite. On peut voir la vérité de ceci dans les
opérations de la guerre et dans celles de la marine, où chaque homme a, pour
ainsi dire, un emploi spécial d'obéissance ou de commandement.
§ 9. Carthage se sauve des dangers de son gouvernement oligarchique en
enrichissant continuellement une partie du peuple, qu'on envoie dans les villes
colonisées. C'est un moyen d'épurer et de maintenir l'État ; mais alors, il ne
doit sa tranquillité qu'au hasard et c'était à la sagesse du législateur de la
lui assurer. Aussi, en cas de revers, si la masse du peuple vient à se soulever
contre l'autorité, les lois n'offriront pas une seule ressource pour
rendre à l'État la paix intérieure.
§ 10. Je termine ici l'examen des constitutions justement célèbres de Sparte,
de Crète et de Carthage.
CHAPITRE IX.
§ 1. Parmi les hommes qui ont publié leur système sur la meilleure constitution,
les uns n'ont jamais d'aucune façon manié les affaires publiques, et n'ont été
que de simples citoyens ; nous avons cité tout ce qui, dans leurs ouvrages,
méritait quelque attention. D'autres ont été législateurs, soit de leur propre
pays, soit de peuples étrangers, et ont personnellement gouverné. Parmi ceux-ci,
les uns n'ont fait que des lois, les autres ont fondé aussi des États. Lycurgue
et Solon, par exemple, ont tous deux porté des lois et fondé
des gouvernements.
§ 2. J'ai précédemment examiné la constitution de Lacédémone. Quant à Solon,
c'est un grand législateur, aux yeux de quelques personnes qui lui attribuent
d'avoir détruit la toute puissance de l'oligarchie, mis fin à l'esclavage
du peuple, et constitué la démocratie nationale par un juste équilibre
d'institutions, oligarchiques par le sénat de l'aréopage, aristocratiques par
l'élection des magistrats, et démocratiques par l'organisation des tribunaux.
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