[2,1272b] πόρρω γ' ἀποικοῦσιν ἐν νήσῳ τῶν διαφθερούντων.
§ 7. Ἣν δὲ ποιοῦνται τῆς ἁμαρτίας ταύτης ἰατρείαν, ἄτοπος καὶ οὐ
πολιτικὴ ἀλλὰ δυναστευτική. Πολλάκις γὰρ ἐκβάλλουσι συστάντες τινὲς
τοὺς κόσμους ἢ τῶν συναρχόντων αὐτῶν ἢ τῶν ἰδιωτῶν· ἔξεστι δὲ καὶ
μεταξὺ τοῖς κόσμοις ἀπειπεῖν τὴν ἀρχήν. Ταῦτα δὴ πάντα βέλτιον
γίνεσθαι κατὰ νόμον ἢ κατ' ἀνθρώπων βούλησιν· οὐ γὰρ ἀσφαλὴς ὁ
κανών. Πάντων δὲ φαυλότατον τὸ τῆς ἀκοσμίας τῶν δυνατῶν, ἣν
καθιστᾶσι πολλάκις οἳ ἂν μὴ δίκας βούλωνται δοῦναι τῶν δυνατῶν· ᾗ
καὶ δῆλον ὡς ἔχει τι πολιτείας ἡ τάξις, ἀλλ' οὐ πολιτεία ἐστὶν ἀλλὰ
δυναστεία μᾶλλον. Εἰώθασι δὲ διαλαμβάνοντες τὸν δῆμον καὶ τοὺς
φίλους ἀναρχίαν ποιεῖν καὶ στασιάζειν καὶ μάχεσθαι πρὸς ἀλλήλους.
§ 8. Καίτοι τί διαφέρει τὸ τοιοῦτον ἢ διά τινος χρόνου μηκέτι πόλιν εἶναι
τὴν τοιαύτην, ἀλλὰ λύεσθαι τὴν πολιτικὴν κοινωνίαν; Ἔστι δ'
ἐπικίνδυνος οὕτως ἔχουσα πόλις, τῶν βουλομένων ἐπιτίθεσθαι καὶ
δυναμένων. Ἀλλά, καθάπερ εἴρηται, σῴζεται διὰ τὸν τόπον· ξενηλασίας
γὰρ τὸ πόρρω πεποίηκεν. Διὸ καὶ τὸ τῶν περιοίκων μένει τοῖς Κρησίν,
οἱ δ' εἵλωτες ἀφίστανται πολλάκις. Οὔτε γὰρ ἐξωτερικῆς ἀρχῆς
κοινωνοῦσιν οἱ Κρῆτες, νεωστί τε πόλεμος ξενικὸς διαβέβηκεν εἰς τὴν
νῆσον, ὃς πεποίηκε φανερὰν τὴν ἀσθένειαν τῶν ἐκεῖ νόμων.
§ 9. Περὶ μὲν οὖν ταύτης εἰρήσθω τοσαῦθ' ἡμῖν τῆς πολιτείας.
CHAPITRE VIII.
§ 1. Πολιτεύεσθαι δὲ δοκοῦσι καὶ Καρχηδόνιοι καλῶς καὶ πολλὰ
περιττῶς πρὸς τοὺς ἄλλους, μάλιστα δ' ἔνια παραπλησίως τοῖς
Λάκωσιν. Αὗται γὰρ αἱ τρεῖς πολιτεῖαι ἀλλήλαις τε σύνεγγύς πώς εἰσι καὶ
τῶν ἄλλων πολὺ διαφέρουσιν, ἥ τε Κρητικὴ καὶ ἡ Λακωνικὴ καὶ τρίτη
τούτων ἡ τῶν Καρχηδονίων. Καὶ πολλὰ τῶν τεταγμένων ἔχει παρ'
αὐτοῖς καλῶς· σημεῖον δὲ πολιτείας συντεταγμένης τὸ τὸν δῆμον
ἑκουσίον διαμένειν ἐν τῇ τάξει τῆς πολιτείας, καὶ μήτε στάσιν, ὅ τι καὶ
ἄξιον εἰπεῖν, γεγενῆσθαι μήτε τύραννον.
§ 2. Ἔχει δὲ παραπλήσια τῇ Λακωνικῇ πολιτείᾳ τὰ μὲν συσσίτια τῶν
ἑταιριῶν τοῖς φιδιτίοις, τὴν δὲ τῶν ἑκατὸν καὶ τεττάρων ἀρχὴν τοῖς
ἐφόροις (πλὴν ὃ οὐ χεῖρον· οἱ μὲν ἐκ τῶν τυχόντων εἰσί, ταύτην δ'
αἱροῦνται τὴν ἀρχὴν ἀριστίνδην), τοὺς δὲ βασιλεῖς καὶ τὴν γερουσίαν
ἀνάλογον τοῖς ἐκεῖ βασιλεῦσι καὶ γέρουσιν· καὶ βέλτιον δὲ τοὺς βασιλεῖς
μήτε καθ' αὑτὸ εἶναι γένος μήτε τοῦτο τὸ τυχόν, εἴτε διαφέρον ... Ἐκ
τούτων αἱρετοὺς μᾶλλον ἢ καθ' ἡλικίαν. Μεγάλων γὰρ κύριοι
καθεστῶτες, ἂν εὐτελεῖς ὦσι μεγάλα βλάπτουσι,
| [2,1272b] personne ne vient les acheter dans leur île.
§ 7. Pour remédier aux vices de leur constitution, les Crétois ont imaginé un
expédient qui contredit tous les principes de gouvernement, et qui n'est
qu'absurdement violent. Les Cosmes sont souvent déposés par leurs propres
collègues, ou par de simples citoyens insurgés contre eux. Les Cosmes ont du
reste la faculté d'abdiquer quand bon leur semble. Mais, à cet égard, on doit
s'en remettre à la loi, bien plutôt qu'au caprice individuel, qui n'est rien
moins qu'une règle assurée. Mais, ce qui est encore plus funeste à l'État, c'est la
suspension absolue de cette magistrature, quand des citoyens puissants,
ligués entre eux, renversent les Cosmes, pour se soustraire aux jugements qui
les menacent. Grâce à toutes ces perturbations, la Crète n'a point, à vrai dire,
un gouvernement, elle n'en a que, l'ombre ; la violence seule y règne ;
continuellement les factieux appellent aux armes le peuple et leurs amis ; ils
se donnent un chef, et engagent la guerre civile pour amener des révolutions.
§ 8. En quoi un pareil désordre diffère-t-il de l'anéantissement provisoire de
la constitution, et de la dissolution absolue du lien politique ? Un État ainsi
troublé est la proie facile de qui veut ou peut l'attaquer. Je le répète, la
situation seule de la Crète l'a jusqu'à présent sauvée. L'éloignement a tenu
lieu des lois qui ailleurs proscrivent les étrangers. C'est aussi ce qui maintient
les serfs dans le devoir, tandis que les hilotes se soulèvent si fréquemment.
Les Crétois n'ont point étendu leur puissance au dehors ; et la guerre étrangère,
récemment portée chez eux, a bien fait voir toute la faiblesse de
leurs institutions. § 9. Je n'en dirai pas davantage sur le gouvernement de la Crète.
CHAPITRE VIII.
§ 1. Carthage paraît encore jouir d'une bonne constitution, plus complète que
celle des autres États sur bien des points, et à quelques égards
semblable à celle de Lacédémone. Ces trois gouvernements de Crète, de Sparte et
de Carthage, ont de grands rapports entre eux ;
et ils sont très supérieurs à tous les gouvernements connus. Les Carthaginois, en
particulier, possèdent des institutions excellentes ; et ce qui prouve bien
toute la sagesse de leur constitution, c'est que, malgré la part de pouvoir qu'elle
accorde au peuple, on n'a jamais vu à Carthage de changement de gouvernement,
et qu'elle n'a eu, chose remarquable, ni émeute, ni tyran.
§ 2. Je citerai quelques analogies entre Sparte et Carthage. Les repas communs
des sociétés politiques ressemblent aux Phidities lacédémoniennes ; les Cent-
Quatre remplacent les Éphores ; mais la magistrature carthaginoise est
préférable, en ce que ses membres, au lieu d'être tirés des classes
obscures, sont pris parmi les hommes les plus vertueux. Les rois et le sénat se
rapprochent beaucoup dans les deux constitutions ; mais Carthage est plus
prudente et ne demande pas ses rois à une famille unique ; elle ne les prend
pas non plus dans toutes les familles indistinctement ; elle s'en remet à
l'élection, et non pas à l'âge, pour amener le mérite au pouvoir. Les rois,
maîtres d'une immense autorité, sont bien dangereux quand ils sont
des hommes médiocres;
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