[2,1268a] Τὰς δὲ κρίσεις ἐν τοῖς δικαστηρίοις οὐ
διὰ ψηφοφορίας ᾤετο γίγνεσθαι δεῖν, ἀλλὰ φέρειν ἕκαστον πινάκιον, ἐν
ᾧ γράφειν, εἰ καταδικάζοι ἁπλῶς, τὴν δίκην, εἰ δ' ἀπολύοι ἁπλῶς,
κενόν, εἰ δὲ τὸ μὲν τὸ δὲ μή, τοῦτο διορίζειν. Νῦν γὰρ οὐκ ᾤετο
νενομοθετῆσθαι καλῶς· ἀναγκάζειν γὰρ ἐπιορκεῖν ἢ ταῦτα ἢ ταῦτα
δικάζοντας.
§ 4. Ἔτι δὲ νόμον ἐτίθει περὶ τῶν εὑρισκόντων τι τῇ πόλει συμφέρον,
ὅπως τυγχάνωσι τιμῆς, καὶ τοῖς παισὶ τῶν ἐν τῷ πολέμῳ τελευτώντων
ἐκ δημοσίου γίνεσθαι τὴν τροφήν, ὡς οὔπω τοῦτο παρ' ἄλλοις
νενομοθετημένον (ἔστι δὲ καὶ ἐν Ἀθήναις οὗτος ὁ νόμος νῦν καὶ ἐν
ἑτέραις τῶν πόλεων)· τοὺς δ' ἄρχοντας αἱρετοὺς ὑπὸ τοῦ δήμου εἶναι
πάντας. Δῆμον δ' ἐποίει τὰ τρία μέρη τῆς πόλεως· τοὺς δ' αἱρεθέντας
ἐπιμελεῖσθαι κοινῶν καὶ ξενικῶν καὶ ὀρφανικῶν. Τὰ μὲν οὖν πλεῖστα καὶ
τὰ μάλιστα ἀξιόλογα τῆς Ἱπποδάμου τάξεως ταῦτ' ἐστίν.
§ 5. Ἀπορήσειε δ' ἄν τις πρῶτον μὲν τὴν διαίρεσιν τοῦ πλήθους τῶν
πολιτῶν. Οἵ τε γὰρ τεχνῖται καὶ οἱ γεωργοὶ καὶ οἱ τὰ ὅπλα ἔχοντες
κοινωνοῦσι τῆς πολιτείας πάντες, οἱ μὲν γεωργοὶ οὐκ ἔχοντες ὅπλα, οἱ
δὲ τεχνῖται οὔτε γῆν οὔτε ὅπλα, ὥστε γίνονται σχεδὸν δοῦλοι τῶν τὰ
ὅπλα κεκτημένων. Μετέχειν μὲν οὖν πασῶν τῶν τιμῶν ἀδύνατον
νἀνάγκη γὰρ ἐκ τῶν τὰ ὅπλα ἐχόντων καθίστασθαι καὶ στρατηγοὺς καὶ
πολιτοφύλακας καὶ τὰς κυριωτάτας ἀρχὰς ὡς εἰπεῖνν· μὴ μετέχοντας δὲ
τῆς πολιτείας πῶς οἷόν τε φιλικῶς ἔχειν πρὸς τὴν πολιτείαν;
§ 6. Ἀλλὰ δεῖ καὶ κρείττους εἶναι τοὺς τὰ ὅπλα γε κεκτημένους
ἀμφοτέρων τῶν μερῶν. Τοῦτο δ' οὐ ῥᾴδιον μὴ πολλοὺς ὄντας· εἰ δὲ
τοῦτ' ἔσται, τί δεῖ τοὺς ἄλλους μετέχειν τῆς πολιτείας καὶ κυρίους εἶναι
τῆς τῶν ἀρχόντων καταστάσεως; Ἔτι οἱ γεωργοὶ τί χρήσιμοι τῇ πόλει;
Τεχνίτας μὲν γὰρ ἀναγκαῖον εἶναι ιπᾶσα γὰρ δεῖται πόλις τεχνιτῶνν, καὶ
δύνανται διαγίγνεσθαι καθάπερ ἐν ταῖς ἄλλαις πόλεσιν ἀπὸ τῆς τέχνης·
οἱ δὲ γεωργοὶ πορίζοντες μὲν τοῖς τὰ ὅπλα κεκτημένοις τὴν τροφὴν
εὐλόγως ἂν ἦσάν τι τῆς πόλεως μέρος, νῦν δ' ἰδίαν ἔχουσιν καὶ ταύτην
ἰδίᾳ γεωργήσουσιν.
§ 7. Ἔτι δὲ τὴν κοινήν, ἀφ' ἧς οἱ προπολεμοῦντες ἕξουσι τὴν τροφήν, εἰ
μὲν αὐτοὶ γεωργήσουσιν, οὐκ ἂν εἴη τὸ μάχιμον ἕτερον καὶ τὸ
γεωργοῦν, βούλεται δ' ὁ νομοθέτης· εἰ δ' ἕτεροί τινες ἔσονται τῶν τε τὰ
ἴδια γεωργούντων καὶ τῶν μαχίμων, τέταρτον αὖ μόριον ἔσται τοῦτο τῆς
πόλεως, οὐδενὸς μετέχον, ἀλλὰ ἀλλότριον τῆς πολιτείας· ἀλλὰ μὴν εἴ τις
τοὺς αὐτοὺς θήσει τούς τε τὴν ἰδίαν καὶ τοὺς τὴν κοινὴν γεωργοῦντας,
τό τε πλῆθος ἄπορον ἔσται τῶν καρπῶν ἐξ ὧν ἕκαστος γεωργήσει δύο οἰκίαις,
| [2,1268a] Quant à la forme des jugements, Hippodamus repoussait le vote
par boules. Chaque juge devait porter une tablette où il écrirait,
s'il condamnait purement et simplement ; qu'il laisserait
vide, s'il absolvait au même titre ; et où il déterminerait ses motifs, s'il
absolvait ou condamnait seulement en partie. Le système actuel lui paraissait
vicieux, en ce qu'il force souvent les juges à se parjurer, s'ils votent d'une
manière absolue dans l'un ou l'autre sens.
§ 4. Il garantissait encore législativement les récompenses dues aux
découvertes politiques d'utilité générale ; et il assurait l'éducation des enfants
laissés par les guerriers morts dans les combats, en la mettant à la charge de
l'État. Cette dernière institution lui appartient exclusivement ; mais
aujourd'hui Athènes et plusieurs autres États jouissent d'une institution
analogue. Tous les magistrats devaient être élus par le peuple ; et le peuple,
pour Hippodamus, se compose des trois classes de l'État. Une fois nommés,
les magistrats ont concurremment la surveillance des intérêts généraux, celle
des affaires des étrangers, et la tutelle des orphelins. Telles sont à peu près
toutes les dispositions principales de la constitution d'Hippodamus.
§ 5. D'abord, on peut trouver quelque difficulté dans un classement de
citoyens où laboureurs, artisans et guerriers prennent une part égale au
gouvernement : les premiers sans armes, les seconds sans armes et sans
terres, c'est-à-dire, à peu près esclaves des troisièmes, qui sont armés. Bien
plus, il y a impossibilité à ce que tous puissent entrer en partage des fonctions
publiques. Il faut nécessairement tirer de la classe des guerriers et les
généraux, et les gardes de la cité, et l'on peut dire tous les principaux
fonctionnaires. Mais si les artisans et les laboureurs sont exclus du
gouvernement de la cité, comment pourront-ils avoir quelque attachement
pour elle ?
§ 6. Si l'on objecte que la classe des guerriers sera plus puissante que les deux
autres, remarquons d'abord que la chose n'est pas facile ; car ils ne seront pas
nombreux. Mais s'ils sont les plus forts, à quoi bon dès lors donner au reste
des citoyens des droits politiques et les rendre maîtres de la nomination des
magistrats ? Que font en outre les laboureurs dans la république
d'Hippodamus ? Les artisans, on le conçoit, y sont indispensables, comme
partout ailleurs ; et ils y peuvent, aussi bien que dans les autres États, vivre
de leur métier. Mais quant aux laboureurs, dans le cas où ils seraient chargés
de pourvoir à la subsistance des guerriers, on pourrait avec raison en faire
des membres de l'État ; ici, au contraire, ils sont maîtres de terres qui leur
appartiennent en propre, et ils ne les cultiveront qu'à leur profit.
§ 7. Si les guerriers cultivent personnellement les terres publiques assignées à
leur entretien, alors la classe des guerriers ne sera plus autre que celle des
laboureurs ; et cependant le législateur prétend les distinguer. S'il existe des
citoyens autres que les guerriers et les laboureurs qui possèdent en propre
des biens-fonds, ces citoyens. formeront dans l'État une quatrième classe sans
droits politiques et étrangère à la constitution. Si l'on remet aux mêmes
citoyens la culture des propriétés publiques et celle des propriétés
particulières, on ne saura plus précisément ce que chacun devra cultiver pour
les besoins des deux familles;
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