[3,10] CHAPITRE X.
1 Περὶ μὲν οὖν τῆς καρδίας καὶ πλεύμονος εἴρηται, καὶ περὶ ἥπατος καὶ σπληνὸς καὶ νεφρῶν. Τυγχάνει δὲ ταῦτα κεχωρισμένα ἀλλήλων τῷ διαζώματι. Τοῦτο δὲ τὸ διάζωμα καλοῦσί τινες φρένας· ὃ διορίζει τόν τε πλεύμονα καὶ τὴν καρδίαν. Καλεῖται δὲ τοῦτο τὸ διάζωμα ἐν τοῖς ἐναίμοις, ὥσπερ καὶ εἴρηται, φρένες. 2 Ἔχει δὲ πάντα τὰ ἔναιμα αὐτό, καθάπερ καρδίαν καὶ ἧπαρ. Τούτου δ´ αἴτιον ὅτι τοῦ διορισμοῦ χάριν ἐστὶ τοῦ τε περὶ τὴν κοιλίαν τόπου καὶ τοῦ περὶ τὴν καρδίαν, ὅπως ἡ τῆς αἰσθητικῆς ψυχῆς ἀρχὴ ἀπαθὴς ᾖ καὶ μὴ ταχὺ καταλαμβάνηται διὰ τὴν ἀπὸ τῆς τροφῆς γινομένην ἀναθυμίασιν καὶ τὸ πλῆθος τῆς ἐπεισάκτου θερμότητος. Ἐπὶ γὰρ τοῦτο διέλαβεν ἡ φύσις, οἷον παροικοδόμημα ποιήσασα καὶ φραγμὸν τὰς φρένας, καὶ διεῖλε τό τε τιμιώτερον καὶ τὸ ἀτιμότερον, ἐν ὅσοις ἐνδέχεται διελεῖν τὸ ἄνω καὶ κάτω· τὸ μὲν γὰρ ἄνω ἐστὶν οὗ ἕνεκεν καὶ βέλτιον, τὸ δὲ κάτω τὸ τούτου ἕνεκεν καὶ ἀναγκαῖον, τὸ τῆς τροφῆς δεκτικόν. 3 Ἔστι δὲ τὸ διάζωμα πρὸς μὲν τὰς πλευρὰς σαρκωδέστερον καὶ ἰσχυρότερον, κατὰ μέσον δ´ ὑμενωδέστερον· οὕτω γὰρ πρὸς τὴν ἰσχὺν καὶ τὴν τάσιν χρησιμώτερον. Διότι δὲ πρὸς τὴν θερμότητα τὴν κάτωθεν οἷον παραφυάδες εἰσί, σημεῖον ἐκ τῶν συμβαινόντων· ὅταν γὰρ διὰ τὴν γειτνίασιν ἑλκύσωσιν ὑγρότητα θερμὴν καὶ περιττωματικήν, εὐθὺς ἐπιδήλως ταράττει τὴν διάνοιαν καὶ τὴν αἴσθησιν, διὸ καὶ καλοῦνται φρένες ὡς μετέχουσαί τι τοῦ φρονεῖν. Αἱ δὲ μετέχουσι μὲν οὐδέν, ἐγγὺς δ´ οὖσαι τῶν μετεχόντων ἐπίδηλον ποιοῦσι τὴν μεταβολὴν τῆς διανοίας. 4 Διὸ καὶ λεπταὶ κατὰ μέσον εἰσίν, οὐ μόνον ἐξ ἀνάγκης, ὅτι σαρκώδεις οὔσας τὰ πρὸς τὰς πλευρὰς ἀναγκαῖον εἶναι σαρκωδεστέρας, ἀλλ´ ἵν´ ὅτι ὀλιγίστης μετέχωσιν ἰκμάδος· σαρκώδεις γὰρ ἂν οὖσαι (673b) καὶ εἶχον καὶ εἷλκον μᾶλλον ἰκμάδα πολλήν. 5 Ὅτι δὲ θερμαινόμεναι ταχέως ἐπίδηλον ποιοῦσι τὴν αἴσθησιν, σημαίνει καὶ τὸ περὶ τοὺς γέλωτας συμβαῖνον. Γαργαλιζόμενοί τε γὰρ ταχὺ γελῶσι, διὰ τὸ τὴν κίνησιν ἀφικνεῖσθαι ταχὺ πρὸς τὸν τόπον τοῦτον, θερμαίνουσαν δ´ ἠρέμα, ποιεῖν ὅμως ἐπίδηλον καὶ κινεῖν τὴν διάνοιαν παρὰ τὴν προαίρεσιν. Τοῦ δὲ γαργαλίζεσθαι μόνον ἄνθρωπον αἴτιον ἥ τε λεπτότης τοῦ δέρματος καὶ τὸ μόνον γελᾶν τῶν ζῴων ἄνθρωπον. Ὁ δὲ γαργαλισμὸς γέλως ἐστὶ διὰ κινήσεως τοιαύτης τοῦ μορίου τοῦ περὶ τὴν μασχάλην. 6 Συμβαίνειν δέ φασι καὶ περὶ τὰς ἐν τοῖς πολέμοις πληγὰς εἰς τὸν τόπον τὸν περὶ τὰς φρένας γέλωτα διὰ τὴν ἐκ τῆς πληγῆς γινομένην θερμότητα. Τοῦτο γὰρ μᾶλλόν ἐστιν ἀξιοπίστων ἀκοῦσαι λεγόντων ἢ τὸ περὶ τὴν κεφαλήν, ὡς ἀποκοπεῖσα φθέγγεται τῶν ἀνθρώπων. Λέγουσι γάρ τινες ἐπαγόμενοι καὶ τὸν Ὅμηρον, ὡς διὰ τοῦτο ποιήσαντος·
φθεγγομένη δ´ ἄρα τοῦγε κάρη κονίῃσιν
ἐμίχθη· ἀλλ´ οὐ, φθεγγομένου. 7 Περὶ δὲ Καρίαν οὕτω τὸ τοιοῦτον διεπίστευσαν ὥστε καὶ κρίσιν ἐποιήσαντο περί τινος τῶν ἐγχωρίων. Τοῦ γὰρ ἱερέως τοῦ Ὁπλοσμίου Διὸς ἀποθανόντος, ὑφ´ ὅτου δὲ δὴ ἀδήλως, ἔφασάν τινες ἀκοῦσαι τῆς κεφαλῆς ἀποκεκομμένης λεγούσης πολλάκις· ἐπ´ ἀνδρὸς ἄνδρα Κερκιδᾶς ἀπέκτεινεν. Διὸ καὶ ζητήσαντες ᾧ ὄνομα ἦν ἐν τῷ τόπῳ Κερκιδᾶς, ἔκριναν. 8 Ἀδύνατον δὲ φθέγγεσθαι κεχωρισμένης τῆς ἀρτηρίας, καὶ ἄνευ τῆς ἐκ τοῦ πλεύμονος κινήσεως. Παρά τε τοῖς βαρβάροις, παρ´ οἷς ἀποτέμνουσι ταχέως τὰς κεφαλάς, οὐδέν πω τοιοῦτον συμβέβηκεν. Ἔτι δ´ ἐπὶ τῶν ἄλλων ζῴων διὰ τίν´ αἰτίαν οὐ γίνεται; Τὸ μὲν γὰρ τοῦ γέλωτος πληγεισῶν τῶν φρενῶν εἰκότως· οὐδὲν γὰρ γελᾷ τῶν ἄλλων. Προϊέναι δέ ποι τὸ σῶμα τῆς κεφαλῆς ἀφῃρημένης οὐδὲν ἄλογον, ἐπεὶ τά γ´ ἄναιμα καὶ ζῇ πολὺν χρόνον· δεδήλωται δὲ περὶ τῆς αἰτίας αὐτῶν ἐν ἑτέροις.
9 Τίνος μὲν οὖν ἕνεκέν ἐστιν ἕκαστον τῶν σπλάγχνων, εἴρηται. Γέγονε δ´ ἐξ ἀνάγκης ἐπὶ τοῖς ἐντὸς πέρασι τῶν φλεβῶν· ἐξιέναι τε γὰρ ἰκμάδα ἀναγκαῖον, καὶ ταύτην αἱματικήν, (674a) ἐξ ἧς συνισταμένης καὶ πηγνυμένης γίνεσθαι τὸ σῶμα τῶν σπλάγχνων. Διόπερ αἱματικά, καὶ αὑτοῖς μὲν ὁμοίαν ἔχουσι τὴν τοῦ σώματος φύσιν, τοῖς δ´ ἄλλοις ἀνομοίαν.
| [3,10] CHAPITRE X.
1 Le cœur, le poumon, le foie, la rate et les reins, dont nous venons de parler, sont séparés les uns des autres par le diaphragme. Quelquefois aussi on appelle le diaphragme le centre phrénique, qui isole le poumon et le cœur des autres viscères. Dans les animaux qui ont du sang, le diaphragme proprement dit est ce qu'on appelle aussi le centre phrénique, du nom qu'on vient de citer. 2 Tous les animaux qui ont du sang ont également un diaphragme, de même qu'ils ont un cœur et un foie. La fonction du diaphragme a pour objet de séparer la région du ventre de la région du cœur, afin que le principe de l'âme sensible soit à l'abri de toute influence, et ne soit pas tout à coup surpris par l'évaporation qui viendrait des aliments, et par l'excès de la chaleur qu'ils introduisent. La nature a eu cette précaution de faire de la poitrine et de la cloison comme une sorte de vestibule; et par là, elle a isolé le plus précieux du moins précieux, chez tous les animaux où l'on peut distinguer le haut et le bas. Le haut est ce pourquoi tout le reste est fait, et le haut est le meilleur ; le bas est fait pour le haut, et il est nécessaire, puisque c'est lui qui reçoit la nourriture. 3 Le diaphragme est, vers les côtes, plus charnu et plus fort; au centre, il est plus membraneux ; organisé de cette manière, il est plus utile pour se raidir et pour se tendre. Que le diaphragme soit comme une défense naturelle contre la chaleur venue d'en bas, c'est ce que prouvent les faits bien observés. Lorsque, par suite du voisinage, ces parties attirent à elles de l'humidité chaude et excrémentielle, sur-le-champ on voit manifestement que la pensée et la sensibilité se troublent ; et c'est là aussi ce qui fait qu'on donne à cette partie le nom de phrénique, comme participant à la pensée. A vrai dire, cette partie dite phrénique n'a rien de la pensée ; mais comme elle est fort voisine des parties qui la possèdent, cette proximité rend évident le changement que la pensée éprouve. 4 Aussi, le diaphragme est-il mince à son milieu, non seulement parce qu'il y a une nécessité qu'étant charnu par lui-même, il le soit davantage encore vers les cotes, mais aussi parce qu'il faut qu'il reçoive le moins de fluide possible ; (673b) car en étant charnu, il aurait et il attirerait bien davantage de vapeur humide. 5 Ce qui prouve bien qu'en recevant de la chaleur, le diaphragme manifeste aussitôt la sensation qu'il éprouve, c'est ce qui se passe dans le rire. Pour peu qu'on soit chatouillé, on se met à rire, parce que le mouvement s'étend bien vite jusqu'à cette région. Même quand elle s'échauffe peu, le trouble n'est pas moins évident; et la pensée est mise en mouvement en dépit de la volonté la plus réfléchie. Ce qui fait que l'homme est le seul animal qui soit chatouilleux, c'est la finesse de sa peau, et aussi cette circonstance que l'homme est le seul animal qui rie, le chatouillement et le rire se produisant par le mouvement de cette partie qui avoisine l'aisselle. 6 On prétend qu'à la guerre des blessures reçues dans le voisinage du diaphragme provoquent le rire, à cause de la chaleur que la blessure développe. D'après des témoins dignes de foi, ce phénomène est bien plus croyable que ce qu'on dit d'une tête d'homme parlant encore après avoir été coupée. À l'appui de cette opinion, quelques personnes citent Homère lui-même, qui dit dans un de ses vers :
" Sa tête parle encore en roulant dans la poudre »
et l'on fait remarquer que le poète dit Sa tête et non pas Lui. 7 En Carie on a si bien cru à la possibilité de ce fait, qu'on est allé jusqu'à mettre en jugement un indigène. Un prêtre du Jupiter « à l'armure » ayant été tué sans qu'on sût par qui, quelques personnes prétendirent avoir entendu la tête coupée répéter à plusieurs reprises :
« C'est Cercidas qui a tué homme pour homme. » On chercha dans le pays l'homme qui s'appelait Cercidas, et on le mit à mort. 8 Mais il est bien impossible de parler quand l'artère a été coupée et séparée, et quand le mouvement qui doit venir du poumon ne peut plus avoir lieu. Chez les barbares, qui coupent si lestement les têtes, on n'a jamais rien vu de pareil. Mais pourquoi ne le voit-on pas chez d'autres animaux que l'homme? On comprend d'ailleurs, sans peine, que les animaux ne rient pas quand le diaphragme est blessé, puisque l'homme est le seul animal qui ait la faculté de rire. Mais que le corps puisse faire encore quelques pas après que la tête est coupée, il n'y a là rien que la raison ne puisse admettre, puisque les animaux qui n'ont pas de sang vivent même encore longtemps après qu'on les a décapités. Nous en avons expliqué les raisons dans d'autres ouvrages.
9 On voit donc quelle est la destination de chacun des viscères, et l'on comprend qu'ils sont, de toute nécessité, placés aux extrémités intérieures des veines ; car il faut que la vapeur humide puisse sortir, et que cette vapeur soit sanguine, pour qu'en se réunissant et en se condensant, elle forme le corps des viscères. (674a) Voilà aussi pourquoi les viscères sont pleins de sang, et pourquoi ils ont entre eux la même nature de corps, et pourquoi d'autres ont une nature dissemblable.
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