[9,1172] (1172a) ὥστ' εἰκότως τούτου ἐφίενται.
Καὶ ὅ ποτ' ἐστὶν ἑκάστοις τὸ εἶναι ἢ οὗ χάριν αἱροῦνται τὸ ζῆν,
ἐν τούτῳ μετὰ τῶν φίλων βούλονται διάγειν· διόπερ οἳ μὲν συμπίνουσιν, οἳ
δὲ συγκυβεύουσιν, ἄλλοι δὲ συγγυμνάζονται καὶ συγκυνηγοῦσιν ἢ
συμφιλοσοφοῦσιν, ἕκαστοι ἐν τούτῳ συνημερεύοντες ὅ τι περ μάλιστ' ἀγαπῶσι
τῶν ἐν τῷ βίῳ· συζῆν γὰρ βουλόμενοι μετὰ τῶν φίλων, ταῦτα ποιοῦσι καὶ
τούτων κοινωνοῦσιν οἷς οἴονται συζῆν. Γίνεται οὖν ἡ μὲν τῶν φαύλων φιλία
μοχθηρά (κοινωνοῦσι γὰρ φαύλων ἀβέβαιοι ὄντες, καὶ μοχθηροὶ δὲ γίνονται
ὁμοιούμενοι ἀλλήλοις), ἡ δὲ τῶν ἐπιεικῶν ἐπιεικής, συναυξανομένη ταῖς
ὁμιλίαις· δοκοῦσι δὲ καὶ βελτίους γίνεσθαι ἐνεργοῦντες καὶ διορθοῦντες
ἀλλήλους· ἀπομάττονται γὰρ παρ' ἀλλήλων οἷς ἀρέσκονται, ὅθεν ἐσθλῶν μὲν
γὰρ ἄπ' ἐσθλά. Περὶ μὲν οὖν φιλίας ἐπὶ τοσοῦτον εἰρήσθω· ἑπόμενον δ' ἂν
εἴη διελθεῖν περὶ ἡδονῆς.
| [9,1172] (1172a) ; c'est donc avec fondement que les amis s'y portent avec
empressement. Et ce qui constitue principalement l'existence pour chacun
d'eux, ce qui leur fait aimer la vie, est précisément ce qu'ils se
plaisent à faire avec leurs amis. Voilà pourquoi les uns passent leurs
jours à boire ensemble, ou à jouer aux dés ; d'autres, à s'exercer dans
les gymnases; d'autres, à la chasse, ou à traiter ensemble des questions
de philosophie; tous consacrant leurs jours à s'occuper en commun des
choses qu'ils regardent comme les plus grands plaisirs de la vie. Car,
voulant vivre sans cesse avec leurs amis, ils s'associent à eux pour faire
ce qui leur semble pouvoir entretenir ce commerce continuel, objet de
leurs désirs.
Ainsi donc l'amitié entre gens vicieux ou méchants devient criminelle; car
ils font en commun des actions coupables, étant pervers et sans vertu, et
ils deviennent vicieux, se prenant les uns les autres pour modèles. Mais
l'amitié des gens de bien, accrue par une continuelle fréquentation,
devient vertueuse; et il est naturel qu'ils s'améliorent à mesure qu'ils
continuent de vivre ensemble, et qu'ils se perfectionnent par une
influence réciproque ; car ceux qui sont unis par une affection mutuelle,
se modèlent, pour ainsi dire, les uns sur les autres. Ce qui a fait dire à
Théognis : « L'homme de bien t'apprendra la vertu... » .
Mais en voilà assez sur ce sujet; il nous reste maintenant à traiter du
plaisir.
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