[8] CHAPITRE VIII.
1 Ἀρχὴ μὲν οὖν, ὥσπερ εἴρηται, τῆς κινήσεως τὸ ἐν τῷ πρακτῷ διωκτὸν καὶ φευκτόν· ἐξ ἀνάγκης δ´ ἀκολουθεῖ τῇ νοήσει καὶ τῇ φαντασίᾳ αὐτῶν θερμότης καὶ ψύξις. Τὸ μὲν γὰρ λυπηρὸν φευκτόν, τὸ δ´ ἡδὺ διωκτόν (ἀλλὰ λανθάνει περὶ τὰ μικρὰ τοῦτο συμβαῖνον), ἔστι δὲ τὰ λυπηρὰ (702a) καὶ ἡδέα πάντα σχεδὸν μετὰ ψύξεώς τινος καὶ θερμότητος. 2 Τοῦτο δὲ δῆλον ἐκ τῶν παθημάτων. Θάρρη γὰρ καὶ φόβοι καὶ ἀφροδισιασμοὶ καὶ τἆλλα σωματικὰ λυπηρὰ καὶ ἡδέα τὰ μὲν κατὰ μόριον μετὰ θερμότητος ἢ ψύξεώς ἐστι, τὰ δὲ καθ´ ὅλον τὸ σῶμα· μνῆμαι δὲ καὶ ἐλπίδες, οἷον εἰδώλοις χρώμεναι τοῖς τοιούτοις, ὁτὲ μὲν ἧττον ὁτὲ δὲ μᾶλλον αἰτίαι τῶν αὐτῶν εἰσιν. Ὥστ´ εὐλόγως ἤδη δημιουργεῖται τὰ ἐντὸς καὶ τὰ περὶ τὰς ἀρχὰς τῶν ὀργανικῶν μορίων μεταβάλλοντα ἐκ πεπηγότων ὑγρὰ καὶ ἐξ ὑγρῶν πεπηγότα καὶ μαλακὰ καὶ σκληρὰ ἐξ ἀλλήλων. 3 Τούτων δὲ συμβαινόντων τὸν τρόπον τοῦτον, καὶ ἔτι τοῦ παθητικοῦ καὶ ποιητικοῦ τοιαύτην ἐχόντων τὴν φύσιν οἵαν πολλαχοῦ εἰρήκαμεν, ὁπόταν συμβῇ ὥστ´ εἶναι τὸ μὲν ποιητικὸν τὸ δὲ παθητικόν, καὶ μηδὲν ἀπολίπῃ αὐτῶν ἑκάτερον τῶν ἐν τῷ λόγῳ, εὐθὺς τὸ μὲν ποιεῖ τὸ δὲ πάσχει. Διὰ τοῦτο δ´ ἅμα ὡς εἰπεῖν νοεῖ ὅτι πορευτέον καὶ πορεύεται, ἂν μή τι ἐμποδίζῃ ἕτερον. 4 Τὰ μὲν γὰρ ὀργανικὰ μέρη παρασκευάζει ἐπιτηδείως τὰ πάθη, ἡ δ´ ὄρεξις τὰ πάθη, τὴν δ´ ὄρεξιν ἡ φαντασία· αὕτη δὲ γίνεται ἢ διὰ νοήσεως ἢ δι´ αἰσθήσεως. Ἅμα δὲ καὶ ταχὺ διὰ τὸ 〈τὸ〉 ποιητικὸν καὶ παθητικὸν τῶν πρὸς ἄλληλα εἶναι τὴν φύσιν.
5 Τὸ δὲ κινοῦν πρῶτον τὸ ζῷον ἀνάγκη εἶναι ἔν τινι ἀρχῇ. Ἡ δὲ καμπὴ ὅτι μέν ἐστι ἀρχὴ τοῦ δὲ τελευτή, εἴρηται. Διὸ καὶ ἔστι μὲν ὡς ἑνί, ἔστι δ´ ὡς δυσὶ χρῆται ἡ φύσις αὐτῇ. 6 Ὅταν γὰρ κινῆται ἐντεῦθεν, ἀνάγκη τὸ μὲν ἠρεμεῖν τῶν σημείων τῶν ἐσχάτων, τὸ δὲ κινεῖσθαι· ὅτι γὰρ πρὸς ἠρεμοῦν δεῖ ἀπερείδεσθαι τὸ κινοῦν, εἴρηται πρότερον. Κινεῖται μὲν οὖν καὶ οὐ κινεῖ τὸ ἔσχατον τοῦ βραχίονος, τῆς δ´ ἐν τῷ ὠλεκράνῳ κάμψεως τὸ μὲν κινεῖται τὸ ἐν αὐτῷ τῷ ὅλῳ κινουμένῳ, ἀνάγκη δ´ εἶναί τι καὶ ἀκίνητον, ὃ δή φαμεν δυνάμει μὲν ἓν εἶναι σημεῖον, ἐνεργείᾳ δὲ γίνεσθαι δύο· ὥστ´ εἰ τὸ ζῷον ἦν ὁ βραχίων, ἐνταῦθ´ ἄν που ἦν ἡ ἀρχὴ τῆς ψυχῆς ἡ κινοῦσα. 7 Ἐπεὶ δ´ ἐνδέχεται καὶ πρὸς τὴν χεῖρα ἔχειν τι οὕτως τῶν ἀψύχων, οἷον εἰ κινοίη τὴν βακτηρίαν ἐν τῇ χειρί, φανερὸν ὅτι οὐκ ἂν εἴη ἐν οὐδετέρῳ ἡ ψυχὴ τῶν ἐσχάτων, οὔτ´ ἐν τῷ ἐσχάτῳ τοῦ κινουμένου οὔτ´ ἐν τῇ ἑτέρᾳ ἀρχῇ. Καὶ γὰρ τὸ ξύλον ἔχει καὶ (703) ἀρχὴν καὶ τέλος πρὸς τὴν χεῖρα. Ὧστε διά γε τοῦτο, εἰ μὴ καὶ ἐν τῇ βακτηρίᾳ ἡ κινοῦσα ἀπὸ τῆς ψυχῆς ἀρχὴ ἔνεστιν, οὐδ´ ἐν τῇ χειρί· ὁμοίως γὰρ ἔχει καὶ τὸ ἄκρον τῆς χειρὸς πρὸς τὸν καρπόν, καὶ τοῦτο τὸ μέρος πρὸς τὸ ὠλέκρανον. Οὐδὲν γὰρ διαφέρει τὰ προσπεφυκότα τῶν μή· γίνεται γὰρ ὥσπερ ἀφαιρετὸν μέρος ἡ βακτηρία.
8 Ἀνάγκη ἄρα ἐν μηδεμιᾷ εἶναι ἀρχῇ, ἥ ἐστιν ἄλλου τελευτή, μηδὲ εἴ τι ἐστὶν ἕτερον ἐκείνου ἐξωτέρω, οἷον τοῦ μὲν τῆς βακτηρίας ἐσχάτου ἐν τῇ χειρὶ ἡ ἀρχή, τούτου δ´ ἐν τῷ καρπῷ. Εἰ δὲ μηδ´ ἐν τῇ χειρί, ὅτι ἀνωτέρω ἔτι, ἡ ἀρχὴ οὐδ´ ἐνταῦθα· ἔτι γὰρ τοῦ ὠλεκράνου μένοντος κινεῖται ἅπαν τὸ κάτω συνεχές.
| [8] CHAPITRE VIII.
§ 1. Le principe du mouvement est donc, comme on l'a dit, ce qui est à rechercher ou à fuir dans les choses que nous devons faire. Nécessairement, la chaleur et le refroidissement du corps sont les conséquences de l'action, de la pensée, ou de l'imagination, qui s'y appliquent. Or, c'est la douleur qui est à fuir, et le plaisir qui est à rechercher. Mais, si dans le détail ces diversités trop subtiles nous échappent, toutes les pensées pénibles ou agréables n'en sont pas moins le plus souvent accompagnées de refroidissement ou de chaleur.
§ 2. C'est ce que l'on peut voir avec toute évidence dans les passions. Ainsi, le courage, la crainte, les désirs de l'amour, et toutes les modifications corporelles, pénibles ou agréables, échauffent ou refroidissent, tantôt telle partie du corps, tantôt le corps tout entier. Les souvenirs, les espérances, bien qu'elles ne nous présentent que les copies des choses qu'elles concernent, sont causes cependant des mêmes effets, avec plus ou moins de vivacité. Par suite, les parties intérieures qui se rapportent aux principes des différents organes, sont admirablement disposées pour changer selon le besoin, et passer tour à tour de la coagulation à la fluidité, de la fluidité revenir à l'état de coagulation, et devenir molles ou dures alternativement, en agissant les unes sur les autres.
§ 3. Ces phénomènes se passant ainsi, et le principe qui souffre et celui qui agit ayant bien tous deux la nature que nous avons si souvent indiquée, quand il arrive que l'un est passif et que l'autre est actif, et qu'il ne manque rien ni à l'un ni à l'autre de ce qui les constitue essentiellement, aussitôt l'un agit et l'autre souffre. Voilà pourquoi, du moment que l'être pense qu'il faut marcher, à l'instant même, pour ainsi dire, il marche, si aucun obstacle étranger ne vient l'arrêter.
§ 4. Les parties organiques sont préparées convenablement par les affections; le désir prépare les affections, comme l'imagination prépare le désir. L'imagination elle-même est produite, ou par la pensée, ou par la sensibilité; tout se passe en même temps et avec rapidité, parce que le principe passif et le principe actif sont de ces choses dont la nature est d'être relatives les unes aux autres.
§ 5. Quant au moteur premier qui met l'animal en mouvement, il faut nécessairement qu'il se trouve dans quelque principe; et l'on a dit que l'articulation est à la fois le commencement d'une chose et le terme d'une autre. Aussi la nature l'emploie-t-elle, tantôt comme si elle n'était qu'une seule pièce, et tantôt comme si elle en était deux.
§ 6. Quand le mouvement part de l'articulation, il y a nécessité que l'un des points extrêmes soit en repos, tandis que l'autre est en mouvement; car nous avons fait voir antérieurement que ce qui meut doit s'appuyer sur ce qui demeure en place. Or, l'extrémité du bras est mue et elle ne meut pas; et de la flexion qui est dans l'olécrane, une partie se meut; et c'est celle qui est comprise dans la totalité du membre mis en mouvement. Mais il faut qu'il y ait de plus quelque chose d'immobile qui, nous le répétons, en puissance est unique, mais qui devient deux en acte. Par conséquent, si l'animal était le bras, c'est là que serait placé en quelque point le principe moteur de l'âme.
§ 7. Mais comme on peut avoir aussi dans la main quelque instrument inanimé, un bâton, par exemple, qu'on meut avec la main, il est évident que l'âme ne serait dans aucune de ces deux extrémités, ni dans l'extrémité du bâton qui est mû, ni dans la main, autre principe de mouvement. En effet, le bâton trouve dans la main son principe et sa fin; et par conséquent aussi, si le principe moteur qui part de l'âme n'est pas dans le bâton, il n'est pas davantage dans la main; car l'extrémité de la main est au carpe dans ce même rapport précisément, que cette partie est à l'olécrane. Et ici, les instruments factices que l'on a ajoutés ne diffèrent absolument point du tout des organes qui sont naturels; et le bâton n'est pas autre chose qu'une partie qu'au besoin on peut détacher.
§ 8. Ainsi donc, il est impossible que le mouvement se trouve placé jamais dans un principe qui soit aussi la fin d'une autre chose, non plus qu'il ne peut l'être dans quelque autre partie différente, plus extérieure encore que celle-là; par exemple, si le principe de l'extrémité du bâton était dans la main, et le principe de la main elle-même dans le carpe. Mais si le principe n'est pas dans la main parce qu'il est plus haut qu'elle, il en est encore de même pour le carpe, puisque c'est quand l'olécrane reste en place que toute la partie inférieure qui est continue, peut se mouvoir.
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