[5] CHAPITRE V.
§ 1. Ἀλλὰ μὴν πυρός γε δύο ὁρῶμεν φθοράς͵ μάρανσίν τε καὶ σβέσιν. Καλοῦμεν δὲ τὴν μὲν ὑφ΄ αὑτοῦ μάρανσιν͵ τὴν δ΄ ὑπὸ τῶν ἐναντίων σβέσιν͵ (τὴν μὲν γήρᾳ͵ τὴν δὲ βίαιον͵) § 2. συμβαίνει δ΄ ἀμφοτέρας διὰ ταὐτὸ γίνεσθαι τὰς φθοράς· ὑπολειπούσης γὰρ τῆς τροφῆς͵ οὐ δυναμένου λαμβάνειν τοῦ θερμοῦ τὴν τροφήν͵ φθορὰ γίνεται τοῦ πυρός. Τὸ μὲν γὰρ ἐναντίον παῦον τὴν πέψιν κωλύει τρέφεσθαι· ὁτὲ δὲ μαραίνεσθαι συμβαίνει͵ πλείονος ἀθροιζομένου θερμοῦ διὰ τὸ μὴ ἀναπνεῖν μηδὲ καταψύχεσθαι· ταχὺ γὰρ καὶ οὕτω καταναλίσκει τὴν τροφὴν πολὺ συναθροιζόμενον τὸ θερμόν͵ καὶ φθάνει καταναλίσκον πρὶν ἐπιστῆναι τὴν ἀναθυμίασιν. § 3. Διόπερ οὐ μόνον μαραίνεται τὸ ἔλαττον παρὰ τὸ πλεῖον πῦρ͵ ἀλλὰ καὶ αὐτὴ καθ΄ αὑτὴν ἡ τοῦ λύχνου φλὸξ ἐντιθεμένη πλείονι φλογὶ (470a) κατακαίεται͵ καθάπερ ὁτιοῦν ἄλλο τῶν καυστῶν. Αἴτιον δ΄ ὅτι τὴν μὲν οὖσαν ἐν τῇ φλογὶ τροφὴν φθάνει λαμβάνουσα ἡ μείζων φλὸξ πρὶν ἐπελθεῖν ἑτέραν͵ τὸ δὲ πῦρ ἀεὶ διατελεῖ γινόμενον καὶ ῥέον ὥσπερ ποταμός͵ ἀλλὰ λανθάνει διὰ τὸ τάχος.
§ 4. Δῆλον τοίνυν ὡς εἴπερ δεῖ σῴζεσθαι τὸ θερμόν (τοῦτο δ΄ ἀναγκαῖον͵ εἴπερ μέλλει ζῆν)͵ δεῖ γίνεσθαί τινα τοῦ θερμοῦ τοῦ ἐν τῇ ἀρχῇ κατάψυξιν. § 5. Παράδειγμα δὲ τούτου λαβεῖν ἔστι τὸ συμβαῖνον ἐπὶ τῶν καταπνιγομένων ἀνθράκων· ἂν μὲν γὰρ ὦσι περιπεπωμασμένοι τῷ καλουμένῳ πνιγεῖ συνεχῶς͵ ἀποσβέννυνται ταχέως· ἂν δὲ παρ΄ ἄλληλά τις ποιῇ πυκνὰ τὴν ἀφαίρεσιν καὶ τὴν ἐπίθεσιν͵ μένουσι πεπυρωμένοι πολὺν χρόνον. Ἡ δ΄ ἔγκρυψις σῴζει τὸ πῦρ· οὔτε γὰρ ἀποπνεῖν κωλύεται͵ διὰ μανότητα τῆς τέφρας͵ ἀντιφράττει τε τῷ πέριξ ἀέρι πρὸς τὸ μὴ σβεννύναι͵ τῷ πλήθει τῆς ἐνυπαρχούσης αὐτῷ θερμότητος.
§ 6. Ἀλλὰ περὶ μὲν τῆς αἰτίας ταύτης͵ ὅτι τὸ ἐναντίον συμβαίνει τῷ ἐγκρυπτομένῳ καὶ καταπνιγομένῳ πυρί (τὸ μὲν γὰρ μαραίνεται͵ τὸ δὲ διαμένει πλείω χρόνον)͵ εἴρηται ἐν τοῖς προβλήμασιν.
| [5] CHAPITRE V.
§ 1. Mais on peut observer que le feu est exposé à deux causes de destruction : ou il s'éteint ou il est étouffé. On dit qu'il s'éteint quand il se détruit de lui-même, et il est étouffé quand il cesse par l'action d'éléments contraires. Dans le premier cas, c'est la vieillesse; dans l'autre, c'est une destruction violente. § 2. Il se peut que ces deux destructions du feu viennent d'une seule et même cause. Ainsi, la nourriture venant à manquer, et la chaleur ne pouvant plus prendre l'aliment nécessaire, il y a destruction du feu; c'est alors le contraire qui, arrêtant la digestion, empêche que l'être ne se nourrisse. Parfois aussi le feu s'éteint de lui-même, quand la chaleur s'accumule en trop grande quantité, et que l'animal ne peut plus ni respirer, ni se refroidir. La chaleur accumulée ainsi absorbe bientôt toute la nourriture, et elle l'absorbe si rapidement que l'évaporation n'a pas le temps de se faire. § 3. Voilà pourquoi non-seulement un feu plus faible s'éteint de lui-même devant un feu plus fort, mais aussi pourquoi la flamme d'une lampe qui vit et subsiste par elle-même, si elle est placée dans une flamme plus grande s'y trouve consumée, (470a) comme tout autre combustible. La cause en est que la plus grande flamme a le temps de consumer la nourriture qui est dans la flamme (la plus petite) avant qu'il en arrive d'autre. Mais le feu continue toujours à se produire et à s'écouler comme un fleuve ; et si l'on ne voit pas ce mouvement, c'est à cause de sa rapidité.
§ 4. Il est donc évident que s'il faut que la chaleur se conserve parce qu'elle est indispensable à la vie, il faut aussi qu'il y ait un certain refroidissement de la chaleur qui est dans le principe. § 5. On peut en voir un exemple bien simple dans les charbons qu'on étouffe. Si on les enferme sans interruption dans cette machine à couvercle qu'on appelle un étouffoir, ils s'éteignent sur-le-champ. Mais si on lève plusieurs fois le couvercle et qu'on le remette tour à tour, ils demeurent très-longtemps allumés. Ainsi, couvrir le feu le conserve, parce qu'alors la cendre n'est pas assez épaisse pour l'empêcher de respirer, et qu'il résiste assez, grâce à l'air extérieur, pour ne pas s'éteindre par la quantité de chaleur qu'il renferme en lui-même.
§ 6. On a, du reste, expliqué, dans les Problèmes, la cause spéciale qui fait que le contraire arrive au feu qu'on couvre et à celui qu'on étouffe. L'un, en effet, s'éteint; l'autre, au contraire, subsiste plus longtemps.
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