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[3,55] 55. « Καὶ τάδε μὲν περὶ τῶν χρημάτων· τὴν δὲ Κελτικὴν
ἡγεμονίαν οὐκ ἐψηφισάμεθα μὲν ἡμεῖς Ἀντωνίῳ, ἔδωκε δὲ ὁ
δῆμος νόμῳ, παρόντος αὐτοῦ Κικέρωνος, ᾧ τρόπῳ καὶ ἕτερα
πολλάκις ἔδωκε καὶ τήνδε τὴν ἡγεμονίαν αὐτὴν Καίσαρι πάλαι.
Μέρος δ' ἐστὶ τοῦ νόμου τὸν Ἀντώνιον, τὴν δεδομένην οἱ
μετιόντα, Δέκμῳ μὴ παραχωροῦντι πολεμεῖν καὶ τὸν στρατὸν
ἀντὶ Θρᾳκῶν οὐδὲν ἔτι κινουμένων ἐς τὴν Κελτικὴν ἐπὶ τὸν
ἀντιλέγοντα. Ἀλλὰ Κικέρων Δέκμον μὲν οὐχ ἡγεῖται πολέμιον,
ἐναντία τῷ νόμῳ τιθέμενον ὅπλα, Ἀντώνιον δὲ πολέμιον, τῷ
νόμῳ συμμαχοῦντα. Εἰ δὲ αὐτὸν αἰτιᾶται τὸν νόμον, τοὺς
θεμένους αἰτιᾶται· οὓς ἔδει μεταπείθειν, οὐχὶ συνθέμενον
ὑβρίζειν, οὐδὲ τὴν χώραν Δέκμῳ μὲν πιστεύειν, ὃν ὁ δῆμος
ἐδίωξεν ἐπὶ τῷ φόνῳ, Ἀντωνίῳ δὲ ἀπιστεῖν, ὅ τι ὁ δῆμος
ἔδωκεν. Οὐ γὰρ εὖ βουλευομένων ἐστὶ διαστασιάζεσθαι πρὸς
τὸν δῆμον ἐν καιροῖς μάλιστα ἐπικινδύνοις οὐδὲ ἀμνημονεῖν, ὅτι
καὶ τόδε αὐτὸ τοῦ δήμου πρότερον ἦν, τὸ κρίνειν τὰ φίλια καὶ
πολέμια. Μόνος γὰρ ἐκ τῶν πάλαι νόμων ὁ δῆμος αὐτοκράτωρ
εἰρήνης πέρι καὶ πολέμου σκοπεῖν. Ὧν μηδὲν ὁ δῆμος
ἐπιστήσειε μηδὲ ἐπιμηνίσειεν ἡμῖν, προστάτου λαβόμενος.
| [3,55] 55. "En voilà assez en ce qui concerne l'argent.
Nous n'avons pas voté le gouvernement de la
Gaule Cisalpine à Antoine, mais le peuple le lui a
donné par une loi, Cicéron était présent; de la
même façon que d'autres provinces ont été
souvent données, et comme ce même
gouvernement a été précédemment donné à
César. Il y avait dans cette loi une close qui disait
que, quand Antoine arriverait dans la province
qu'on lui avait attribuée, si Decimus ne la donnait
pas à Antoine, il devait lui déclarer la guerre et
mener l'armée dans la province gauloise contre
lui, au lieu de l'employer contre les Thraces, qui
étaient toujours calmes. Mais Cicéron ne
considère pas Decimus, qui enfreint lui-même la
loi, comme un ennemi, bien qu'il considère ennemi
Antoine qui combat du côté de la loi. Lui qui
accuse la loi elle-même, accuse les auteurs de la
loi; il doit les faire changer d'avis par la
persuasion, et non les insulter ensuite après avoir
été lui-même d'accord avec eux. Il ne doit pas
confier la province à Decimus, que le peuple a
expulsé de la ville à cause du meurtre, tout en
refusant de confier à Antoine ce que le peuple lui
a donné. Ce n'est le propre de bons conseillers
d'être en désaccord avec le peuple,
particulièrement en période de crise, ou d'oublier
que le pouvoir même de décider qui sont nos amis
et qui sont nos ennemis appartenait autrefois au
peuple. Selon les lois antiques, le peuple est
l'arbitre unique de la paix et de la guerre. Plaise au
ciel qu'il ne s'en rappelle pas et ne se fâche pas
contre nous quand il trouvera un chef.
| [3,56] 56. « Ἀλλ' ἔκτεινέ τινας τῶν στρατιωτῶν ὁ Ἀντώνιος.
Αὐτοκράτωρ γε ὢν καὶ ἐς τοῦτο ὑφ' ὑμῶν κεχειροτονημένος.
Καὶ οὐδείς πω τῶνδε λόγον ὑπέσχεν αὐτοκράτωρ. Οὐ γὰρ
ἔκριναν οἱ νόμοι λυσιτελήσειν ἡμῖν τὸν ἄρχοντα τοῖς
στρατευομένοις ὑπεύθυνον εἶναι· οὐδ' ἔστιν ἀπειθείας τι χεῖρον
ἐν στρατοπέδῳ, δι' ἣν καὶ νικῶντές τινες ἀνῃρέθησαν, καὶ
οὐδεὶς εὔθυνε τοὺς ἀνελόντας. Οὐδὲ τῶν νῦν συγγενὴς οὐδείς,
ἀλλὰ Κικέρων ἐπιμέμφεται καὶ φόνου κατηγορῶν πολέμιον
κοινὸν ἀντὶ τῶν ὡρισμένων ἐπιτιμίων τοῖς φονεῦσι τίθεται.
Ἀντωνίῳ δὲ τὸ στρατόπεδον ὅπως τε ἄτακτον ἦν καὶ ὅπως
κατεφρόνει, δηλοῖ καὶ τὰ μεταστάντα αὐτοῦ δύο τέλη, ἃ ὑμεῖς
μὲν ἐψηφίσασθε Ἀντωνίῳ στρατεύειν, αὐτομολήσαντα δὲ παρὰ
τοὺς στρατιωτικοὺς νόμους, οὐ πρὸς ὑμᾶς, ἀλλ' ἐς Καίσαρα, ὁ
Κικέρων ὅμως ἐπῄνεσε καὶ ἐκ τῶν κοινῶν ἐχθὲς ἐμισθοδότησε·
καὶ μή ποτε ὑμᾶς λυπήσειε τὸ παράδειγμα. Κικέρωνα δὲ καὶ ἐς
ἀνωμαλίαν ἐξέστησεν ἡ ἔχθρα· κατηγορεῖ γὰρ Ἀντωνίου
τυραννίδα καὶ κόλασιν στρατιωτῶν, ἀεὶ τῶν ἐπιβουλευόντων τὰ
στρατεύματα θεραπευόντων, οὐ κολαζόντων. Ἐπεὶ δὲ οὐκ
ὤκνησεν οὐδε τὴν ἄλλην Ἀντωνίου μετὰ Καίσαρα ἀρχὴν ὡς
τυραννικὴν διαβαλεῖν, φέρε πύθωμαι καθ' ἕκαστον ὧδε.
| [3,56] 56. Mais on dit qu'Antoine a mis à mort des
soldats. Comme il était commandant en chef il
était autorisé d'agir ainsi de votre part. Aucun
commandant n'a encore jamais rendu des
comptes sur de tels sujets. Les lois ne le
considèrent pas qu'il soit utile à un général de
répondre se ses actes envers des soldats. Il n'y a
rien de pire dans une armée que la
désobéissance, à cause de laquelle des soldats
ont été mis à mort même après une victoire, et
personne n'a blâmé ceux qui les ont tués. Aucun
de leurs parents ne s'est jamais plaint, mais
Cicéron se plaint et tout en accusant Antoine du
meurtre le stigmatise comme ennemi public, au
lieu de réclamer la punition prescrite pour des
meurtriers. La désertion de deux de ses légions
montre à quel point l'armée d'Antoine était
insoumise et arrogante - ces légions, vous avez
voté qu'il devait les commander, et elles ont
déserté, en violation de la loi militaire, pas pour
passer chez vous, mais chez Octave. Néanmoins
Cicéron les a félicitées et hier a proposé qu'elles
soient payées par le trésor public. Plaise au ciel
que cet exemple ne puisse se retourner contre
vous dans la suite. La haine a poussé Cicéron à
se contredire, parce que il accuse Antoine de viser
le pouvoir suprême et de punir ses soldats, alors
que ceux qui conspirent sont toujours cléments et
ne punissent pas leurs troupes. Comme Cicéron
n'hésite pas à considérer comme tyrannique toute
l'administration d'Antoine depuis la mort de César,
allons, laissez-moi examiner ses actes un par un.
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