[8] (1) Ὁ δὲ Φαυστύλος ἀκούσας τήν τε σύλληψιν τοῦ Ῥέμου καὶ τὴν
παράδοσιν, τὸν μὲν Ῥωμύλον ἠξίου βοηθεῖν, τότε σαφῶς διδάξας περὶ τῆς γενέσεως·
πρότερον δ´ ὑπῃνίττετο καὶ παρεδήλου τοσοῦτον ὅσον προσέχοντας μὴ μικρὸν
φρονεῖν· αὐτὸς δὲ τὴν σκάφην κομίζων ἐχώρει πρὸς τὸν Νομήτορα, σπουδῆς καὶ δέους
μεστὸς ὢν διὰ τὸν καιρόν. (2) ὑποψίαν οὖν τοῖς περὶ τὰς πύλας φρουροῖς τοῦ βασιλέως
παρέχων, καὶ ὑφορώμενος ὑπ´ αὐτῶν καὶ ταραττόμενος πρὸς τὰς ἀνακρίσεις, οὐκ
ἔλαθε τὴν σκάφην τῷ χλαμυδίῳ περικαλύπτων. ἦν δέ τις ἐν αὐτοῖς ἀπὸ τύχης τῶν τὰ
παιδάρια ῥῖψαι λαβόντων καὶ γεγονότων περὶ τὴν ἔκθεσιν. (3) οὗτος ἰδὼν τὴν σκάφην
τότε καὶ γνωρίσας τῇ κατασκευῇ καὶ τοῖς γράμμασιν, ἔτυχεν ὑπονοίᾳ τοῦ ὄντος καὶ
οὐ παρημέλησεν, ἀλλὰ φράσας τὸ πρᾶγμα τῷ βασιλεῖ κατέστησεν εἰς ἔλεγχον. (4) ἐν δὲ
πολλαῖς καὶ μεγάλαις ἀνάγκαις ὁ Φαιστύλος οὔτ´ ἀήττητον ἑαυτὸν διεφύλαξεν, οὔτε
παντάπασιν ἐκβιασθείς, σῴζεσθαι μὲν ὡμολόγησε τοὺς παῖδας, εἶναι δ´ ἄπωθεν τῆς
Ἄλβης ἔφη νέμοντας· αὐτὸς δὲ τοῦτο πρὸς τὴν Ἰλίαν φέρων βαδίζειν, πολλάκις ἰδεῖν
καὶ θιγεῖν ἐπ´ ἐλπίδι βεβαιοτέρᾳ τῶν τέκνων ποθήσασαν. (5) ὅπερ οὖν οἱ ταραττόμενοι
καὶ μετὰ δέους ἢ πρὸς ὀργὴν πράττοντες ὁτιοῦν ἐπιεικῶς πάσχουσι, συνέπεσε παθεῖν
τὸν Ἀμούλιον. ἄνδρα γὰρ ἄλλῃ τε χρηστὸν καὶ τοῦ Νομήτορος φίλον ὑπὸ σπουδῆς
ἔπεμψε, διαπυθέσθαι τοῦ Νομήτορος κελεύσας, εἴ τις ἥκοι λόγος εἰς αὐτὸν ὑπὲρ τῶν
παίδων ὡς περιγενομένων. (6) ἀφικόμενος οὖν ὁ ἄνθρωπος καὶ θεασάμενος ὅσον οὔπω τὸν
Ῥέμον ἐν περιβολαῖς καὶ φιλοφροσύναις τοῦ Νομήτορος, τήν τε πίστιν ἰσχυρὰν
ἐποίησε τῆς ἐλπίδος, καὶ παρεκελεύσατο τῶν πραγμάτων ὀξέως ἀντιλαμβάνεσθαι, καὶ
συνῆν αὐτοῖς ἤδη καὶ συνέπραττεν. (7) ὁ δὲ καιρὸς οὐδὲ βουλομένοις ὀκνεῖν παρεῖχεν.
ὁ γὰρ Ῥωμύλος ἐγγὺς ἦν ἤδη, καὶ πρὸς αὐτὸν ἐξέθεον οὐκ ὀλίγοι τῶν πολιτῶν μίσει
καὶ φόβῳ τοῦ Ἀμουλίου. πολλὴν δὲ καὶ σὺν αὑτῷ δύναμιν ἦγε συλλελοχισμένην εἰς
ἑκατοστύας· ἑκάστης δ´ ἀνὴρ ἀφηγεῖτο χόρτου καὶ ὕλης ἀγκαλίδα κοντῷ περικειμένην
ἀνέχων· μανίπλα ταύτας Λατῖνοι καλοῦσιν· ἀπ´ ἐκείνου δὲ καὶ νῦν ἐν τοῖς
στρατεύμασι τούτους μανιπλαρίους ὀνομάζουσιν. (8) ἅμα δὲ τοῦ μὲν Ῥέμου τοὺς ἐντὸς
ἀφιστάντος, τοῦ δὲ Ῥωμύλου προσάγοντος ἔξωθεν, οὔτε πράξας οὐδὲν ὁ τύραννος οὔτε
βουλεύσας σωτήριον ἑαυτῷ διὰ τὸ ἀπορεῖν καὶ ταράττεσθαι, καταληφθεὶς ἀπέθανεν.
(9) ὧν τὰ πλεῖστα καὶ Φαβίου λέγοντος καὶ τοῦ Πεπαρηθίου Διοκλέους, ὃς δοκεῖ πρῶτος
ἐκδοῦναι Ῥώμης κτίσιν, ὕποπτον μὲν ἐνίοις ἐστὶ τὸ δραματικὸν καὶ πλασματῶδες, οὐ
δεῖ δ´ ἀπιστεῖν τὴν τύχην ὁρῶντας οἵων ποιημάτων δημιουργός ἐστι, καὶ τὰ Ῥωμαίων
πράγματα λογιζομένους, ὡς οὐκ ἂν ἐνταῦθα προὔβη δυνάμεως, μὴ θείαν τιν´ ἀρχὴν
λαβόντα καὶ μηδὲν μέγα μηδὲ παράδοξον ἔχουσαν.
| [8] (1) Cependant Faustulus, informé que Rémus avait été fait prisonnier et qu'Amulius l'avait
livré à Numitor, presse Romulus d'aller à son secours, et lui découvre enfin le secret de sa
naissance; il ne leur en avait encore parlé qu'en termes obscurs, et uniquement ce qu'il le
fallait pour leur inspirer des sentiments dignes de leur origine. En même temps il prend le
berceau, et, pressé par la crainte du danger où est Rémus, il court le porter à Numitor. (2) Sa
précipitation et son trouble donnèrent des soupçons aux gardes du roi qui étaient aux portes de
la ville; et l'air d'embarras qu'il eut aux questions qu'on lui fit le rendit encore plus suspect.
Dans l'agitation où il était, il laissa voir le berceau qu'il portait caché sous son manteau. Il se
trouvait par hasard, au nombre des gardes, un des hommes qu'Amulius avait chargés
d'exposer les enfants. (3) Le garde n'eut pas plutôt vu le berceau, qu'il le reconnut à sa forme
et aux caractères qui y étaient gravés. Il se douta d'abord du fait; et croyant ne devoir pas
négliger une pareille découverte, il alla sur-le-champ trouver le roi, et lui amena Faustulus
pour un interrogatoire. (4) Dans une conjoncture si critique, Faustulus, sans céder entièrement
à la crainte, ne conserva pas toute sa fermeté; il avoua que les enfants vivaient; mais il dit
qu'ils étaient loin d'Albe à paître des troupeaux; que pour lui, il portait ce berceau à Ilia, qui
lui avait souvent témoigné le désir de le voir et de le toucher, pour se fortifier dans la
confiance où elle était que ses enfants vivaient encore. (5) Amulius, par une imprudence
ordinaire aux personnes troublées et qui se laissent emporter à la colère ou à la crainte, envoya
précipitamment à Numitor un homme de bien et ami de ce prince, pour lui demander s'il
n'avait pas entendu dire que les enfants d'Ilia fussent en vie. (6) Cet homme arrive chez
Numitor au moment où celui-ci allait se jeter au cou de Rémus et le serrer entre ses bras. Il le
confirme dans ses espérances, le presse de saisir l'occasion qui se présente, et s'offre à le
seconder. (7) La circonstance ne permettait aucun retard. Romulus approchait de la ville, et la
plupart des habitants, qui craignaient Amulius autant qu'ils le haïssaient, en sortaient déjà
pour aller se joindre à lui. Romulus amenait un corps considérable de troupes qu'il avait divisé
en compagnies de cent hommes, commandées chacune par un capitaine qui portait en l'air au
haut d'une pique une brassée d'herbe et de brindilles. C'est ce que les Romains appellent des
manipules; et encore aujourd'hui, dans leurs armées, ils donnent, aux soldats d'une même
compagnie le nom de manipulaires. (8) Rémus, de son côté, gagnait à son parti les citoyens
qui étaient restés dans Albe, et Romulus s'avançait avec ceux du dehors. Le tyran, effrayé, et
ne sachant ni rien faire, ni rien résoudre pour sa défense, fut arrêté et mis à mort. (9) La
plupart de ces faits, rapportés par Fabius Pictor et par Dioclès de Péparéthos, qui le premier, je
crois, a écrit l'histoire de la fondation de Rome, sont suspects à quelques écrivains, à cause de
leur caractère dramatique et fabuleux. Mais peut-on se refuser à les croire, quand on considère
les événements extraordinaires que produit la fortune, et surtout lorsqu'on pense à la grandeur
de Rome, qui ne serait jamais parvenue à un si haut degré de puissance, si elle n'eût eu une
origine divine, et marquée par les faits les plus merveilleux?
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