[7] (1) Γενομένης δέ τινος πρὸς τοὺς Νομήτορος
βουκόλους τοῖς Ἀμουλίου διαφορᾶς καὶ βοσκημάτων ἐλάσεως, οὐκ ἀνασχόμενοι
συγκόπτουσι μὲν αὐτοὺς καὶ τρέπονται, ἀποτέμνονται δὲ τῆς ἀγέλης συχνήν.
ἀγανακτοῦντος δὲ τοῦ Νομήτορος ὠλιγώρουν, συνῆγον δὲ καὶ προσεδέχοντο πολλοὺς
μὲν ἀπόρους, πολλοὺς δὲ δούλους, θράσους ἀποστατικοῦ καὶ φρονήματος ἀρχὰς
ἐνδιδόντες. (2) τοῦ δὲ Ῥωμύλου πρός τινα θυσίαν ἀποτραπομένου (καὶ γὰρ ἦν φιλοθύτης
καὶ μαντικός), οἱ τοῦ Νομήτορος βοτῆρες τῷ Ῥέμῳ μετ´ ὀλίγων βαδίζοντι
προστυχόντες ἐμάχοντο, καὶ γενομένων πληγῶν καὶ τραυμάτων ἐν ἀμφοτέροις,
ἐκράτησαν οἱ τοῦ Νομήτορος καὶ συνέλαβον ζῶντα τὸν Ῥέμον. (3) ἀναχθέντος οὖν αὐτοῦ
πρὸς τὸν Νομήτορα καὶ κατηγορηθέντος, αὐτὸς μὲν οὐκ ἐκόλασε, χαλεπὸν ὄντα δεδιὼς
τὸν ἀδελφόν, ἐλθὼν δὲ πρὸς ἐκεῖνον ἐδεῖτο τυχεῖν δίκης, ἀδελφὸς ὢν καὶ
καθυβρισμένος ὑπ´ οἰκετῶν ἐκείνου βασιλέως ὄντος. (4) συναγανακτούντων δὲ τῶν ἐν
Ἄλβῃ καὶ δεινὰ πάσχειν οἰομένων τὸν ἄνδρα παρ´ ἀξίαν, κινηθεὶς ὁ Ἀμούλιος αὐτῷ
παραδίδωσι τῷ Νομήτορι τὸν Ῥέμον, ὅ τι βούλοιτο χρήσασθαι. (5) παραλαβὼν δ´ ἐκεῖνος,
ὡς ἧκεν οἴκαδε, θαυμάζων μὲν ἀπὸ τοῦ σώματος τὸν νεανίσκον, ὑπερφέροντα μεγέθει
καὶ ῥώμῃ πάντας, ἐνορῶν δὲ τῷ προσώπῳ τὸ θαρραλέον καὶ ἰταμὸν τῆς ψυχῆς
ἀδούλωτον καὶ ἀπαθὲς ὑπὸ τῶν παρόντων, ἔργα δ´ αὐτοῦ καὶ πράξεις ὅμοια τοῖς
βλεπομένοις ἀκούων, τὸ δὲ μέγιστον ὡς ἔοικε θεοῦ συμπαρόντος καὶ συνεπευθύνοντος
ἀρχὰς μεγάλων πραγμάτων, ἁπτόμενος ὑπονοίᾳ καὶ τύχῃ τῆς ἀληθείας, ἀνέκρινεν
ὅστις εἴη καὶ ὅπως : γένοιτο, φωνῇ τε πρᾳείᾳ καὶ φιλανθρώπῳ βλέμματι πίστιν αὐτῷ
μετ´ ἐλπίδος ἐνδιδούς. (6) ὁ δὲ θαρρῶν ἔλεγεν· "ἀλλ´ οὐδὲν ἀποκρύψομαί σε· καὶ γὰρ
εἶναι δοκεῖς Ἀμουλίου βασιλικώτερος. ἀκούεις γὰρ καὶ ἀνακρίνεις πρὶν ἢ κολάζειν·
ὁ δ´ ἀκρίτους ἐκδίδωσι. πρότερον μὲν ἑαυτοὺς οἰκετῶν βασιλέως Φαιστύλου καὶ
Λαρεντίας ἠπιστάμεθα παῖδας, ἐσμὲν δὲ δίδυμοι, γενόμενοι δ´ ἐν αἰτίᾳ πρὸς σὲ καὶ
διαβολαῖς καὶ τοῖς περὶ ψυχῆς ἀγῶσιν, ἀκούομεν μεγάλα περὶ ἑαυτῶν· εἰ δὲ πιστά,
κρινεῖν ἔοικε νῦν ὁ κίνδυνος. (7) γοναὶ μὲν γὰρ ἡμῶν ἀπόρρητοι λέγονται, τροφαὶ δὲ
καὶ τιθηνήσεις ἀτοπώτεραι νεογνῶν, οἷς ἐρρίφημεν οἰωνοῖς καὶ θηρίοις, ὑπὸ τούτων
τρεφόμενοι, μαστῷ λυκαίνης καὶ δρυοκολάπτου ψωμίσμασιν, ἐν σκάφῃ τινὶ κείμενοι
παρὰ τὸν μέγαν ποταμόν. (8) ἔστι δ´ ἡ σκάφη καὶ σῴζεται, χαλκοῖς ὑποζώσμασι
γραμμάτων ἀμυδρῶν ἐγκεχαραγμένων, ἃ γένοιτ´ ἂν ὕστερον ἴσως ἀνωφελῆ γνωρίσματα
τοῖς τοκεῦσιν ἡμῶν ἀπολομένων." (9) ὁ μὲν οὖν Νομήτωρ ἔκ τε τῶν λόγων τούτων καὶ
πρὸς τὴν ὄψιν εἰκάζων τὸν χρόνον, οὐκ ἔφευγε τὴν ἐλπίδα σαίνουσαν, ἀλλ´
ἐφρόντιζεν ὅπως τῇ θυγατρὶ περὶ τούτων κρύφα συγγενόμενος φράσειεν· ἐφρουρεῖτο
γὰρ ἔτι καρτερῶς.
| [7] (1) Un jour les bergers de Numitor s'étant pris de querelle avec ceux d'Amulius, et leur
ayant enlevé quelques bestiaux, Romulus et Rémus, indignés de cette violence, se mirent à
leur poursuite, les battirent, les dispersèrent, et reprirent le butin qu'ils avaient emmené.
Numitor en ayant témoigné du mécontentement, ils s'en mirent peu en peine, et
commencèrent même à rassembler auprès d'eux un grand nombre d'indigents et d'esclaves, à
qui ils suggérèrent des prétextes de désobéissance et de révolte. (2) Mais pendant que
Romulus était retenu ailleurs par un sacrifice (car il aimait les cérémonies religieuses, et était
versé dans l'art de la divination), les bergers de Numitor, ayant rencontré Rémus peu
accompagné, tombèrent brusquement sur lui. Il se livra un combat, où il y eut plusieurs
blessés de part et d'autres l'avantage resta aux gens de Numitor qui firent Rémus prisonnier.
(3) Ils le menèrent à Numitor, à qui ils exposèrent leurs griefs. Mais Numitor n'osa le punir
lui-même, parce qu'il craignait le caractère violent d'Amulius. Il va donc trouver ce dernier,
lui demande justice, et lui représente qu'il ne doit pas souffrir que son propre frère soit insulté
par ses domestiques, qui se prévalent de ce qu'ils appartiennent au roi. (4) Les Albains ayant
témoigné hautement leur indignation de voir traiter Numitor d'une manière si peu convenable
à son rang, Amulius, touché de ces réclamations, lui livre Rémus pour en disposer à son gré.
(5) Numitor le mène chez lui; et là, ayant considéré de plus près ce jeune homme, qui par sa
taille et sa force surpassait tous ceux de son âge, il admire cette hardiesse et cette fermeté qui
éclatent sur son visage, et le rendent insensible au danger dont il est menacé; d'ailleurs ce
qu'on racontait de ses actions répondait à ce qu'il voyait en lui. Mais ce qui est plus
extraordinaire, l'inspiration sans doute de quelque dieu qui jetait déjà les fondements des
grandes choses qui arrivèrent depuis, peut-être une intuition ou une hasard, lui donnent un
pressentiment de la vérité. Il demande à ce jeune homme qui il est, s'informe des particularités
de sa naissance, et lui parle d'un ton de douceur et de bonté propre à lui donner de la
confiance et de l'espoir. (6) « Je ne vous cacherai rien, lui répondit Rémus avec assurance, car
vous me paraissez plus digne de régner qu'Amulius. Vous écoutez du moins et vous jugez,
avant de punir; lui, il livre les accusés au supplice sans les entendre. Nous sommes deux
jumeaux; nous avions cru jusqu'à présent être les fils de Faustulus et de Larentia; mais depuis
qu'on nous a calomnieusement accusés devant vous, et que nous sommes dans la nécessité de
défendre notre vie, nous entendons dire de nous des choses étonnantes, dont le danger où je
me trouve va faire connaître le vrai ou le faux. (7) Nés, dit-on, d'une manière extraordinaire,
nous avons été nourris, dans notre enfance, d'une manière encore plus merveilleuse.
Abandonnés aux bêtes sauvages et aux oiseaux de proie, ces animaux eux-mêmes ont pris
soin de nous nourrir. Exposés sur le bord d'un grand fleuve, nous y fûmes allaités par une
louve, et un pivert nous apportait de la nourriture qu'il mettait toute préparée dans notre
bouche. (8) On conserve encore le berceau dans lequel on nous avait mis. Il est garni de lames
de bronze, sur lesquelles sont gravés des caractères à demi effacés, qui peut-être seront un
jour pour nos parents des signes d'une reconnaissance inutile quand nous ne serons plus. » (9)
Numitor, réfléchissant à ces paroles et rapprochant l'âge que paraissait avoir Rémus de
l'époque de son exposition, ne rejeta pas une espérance si flatteuse; mais d'abord il chercha les
moyens d'en conférer secrètement avec sa fille, qui était toujours étroitement gardée.
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