[6] (1) Τὰ δὲ βρέφη Φαιστύλος Ἀμουλίου συφορβὸς ἀνείλετο λαθὼν ἅπαντας, ὡς
δ´ ἔνιοί φασι τῶν εἰκότων ἐχόμενοι μᾶλλον, εἰδότος τοῦ Νομήτορος καὶ
συγχορηγοῦντος τροφὰς κρύφα τοῖς τρέφουσι. (2) καὶ γράμματα λέγονται καὶ τἆλλα
μανθάνειν οἱ παῖδες εἰς Γαβίους κομισθέντες, ὅσα χρὴ τοὺς εὖ γεγονότας. κληθῆναι
δὲ καὶ τούτους ἀπὸ τῆς θηλῆς ἱστοροῦσι Ῥωμύλον καὶ Ῥέμον, ὅτι θηλάζοντες ὤφθησαν
τὸ θηρίον. (3) ἡ μὲν οὖν ἐν τοῖς σώμασιν εὐγένεια καὶ νηπίων ὄντων εὐθὺς ἐξέφαινε
μεγέθει καὶ ἰδέᾳ τὴν φύσιν, αὐξόμενοι δὲ θυμοειδεῖς ἦσαν ἀμφότεροι καὶ ἀνδρώδεις
καὶ φρόνημα πρὸς τὰ φαινόμενα δεινὰ καὶ τόλμαν ὅλως ἀνέκπληκτον ἔχοντες· ὁ δὲ
Ῥωμύλος γνώμῃ τε χρῆσθαι μᾶλλον ἐδόκει καὶ πολιτικὴν ἔχειν σύνεσιν, ἐν ταῖς περὶ
νομὰς καὶ κυνηγίας πρὸς τοὺς γειτνιῶντας ἐπιμειξίαις πολλὴν ἑαυτοῦ παρέχων
κατανόησιν ἡγεμονικοῦ μᾶλλον ἢ πειθαρχικοῦ φύσει γεγονότος. (4) διὸ τοῖς μὲν
ὁμοδούλοις ἢ ταπεινοτέροις προσφιλεῖς ἦσαν, ἐπιστάτας δὲ καὶ διόπους βασιλικοὺς
καὶ ἀγελάρχας ὡς μηδὲν αὐτῶν ἀρετῇ διαφέροντας ὑπερφρονοῦντες, οὔτ´ ἀπειλῆς
ἐφρόντιζον οὔτ´ ὀργῆς. (5) ἐχρῶντο δὲ διαίταις καὶ διατριβαῖς ἐλευθερίοις, οὐ τὴν
σχολὴν ἐλευθέριον ἡγούμενοι καὶ τὴν ἀπονίαν, ἀλλὰ γυμνάσια καὶ θήρας καὶ δρόμους
καὶ τὸ λῃστὰς ἀλέξασθαι καὶ κλῶπας ἑλεῖν καὶ βίας ἐξελέοθαι τοὺς ἀδικουμένους.
ἦσαν δὴ διὰ ταῦτα περιβόητοι.
| [6] (1) Faustulus, porcher d'Amulius, fit élever ces enfants chez lui, à l'insu de tout le monde.
Quelques auteurs ont dit pourtant, avec assez de vraisemblance, que Numitor le savait, et qu'il
contribuait secrètement à leur entretien. (2) On dit aussi que les enfants furent envoyés à
Gabies, pour y apprendre les lettres et tout ce que doivent savoir les enfants bien nés. On
rapporte encore qu'ils furent appelés Romulus et de Rémus, du mot "ruma", mamelle, parce
qu'on avait vu une louve les allaiter. (3) Dès leur première enfance, leur taille avantageuse et
la noblesse de leurs traits annonçaient déjà l'élévation de leur caractère. En grandissant, ils
devenaient l'un et l'autre plus courageux et plus hardis, et montraient dans les dangers une
audace et une intrépidité à toute épreuve. Mais Romulus l'emportait sur son frère par son
intelligence et par sa capacité pour les affaires. Dans les rapports qu'il avait avec ses voisins
en matière de pâturages et de chasse, il faisait voir en tout qu'il était né plutôt pour
commander que pour obéir. (4) Ils étaient l'un et l'autre fort aimés de leurs égaux et de leurs
inférieurs; quant aux intendants et aux chefs des troupeaux du roi, à qui ils ne voyaient aucun
avantage sur eux du côté du courage, ils les méprisaient, et ne tenaient compte ni de leur
colère ni de leurs menaces. (5) Toujours livrés à des occupations honnêtes, ils regardaient
l'oisiveté et l'inaction comme indignes de personnes libres exercer continuellement leur
corps, chasser, faire la course, repousser les brigands et les voleurs, défendre les opprimés
contre toute espèce de violence; tel était chaque jour l'emploi de leur vie. Par cette conduite,
ils s'étaient acquis une grande réputation.
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