[3,2] Σκευοφοροῦντες οὖν κατὰ τὴν ναῦν διὰ πάσης ἡμέρας δόλιχόν
τινα τοῦτον δρόμον μυρίον ἐπονοῦμεν, ἀεὶ τὸν θάνατον προσδοκῶντες·
καὶ ἦν, ὡς εἰκός, οὐ μακράν.
περὶ γὰρ μεσημβρίαν δείλην ὁ μὲν ἥλιος τέλεον ἁρπάζεται, ἑωρῶμεν δὲ
ἑαυτοὺς ὡς ἐν σελήνῃ.
πῦρ μὲν ἀστραπῆς ἵπταται, μυκᾶται δὲ βροντὴν οὐρανὸς καὶ τὸν ἀέρα
γεμίζει βόμβος, ἀντεβόμβει δὲ κάτωθεν τῶν κυμάτων ἡ στάσις,
μεταξὺ δὲ οὐρανοῦ καὶ θαλάσσης ἀνέμων ποικίλων ἐσύριζε ψόφος.
καὶ ὁ μὲν ἀὴρ εἶχε σάλπιγγος ἦχον· οἱ δὲ κάλοι περὶ τὴν ὀθόνην
πίπτουσιν, ἀντιπαταγοῦντες δὲ ἐτετρίγεσαν· ἐφόβει δὲ καὶ τὰ ξύλα
τῆς νεὼς ῥηγνύμενα, μὴ κατὰ μικρὸν ἀνοιχθείη τὸ σκάφος τῶν
γόμφων ἀποσπωμένων. γέρρα δὲ περὶ πᾶσαν τὴν ναῦν ἐκεκάλυπτο·
καὶ γὰρ ὄμβρος ἐπέκλυζε πολύς. ἡμεῖς δὲ τὰ γέρρα ὑποδύντες
ὥσπερ εἰς ἄντρον ἐμένομεν, παραδόντες ἑαυτοὺς τῇ τύχῃ, ῥίψαντες
τὰς ἐλπίδας.
τρικυμίαι δὲ πολλαὶ πάντοθεν, αἱ μὲν κατὰ πρόσωπον, αἱ δὲ κατ´ οὐρὰν
τῆς νεὼς ἀλλήλαις ἀντέπιπτον.
ἡ δὲ ναῦς ἀεὶ πρὸς μὲν τὸ κυρτούμενον τῆς θαλάσσης ἠγείρετο, πρὸς δὲ
τὸ παράδρομον ἤδη καὶ χθαμαλὸν τοῦ κύματος κατεδύετο. ἐῴκει δὲ
τῶν κυμάτων τὰ μὲν ὄρεσι, τὰ δὲ χάσμασιν.
ἦν δὲ καὶ τὰ ἐγκάρσια τῶν κυμάτων ἑκατέρωθεν φοβερώτερα·
ἀναβαίνουσα μὲν γὰρ ἐπὶ τὴν ναῦν ἡ θάλασσα διὰ τῶν γέρρων
ἐκυλίετο καὶ ἐκάλυπτε πᾶν τὸ σκάφος.
τὸ γὰρ κῦμα αἰρόμενον ὑψοῦ, ψαῦον αὐτῶν τῶν νεφῶν,
πόρρωθεν μὲν πρὸς ἀντιπρόσωπον ἐφαίνετο τῷ σκάφει μέγεθος οἷον
ὄρος, προσιὸν δὲ βλέπων καταποθήσεσθαι τὴν ναῦν προσεδόκησας.
ἦν οὖν ἀνέμων μάχη καὶ κυμάτων. ἡμεῖς δὲ οὐκ ἐδυνάμεθα κατὰ
χώραν μένειν ὑπὸ τοῦ τῆς νηὸς σεισμοῦ. συμμιγὴς δὲ πάντων ἐγίνετο
βοή· ἐρρόχθει τὸ κῦμα, ἐπάφλαζε τὸ πνεῦμα, ὀλολυγμὸς γυναικῶν,
ἀλαλαγμὸς ἀνδρῶν, κελευσμὸς ναυτῶν, πάντα θρήνων καὶ κωκυτῶν
ἀνάμεστα.
καὶ ὁ κυβερνήτης ἐκέλευε ῥίπτειν τὸν φόρτον. διάκρισις δὲ οὐκ ἦν ἀργύρου
καὶ χρυσοῦ πρὸς ἄλλο τι τῶν εὐτελῶν, ἀλλὰ πάντα ὁμοίως ἠκοντίζομεν ἔξω
τῆς νηός· πολλοὶ δὲ καὶ τῶν ἐμπόρων, αὐτοὶ τῶν οἰκείων λαμβάνοντες ἐν οἷς
εἶχον τὰς ἐλπίδας, ὤθουν ἐπειγόμενοι. καὶ ἦν ἤδη ἡ ναῦς τῶν ἐπίπλων γυμνή·
ὁ δὲ χειμὼν οὐκ ἐσπένδετο.
| [3,2] Nous portâmes ainsi nos bagages à travers le
navire pendant toute la journée, couvrant de la sorte
mille fois la distance d'une course de fond, et, sans cesse,
nous attendant à la mort. Et, selon toute vraisemblance,
elle n'était pas loin. Vers le début de l'après-midi, le soleil
disparut entièrement et nous nous apercevions entre
nous comme à la lumière de la lune. des éclairs traversent
la nue, le tonnerre gronde dans le ciel, l'air est plein de
fracas, sur la mer répond celui des vagues en furie, et,
entre le ciel et la mer, c'est le sifflement des vents soufflant
de tout l'horizon. L'air retentissait comme une trompette;
les câbles frappaient la voile et, accompagnant le
bruit sourd de celle-ci, faisaient entendre un grincement;
on craignait que les planches même de la coque ne fussent
disloquées et que, dans peu d'instants, le bateau ne s'ouvrît,
les rivets arrachés. Et, sur tout le pont, l'on avait
étendu les claies, car il tombait une pluie abondante
et nous nous étions glissés dessous comme dans une
grotte, nous abandonnant à la Fortune, mais sans aucun espoir.
D'énormes vagues, en grand nombre, s'abattaient de
partout, les unes sur l'avant, les autres en poupe, et se
précipitaient les unes contre les autres. Et, sans arrêt,
lorsque la mer se gonflait, le navire montait et, lorsqu'elle
se retirait et que la vague se creusait, il descendait
dans l'abîme. Et les vagues ressemblaient tantôt
à des montagnes, tantôt à des vallées. Mais celles des
vagues qui nous frappaient obliquement, par un des
côtés, étaient plus terribles encore : alors, la mer montait
sur le navire, jaillissait à travers les claies du bastingage
et couvrait le bateau tout entier. La vague se
dressait très haut, atteignant les nuages; on la voyait
de loin, vers l'avant du navire, aussi haute qu'une montagne,
et, à mesure qu'elle approchait, on avait l'impression
qu'elle allait avaler le navire. Les vents et les vagues
luttaient entre eux. Quant à nous, il nous était impossible
de rester au même endroit, tant le bateau était
secoué. Tous les bruits se mêlaient. La vague mugissait,
le vent sifflait, les femmes hurlaient, les hommes criaient,
l'équipage lançait des ordres, tout était rempli de plaintes
et de lamentations. Le pilote ordonna de jeter la cargaison
à la mer. On ne fit aucune différence entre l'or et
l'argent et ce qui n'avait aucune valeur; nous lançions
tout à la mer, sans distinction. Et beaucoup d'entre les
marchands prenant eux-mêmes leurs marchandises, dans
lesquelles ils avaient mis leurs espérances, les jetaient à
l'envi. Maintenant, le navire était vide de tout ce qu'il
avait porté; mais la tempête ne relâchait pas.
|