[4,8,20] καὶ τὰ μὲν ἄλλα οὐδὲν ὅ τι καὶ ἐθαύμασαν· τὰ δὲ σμήνη πολλὰ ἦν αὐτόθι,
καὶ τῶν κηρίων ὅσοι ἔφαγον τῶν στρατιωτῶν πάντες ἄφρονές τε ἐγίγνοντο καὶ
ἤμουν καὶ κάτω διεχώρει αὐτοῖς καὶ ὀρθὸς οὐδεὶς ἐδύνατο ἵστασθαι, ἀλλ᾽ οἱ μὲν
ὀλίγον ἐδηδοκότες σφόδρα μεθύουσιν ἐᾐκεσαν, οἱ δὲ πολὺ μαινομένοις, οἱ δὲ καὶ
ἀποθνῄσκουσιν. (4.8.21) ἔκειντο δὲ οὕτω πολλοὶ ὥσπερ τροπῆς γεγενημένης, καὶ
πολλὴ ἦν ἀθυμία. τῇ δ᾽ ὑστεραίᾳ ἀπέθανε μὲν οὐδείς, ἀμφὶ δὲ τὴν αὐτήν πως
ὥραν ἀνεφρόνουν· τρίτῃ δὲ καὶ τετάρτῃ ἀνίσταντο ὥσπερ ἐκ φαρμακοποσίας.
(4.8.22) ἐντεῦθεν δ᾽ ἐπορεύθησαν δύο σταθμοὺς παρασάγγας ἑπτά, καὶ ἦλθον ἐπὶ
θάλατταν εἰς Τραπεζοῦντα πόλιν Ἑλληνίδα οἰκουμένην ἐν τῷ Εὐξείνῳ Πόντῳ,
Σινωπέων ἀποικίαν, ἐν τῇ Κόλχων χώρᾳ. ἐνταῦθα ἔμειναν ἡμέρας ἀμφὶ τὰς
τριάκοντα ἐν ταῖς τῶν Κόλχων κώμαις· (4.8.23) κἀντεῦθεν ὁρμώμενοι ἐλῄζοντο
τὴν Κολχίδα. ἀγορὰν δὲ παρεῖχον τῷ στρατοπέδῳ Τραπεζούντιοι, καὶ ἐδέξαντό
τε τοὺς Ἕλληνας καὶ ξένια ἔδοσαν βοῦς καὶ ἄλφιτα καὶ οἶνον. (4.8.24)
συνδιεπράττοντο δὲ καὶ ὑπὲρ τῶν πλησίον Κόλχων τῶν ἐν τῷ πεδίῳ μάλιστα
οἰκούντων, καὶ ξένια καὶ παρ᾽ ἐκείνων ἦλθον βόες. (4.8.25) μετὰ δὲ τοῦτο τὴν
θυσίαν ἣν ηὔξαντο παρεσκευάζοντο· ἦλθον δ᾽ αὐτοῖς ἱκανοὶ βόες ἀποθῦσαι τῷ
Διὶ τῷ σωτῆρι καὶ τῷ Ἡρακλεῖ ἡγεμόσυνα καὶ τοῖς ἄλλοις θεοῖς ἃ ηὔξαντο.
ἐποίησαν δὲ καὶ ἀγῶνα γυμνικὸν ἐν τῷ ὄρει ἔνθαπερ ἐσκήνουν. εἵλοντο δὲ
Δρακόντιον Σπαρτιάτην, ὃς ἔφυγε παῖς ὢν οἴκοθεν, παῖδα ἄκων κατακανὼν
ξυήλῃ πατάξας, δρόμου τ᾽ ἐπιμεληθῆναι καὶ τοῦ ἀγῶνος προστατῆσαι. (4.8.26)
ἐπειδὴ δὲ ἡ θυσία ἐγένετο, τὰ δέρματα παρέδοσαν τῷ Δρακοντίῳ, καὶ ἡγεῖσθαι
ἐκέλευον ὅπου τὸν δρόμον πεποιηκὼς εἴη. ὁ δὲ δείξας οὗπερ ἑστηκότες
ἐτύγχανον
- οὗτος ὁ λόφος, ἔφη, κάλλιστος τρέχειν ὅπου ἄν τις βούληται.
- πῶς οὖν, ἔφασαν, δυνήσονται παλαίειν ἐν σκληρῷ καὶ δασεῖ οὕτως; ὁ δ᾽ εἶπε·
- μᾶλλόν τι ἀνιάσεται ὁ καταπεσών. (4.8.27) ἠγωνίζοντο δὲ παῖδες μὲν στάδιον
τῶν αἰχμαλώτων οἱ πλεῖστοι, δόλιχον δὲ Κρῆτες πλείους ἢ ἑξήκοντα ἔθεον,
πάλην δὲ καὶ πυγμὴν καὶ παγκράτιον ἕτεροι, καὶ καλὴ θέα ἐγένετο· πολλοὶ γὰρ
κατέβησαν καὶ ἅτε θεωμένων τῶν ἑταίρων πολλὴ φιλονικία ἐγίγνετο. (4.8.28)
ἔθεον δὲ καὶ ἵπποι καὶ ἔδει αὐτοὺς κατὰ τοῦ πρανοῦς ἐλάσαντας ἐν τῇ θαλάττῃ
ἀποστρέψαντας πάλιν πρὸς τὸν βωμὸν ἄγειν. καὶ κάτω μὲν οἱ πολλοὶ
ἐκαλινδοῦντο· ἄνω δὲ πρὸς τὸ ἰσχυρῶς ὄρθιον μόλις βάδην ἐπορεύοντο οἱ ἵπποι·
ἔνθα πολλὴ κραυγὴ καὶ γέλως καὶ παρακέλευσις ἐγίγνετο.
| [4,8,20] ils n'y rencontrèrent rien qui les étonnât, si ce n'est qu'il y avait beaucoup de
ruches, et que tous les soldats qui mangèrent des gâteaux de miel, eurent le
transport au cerveau, vomirent, furent purgés, et qu'aucun d'eux ne pouvait se
tenir sur ses jambes. Ceux qui n'en avaient que goûté, avaient l'air de gens
plongés dans l'ivresse ; ceux qui en avaient pris davantage ressemblaient, les
uns à des furieux, les autres à des mourants. On voyait plus de soldats étendus
sur la terre que si l'armée eût perdu une bataille, et la même consternation y
régnait. Le lendemain personne ne mourut ; le transport cessait à peu près à la
même heure où il avait pris la veille. Le troisième et le quatrième jour, les
empoisonnés se levèrent, las et fatigués ; comme on l'est après l'effet d'un
remède violent. On fit ensuite sept parasanges en deux marches. On arriva sur
le bord de la mer à Trébizonde, ville grecque fort peuplée ; elle est située
sur le Pont Euxin, dans le pays des Colques, et c'est une colonie des Sinopéens.
Les Grecs y demeurèrent environ un mois sur le territoire de la Colchide, et ils
s'écartaient pour piller. Les habitants de Trébizonde établirent un marché dans
le camp des Grecs, les reçurent, et leur offrirent les présents de
l'hospitalité, des bœufs, de la farine d'orge et du vin ; ils obtinrent même de
l'armée qu'elle ménageât les Colques qui étaient les plus voisins, et habitaient
la plaine ; ceux-ci firent aussi des présents aux Grecs, et leur donnèrent
surtout des bêtes à cornes. L'armée se prépara alors à faire aux dieux les
sacrifices qu'on leur avait voués, car il était venu assez de bœufs pour immoler
à Jupiter sauveur et à Hercule, et pour leur rendre grâces d'avoir conduit les
Grecs en pays ami. On ne manquait pas non plus de victimes pour accomplir les
promesses faites aux autres dieux. On célébra des jeux et des combats gymniques
sur la montagne où l'on campait, et l'on choisit Dracontius de Sparte pour faire
préparer la lice et pour présider aux jeux. Ce Grec avait été banni de sa patrie
dès l'enfance, parce qu'il avait frappé avec un sabre court, à la
lacédémonienne, et tué sans le vouloir un enfant de son âge. Les sacrifices
étant finis, on donna à Dracontius les peaux des victimes, et on lui dit de
conduire les Grecs au lieu préparé pour la course. Il désigna la place même où
on se trouvait. " Cette colline, dit-il, est excellente et l'on peut y courir,
dans tous les sens qu'on voudra. Mais, lui objecta-t-on, comment pourront lutter
les athlètes sur un sol pierreux et dans un terrain planté d'arbres ? - Tant pis
pour ceux qui tomberont, répondit Dracontius, ils s'en feront plus de mal." Des
enfants, dont la plupart étaient esclaves et prisonniers, s'exercèrent à la
course du stade, et plus de soixante Crétois, à celle du dolique ; d'autres à la
lutte, au pugilat, au pancrace. Le spectacle fut beau. Nombre de contendants
étaient descendus dans l'arène ; les regards de leurs compagnons enflammaient
leur émulation. Il y eut aussi des courses de chevaux. Il fallait descendre du
haut de la montagne au bord de la mer, et de là remonter jusqu'à l'autel. La
plupart des chevaux s'abandonnèrent à la descente ; mais ce ne fut qu'avec peine
et lentement qu'ils remontèrent ce coteau très escarpé. On entendait de toutes
parts les clameurs, les rires et les exhortations habituelles des Grecs.
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