[4,6,1] ἐπεὶ δ᾽ ἡμέρα ἦν ὀγδόη, τὸν μὲν ἡγεμόνα παραδίδωσι Χειρισόφῳ, τοὺς δὲ
οἰκέτας καταλείπει τῷ κωμάρχῳ, πλὴν τοῦ υἱοῦ τοῦ ἄρτι ἡβάσκοντος· τοῦτον δὲ
Πλεισθένει Ἀμφιπολίτῃ δίδωσι φυλάττειν, ὅπως εἰ καλῶς ἡγήσοιτο, ἔχων καὶ
τοῦτον ἀπίοι. καὶ εἰς τὴν οἰκίαν αὐτοῦ εἰσεφόρησαν ὡς ἐδύναντο πλεῖστα, καὶ
ἀναζεύξαντες ἐπορεύοντο. (4.6.2) ἡγεῖτο δ᾽ αὐτοῖς ὁ κώμαρχος λελυμένος διὰ
χιόνος· καὶ ἤδη τε ἦν ἐν τῷ τρίτῳ σταθμῷ, καὶ Χειρίσοφος αὐτῷ ἐχαλεπάνθη ὅτι
οὐκ εἰς κώμας ἤγαγεν. ὁ δ᾽ ἔλεγεν ὅτι οὐκ εἶεν ἐν τῷ τόπῳ τούτῳ. (4.6.3) ὁ δὲ
Χειρίσοφος αὐτὸν ἔπαισεν, ἔδησε δ᾽ οὔ. ἐκ δὲ τούτου ἐκεῖνος τῆς νυκτὸς ἀποδρὰς
ᾤχετο καταλιπὼν τὸν υἱόν. τοῦτό γε δὴ Χειρισόφῳ καὶ Ξενοφῶντι μόνον
διάφορον ἐν τῇ πορείᾳ ἐγένετο, ἡ τοῦ ἡγεμόνος κάκωσις καὶ ἀμέλεια.
Πλεισθένης δὲ ἠράσθη τοῦ παιδὸς καὶ οἴκαδε κομίσας πιστοτάτῳ ἐχρῆτο. (4.6.4)
μετὰ τοῦτο ἐπορεύθησαν ἑπτὰ σταθμοὺς ἀνὰ πέντε παρασάγγας τῆς ἡμέρας
παρὰ τὸν Φᾶσιν ποταμόν, εὖρος πλεθριαῖον. (4.6.5) ἐντεῦθεν ἐπορεύθησαν
σταθμοὺς δύο παρασάγγας δέκα· ἐπὶ δὲ τῇ εἰς τὸ πεδίον ὑπερβολῇ ἀπήντησαν
αὐτοῖς Χάλυβες καὶ Τάοχοι καὶ Φασιανοί. (4.6.6) Χειρίσοφος δ᾽ ἐπεὶ κατεῖδε τοὺς
πολεμίους ἐπὶ τῇ ὑπερβολῇ, ἐπαύσατο πορευόμενος, ἀπέχων εἰς τριάκοντα
σταδίους, ἵνα μὴ κατὰ κέρας ἄγων πλησιάσῃ τοῖς πολεμίοις· παρήγγειλε δὲ καὶ
τοῖς ἄλλοις παράγειν τοὺς λόχους, ὅπως ἐπὶ φάλαγγος γένοιτο τὸ στράτευμα.
(4.6.7) ἐπεὶ δὲ ἦλθον οἱ ὀπισθοφύλακες, συνεκάλεσε στρατηγοὺς καὶ λοχαγούς,
καὶ ἔλεξεν ὧδε.
- οἱ μὲν πολέμιοι, ὡς ὁρᾶτε, κατέχουσι τὰς ὑπερβολὰς τοῦ ὄρους· ὥρα δὲ
βουλεύεσθαι ὅπως ὡς κάλλιστα ἀγωνιούμεθα. (4.6.8) ἐμοὶ μὲν οὖν δοκεῖ
παραγγεῖλαι μὲν ἀριστοποιεῖσθαι τοῖς στρατιώταις, ἡμᾶς δὲ βουλεύεσθαι εἴτε
τήμερον εἴτε αὔριον δοκεῖ ὑπερβάλλειν τὸ ὄρος. (4.6.9)
- ἐμοὶ δέ γε, ἔφη ὁ Κλεάνωρ, δοκεῖ, ἐπὰν τάχιστα ἀριστήσωμεν, ἐξοπλισαμένους
ὡς κράτιστα ἰέναι ἐπὶ τοὺς ἄνδρας. εἰ γὰρ διατρίψομεν τὴν τήμερον ἡμέραν, οἵ τε
νῦν ἡμᾶς ὁρῶντες πολέμιοι θαρραλεώτεροι ἔσονται καὶ ἄλλους εἰκὸς τούτων
θαρρούντων πλείους προσγενέσθαι.
| [4,6,1] On cantonna sept jours ; le huitième, Xénophon donne le magistrat de son village
à Chirisophe pour servir de guide. On laisse à cet Arménien dans sa maison tout
ce qui l'habitait. On n'emmène que son fils qui entrait dans l'âge de puberté ;
on met cet enfant sous la garde d'Episthène d'Amphipolis, et l'on promet au père
que s'il conduit bien l'armée on lui rendra aussi son fils, et qu'il le ramènera
avec lui. On remplit ensuite son château de tout ce qu'on y peut porter, et l'on
se met en marche : ce nouveau guide n'était point lié et conduisait l'armée à
travers les neiges. On était déjà à la fin de la troisième marche quand
Chirisophe se mit en colère contre lui de ce qu'il ne menait point les Grecs à
des villages ; il répondit qu'il n'y en avait aucun dans les environs.
Chirisophe le battit et ne le fit point enchaîner : la nuit suivante l'Arménien
s'esquiva et abandonna son fils. Le châtiment de ce guide et le peu de soin
qu'on prit pour s'en assurer, occasionnèrent le seul différent qui s'éleva dans
toute la route entre Chirisophe et Xénophon. Episthène devint amoureux du jeune
homme, l'emmena en Grèce, et eut lieu d'être content de ses services et de sa fidélité.
De là, en sept marches de cinq parasanges chacune, on arriva aux bords du Phase,
fleuve large d'un plèthre ; puis on fit dix autres parasanges en deux marches ;
enfin, sur le sommet d'une montagne qu'on allait passer pour redescendre en
plaine, on aperçut des Chalybes, les Taoques et les Phasiens qui attendaient
l'armée grecque. Chirisophe, les voyant dans cette position, fait faire halte à
la tête, à trente stades d'eux à peu près ; car il ne voulait pas en approcher
en ordre de marche : Il ordonna aux autres chefs de faire avancer les sections,
et de les mettre en bataille à mesure qu'elles joindraient, de façon que l'armée
fût rangée sur une ligne pleine. Quand l'arrière-garde même se fut formée, il
assembla les généraux et les chefs de lochos et leur dit : « Les ennemis, comme
vous le voyez, occupent le sommet de la montagne ; il est temps d'agiter quelles
dispositions on doit faire pour combattre avec succès. Je suis d'avis d'envoyer
le soldat dîner, et de délibérer nous-mêmes si c'est aujourd'hui ou demain qu'il
convient de passer la montagne. - Pour moi, dit Cléanor, je pense qu'il faut
dîner au plus vite, courir aux armes aussitôt et marcher à l'ennemi ; car il
nous voit. Si nous différons au lendemain, nous lui inspirerons plus d'audace,
et dès que cette troupe s'enhardira, probablement d'autres Barbares viendront
s'y joindre, et leur nombre augmentera à vue d'oeil. »
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