[4,5,30] τῇ δ᾽ ἐπιούσῃ ἡμέρᾳ Ξενοφῶν λαβὼν τὸν κώμαρχον πρὸς Χειρίσοφον ἐπορεύετο·
ὅπου δὲ παρίοι κώμην, ἐτρέπετο πρὸς τοὺς ἐν ταῖς κώμαις καὶ κατελάμβανε πανταχοῦ
εὐωχουμένους καὶ εὐθυμουμένους, καὶ οὐδαμόθεν ἀφίεσαν πρὶν παραθεῖναι αὐτοῖς
ἄριστον· (4.5.31) οὐκ ἦν δ᾽ ὅπου οὐ παρετίθεσαν ἐπὶ τὴν αὐτὴν τράπεζαν κρέα ἄρνεια,
ἐρίφεια, χοίρεια, μόσχεια, ὀρνίθεια, σὺν πολλοῖς ἄρτοις τοῖς μὲν πυρίνοις τοῖς δὲ κριθίνοις.
(4.5.32) ὁπότε δέ τις φιλοφρονούμενός τῳ βούλοιτο προπιεῖν, εἷλκεν ἐπὶ τὸν κρατῆρα, ἔνθεν
ἐπικύψαντα ἔδει ῥοφοῦντα πίνειν ὥσπερ βοῦν. καὶ τῷ κωμάρχῳ ἐδίδοσαν
λαμβάνειν ὅ τι βούλοιτο. ὁ δὲ ἄλλο μὲν οὐδὲν ἐδέχετο, ὅπου δέ τινα τῶν
συγγενῶν ἴδοι, πρὸς ἑαυτὸν ἀεὶ ἐλάμβανεν. (4.5.33) ἐπεὶ δ᾽ ἦλθον πρὸς
Χειρίσοφον, κατελάμβανον κἀκείνους σκηνοῦντας ἐστεφανωμένους τοῦ ξηροῦ
χιλοῦ στεφάνοις, καὶ διακονοῦντας Ἀρμενίους παῖδας σὺν ταῖς βαρβαρικαῖς
στολαῖς· τοῖς παισὶν ἐδείκνυσαν ὥσπερ ἐνεοῖς ὅ τι δέοι ποιεῖν. (4.5.34) ἐπεὶ δ᾽
ἀλλήλους ἐφιλοφρονήσαντο Χειρίσοφος καὶ Ξενοφῶν, κοινῇ δὴ ἀνηρώτων τὸν
κώμαρχον διὰ τοῦ περσίζοντος ἑρμηνέως τίς εἴη ἡ χώρα. ὁ δ᾽ ἔλεγεν ὅτι Ἀρμενία.
καὶ πάλιν ἠρώτων τίνι οἱ ἵπποι τρέφονται. ὁ δ᾽ ἔλεγεν ὅτι βασιλεῖ δασμός· τὴν δὲ
πλησίον χώραν ἔφη εἶναι Χάλυβας, καὶ τὴν ὁδὸν ἔφραζεν ᾗ εἴη. (4.5.35) καὶ αὐτὸν
τότε μὲν ᾤχετο ἄγων ὁ Ξενοφῶν πρὸς τοὺς ἑαυτοῦ οἰκέτας, καὶ ἵππον ὃν εἰλήφει
παλαίτερον δίδωσι τῷ κωμάρχῳ ἀναθρέψαντι καταθῦσαι, ὅτι ἤκουεν αὐτὸν ἱερὸν
εἶναι τοῦ Ἡλίου, δεδιὼς μὴ ἀποθάνῃ· ἐκεκάκωτο γὰρ ὑπὸ τῆς πορείας· αὐτὸς δὲ
τῶν πώλων λαμβάνει, καὶ τῶν ἄλλων στρατηγῶν καὶ λοχαγῶν ἔδωκεν ἑκάστῳ
πῶλον. (4.5.36) ἦσαν δ᾽ οἱ ταύτῃ ἵπποι μείονες μὲν τῶν Περσικῶν, θυμοειδέστεροι
δὲ πολύ. ἐνταῦθα δὴ καὶ διδάσκει ὁ κώμαρχος περὶ τοὺς πόδας τῶν ἵππων καὶ
τῶν ὑποζυγίων σακία περιειλεῖν, ὅταν διὰ τῆς χιόνος ἄγωσιν· ἄνευ γὰρ τῶν
σακίων κατεδύοντο μέχρι τῆς γαστρός.
| [4,5,30] Le lendemain Xénophon prit avec lui le magistrat et alla
trouver Chirisophe. Quand un village était près de son chemin, il le traversait.
Partout il trouva les Grecs faisant des festins et livrés à la joie ; partout on
chercha à le retenir, et on lui offrit à dîner ; partout il vit servir sur la
même table de l'agneau, du chevreau, du porc frais, du veau, de la volaille, et
une grande quantité de pains de froment et de pains d'orge. Quand par
bienveillance pour un ami on le pressait de boire, c'était en le traînant à une
chaudière ; il fallait qu'il courbât sa tête et humât sa boisson comme un bœuf.
On permit au magistrat du village que menait Xénophon de prendre tout ce qu'il
souhaiterait : il n'accepta aucun présent ; mais dès qu'il voyait un de ses
parents, il le prenait avec lui.
Quand Xénophon et sa suite furent arrivés au village de Chirisophe, ils
trouvèrent aussi les Grecs de ce cantonnement à table, couronnés de guirlandes
de foin sec, et se faisant servir par des enfants arméniens vêtus d'habillements
barbares : on leur désignait par signes comme à des sourds ce qu'ils avaient à
faire. Chirisophe et Xénophon, après les premiers compliments d'amitié, firent
demander par celui de leurs interprètes qui parlait la langue perse, au
magistrat prisonnier, dans quel pays ils étaient. Il répondit en Arménie. On lui
demanda encore pour qui étaient élevés les poulains qu'on avait trouvés. Il
répliqua que c'était le tribut qu'on payait au roi ; il ajouta que la province
voisine était habitée par les Chalybes, et indiqua le chemin qui y conduisait.
Xénophon le ramena ensuite à sa famille, et lui donna un vieux cheval qu'il
avait pris, lui recommandant de l'engraisser et de l'immoler ; car Xénophon
avait su que ce cheval était consacré au soleil ; et comme la route l'avait
fatigué, il était à craindre qu'il ne mourût. Ce général prit un poulain pour
lui-même et en donna un à chacun des généraux et des chefs de lochos. Les
chevaux dans ce pays étaient moins grands que ceux de Perse, mais ils avaient
plus d'ardeur. Le magistrat arménien apprit aux Grecs à attacher de petits sacs
aux pieds de leurs montures et des bêtes de somme lorsqu'ils marcheraient sur la
neige ; sans cette précaution, elles y enfonçaient jusqu'aux sangles.
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